6 FRANCS PAR AN.
N° 434-435. Dimanche,
39e ANNÉE.
2 Mars 1879.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Encore le curé de Warnêton.
Le couvenl de Berchem.
Le Scandale du Vésinet.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
BULLETIN POLITIQUE.
Outre le projet d'amnistie plénière écarté, les
discussions du Sénat français n'ont offert aucun in
térêt. La Chambre aussi n'a tenu qu'une séance
d'affaires.
Il y a eu la commission du budget une impor
tante discussion sur une question d'un intérêt fi
nancier de premier ordre, la conversion du 5. p.c.
Après un conseil de cabinet dans lequel la plupart
des ministres s'étaient prononcés contre cette opé
ration. M. Léon Say s'est rendu la commission et
a fait valoir les motifs qui s'opposaient en ce mo
ment la conversion.
La déclaration du ministre a fait une excellente
impression la Bourse; la Rente 5. p. c..qui était
tombée 109, est montée rapidement 112.
L'empereur d'Allemagne est légèrement indispo
sé. S. M. souffre d'une laryngite.
Pour mener bonne fin la guerre contre les Zou-
lons, cette lutte n'exigera pas seulement des sacri
fices en homme et en matériel, elle imposera des
charges assez sérieuses au trésor public, mais les
ressources de l'Angleterre sont immenses et les
Chambres ne marchanderont pas leur concours au
gouvernement. Il s'agit de sauver la colonie an
glaise de l'Afrique méridionale et ce prix aucun
sacrifice ne paraîtra trop lourd.
La session des délégations austro-hongroises
s'est ouverte Pesth.
L'histoire du curé de "Warnêton arrêtant un
train a excité la bile des petits vicaires, et le
Journal d'Ypres a osé publier sur ce sujet:
Il n'y a de vrai dans tout le récit que le fait
du curé qui a cru pouvoir emprunter le che
min de fer pour abréger sa routeTout le
reste est de l'invention il n'y eut ni vapeur
renversée, ni train arrêté, et nous doutons
même fort qu'il y eut procès-verbal. Tout cela
est mensonge. On a beau réclamer et prouver,
rien n'y fait le mensonge suit sa route. Quoi
de surprenant cela? Voltaire et ses disciples
n'ont-ils pas dit: Mentez, mentez toujours,
mentez hardiment, sans vergogne. Le Progrès
et ses rédacteurs ne cesseront pas de mentir.
Fi du vilain métier, nous le disons tout sim
plement.
En réponse aux rédacteurs du Journal
dYpres, nous annonçons que Vendredi der
nier, 28 Février, au tribunal de police de Mes
sines. l'affaire de Louis Mahieu, curé de War
nêton, contrevenant aux règlements sur les
chemins, fut appelée. Il résulte tant du procès-
verbal que des dépositions des témoins que le
machiniste dut renverser ses vapeurs et siffler
de serrer les freins, sans quoi curé et acolyte
eussent été écrasés. Le train n'était quà une
quinzaine de mètres du curé quand celui-ci
quitta la voie. Après l'enquête et une plaidoire
d'un avocat d'Ypres, M. le juge de paix con
damna Louis Mahieu, curé Warnêton, une
amende de dix florins et subsidièrementàtrois
jours de prison et aux frais.
Et, maintenant, nous demandons au Jour
nal dYpres où sont les menteurs Les lignes
de cette feuille que nous rapportons ci-dessus
retombent sur les nez des petits vicaires rédac-
tèurs de la dévote feuille.
0 Baziles
L'Etoile en annonçant que l'incident Rolin-Jae-
quemyns et Woeste est terminé, ajoute
Pour ceux de nos lecteurs qui auraient oublié
quel incident ces lignes font allusion, nous dirons
que M. Rolin-Jaequemyns, ministre de l'intérieur,
ayant été traité de grossier personnage" en plei
ne Chambre par M. Woeste, envoya demander
celui-ci des explications par MM. Jollrand et
Washer.
M. Woeste mit leur disposition deux de ses
amis, MM. Bernaert et De Lantsheere, qui retirè
rent complètement et avec regret, au nom dudit
M. Woeste, les expressions extra-parlementaires
dont il s'était servi.
Il a été convenu entre les parties que le pro
cès-verbal ne sera pas publié.
C'est la seconde fois que pareille mésaventure
arrive M. Woeste. Que ce lui soit une leçon pour
l'avenir.
Lors de l'incident qui eut lieu la séance du 13
Décembre 1877, une demande d'explications fut
adressée M. Woeste de la part de M. Anspach.
M. Woeste avait pour mandataires MM. de Zérézo
et Jacobs. Ceux de M. Anspach étaient MM. E.
Allard et A. de Brouckere. Un procès-verbal rendu
public constate que M. Woeste n'avait pas eu l'in
tention de rééditer, soit directement, soit indirec
tement, les qualifications blessantes l'adresse
de M. Anspach dont M. Woeste s'était servi dans
un article, paru en 1871, dans la Revue générale.
Le procès-verbal contient ce qui suit:
Toute équivoque étant désormais impossible
les soussignés ont considéré l'incident comme clos.
MM. de Zérézo et Jacobs, après la clôture de
l'incident, ont fait connaître que Âl. Woeste leur a
déclaré spontanément que s'il avait écrire au
jourd'hui l'article publié en 1871 il n'emploierait
plus les expressions dont il s'est servi sous l'empire
de l'émotion de l'époque et qui ont pu légitimement
blesser M. Anspach.
On peut conclure de ce qui précède que sous
l'empire de première émotion M. Woeste dit et
écrit des choses qu'il regrette et relire lorsqu'on
lui en fournit l'occasion.
On connaît celte bizarre histoire de religieuses
qui font de mauvaises affaires et se sauvent comme
le premier caissier infidèle venu
Ces sœurs blanchisseuses qui ont fumé poor
neuf cents francs de cigares avaient pourtant un
choix de procédés qui eussent dû les conduire la
fortune.
Un exemple: Deux jeunes filles ont été placées
dans le couvent de Berchem on a payé par avance
leur pension jusqu'à leur majorité. Ces jeunes filles,
âgées de 13 et de 16 ans, viennent d'être renvoyées
leurs parents. Quant la pension... scherreweg!
Autre exemple: L'administration de Saint Josse-
len-noode toute libérale qu'elle est avait
placé plusieurs orphelines au couvent de Berchem:
ces enfants viennent d'être renvoyées aux édiles de
Ten-Noey. Quant ce que les édiles de Ten-Noey,
ont payé pour elles au couvent... scherreweg
Ah! le joli couvent de vaudeville. (Chronique.)
LE PROGRES
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■v-.
Enfin, Monsignore Marel est arrêté.
Depuis longtemps, depuis 1871 des rumeurs, des bruits
scandaleux couraient dans le pays. On savait le Monsignore
fort galant auprès des dames, on savait qu'au presbytère on
faisait bonne chère, c'étaient des soupers et des diners fins
où le beau sexe ne brillait pas toujours par son absence. De
gi andes dames venaient de Paris pour rendre visite au char
mant curé et chanter la messe, car Monsignore est un bel
homme, est un homme du monde. Il a l'œil brillant et le sou
rire fin il est grand et mince et toujours tiré quatre épin
gles. Sa mise est toujours fort soignée et il porte la soutane
avec une certaine élégance. Il a cinquante-deux ans.
Au Vésinet, M. Maret comptait de nombreux amis, on se
le disputait, c'était qui l'inviterait.
Le maire était avec lui en de tres-bons termes.
Tout cela n'empêcha pas que les exploits galants du Mon
signore ne fussent connus de tout le monde. Avant d'être
curé du Vésinet, M. Marel a été vicaire de Bougival. lia
laissé dans celte commune, des souvenirs assez piquants et
on raconte de lui mainte aventure. Un soir on vit le curé
fuyant travers un jardin et voulant sauter une haie qui le
séparait de la route; malheureusement il n'avait pas bien
calculé lésant et il resta accroché par sa soutane. Pourquoi
fuyait-il? Avait-il été surpris?
Ceci pourrait s'appeler la préface, arrivons présent
l'histoire elle-même, au fait qui a motivé l'arrestation du
Monsignore.
Réct minent des jeunes filles, des enfants avaient rapporté
leurs parents des propos indécents qu'il aurait tenus de
vant eux. Ces récits jusque-là n'étaient pas arrivés aux oreil
les de la justice, du moins aucune preuve certaine ne les
appuyait.
Un fait monstrueux a tout coup été révélé et constaté.
Depuis quelques jours, Mme veuve X..., couturière au
Vésim t, s'inquiétait de la santé de son enfant.
La jeune fille était pâle et préoccupée. Sa mère l'interro
geait souvent, mais sans obtenir de réponse satisfaisante.
Si lu ne peux m'expliquer ce que tu as, écris-le, dit
enfin Mme X... L'enfant y consentit et écrivit que M. Maret,
après le cathéchisme, l'ammenait la sacristie ou au presby
tère et se livrait sur elle des attouchements.
Indignée, et après avoir constaté que son enfant portait
des marques de flétruissure, la pauvre mère partit immédia
tement pour Versailles et alla frapper la porte de l'évèque.
L'évèque fil appeler M. Maret qui nia tout et parla d'atta
quer Mme X... en diffamation. Pour sauver l'honneur de son
enfant, celle-ci ne dit rien personne, mais le pays entier ne
tarda pas tout savoir. C'est alors que Mme X... s'adressa au
maire et qu'elle lui raconta tout. Plusieurs conseillers muni
cipaux avaient déjà insisté auprès du maire de convoquer le
conseil municipal, ce qui fut fait.
Après délibération, il fut décidé qu'on préviendrait, séance
tenante, le parquet de Versailles.
Grande était l'irritation dans le pays. Sans que la mère
eût parlé, tout le monde était au courant; en passant de