N0 438. Jeudi,
13 Mars 1879
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
39e ANNÉE.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
BULLETIN POLITIQUE.
C'est toujours la grosse question de la mise en
accusation des ministres de Broglie et de Roche-
bouët qui, en France, relègue l'arrière-plan
toutes les autres préoccupations politiques. La
Chambre des députés aura dire jeudi son dernier
mot dans cette affaire mais plus le jour de la dis-
cution du rapport approche et plus la conviction
s'affirme que le ministère l'emportera, avec l'appui
de tous les groupes modérés de la Chambre.
Il y a peu de chose dire de la séance d'hier de
la Chambre des députés. L'éternelle discusion des
propositions relatives la marine marchande
a été reprise et la plupart des articles de ce projet
ont été envoyés une commission.
En Angleterre, l'opinion publique, sans tenir
compte des derniers succès remportés par le géné
ral Péarson sur les Zoulous, réclame avec énergie
le remplacement de lord Chelmsforo, qui est con
sidéré comme très-insuffisant. Il y aura jeudi la
Chambre un débat sur les affaires de l'Afrique
méridionale et c'est sir Charles Dilke, un des
membres de l'opposition irréconciliable, qui inter
pellera le cabinet. M. Gladstone interviendra dans
la discussion.
Le ministère hollandais privé d'un de ses mem
bres par le décès de M. Van Bosse, vient de se
compléter par la nomination de M. 0. Van Rees
au ministère des colonies. M. Van Rees est membre
de la seconde Chambre et il semble certain que,
conformément un usage assez généralement
respecté, il abandonnera son siège législatif.
L'évacuation de la Roumélie turque par les
troupes russes subit un temps d'arrêt. De fortes
pluies entravent les préparatifs de départ des
soldats, mais des mesures sérieuses ont été prises
pour que le dernier régiment moscovite ait quitté
la contrée dans les 35 jours qui suivent la date de
la signature de la paix définitive.
Les négociations entre la Turquie et la Grece ne
sont pas encore reprises, et le Times pense qu a-
vant peu les commissaires helléniques seront rap
pelés. Le tracé des frontières offert par Moukhtar
pacha ne satisfait personne Athènes, quoiqu il
donne un accroissement notable au territoire grèc.
Les commissaires du roi Georges demandent que la
ligne soit tracée conformément aux indications du
traité de Berlin, et l'on ne comprend guère pour
quels motifs la Porte continue soulever des ob
jections contre la décision du congrès.
En attendant que les négociations soient reprises
ou que les commissaires soient rappelés, le gou
vernement d'Athènes prend les mesures nécessaires
pour reprimer les désordres qui pourraient se pro
duire dans les provinces limitrophes. Le colonel
Grivas, ministre de la guerre, a donné l'ordre au
commandant des frontières de disperser par la
force des bandes armées se disposant pénétrer en
Turquie, d'en arrêter les chefs et les soldats et de
les livrer immédiatement aux autorités judiciaires.
L'attitude du colonel Grivas est digne de louanges
et elle exercera peut-être une influence favorable
sur les négociations.
Les Chambres suisses vont se réunir et elles seront
saisies dès l'ouverture de la session des pétitions
demandant le rétablissement de la peine de mort.
Il ressort d'une dépêche de l'Agence Reuter que le
conseil fédéral, l'unimanilé, s'est prononcé contre
la révision de la Constitution et pour l'abolition de
la peine capitale.
On mande au New-York Herald que Yakoub
Khan, le fils de Shere Ali, a été proclamé émir
d'Afghanistan. Le gouvernement de l'Inde, avisé
du fait, a immédiatement reconnu le nouveau sou
verain, et il est probable que des négociations
s'ouvriront pour la conclusion de la paix.
Dans la séance de Jeudi dernier, M. Struye
a prononcé un énergique discours, qui a
amusé la majorité, et auquel personne n'a
daigné répondre.
Dans l'action, dit M. Struye, en s'adressant
aux libéraux, vous trouverez les catholiques
unis leurs évêques, unis au clergé unis au
pape.
Unis au clergé! Nullement; car, au moment
où l'orateur lisait son discours, l'évêque de
Tournai se déclarait publiquement en désac
cord avec son chapitre, avec une partie de son
clergé et avec beaucoup de catholiques de son
diocèse. A Tournai, dit l'évêque, on trouve
un clergé, des prêtres et même des chanoines
qui se disent libéraux, qui pactisent avec nos
ennemis, qui fréquentent les libéraux et vivent
avec eux.
Unis au pape Encore moins Monsieur
Frère-Orban, Ministre des Affaires Etrangè
res, parlant avec l'autorisation du Vatican,
déclarait, la fin de la même séance, que ni
le pape, ni le cardinal-secrétaire d'Etat de sa
Sainteté* n'ont émis aucune opinion sur la
lettre pastorale des évêques cette lettre n'a
donc pas été approuvée, comme le prétendent,
avec une sorte de fierté, les organes de la
presse catholique.
A l'heure qu'il est, M. Struye doit-être sin
gulièrement désillusionné Et cependant son
discours-sermon lui a valu, dit le Journal
dYpres, les plus vives félicitations de la droite
entière
Un des abonnés de Tournai de Y Echo du
Parlement donne des détails sur les faits et
gestes de M51" Dumont. Les voici
Mgr Edmond-Joseph a été saisi Jeudi matin d'un
scrupule de conscience. II a pris le train de 3 h. 21
pour Liège, où il est arrivé 7 h. 40 il venait
conférer avec son collègue de Montpellier. II est
reparti Vendredi, 6 heures du matin.
Le clergé du diocèse se considère comme le plus
malheureux de la chrélienneté. Les chanoines se
lamentent: Quel évêque, mon Dieu que Pie IX
nous a donné là ne cessent-ils de répéter.
L'évêque est d'avis que les trois quarts du clergé
sont pourris, pourris par le catholicisme libéral.
Ils ont charge d'âmes, dit-il continuellement, et
ils ne savent pas même sauver la leur! Dans son
entourage, on est réduit faire l'hypocrite mais
tous sont d'avis qu'il devient fou. Le projet de loi
sur l'enseignement a achevé de lui faire perdre la
tête.
Lors de la cérémonie expiatoire pieds nus, un
de ses chanoines, le voyant se débarrasser de ses
chausses, s'approcha de lui, et la main sur la
bouche, lui dit doucement: Monseigneur. les jour
naux vont tout apprendre et ils feront des moque
ries. On s'est bien moqué de Jésus-Christ, s'est
écrié avec enthousiasme Edmond-Joseph, et il a
sauvé le monde! On peut se moquer de moi, mais
je veux sauver mon diocèse. Il vit comme un
anachorète et il a dù être passablement scandalisé
de lu vie un peu mondaine de Sa Grosseur de
Liège, une des plus vaillantes et des plus fines
fourchettes de la province. Il a proscrit le café,
boisson hétérodoxe il ne veut que de la chicorée.
A midi, un morceau de bouilli. En Amérique,
dit-il, j'étais infiniment moins bien et je m'en
contentais.
Dimanche dernier, il a réellement interrompu,
l'assemblée tenue chez les Petits-Frères, l'avocat
Collinet, qui, préalablement seriné par lui. parlait
des devoirs nouveaux imposés au clergé. C'est
pour vous, cela, s'est-il écrié en désignant un ecclé
siastique, qui était paisiblement assis. Jugez du
scandale
El tous de répéter Mais il est fou, complète
ment fou! Mais quel évêque, mon Dieu, le Pape
nous a donné là!!
La Gazette finit ai nsi un excellent article
dans lequel elle réclame des mesures préventi
ves contre les désastres du feu
A I inondation, on oppose la canalisation et
l'endiguementla foudre, le paratonnerre;
l'épidémie, l'hygiène et la bonne organisation du
service sanitaire; au désordre et la licence, la
police et la gendarmerie l'émeute et l'invasion,
la force armée qu'à son tour, l'incendie, ce fléau
de tous les instants, rencontre, jusque dans le plus
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