1\T° 445. Dimanche,
6 Avril 1879
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPKES ET DE L'ARttON Dt'SSE.tiEAT
LES BELGES EN AFRIQUE,
39e ANNÉE.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
BULLETIN POLITIQUE.
L'année financière se termine en Angleterre le
31 mars et sir SlafTord Northcote a déposé aux
Lords et aux Communes, le budget pour l'année
1879-1880. L'exercice qui vient de finir se solde
par un déficit de plus de 2 millions de liv. st. et il
est peu probable que ce déficit puisse être comblé
par l'excédant normal <Ja»s re,Qet.tesv oar. les prévi
sions très modérées du chancelier, de l'échiquier
pour les recettes du dernier exercice n'ont pas été
atteintes. On constate une diminulipn assez sensi
ble pour les droits de douane, de l'accise et du
timbre; il faut en conclure qu'un ralentissement,
qui semble être la conséquence temporaire de la
dépression des affaires, s'est prqtjyjt dans la faculté
de consommation du pays.
Le défiçit dpit être comblé, mais le chancelier, de
l'échiquier, avait ,gardé)j usqp'au dernier moment un
secret absolu sur les.propositions qu'il ferait aux
deux Chambres. Il semblait bien difficile que,
malgré les répugnances des conservateurs., Le gou
vernement ne fût forcé de recourir une augmen
tation dp l'impôt directe! surtout de l'income-tax.
Il n'en,était rien le gouvernement ne demande
qu'un nouveau droits très léger, sur l'entrée des
cigares. L'excédant de l'exercice courant doit..cour
vrir les frais de la guerre contre les Zoulous.
On mande de Vienne au Times que la Russie,
sur l'avis de plusieurs autres puissances, s'est rési
gnée enfin ealri-r eu pourparlers avec le Sultan.
Non. que s'atlei)d£ de ce côté des résultats déci
sifs,. mais li»s négociations serviront, dans tous les
cas, préparer le terrain.
En Bulgarie même le projet d'occupation a été
mal acceuilli la Maritza affirme que l'occupation
ne ferait;que consommer la ruine, du pays en pn>-
longeant l étal d'incertitude qui existe aujourd'hui.
La tranquiliféfie celte province, dil cb-jour-
nal,. n'est menacée que par l'inexécution de cer
taines clauses du traité de Berlin. L'Europe n'a
chèvera rien tant qu'elle n'aura pas donné des
garanties contre le retour du passé: Aucun expé
dient n'étant capable de rétablir la domination
turque en Roumélie, pourquoi ne prendrions-nous
pas soins nous-mêmes de nos propres affaires?»
La crise vizirtelle est terminée en Turquie et
grâce aurx efforts des représentants des puissances
étrangères KHereddine pacha conserve laprési
dence du ministère.
La lumière se fait quelque peu sur les intentions
de la Turqiiio;relalivemeHt la Grèce. On ne se
rait pas du tout mécontent Constantinople de
voir les grandes puissances prendre en mains les,
intérêts du royaume hellénique.
Le broiLcourt1 de-nouveau Paris qu'une mff-
dificatioir de cabinet se préparerait et que M.
Freycinct.deviendrait président du conseil. Nous
ne pourrions dire ce qu'il y a de fondé dans ces ru-
meursi
Il n'est bruit Berlin que d'une entrevue du
prince de Bismark avec M. Windtborst, un des
Ichefs du centre ultramontain. La nouvelle a fait
sensation el les journaux cherchent en vain la clef
de ce mystère. Le chancelier veut-il gagner la
cause du protectionnisme ses adversaires les plus
incapables? La chose parait douteuse, car, comme
l'a fail remarquer notre correspondant de Berlin, le
centre, sous l'impulsion de ses électeurs de campa
gne. doit voter en tout état de cause pour les
droits protecteurs.
Voici le texe de l'affiche par laquelle MM.
les Gouverneurs de Province ont porté la
connaissance du public le résumé de la circu
laire de M. le Ministre de l'Intérieur, relative
la révision de la loi de 1842. Certes on ne
saurait contester au Gouvernement le droit
d'éclairer les populations sur ses intentions et
de se défendre contre des manœuvres aussi
déloyales que celles auxquelles nos adversai
res ont recours en ce moment pour égarer
l'opinion publique, notre avis la nouvelle lot
ne mérite pas cet excès d'indignation. Sans
doute, le clergé ne sera plus le maître absolu
dans les écoles, mais pour ce qui concerne
l'enseignement religieux, il n'y aura rien de
changé ce qui existe actuellement. L'insti
tuteur enseignera le cathéchisme et le clergé
xmrra compléter cet enseignement, s'il le
,uge insuffisant, en- choisissant son lieu et
îeure. De quoi donc a-t-il se plaindre,
^es choses passent-elles autrement aujourd'hui
et dans beaucoup de communes même, le cler
gé ne s'abstient il pas de visiter l'école? Nous
pourrions en citer un grand nombre.
Nous laissons, quant nous, passer la pre
mière émotion, convaincu que la discussion
de la loi et peut-être aussi les amendements
qui y seront introduits, aboutiront faire de.
la loi une œuvre qui sera acceptée par tous
VIRES AC0UIRIT EUNDO
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Ceurtrai. 5-34. - 9-52. - 11-20. - 2-40. - 5-25.
Roulera. 7-50. 12-25. 6-50.
Langhemarck-Osleude. 7-31. 12-17. 6-15.
Langhemarck, le samedi, 5-50.
o.t t
1 TTT—ff??* 11i
Le complément annoncé du courrier de Zanzibar est par
venu l'Association africaine.
Il comprend une volumineuse correspondance dont |e
principal intérêt se concentre, pour la majorité du public,
dans le récit du voyage de nos compatriotes depuis le mo
ment de leur départ de Mpwapwa.
Ce récit, qui s'arrête au 30 janvier dernier, est très étendu.
Il fera l'objet d'une publication spéciale. En attendant, nous
en donnons uo abrégé.
On se rappellera, qu'après l'incident de Movméro, arrivé
au mois d'août 1878, M. Cambier, laissant ses deux, compa
gnons en arrière, avait continué sa route vers Ourambo ayeci
une partie des porteurs restés fidèles. MM. Waulier el Du-,
trieux, après avoir fait transporter Mpwapwa les ballots
abandonnés Mvoméro, et avoir réorganisé leur caravane,
s'étaient leur tour ri mis.en marche quelque temps après.
Ce sont eux que nous suivrons d'abord.
Ils traversèrent l'Ougogo sans que leor voyage fût marqué
par aucun iocidrbt digne d'être rapporté. Ils essuyèrent des
pluies abondantes. La chaleur atteignait 5 midi 34* l'ombre.
Parfois des vents violents s'élevaient au coucher ou vers le
wilieu de la nuit.
Le 1" Décembre ils étaient Simbo. En y arrivant, ils
apprirent que les gens de Nyoungou, chef puissant de l'Ou-
nyajnonesi, se battaient contre les Arabes Bimbechawa.
Deux jours plus-tard, ils rejoignirent M. Broyon Kiwa-
Kirouda, où celui-ci.se trouvait en compagnie deM.Dodg.shun,
missionnaire anglais. A partir de ce moment, les deux cara
vanes firent roule ensemble.
Le 6 Décembre, ils arrivèrent Pougouli,- après avoir souf
fert du manque d'eau pendant la marche.
Là ils apprirent quelesgens de Nyounjou, auxquels s'étaient
joints les Rougas-Rougas, avaieut attaqué, le 4, deux carava
nes aux environs du lac Tchaîa. L'une de ces caravanes était
commandée par M. Penrore, ingénieur, latlaché la Church
Missionnary Society; l'autre était une caravane arabe. Toutes
deux se rendaient dans l'Ounyanyembé.
Le caravane de M. Penrose avait été attaqué au moment où
elle sortait de son,cainp pour se mettre en marche. M. Peu-
rose ayant été tué, ses porteurs s'étaient, dispersés et toutes
ses marchandises avaient été pillées. On apporta nos voya,
geurs quelques livres trouvi sur la roule el qui avaient appar
tenu l'infortuné M. Penrose, M. Dutrieux eut .l'occasion de
remettre, quelque temps après, ces tristes souvenirs aux deux
membres delà Church Missionnary Society, M. Stoker et
Copplexone.
La caravane arabe, massée dans son camp, repoussa pen
dant deux jours l'attaque des pillards et parvint s'échapper
Ypre», le S Avril 1879.
la nuit par un chemin latéral en emportant toutes ses mar
chandises.
La situation de nos voyageurs était critique. Leur itinéraire
les conduisait vers lelac Tchaîa il était évident que les pil
lards, enivrés par leur récent succès et confiants, d'ailleurs,
dans leur nombre, ne manqueraient pas d'attaquer les deux
caravanes, et l'on ne pouvait compter, pour se défendre, sur
les porteuisqui, effrayés la seule pensée de la lutte, par
laient déjà de fuir. Cependant il fallait prendre une prompte
décision, car les caravanes ne possédaient que pour quatre
jours de vivres, et Pougolie, misérable village, qui compte au
plus trente habitants, n'offrait pas de ressource.
Les quatre voyageurs tinrent conseil. M. Broyon proposa
d'abandonner la route suivie el de gagner promplement, en
marchant vers le nord, l'Outatourou, où il avait passé une
première fois trois années auparavant.il espérait qu'en obser
vant la plus grande p'-udence et en payant un hongo raison
nable, on pourrait traverser ce territoire sans accident.
L'avis de M. Broyon fut adopté. On se mit en marche le 7
dans l'après midi, sons la direction de Ndogoé, cbef de Pou-
goli, dont MBroyon était connu et qui consentit servir de
guide aux deux caravaBes réuntrs.
On se dirigea directement au nord travers une épaisse fo-
rêl..A la grande satisfaction des voyag£ur,s|et de leur pagazis,
pousser de grands cris de joie; ils en couniireul bientôt la
cause; quelques Zanzibaristes leur apportaient deux tortues