No 447. Dimanche.
6 FRANCS PAR AIN.
JOURNAL D'YPKES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
39e ANNÉE.
ABONNEMENT PAH AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres'. Ir. 6-<)0
Idem Pour le restant du pays7-00
BULLETIN POLITIQUE.
M. Alphonse Vandenpeereboom, qui pour
suit avec une infatigable activité ses études
historiques, vient de publier le second volume
de ses Ypriana. consacré cette fois la Cham
bre des échevins. L'auteur en annonce un troi
sième, qui sera consacré au récit du Mouve
ment communal Ypres. Dès présent, il
nous donne un aperçu historique sur l'origine
des Constitutions et des magistratures locales,
dans lequel il a complété les renseignements
fournis par les remarqurbles travaux de MM.
Warkœniget Alphonse Wauters.
C'est un véritable monument que l'ancien
ministre de l'intérieur, qui a renoncé la
politique pour le culte des lettres, érige sa
ville natale.
Si nous eh parlons ici, c'est d'abord en vue
dé rendre hotflmage au talent et l'activité de
l'écrivain, et ensuite pour signaler un curieux
chapitre qui emprunte aux circonstances ac
tuelles Utl intérêt spécial. Il s'agit de l'orga
nisation de l'enseignement public Ypres
au moyen-âgé.
Dès le XIIIe siècle il y eut une lutte très-
vive entre la commune d'Ypres et le clergé
propos du droit d'enseigner.
L'Eglise, qui, aujourd'hui, se fait l'apôtre
de la liberté de l'enseignement son profit,
en revendiquait cette époque, et très-
énergibuement, le monopole. Ainsi l'on vit
l'archidiacre de Tournai, qui s'intitulait le
conservateur des privilèges ecclésiastiques
de Flandre, excommunier les échevins a'Y-
pres parce qu'ils s'étaient permis d'ouvrir des
écoles laïques.
Les maîtres, qui s'étaient par violence laica-
les arrogé le droit d'enseigner, furent excom
muniés également et les écoles mises en inter
dit, et il fallut recourir au Saint-Siège pour
obtenir1 l'annulation de la sentence d'excom
munication fulminée par l'archidiacre de
Tournai.
Un concordat intervint alors, en vertu du-
3uel il fut permis tout bourgeois de faire
ôïfiieT Tinôtduction dàns sa maison ses en
fants et d'autres de sa famille demeurant
avec lui, mais la condition de ne pas faire
donner par le même maître l'instruction des
élèves étrangers.
Mais la grammaire et la logique ne pou
vaient être enseignées que dans les écoles reli
gieuses.. En d'autres termes, de même que
le clergé revendique aujourd'hui le droit ex
clusif d'enseigner la religion, il revendiquait
alors le droit exclusif d'enseigner la grammai
re. Au fond, sous des formes différentes, l'in
tolérance était la même, et la lutte dont nous
sommes aujourd'hui les témoins se manifestait
il y a six siècles avec les mêmes prétentions et
les mêmes moyens de les faire triompher.
L'Eglise était alors autrement puissante
qu'aujourd'hui. Elle avait sa disposition le
bras séculier pour appuyer ses exigences. Elle
jetait ouvertement l'interdit sur les écoles
laïques, et toutefois, sur cette vieille terre de
Flandre, les bourgeois eurent raison des clercs
et firent reconnaître le droit d'enseigner au
profit des laïques.
Qu'en dira M. Kervyn de Lettenhove, qui
représente les revendications légitimes du
pouvoircivil auXIX siècle comme une attein
te porfée aux traditions pieuses des popula
tions flamandes
Ce n'est pas seulement l'esprit moderne qui
lui donne tort le moyen-âge lui-même se ré
volte contre les prétentions ecclésiastiques
LE PROGRES
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIUAIICIIË.
VIRES ACttL'IKJT EUNDO.
Totrt ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Oixmude, 39.
INSERTIONS: Annonces la ligne ordinaire fr. 0-!0 Réclames: la ligne fr. 0-25.
CHEMIN DE FER. (1' Janvier).
HEDRES DE DÉPART D'YPRES A
Poperioghe-Hazebrouck. 6-20. 12-07. 6-47.
Poperinghe. 6-20. 9-07. 10-05. 12-07. 2-45.
3-57. 6-47. 8-45. 9-50.
Courlrai. 5-34. - 9-52. - 11-20. - 2-40. - 5-25.
Roulers. 7-50. 12-25. 6-30.
Langheraarck-Oslrnde. 7-31. 12-17. 6-15.
Langbemarck, le samedi, 5-50.
Le Conseil fédéral ne prendra pas de vacances. Le
prince de Bismark, qui est animé d'un vif désir d'enta
mer le plus tôt possible la Hrtte sur1 le terrain écono
mique, et qui s'est plaint déjà de ce que le Parlement
se fût ajourné trop long délai, exige que pour la
rentrée tous1 les projets financiers puissent être déposés
au Reichstag.
Bien que l'opinion publique ten Angleterre ne soit
encore nullement rassurée au sujet du coup d'Etat du
Khédive, l'élément modéré de la presse s'efforce, et
avec quelque succès, de faire écaYter les solutions
Violentes et de faire naître la conviction que l'incident
peut être aplani par voie diplomatique. Les conseils du
Times et du Standard commencent porter leurs
fruits et léfe nouvellistes peu scPupulenx en sont pour
leurs frais d'invention.
D'après une dépèche de Paris, publiée par la presse
anglaise, le sous-secrétaire d'Etat aux affaires étran
gères de la Grande-Bretagne, M. Bourke, serait en
iiouté'pôOY Cèttè Vifle, afin de s'entendre avec M. Wàd-
dington suc les rhestfrëâ qhé côfoporïë là situation.
Ê'aRtfrefe'joûYfmûx confirment cette nouvelle. L'opinion
générale est qu'lsitiaïl a ifi'él'rté :iïtf châtiment sêvèrte,
ihais c'est au Sultan,.son suzerain, leréduire merci;
lh ruméur que le Khédive agikde oortnivenCe aVé'C'yYb-
dul-Hamid, ne rencontre aucune croyance. Le minis
tère anglais semble être" assuré qu'il ne serâ pas appelé
intètVéïlh^erf que lâ' paiX ne sera pas troublée, Car
tous les membres du cabinet ont déjà quitté Londres.
Le Khédive continue son œuvre de désorganisation.
Non content d'avoir redemandé leurs portefeuilles
MM. Rivers-Wilson et de Blignières, Ismaïl a destitué
le président de la commission d'enquête des finances.
Les autres membres de la commission se sont empres
sés de donner leur démission.
On a reçu de Vienne des informations très satisfai
sant sûV lès négociations entré l'Autriche et la
Turquie relativement l'occupation du district de
Novi-Bazar. Le prochain mail emportera Constanti-
lople le traité dûment signé par le comte Andrassy et
qui- devra être échangé contre une copie du même
document approuvé par lé gOUVerneibérit ottoman.
L'Autriche, d'après l'Agence Havas, aurait cédé sur la
question de Mitrovitza.
Utt incident s'est" produit Mercredi rassemblée na-
tidfifale de Tirnova. Les évèques et les membres princi
paux du parti clérical, furieux du rejet de leurs amen
dements, se sont mis en grève les autres membres de
1 assemblée n'en ont pas moins continué leurs travaux,
et, en une seule séance, il ont voté 35 articles de la loi
fondamentale.
Les rapports entre la Russie et l'Autriche sont quel
que peu tendus. Nous avons parlé de l'insulte qui a été
faite au consul autrichien de Widdin par le gouverneur
russe de cette ville. Certaines feuilles de St-Pétersbourg
ont pris parti, dans des termes peu mesurés, pour le
fonctionnaire moscovite; de là une réclamation envoyée
au prince Gortchakoff.
Les bruits relatifs au prochain mariage d'Alphonse
XIÏ prennent de la consistance. On dit que l'archidu
chesse Marie d'Autriche est fiancée au jeune roi d'Es
pagne.
Ypres, le 11 Avril 1879.
Le rapport de M. Olin sur le projet de loi relatif
renseignement primaire sera bientôt livre la
publicité. C'est dit Etoile, un travail (rès-con-
sidérable, qui ne confient pas moins de 73 pages
des documents parlementaires, et il est aussi re
marquable au point de rue de la forme qu'ail
point de vue du fond. Il dénoie un esprit profond
et sagacé c'est l'œuvre d'un homme politique
doublé d'un véritable écrivain, et nous osons dire
c'est là un des documents les plus remarquables de
nos annales parlementaires.
M. Victor Lucq, ancien substitut du procureur
du roi, député de Charleroi. vient de donner
Marseille une conférence très-applaudie sur la ré
vision de la loi de 1842. Le passage suivant a sur
tout provoqué les applaudissements de l'auditoire:
Les cléricaux prétendent que l'enseignement
scientifique seul n'est pas moral. D'après eux, leurs
écoles seules sont morales. Ils prétendent avoir le
monopole de la moralité
Eli bien je les ai vus l'œuvre, dansma car
rière de magistrat, et j'en rougis encore! Je les ai
vus Chimay et Juinet!... Je les ai arrêtés
Châle!et!... Je les ai vus MortCeau-sur-Sambre
El lorsque le greffe de notre tribunal contient les
procès-verbaux de dépositions révélant des turpi
tudes sans nom, de monstrueuses infamies... ils
prétendent avoir le monopole de la morale! (Ex
plosion d'applaudissements).