456. Jeudi, 15 Mai 1879. 6 FRANCS PAR AN. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT En 1842. 39e ANNEE. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. BULLETIN POLITIQUE. Les cléricaux prétendent a tort que la loi de 1842 n'a rencontré qu'une opposition sans consistance pendant tout le temps qu'elle a vécu. Dès 1842, au cours de la discussion même, certains journaux libéraux dévoilaient les funestes tendances du projet d'organisation de l'enseignement primaire. Il était bien bon prophète, par exemple, le rédacteur du Belge qui, dès le 12 Août 1842, pendant la discussion de la loi la Chambre, combattait en ces termes les idées de la majo rité Quatre jours plus tard, le 16 Août 1842, le même journal revenait la charge. On verra si ses prédictions ne se sont pas réali sées de point en point. Avant d'avoir été promulguée, la loi de 1842 était donc jugée sa juste valeur par les es prits clairvoyants C'est que déjà, ce moment, la prétention ultramontaine essayait de s'affirmer, c'est que déjà alors on réimprimait le Théoreme de poli tique chrétienne, livre dans lequel Mgr Scotti osait écrire La tolérance est un danger et un tourment s» pour un gouvernement. Elle affaiblit la con- corde dans une nation. Elle fait perdre la religion au peuple. Elle porte obstacle r l'accroissement de la population, du com- merce et de la richesse publique, r En affirmant avec audace de tels principes les cléricaux ne pouvaient manquer d'aboutir LE PROGRÉS TIRES AC0U1R1T ECNDO, ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres. Ir. 6-00 Idem Pour le restant du pays. 7-00 i Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixinude, 39. INSERTIONS: Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne fr. 0-23. CHEMIN DE FER. (lr Janvier). HEURES DE DÉPART D'YPRES A Poperingbe-Hazebrouck. 0-20. 12-07. 6-47. Poptrioghe. 0-20. 9-07. 10-05. 12-07. 2-43. 3-57. 6-47. 8-43. 9-50. Courtrai. 5-34. - 9-52. - 11-20. - 2-40. - 5-25. Roulers. 7-50. 12-25. 6-30. Langhemarck-Ostende. 7-31. 12-17. 6-15. Langhemarck, le samedi, 5-50. Une note publiée par l'Agence Havas et inspérée par le gouvernement, dit qu'aucune connexion n'existe entre le projet sur le retour des Chambres Paris, et la loi relative la préfecture de police. Les deux projets pourront être discutés isolément. Cette thèse était soutenue par tous les journaux modérés, par le Temps, le Journal des Débats et même par la République française, qui a prêté dans la discussion l'élément modéré, représenté dans le cabinet par MM. WaddingtoneLLéon Sav. un concours précieux. Au Sénat, les deux secrétaires démissionnaires delà droite. MM. Lacave-Laplagne et de Rainne- ville, ont été remplacés par deux sénateurs du même bord, MM. Lafond de Saint-Muret Béraldi: ce dernier n'a pas accepté sa nomination et un nou veau scrutin s'ouvrira Jeudi. Le Parlement allemand s'est livré une discus sion plus longue qu'intéressante sur la question des tabacs. Les différents orateurs se sont surtout ap pliqués examiner les questions de savoir si la nou velle expérience du prince de Bismark serait plus avantageuse au trésor que préjudiciable aux inté rêts du commerce, et s'il n'y aurait pas lieu de remplacer la taxe sur le tabac indigène par un impôt élevé sur les tabacs importés. C'est Dimanche prochain qui doit avoir lieu en Suisse la votalion populaire sur la modilicalion de l'article de la Constitution fédérale relatif la peine de mort. La lutte sera chaude, mais nous croyons que le vote des Chambres sera maintenu. Les abo- litionnistes ne perdent pas courage et ilsorganisent des manifestations populaires dans lesquelles ils développent les motifs de leur opposition. Dimanche a eu lieu, Berne; unemanisfestation contre le rétablissement de la peine de mort. Le Jura neuchâtelois avait envoyé un groupe nom breux de citoyens portant trente drapeaux de di verses sociétés. Sur le Grand-Rempart, des miliers de personnes ont entendu plusieurs orateurs et ont acclamé des résolutions tendant cequ il soit répon du non la question de révision de la Con stitution. Le Times publie des longues dépèches s'occu- pant de la réception faite au camp anglais de Gan- damak par Yakoub-Khan. Le nouvel émir de Ca boul a été reconnu solennellement par une lettre du vice-roi des Indes ce n'était pas là une vaine formalité, car les négociateurs anglais ne pouvaient considérer Yakoub-Khan comme le mandataire du peuple afghan avant que ses droits eussent été offi ciellement reconnus. On. n'a pas reçu de dépêches annonçant que le gouvernement aurait donné aux Chambres des ex plications au sujet des négociations de Gandamak. Le ministre des colonies, sir Michael Hicks^Beach. s'est occupé de la question du Transvaal et il res sort de ses renseignements que les bruits répandus dernièrement et, d'après lesquels lesBoers auraient pris une altitude menaçante, élaientfortemenl exa gérés. L'entrevue qui a eu lieu entre leurs chefs et le gouvernement du Cap a été très amicale et les soi-disant insurgés sont rentré dans leurs foyers depuis un mois environ. Les catholiques, disait-il, veulent faire de l'instruc tion un instrumentée conversion catholique. Et bien, ils échoueront l'œuvre. Toute instruction qui a un but exclusif, qui froisse les sentiments d'une partie plus ou moins forte de la nation, n'a eu qu'une existence passagère. L'instruction ne doit, ne peut pas avoir un carac tère religieux, parce que, si je suis protestant, je veux pouvoir envoyer mon fils l'école sans avoir la crainte qu'on lui enseigne une doctrine que je regarde comme fausse qu'on lui apprenne autre chose qu'à lire, écrire, calculer, etc. C'est une idée absurbe que de dire qu'il y a de la religion dans les lettres de l'alphabet et dans les chiffres. Que ces chiffres, ces caractères peuvent servir opérer des conversations religieuses. L'instruction éclaire les esprits. En ouvrant l'intelligence, elle doit nous rendre meilleur. Elle doit faire un honnête homme, un bon citoyen. L'instruction doit donc avoir un but moral. Elle peut avoir ce but, parce que la morale est la base de toutes les religions. Elles admettent toutes les mêmes principes. L'instruction religieuse, proprement dite, doit-être laissée aux prêtres. iOn doit la donner dans les temples du Seigneur, et non dans les écoles publiques qui sont faites dans l'in térêt de tous, et non dans celui de quelques-uns. Si l'instruction est un caractère religieux, il en résulterait que, s'il y avait un seul catholique dans une commune protestante, ce catholique resterait sans instruction s'il veut conserver la pureté de sa foi. - Ce que nous disons pour le catholique, se présen tera fréquemment pour le protestant. Nousle voyons avec regret: les grandes doctrines de liberté en tous et pour tous, qui seules peuvent épargner la société de graves convulsions, sont de plus en plus foulées aux pieds en Belgique. - L'instruction va devenir une arme entre les mains de la faction réactionnaire-, elle s'en servira pour dominer les consciences, pour les contraindre dientrev. mais celle arme finira par se briser entre ses mains. Toute oppression n'a qu'une durée momentanée. Elle s'use La liberté seule est éternelle. Nous avons dit depuis longtemps, disait-il, qu'on n'avait d'autre but, en voulant que l'instruction prit désormais un caractère religieux, que de s'emparer violemment des esprits, que de forcer les familles courber la tête sous la volooté du prêtre. Eh bien tout ce qui s'est dit depuis quelques jours est venu confirmer cette crainte. On veut bien moins moraliser les esprits que les catholiciser. Et pour arriver ce but on tombe dans l'oppression politique et dans l'intolérance religieuse. - Le clergé pleurera tôt ou tard la route dans la quelle il s'engage. Elle sera plus funeste la religion qu'à la philosophie. L'intolérance catholique a rendu la franche- maçonnerie son ancien éclat, son importance. Voilà qu'elle veut rendre force et vie une philoso phie qui passait de mode, et qui périssait lentement parce qu'elle était usée jusqu'à la corde. Vous vous croyez de bien habiles gens; vous n'êtes que des maladroits.

HISTORISCHE KRANTEN

Le Progrès (1841-1914) | 1879 | | pagina 1