465. Jeudi, 19 Juin 1879 6 FRANCS PAR AN. La séauce du Sénat. 39e ANNÉE. PARAISSANT TE JEUDI ET LE DIMANCHE. BULLETIN POLITIQUE. LE PROGRES JOlllU\AL D'VPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. VIRES ACQUIRIT EUNDO. ABONNEMENT I'AK AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres. Ir. 6-00 Idrm Pour le restant du pays7-00 Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 39. INSERTIONS: Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames la ligne fr. 0-25. CHEMIN DE FER. (lr Juin). HEURES DE DÉPART D'YPRES A Poperinghe-Hazebrouck. 6-20. 12-07. 6-47. Poperinghe. 6-20. 9-07. 9-55. 12-07. 2-45. 5.57. 6-47. -8-45. 9-50. Courtrai. 5-34.- 9-52. - 11-20. - 2-40. - 5-25. Roulers. 7-45. 12-25. 6-30. Langhemarck-Ostende. 7-20. 12-17. 6-15. Langhemarck, le samedi, 5-50. La Chambre française a commencé lundi la sérieuse cl difficile délibération du projet Ferry sur renseignement supérieur. Tout le monde savait que cette discussion serait une nouvelle occasiou de conflits tumultueux pour la minorité intraitable, mais personne coup sûr n'avait prévu l'incident scandaleux qui a marqué la séance de lundi. Jamais, depuis le rétablissement de la République, la Chambre n'a assisté un débat plus pénible. Dès l'ouverture du débat, M. Paul de Cassagnac était la tribune. S'altàquantau discours prononcé Epinal par le ministre de l'instruction publique, il l'a qualifié de harangue violente et haineuse non content d'avoir lancé ces premiers outrages, le chef des bonapartistes militants s'est écrié que le ministre et son sous-secrétaire d'Etat, M. Girerd, avaient déchaîné la calomnie, défiguré les inten tions et falsifié les textes. Ce langage inouï a reçu l'accueil qu'il méritait; le président, M. Gambelta, qui dans tout ce débat a fait preuve d'une fermeté rare, a proposé la Chambre de voter la censure contre M. Paul de Cassagnac et de lui interdire pour trois jours l'accès du local des séances. Un tumulte épouvantable a accueilli ces paroles. Toute la Chambre était debout. Les bonapartistes criaient que le président commettait une lâcheté. M. d'Aritsc se vit sur le point d'être souffleté par le ministre du commerce, M. Tirard, qui a élé entraîné par ses amis. M. Gambetla a dû se cou vrir et quitter la salle des séances. Une heure après, la séance a élé reprise. M. de Cassagnac, invité s'expliquer, a maintenu qu'il n'avait qualifié de faussaire que le sous-secrétaire d'Etat et que la censure simple devait être pronon cée. Mais la Chambre, une forte majorité, a approuvé la proposition du président. Nouveau tumulte, nouvelle explosion de rage. M. Gambelta a sommé le député bonapartiste de Condom de quitter la tribune et la salle. M. de Cassagnac. arrivé au paroxysme de la fureur, s'est écrié qu'il appliquait au gouvernement entier les paroles qu'il avait adressées M. Girerd et que le gouvernement est un gouvernement infâme. Ce triste débat devait avoir un terme. M. Gambctta a dit qu'à partir de ce moment les paroles que pour rait prononcer M. de Cassagnac seraient considé rées comme des délits de droit commun et déférées au procureur de la République. Le fougueux dé puté bonapartiste s'est exécuté. Une nouvelle suspension delà séance a été jugée nécessaire. A la reprise, M. de la Rochefoucauld- Bisaccia a vainement essayé de faire ajourner la discussion du projet sur l'enseignement supérieur. L'a Chambre a décidé qu'elle se réunirait aujour d'hui. Cet incident grave, indigne d'un Parlement qui se respecte, aura dans toute l'Europe un profond retentissement. Déjà il y a quelques jours l'attitu de de M. de Cassagnac. l'ennemi mortel du système parlementaire, a été sévèrement appréciée par la grande presse européenne et notamment par le Times. Mais la déconsidération que le chef du bonapartisme a voulu attirer sur les institutions de son pays retombe sur lui-même et sur ses coréli- gionnaires politiques, et l'opinion publique n'a pas tardé se prononcer entre le gouvernement et le personnage grotesque qui s'est imposé la tâche de préparer l'avénement de l'Empire par des moyens que l'honnêteté publique et les plus simples notions des convenances réprouvent absolument L'état du comte Andrassy s'améliore; le chance lier de l'empire austro-hongrois ne tardera pas reprendre la direction du ministère commun aux deux parties de la monarchie. L'imbroglio ministériel en Turquie approche de sa solution. On télégraphie de Constantinople que Mahmoud-Neddin est appelé et que le portefeuille de l'intérieur lui sera confié. Khereddine pacha se verra donc forcé d'abandonner les rênes du pouvoir qu'il tenait depuis un peu plus de six mois, car il est évident que l'ancien favori du Sultan sera ap pelé recueillir sa succession. Toujours le même cercle vicieux. En Espagne aussi une crise ministérielle parait imminente. .Malgré les efforts du président de la Chambre, de M. Canovas del Castiilo et de quel ques personnages importants qui sont intervenus pour arrêter la crise, M. Romero Robledo et la fraetio.i de la Chambre qui suit son impulsion con tinuent, leurs risques et périls, entraver la marche régulière des affaires. La loi doit être votée selon toutes les prévisions. On s'en aperçoit bien en voyant la salle des séan ces les tribunes regorgent de monde et tous les sénateurs sont leur fauteuil, sauf M. de Tornaco qu'une indisposition retient chez lui. M. Van Schoor, en whepper-in vigilant, a battu le rappel et tous y ont répondu. M. Bonnet qui vient de perdre son fils a tenu venir voter la loi; M. Boyaval peine convalescent donne aussi une preuve de civisme il vient péniblement prendre sa place et ses amis s'empressent autour de lui pour le féciliter. Il lui a fallu vraiment un héroïque courage, il a fait plus que remplir son devoir. Le libéralisme tout entier lui en saura gré. Le bruit court dans les couloirs, avant la séance, que M. le prince de Ligne volera contre la loi. Bon nombre de libéraux en doutaient. Mais léur illusion est bien vite dissipée. M. le baron d'Huarl, qui préside, ouvre la séan ce et donne la parole M. le prince de Ligne qui occupe son fauteuil au milieu des membres de la gauche. Il lit un discours. La droite applaudit, la gauche reste muette. Après le prince de Ligne, M. Delccour, sénateur de Gand prononce un discours en faveur du projet de loi. Il s'efforce de démontrer que la loi nouvelle n'est que l'application rigoureuse de principes delà Constitution. Une scène véritablement scandaleuse et indigne du Parlement belge a eu lieu: Il n'est que 4 heures; la loi pourrait être votée en moins de trois quarts d'heure, tous les sénateurs sont présents. M. Solvyns et ses amis, voyant que la loi sera volée, vont tenter un dernier effort et ils ne recu lent pour cela devant aucune moyen, fut-il mépri sable. M. Solvyns invoque le bénéfice de l'article 41 du règlement qui permet 5 membres de demander la remise de la discussion des articles au lende main. M. Frère-Orban se lève. Il y a. dit-il, dans le Sénat, des membres que des deuils cruels ont atteint et qui voudraient re tourner chez eux pour y pleurer, il y ades malades qui ont eu le courage de se faire transporter dans celle enceinte. La droite aurait-elle la cruauté de prolonger ces douleurs et ces souffrances. M. Solvyns et ses bons amis ne fléchissent point; ils veulent l'exécution stricte du règlement. Alors M. Hubert Dolez. tout malade qu'il est, se sentant pris d'une indigna lion bien légitime, s'avance dans l'hémicycle et d'une voix tremblante d'émo tion et de colère contenues, accuse la droite de vouloir exploiter son profit l'état de santé de quelques membre de la gauche. C'est une injure que vous nous faites, s'écrie M. Solvyns. Je maintiens ce que j'ai dit, riposte M. H. Dolez, qui continue en flétrissant celte scandaleuse tactique de la droite et en caractérisant, en quel ques paroles éloquentes, la campagne ridicule que les cléricaux belges ont organisée contre la révision de la loi 1842. Les accents émus de M. Dolez ne trouvent pas d'écho droite. Y a-t-il cinq membres qui demandent le ren voi demain? dit M. le président. Oui. répond-on gauche. Eh bien! qu'ils se lèvent, s'écrie alors M. Dewandre

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Le Progrès (1841-1914) | 1879 | | pagina 1