Manifestation patriotique.
Menaces de mort envers le Roi.
Exposition Nationale de 1880.
puissance vient de Dieu et qu'on doit obéissance
aux puissances établies par Dieu, mais il est évident
que les doctrines des évéqucs mènent l'anéantis
sement du lien social et la révolution, et que si
elles faisaient école, l'ordre, c'est-à-dire le respect
des lois, ne serait plus possible en Belgique.
Dans les pays constitutionnels, il est rare que
les projets de loi, déposés par le gouvernement,
plaisent tout le monde; il y a toujours certains
intérêts privés blessés, et on comprend qu'il y a
discussion: controverses, contestations ce sujet,
dans le public, dans la presse et au seindesCham-
bres. Mais une fois les projets convertis en lois,
une fois que la majorité s'est souverainement pro
noncée, il ne reste la minorité qu'à se soumettre,
quitte obtenir plus tard, par l'emploi des moyens
légaux, la réforme des mesures législatives qu'elle
a critiquées.
Ainsi le parti libéral a subi, pendant plus de
trente-cinq ans, la loi de 1842 qu'il n'aimait pas,
qu'il regardait comme une loi d'oppression et d'abus.
Il l'a néanmoins exécutée, en attendant patiemment
l'heure de la réforme.
Mais que font maintenant nos évêques?
Avec un orgueil sans égal, ils s'érigent audessus
des autorités constituées, condamnent la loi et en
même temps ceux qui l'exécuteront.
Mais s'il était permis de simples citoyens,
et les évêques ne sont que cela en Belgique,
d'opposer leur autorité privée de la loi, il n'y aurait
plus de société possible; chacun, consultant ses
convenances particulières, n'admettrait des lois que
celles qui lui agréent et refuserait obéissance aux
autres.
L'un n'accepterait pas l'impôt sur la bière, l'autre
l'impôt sur le sucre; celui-ci, en passe d'hériter,
u'entendrait pas payer le droit sur les successions,
celui-là soulèverait d'autres chicanes l'occasion
de l'une ou l'autre mesure de la législature.
Non, c'est une règle sociale, un principe d'ordre
public, que, dans un état parlementaire, toute loi
debout doit être respectée et trouver obéissance
quelle que soit notre manière de penser son
égard.
Il vous est libre de rechercher, de poursuivre sa
révision, par les voies légales, par la presse, par la
parole, par les élections Mais vous ne pouvez aller
plus loin, sans accomplir un acte de révolté et de
factieux.
Les évêques, en conseillant et en organisant la
résistance une loi, émanation de la volonté na
tionale, se mettent donc en insurrection contre
celte volonté, qui s'est imprimée par ses organes
légaux; ils font acte de mauvais citoyens; il ap
prennent aux populations se jouer de l'autorité,
ils font œuvre de révolution cl d'anarchie.
Funeste exemple qu'ils donnent là leurs ou
ailles 1
Un exemple suivre.
Une manifestation vraiment nationale et patrio
tique a eu lieu au Conseil provincial de Liège.
Tous les membres delà droite de cette assemblée
ont tenu prolester avec énergie contre le langage
des journaux ultramontains qui s'efforcent d'empê
cher les catholiques de prendre part aux grandes
fêles du jubilé national de 1880.
Le Conseil allait voter un crédit de 50,000 fr.
pour les fêtes provinciales organiser l'occasion
de cette anniversaire, lorsqu'un conseiller catholi
que, l'honorable M. Demaret, s'est levé et a de
mandé la parole pour faire, en son nom et au nom
de ses amis de lo droite du Conseil, la déclaration
suivante:
S'il s'agissait, Messieurs, de donner même un
semblant d'approbation la politique pratiquée
par le ministère qui est au pouvoir, les catholiques
puiseraient dans leurs légitimes ressentiments des
raisons décisives de s'abstenir de prendre part aux
manifestations projetées.
Mais les fêtes de 1880 auront un caractère na
tional: il s'agit, pour les Belges, de fêler le 50e anni
versaire de leur indépendance et de montrer aux
yeux de l'étranger qu'heureux de vivre sous une
dynastie populaire, ils désirent le maintien des in
stitutions que leur a données le Congrès de 1830.
Les catholiques se souviennent que les ministè
res passent, mais que la nation et ses institutions
restent.
Le patriotisme imposera silence nos plus légi
times griefs, et, pendant ces journées solennelles,
nous oublierons, Messieurs, tout ce qui nous divi
se pour ne nous souvenir que de ce qui nous unit:
l'amour commun de notre chère Belgique. (Vifs
applaudissements sur tous les bancs.)
Les catholiques prouveront ainsi, comme ils l'ont
fait en toute circonstance, qu'ils sont attachés de
corps et d'âme l'œuvre de 1830.
Ces éloquentes et patriotiques parole sont ac
cueillies par de longs et unanimes applaudissements.
M. Demaret reçoit les félicitations de tous les mem
bres libéraux du Conseil.
M. Ancion (Alfred). Je tiens appuyer person
nellement la déclaration collective de la droite que
j'ai eu l'honneur de rédiger avec mon ami M.
Demaret et qui exprime tous mes sentiments pa
triotiques.
Je pris le Conseil de vouloir ordonner que cette
note soit inséré textuellement au procès-verbal offi
ciel de notre séance. (De toutes parts Oui oui
Cette manifestation aura, nous n'en douions pas,
nn grand retentissement dans le pays. La presse
ultramontaine aura beau faire, elle n'empêchera
pas un seul citoyen belge, vraiment digne de ce
nom, de célébreravec une joie patriotique le jubilé
de 1880. Réduite l'isolement, condamnée ron
ger son frein en silence, elle n'emportera de cette
nouvelle croisade, qu'elle a entreprise sous l'inspi
ration des évêques, que la honte d'avoir cherché
une fois de plus vilipender nos libres institutions
et arrêter l'élan du sentiment national.
(Meuse).
t"hti qflgo i
Arrestation.
Samedi soir, vers 10 1/2 heures, la police de la
lre division territoriale de Bruxelles opérait ce
qu'on peutappeler une capture sensation, celle de
l'auteur présumé des placards apposés ces jours
derniers Laeken et rue de la Paille.
L'inculpé est un ouvrier peintre nommé Van
den Broeck, qui avait été signalé la police com
me ayant proféré différentes reprises des mena
ces de mort contre le Roi, propos de la promul
gation de la loi révisant celle de 1842. Cet individu
a été arrêté rue de la Paille, dans un petit restau
rant où il allait prendre ses repas.
M. Willemaers, procureur du roi,aussitôt aver
ti, arriva au bureau de police de la lre division,
afin de procéder lui même au premier interroga
toire du prisonnier.
Celui-ci nia être l'auteur des placards en ques
tion, et quand on l'interrogea propos des mena
ces qu'on lui avait entendu proférer contre le Roi,
il répondit peu près ceci: «je suis un catholique
pur sang; il y a quelques jours, un prêtre que je
ne connais pas m'a offert de l'argent pour assassi
ner le Roi, mais j'ai refusé.
On ne larda pas, parait-il, au cours de cet inter
rogatoire, reconnaître que le prisonnierdivaguail
et cela de telle façon que l'on s'aperçût que ses fa
cultés mentales étaient évidemment troublées. Il a
été colloqué provisoirement en observation l'hô
pital, salle des aliénés.
Le Moniteur publie, sur les apparences des ré
coltes en Belgique, un tableau qui a été dressé il y
a un mois environ et qui établit la moyenne que voi
ci
Froment, bonne apparence seigle, très médio
cre orge, passable avoine bonne épeautre, as
sez bonne; sarrazin. assez bonne; fèves, pois, col
za. pommes de terre, bonne: fruits noyaux, as
sez bonne fruits pépins, bonne lin, assez bonne;
prairies, passable; trèfles, mauvaise.
Il ne faut pas perdre de vue que cette situation
a été relevée au commencement du mois de juin,et
que le temps qui règne depuis lors n'a pas été de
nature l'améliorer.
Le bureau exécutif nous prie d'annoncer qu'il
ne lui est plus possible d'admettre de nouvelles ins
criptions pour l'exposition de 1880. Le nombre des
exposants s'élève 4,128. Il dépasse les prévisions
budgétaires.
Il ne sera fait exception que pour les expositions
temporaires d'animaux domestiques, déplantés, de
fruits et de légumes, pour les industries d'art du
passé et pour les œuvres scientifiques et littéraires
belles publiées depuis 1830.
Un comité provisoire présidé par M. Eug. Van
Bemmel se propose de faire appel tous les belges
en vue de réunir au champ des manœuvres, en
1880, et de conserver ensuite dans un local per
manent, une bibliothèque complète des ovrages de
science, d'histoire et de littérature formant en
quelque sorte l'exposition int< llectuelle de la Bel
gique, côté de ses expositions artistiques et in
dustrielles.
S'il est utile de prouver quelle puissance s'est
élevée l'activité de notre industrie, il n'importe pas
moins d'honorer l'activité de l'esprit dans les livres
qu'il a élaborés. Une bibliothèque qui renfermerait
tout ce qui a été écrit chez nous, depuis cinquante
ans, serait la glorification de la pensée en Belgi
que.
Le catalogue de celte exposition formera une bi
bliographie nationale que l'on a vainement cher
ché faire jusqu'à présent.
Nous souhaitons que les auteurs, les éditeurs et
les collectionneurs de livre fassent bon accueil la
circulaire que lancera prochainement le comité
chargé de réaliser cette tâche patriotique.
Gbislehurst, 12 juillet.
Les funérailles du prince impérial ont été célé
brées l'église de Chislehurst aujourd'hui avec les
honneurs militaires. Il y a eu de grandes démons
trations de sympathie et de respect.
Le prince de Galles, les ducs d'Edembourg, de
Connaught et Cambridge, le prince de Monaco, le
prince Jérôme et ses fils conduisaient ledeuil. Pen
dant la cérémonie la Reine, la princesse de Galles
et la princesse Béatrice sont restées auprès de l'ex-
impératrice Cambdeu-house.
Beaucoup de personnages français appartenant
la diplomatie, l'armée, la marine, la ma
gistrature, ainsi que des députations des bonapar
tistes de Paris et d'autres villes de France étaient
présents la cérémonie dans l'église.
La Reine assise dans sa loggiaa assisté au dé
filé, au moment du départ pour le cimetière; puis,
accompagnée de ses filles elle est de nouveau ren
trée Camben-House. Elle n'y est restée que peu
de temps. A midi 30, Sa Majesté quittait Chisle
hurst pour retourner son château de Windsor.
On peut estimer 120 ou 150 millele nombre de
personnes qui sont venues assister aux funérailles.
D'après le correspondant du Globede Paris,
Mlle Sarah Bernhardt se trouvait parmi les dames
qui ont pris part au cortège.