La question du b!é.
Une bataille dans l'église.
Les résolutions des évêques.
Nouvelles locales.
menacent en lésant mettre lu main aux travaux
depuis longtemps décrétéset dont l'exécution
donnerait aux ouvriers l'occasion de gagner quel
ques journées.
D'un autre côté, on agite les populations avec
des idées fausses sur l'économie politique. On leur
persuade que l'on doit défendre l'exportation des
produits alimentaires mais on a bien soin de leur
cacher que si les Etats étrangers en faisaient
autant, la Belgique, qui ne produit pas assez pour
nourrir sa population qui est la plus dense du con
tinent, serait bientôt en proie une véritable
famine.
Que deviendrait-on si, cédant chacun un cou
rant contraire, les agriculteurs ne voulaient plus
qu'on laisse entrer le bétail et les grains éQ-angers,
et si les consommateurs s'opposaient ce que l'on
exporte aucune denrée alimentaire? Nous mour
rions certes de faim au milieu d'une muraille de
Chine, garnie de douaniers.
Les tristes événements qui se sont passés
Menin ne disent que trop combien il est dangereux
de fausser ainsi le jugement des masses, auxquel
les on ferait mieux de s'ingénier donner de la
besogne que de les exciter la discussion de ques
tion de tarif et d'enseignement auxquelles elles ne
comprennent rien et dont ceux qui veulent pécher
en eau trouble se servent pour les agiter.
Voilà une question qui s'impose dès présent
aux méditations des gouvernements européens et
dont la solution soulèvera peut-être de bien grandes
difficultés. Tout semble annoncer en effet qu'avant
peu l'Amérique produira de si énormes quantités
de blé, que les conditions actuelles de la culture
seront complètement transformées sur notre conti
nent. Il nous faut d'abord donner quelques détails
sur les faits qui se passent depuis peu aux Etats-
Unis et au Canada
C'est dans un territoire qui n'est pas encore un
Etat, c'est dans le Dakota, le long de la rivière
Kouge, qui sépare l'Est ce territoire du Minne
sota et se jette dans le lac Winnipeg, qu'est main
tenant le grenier des Etats-Unis.
On a découvert là ou plutôt on a mis en culture,
il y a deux ans, des terres vierges, des terres blé
comme on n'en a exploité aucune déplus fertile en
aucun pays. Dans le Dakota et la province cana
dienne de Manitoba, limitrophe au nord de ce ter
ritoire, il y a près de 100 millions d'hectares d'un
sol d'alluvions profondes et bien arrosées, où le
froment pousse souhait. C'est une surface presque
double de celle de toute la France. On en a déjà
défriebi quelques millions d'hectares. Et qui a fait
cela? des émigrés d'Europe, de pauvres pionniers?
Non pas, mais les fermiers expérimentés du Minne
sota, de l'Iowa, du NVisconsin et de l'Illinois, qui
sont tous accourus; des Américains, des Alle
mands, des Scandinaves naturalisés, enfin des Ca
nadiens, ceux-ci partis de la province d'Ontario.
Tous ont vendu leurs anciennes terres 60 dollars,
ou 300 fr. l'hectare, pour acheter celles-ci 30
francs.
L'exode a pris des proportions gigantesques et a
rappelé celui de de 1854-57, quand une poussée
du même genre fil coloniser les territoires autour
des grands lacs, qui sont devenus les riches Etals
agricoles dont il a été tant parlé.
On compte celte heure 100,000 immigrants
sur les lieux.
El notez que rien ne manque dans le territoire
coloniser. Il y a déjà un chemin de fer, un chemin
de fer qui fit faillite il y a six ans, et dont les
actions ont aujourd'hui monté du double au-dessus
du pair. Les lignes d'eau sont navigables et par
courus par des bateaux vapeur. Partout on a
établi des greniers automatiques ou elevators,
partout surgissent comme par miracle des centres
de population.
On a fait, d'ailleurs, dcuormes profits et retiré
de certaines terres jusqu'à 30 hectolitres de blé par
hectare Un fermier, exploitait 3,000 hectares, a
récolté 60,000 hectolitres et gagné, dit-on, 600,000
francs dans sa première année. L'an dernier, il
s'est mis cultiver 5,000 hectares.
En somme, il y a dans le Dakota elle Manitoba,
lOOmillions d'hectares de terres vierges, de prairies
naturelles qui vont être successivement défrichées
et ensemensées en blé.
Trois millions d'hectares sont déjà cullvés. Ne
donneraient-ils que 12 hectolitres par hectare, c'est
36 millions d'hectolitres, le tiers de la récolte de la
France, le quart ou le cinquième de celle des Etats-
Unis, le montant de presque toute l'exportation
américaine et nous ne sommes qu'au début de ces
défrichements!
Nous voyons, par les feuilles de France et
d'Angleterre, qu'on se préoccupe vivement, dans
ces deux pays, de la question du blé: la Belgique
commence s'en inquiéter également.
Une feuille parisienne, qui va un peu vite en
besogne, disait que les agriculteurs français devront
désormais faire de deux choses l'une: ou bien
modifier les cultures et demander la betterave,
aux plantes textiles, telles que le chanvre et le lin,
tabac, aux plantes maraîchères et fourragères ce
que le blé ne pourra bientôt plus leur donner; ou
bien labourer et faucher la vapeur comme les
Américains, employer comme eux les procédés les
plus perfectionnés et obtenir la réduction au mini
mum de transport sur les canaux et les chemins de
fer.
En attendant, protectionnistes et libres-échan
gistes sont aux prises: les uns, se plaçant au point
de vue des intérêts de l'agriculture, demandent
que les gouvernements d'Europe arréteut ou limi
tent, par des droits protecteurs, l'invasion du blé
américain: les autres, parlant au nom des intérêts
des consommateurs, disent que ce serait folie de
demander la protection un remède qui n'en
serait pas un et ne ferait qu'aggraver la crise.
La Flandre libérale disait Mardi dernier:
Quoi qu'il en soit l'extension énorme de l'agri
culture dans le Nord-Ouest des Etats-Unis et le
Sud-Ouest du Canada, augmentant dans une im
mense proportion la production des céréales, aura
pour effet d'abaisser notablement dans le monde
entier le prix du pain.
Il est possible que cc bienfait soit payé en
quelques pays par des crises douloureuses et pas
sagères, mais il est incontestable qu'il sera un
bienfait et l'un des plus grands qui se puissent
imaginer.
D'autre part, plusieurs feuilles cléricales enga
gent les cultivateurs adresser des pétitions aux
Chambres pour demander qu'un droit d'entrée soit
établi sur les produits agricoles qui pénètrent en
Belgique.
On voit l'importance des intérêts qui sont aux
prises et on peut deviner aisément avec quelle
ardeur on les défendra de part et d'autre. D'ailleurs,
les gouvernements devront forcément mettre
l'étude ces grands problèmes économiques où nous
sommes arrivés une époque de transformation
complète, et la question du blé nous verrons
succéder d'autres questions tout aussi graves et
tout aussi difficiles résoudre. «Crises passagères»,
dit la Flandre: nous souhaitons qu'elles soient
telles, sans trop y compter cependant.
Dans l'arrondissement de Virlon, le clergé se
dislingue tout particulièrement son exaltation
touche dans bien des cas la folie.
Voici une correspondance adressée l'Echo du
Luxembourgla scène qui s'est passé 20 juil
let dans une commune importante de cet arrondis
sement.
La Gazette de Charleroi nous annonce que les
nominations d'inspecteurs de l'enseignement pri-"
maire sont actuellement la signature du Roi.
t
Lu curé de l'endroit dont le fanatisme dépasse tout ce que
l'on pourrait imaginer, avait retenu l'église, après la prière
du soir, deux fillrs de qnaloizeà quinze ans, parce qu'elles
avaient refusé, prétendait-il, de réciter leurprièreen commun.
Une vieille femme et sa voisine, mères dr celles-ci, se rendi
rent l'église pour ranimer leurs enfants chez elles. Telle
fut la cause du combat que nous allons décrire.
Le curé qui a l'habitude de traiter militairement ses pa
roissiens, se douta, en voyant arriver ses deux femmes, du
but de leur visite. Il s'avauça vers elles, les apostropha de son
ton arrogant afin de savoir si réellement leur intention était
de ne pas se soumettre sa volonté. La pauvre vieille répon
dit qu'elle entendait ramener sa fille. Là-dessus, notre véné
rable pasteur empoigna cette fen.me, tandis que sa compagne
fuyait, et au milieu de I'église, devant les fidèles étonnés,
commence une lutte qu'on ne tolérerait point un jour de féte
de village même dans le plus infect des cabarets. Le combat,
bien qu'inégal, eut cependant une certaine durée. Trois fois
le curé terrassa cette malheureuse et celle-ci, indignée, trou
vait malgré sa faiblesse l'énergie nécessaire pour lutter contre
ces violences brutales. A la troisième passe cependant, épui
sée par tant d'efforts, elle voulut s'enfuir; le curé la poursui
vit, mais pas assez vite cependant pour l'empêcher de sortir
furieux d'arriver trop tard, il claqua la porte de l'église avec
une telle violence qu'il faillit écraser cette malheureuse entre
les deux battants
Telle est sans doute aujourd'hui la nouvelle méthode per
fectionnée pour enseignerla religion par la parole et par l'ex
emple, dans les écoles catholiques.
Quelques jours après, c'était la fête, et les jeunes gens,
satisfaits du retour du beau temps, formèrent un cortège en
tète duquel marchait une musique suivie d'un drapeau
tricolore qu'ornait un magnifique flot bleu. Notre bouillant
pasteur outré de tant d'audace, déchargea sa bile le diman
che suivant dans un sermon où il insultait la jeunesse et par
ticulièrement les jeunes filles qu'il appelait fonds de bouti
quesil s'attacha surtout ne pas ménager un cabaretier,
chez qui l'on avait dansé. Le lendemain le curé rencontra le
susdit cabaretier, c'était le moment de recommencer la scène
de l'église, mais le curé savait qu'il trouverait là qui parler,
aussi jugea-t-il prudent de décamper au plus vite.
"tmm"
Nous recevons, (dit la Gazette), au moment de met
tre sous presse, une nouvelle qui aura dans le pays un
grand retentissement.
Nos Evêques se sont réunis, comme on sait, Mati
nes la semaine dernière.
Après un long examen de la situation, ils ont arrêté
en commun les résolutions suivantes, dont la gravité
n'échappera personne et dont nous sommes en mesure
d'attester l'entière authenticité
1° En ce qui concerne les écoles normales, refus d'ab
solution tous les instituteurs et tous les élèves fré
quentant ces établissements
2* L'enseignement religeux donné dans les écoles laï
ques est considéré comme schismatiqué. En conséquen
ce, tous les instituteurs qui donneront cet enseignement
encourent l'excommunication
3° Refus d'absolution tous les instituteurs laïques
indistinctement, même ceux qui s'abstiendraient de
donner l'enseignement religieux dans l'école
4" Quant aux enfants fréquentant les écoles laïques,
ils sont tenus comme ayant agi sans dicernement et,
comme tels, admis provisoirement faire leur pre
mière communion.
Ces résolutions ont été communiquées aux doyens et
curés, avec ordre d'en donner connaissance aux fidèles
au prône le plus prochain.
A quoi que le langage de la presse cléricale nous eut
préparé, nous voulions croire encore que jamais nos
évêques ne se seraient laissés entraîner de tels actes
de violence. Le doute n'est plus permis aujourd'hui, car
nous tenons le répéter la source d'où nous vien
nent nos informations mérite toute confiance.
Quant aux conséquences de cette violence elle-même,
le temps nous manque pour nous y arrêter. Elles sau
taient, d'ailleurs, tous yeux.
Le gouvernement connait les devoirs que la situa
tion nouvelle lui impose.
Nous avons la confiance qu'il saura les remplir.
i l III III
Mercredi, 3 heures, a eu lieu aux Halles, en pré
sence d'un public nombreux et choisi, la distribution
des prix, aux élèves du Collège Communal et de l'Ecole
Moyenne de l'Etat.
La cérémonie était présidée par M. Vanheule, Bourg
mestre auprès de lui avaient pris place, sur l'estrade,