6 FRANCS PAR AN.
K<> 493. Jeudi.
39e ANNÉE.
25 Septembre 1879.
.JOURNAL U'VfKES ET RE L'ARRONDISSEMENT.
PARAISSAIT LE JEUDI ET LE nUIMCIE.
BULLETIN POLITIQUE.
Rien de nouveau en France que les manifesta
tions patriotiques, extrêmement chaleureuses, qui
ont eu lieu Perpignan et Montbéliard en l'hon
neur de deux grands citoyens, François Arago et
Denferl-Roehoreau. Ces fêtes ont eu un entrain
et un éclat extraordinaires, les comptes rendus des
journaux parisiens le constatent l'envie.
A Montbéliard, le ministre de l'intérieur, M.
Lepère, n'a prononcé que quelques paroles, mais
émues et chaleureuses la mémoire du courageux
soldat et du patriote vaillant que fut le colonel
Denfcrt.
A Perpignan, M. Jules Ferry a prononcé un
véritable discours politique. Il avait pris pour
sujet la carrière politique de François Arago. Il y
a trouvé l'occasion de tracer un parallèle entre
l'âge héroïque de la république militante et
l'ère de la république triomphante où la France
est entrée définitivement. Rarement le ministre de
l'instruction publique a été plus heureux et mieux
inspiré.
Le prince de Bismarck est arrivé Vienne, où
il a été reçu de la façon la plus cordiale par son
hôte, le comte Andrassy. Celle visite du chance
lier allemand au premier ministre de l'empereur
François-Joseph est incontestablement le grand
événement du moment, sur lequel l'attention de
l'Europe se concentre.
On dissimule mal Saiut-Pélersbourg la sorte
de dépit qu'on en conçoit.
11 se traduit par des observations analogues
celles que faisait hier XAgence russe sur l'influence
néfaste, selon elle, de la politique présente de M.
de Bismarck.
Les journaux allemands ne sont pas en reste
avec la presse russe sur ce terrain des personnali
tés plus ou moins directes, et les vives répliques
se croisent de nouveau par-dessus la frontière.
Depuis quelques jours, il n'est bruit dans les
cercles politiques de Madrid que d'un événement
que la presse espagnole discute avec une grande
vivacité. Le maréchal Serrano vient de se séparer
avec éclat du groupe des constitutionnels libéraux
dont il était,-avec M. Sagasla, un des chefs re
connus.
M. Serrano déclare qu'il se relire afin de rester
neuire dans la lutte entre les conservateurs et les
avancés. Il est permis de np pas prendre la lettre
celte déclaration. Le passé du duc de la Torre, la
grande popularité dont il jouit encore, l'éclat de
son nom. les excellentes relations qu'il a toujours
su conserver, même après son adhésion la res
tauration. avec les chefs de l'opposition libérale et
avec ceux de l'opposition antimonarcliique, le dé
signent tout nalurellement au rôle de leader de la
coalition des groupes hostiles, si elle parvenait
se réaliser.
Les nouvelles de l'Afghanistan, reçues Lon
dres. ne signalent aucun changement dans la situa
tion. Il faut mentionner toutefois l'arrivée Ali
Kheyl d'une ambassade de l'émir de Caboul. Elle
est chargée de porter au vice-roi des Indes l'assu
rance de l'amitié et de la fidélité du prince afghan.
Pendant cc temps les insurgés s'enhardissent. Us
ont tenté de surprendre le camp des Anglais dans
le défilé de Shalurgardan. Mais la tentative ne leur
a pas réussi. Ils ont été repoussés.
La voyoucratie Bruges.
Notre population est encore sous une indignation
bien légitime du spectacle ignoble qui lui a été
olïerl dans la journée et la soirée de Dimanche.
La presse cléricale avait annoncé, grand ren
fort de réclames. l'inauguration du local de la
Burgersgildeune de ces nombreuses congréga
tions qui pullulent Bruges, On annonçait une
joyeuse entrée du président d'honneur, M.
Léon Van Ockerhout, sénateur dégommé et candi
dat dégommer l'élection prochaine. La Patrie
faisait surtout grand étalage des sociétés qui allaient
faire partie du cortège et assister l'organisation de
l'œuvre du Denier des Ecoles catholiques.
Or. les témoins oculaires et auriculaires, toul-à-
fnii dignes de foi, affirment que jamais il n'y a eu
Bruges une manifestation plus pileuse, disons le
mol. plus scandaleuse.
Les pèlerinages du mois de mai n'arrivent pas
la cheville de la fête de Dimanche, quant la col
lection de têtes de pipes, de crétins et d'abrutis que
l'on avait pu réunir au nombre de 500.
Disons l'honneur des chefs du parti clérical,
qu'ils ont eu assez de pudeur de ne pas se montrer
au cortège de la Burgersgilde et que la promenade
du Bœuf gras, que l'on a fait faire au fanatique
M. Van Ockerhout, a été un incommensurable
fiasco. Enfin, le président de la confrérie du St-
Sang avait ses côtés un marchand de bestiaux
(Jan de Vetleggeret un petit charpentier, cbef-
congréganisle. Les metteurs en scène et ceux
qui comptaient, le cas échéant, exploiter la mani
festation, se cachaient la Concorde.
Dès H heures du matin, les aflidés du Burgers
gilde se montraient dans un complet état d'ivresse
sur nos places publiques, en gueulant des cantiques
politiques, provoquant notre population et huant
devant nos sociétés libérales. A 3 heures, les ma
nifestants se battaient entre eux sur la Grande
Place et 7 heures du soir l'intervention de la
gendarmerie était nécessaire pour faire cesser leurs
débordements: la population brugeoise s'était
tenue complètement Péeart.
Disons en passant que, malgré l'appel de la
presse cléricale, il n'y avait pas dix drapeaux
aiborés dans toute la ville de Bruges.
Enfin, si l'on croyait que notre récit est exagéré,
nous en appellerions l'opinion de M. Demonie,
conseiller communal cl Grand Electeur clérical.
Celui-ci, entouré de personnes appartenant aux
différentes opinions politiques, s'écria qu'il
était indigné de voir pareilles scènes et qu'il
y ne comprenait pas que le parti catholique put
y> s'abaisser organiser des manifestations aussi
écœurantes.
L'opinion de M. Demonie qui n'est pas très
délicat cependant ne sera pas suspecte. Expri
mée en ces termes, on peut se faire une idée des
excès aux quels ces bons catholiquesces hommes
avec Dieu et avec foi, se sont livrés, et cela
sous la présidence d'hour.eur de M. Van Ockerhout,
l'ennemi déclaré des manifestations politiques.
Le soir. tous les manifestants étant ivres,
le scandale et les provocations surtout ont été
crescendo. Les hommes de la Burgersgilde ont
fait partout une véritable chasse aux libéraux, les
insultants et menaçant de les maltraiter s'ils ne
disparaissaient; ils ont envahi le Cercle Libéral,
le Cranenburgetc. provoquant partout le désor
dre et maltraitant les gens inoffensifs. comme ils
avaient, dans la journée, insulté ceux qui n'avaient
voulu s'associer, par leurs dons, leur œuvre de
démoralisation.
Il était près de minuit lorsque la tranquillité pu
blique fut ainsi troublée. El cependant on ne
voyait pas apparaître le plus petit agent de police.
La Burgersgilde et les Pêlsisiers de Binche
régnaient en maîtres.
Enfin, vers i heure, les gens paisibles, constam
ment provoqués, commencèrent s'insurger contre
pareilles vexations et il était craindre que l'on
n àt de représailles, lorsque la police, enfin arri
vée, crut prudent de conduire les manifestants
étrangers, sous bonne escorte, leur logement.
Voilà le narré fidèle de la manifestation dont le
parti clérical attendait un si beau résultat en faveur
de son Candidat Croûte la prochaine élection du
Sénat, mais qui les couvre de honte!
Finissons en constatant que la police s'est con
duite delà manière la plus partiale. Alors que l'on
n'entendait que les cris de A bas les Gueux A
bas Rolinnos policiers ont voulu empoigner
quelques gamins qui rispostaient par le cri de:
Vivent les libéraux
Voilà la liberté dont on jouit Bruges, sous
l'administration paternelle de MM. Visart-Ronse-
Cau we cl compie (L'A venir).
LE
PROGRES
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ABONNEMENT l'Ai'. AN: t'onr iai-rondis-iemeiit u<lmiii isli'alif tI judiciaire d'Yprrs. !r. O-OO
Idem Pour le restant du pays7-00
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