j\° 502. Dimanche,
39e ANNÉE.
26 Octobre 1879.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'Y PRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
PARAISSANT LE JElllH ET LE IHNNNOUE.
BULLETIN POLITIQUE.
De graves décisions ont dû être prises, au dire
de. certains journaux parisiens, dans le conseil des
ministres qui s'est tenu avant-hier l'Elysée. Le
gouvernement aurait résolu d'entailler une cam
pagne répressive rigoureuse contre les fauteurs de
désordres, royalistes et raJieaux. On s'attend
une nouvelle hécatombe de maires et d'adjoints
qui n'ont pas reculé devant la suprême inconve
nance d'encourager les tentatives coupables des
ennemis du gouvernement élabli.
Les intentions du prince de Bismark relative
ment son altitude vis-à-vis du nouveau Landtag
sont toujours l'objet de suppositions contradictoi
res. On a aflirméque le prince de Bismark avait
fait tous ses efforts pour amener la formation d'un
grand parti moyen c'est-à-dire conservateur-
libéral, et sur cette hypothèse on a essayé d'accré
diter la rumeur de la démission du ministre des
cultes, qui, dans les questions ecclésiastiques et
scolaires, s'est trop empressé de prendre une atti
tude plus cléricale que politique.
D'après la Gazette générale de lAllemagne du
Nord, M. de Puttkamer ne sera pas sacrifié et les
libéraux de la Chambre devront se résoudre
laisser le champ libre la coalition ultramontainc-
conservatricc. Reste savoir si cette association
d'intérêts opposés sera assez solide pour qu'elle
puisse résister aux efforts révisionnistes du parti
religieux. C'est ce que nous verrons dans le cours
de la session qui s'ouvrira la semaine prochaine.
La démission du général Cialdini de ses fonc
tions d'ambassadeur d'Italie près le gouvernement
de la république française n'a pas encore été ac
ceptée. Le correspondant parisien du Times dit
que celte affaire place le ministère Cairoli dans
une situation très embarrassante.
La nouvelle de la conelussion d'une alliance
économique entre l'Allemagne et l'Autriche a pro
duit eu Italie une assez grande sensation, que les
adversaires de la politique du prince de Bismark
mettront en profit. Des publicistes se sont empresJ
sés de rompre des lances en faveur de leurs systè
mes financiers. Un article publié par M. Luzzati
dans la Nuova Antologia s'efforce de démontrer
que les projets des deux chanceliers auront une
influence fatale sur le commerce des autres nations.
M. Luzzati est partisan des traités stipulant la base
de la nation la plus favorisée. Il prétend que
l'accord intervenu Vienne ne peut aboutir qu'à
une union douanière entre les deux empires ou
des interprétations subtiles des traités existants.
L'Italie, dit-il, ne peut admettre d'exception au
principe de la nation la plus favorisée, et une
union douanière qui aurait pour effet de monopo
liser le commerce dans l'Orient, l'exclusion des
autres peuples, provoquerait une guerre de tarifs
qui aboutirait probablement une lutte plus bar
bare.
On vient de procéder en Bulgarie l'élection des
membres de la Chambre législative. Le gouverne
ment a pratiqué la candidature officielle, et non
content de donner son appui aux candidats bien
pensants, il a annulé, par un ordre de cabinet
daté de Sofia, les élections de Tirnnva et de Rout-
schouck où des candidats anti-ministériels avaient
été élus. Celte première expérience d'une élection
libre a satisfait le gouvernement qui a triomphé
sur toute la ligne, mais non l'opposition dont les
sentiments ont été méconnus.
L'assemblée provinciale de l'Association li
bérale luxembourgeoise s'est réunie le 12 Oc
tobre et a émis le vœu que des mesures fussent
prises par le Gouvernement dans le but de
mettre obstacle, d'une part, au système de dé
nigrement des lois du pays que le clergé em
ploie de tous côtés; d'autre part, aux violences
qu'il dirige contre les instituteurs et institu
trices, fonctionnaires publics, et contre les
particuliers. Elle a décidé, en outre, qu'elle
demanderait la Fédération libérale d'être
son organe auprès du Gouvernement.
Tel est l'objet d'une lettre qui vient d'être
adressée la Fédération libérale, au nom de
l'Association libérale luxembourgeoise, par
Mr J. N. Lenger, président, et M. Arthur
d'Hoffschmidt, secrétaire de cette Association.
L'Association libérale luxembourgeoise es
time qu'une pareille situation ne peut pas se
prolonger sans danger pour la sécurité publi
que, et ses délégués ont reçu mission de défen
dre, la première réunion de la Fédération
libérale, le vœu qu'elle a émis.
On lit dans la Post, de Berlin, organe des
conservateurs indépendants
LE
PROGRES
VIMES ACQUIMT F.lINDO.
AitONNEllENT l'A it AN: Pour fairondissoineni administratif et judiciaire d'Ypres. Ir. 6-00
Idem Pour le reslau! du pays7-00
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 59.
INSERTIONS: Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne fr. 0-25.
Actuellement, dans les campagnes, disent les signa
taires de cette lettre, la vie de nos amis politiques est
intolérable. Sans cesse, ils sont en butte aux vexations
et aux tracasseries du clergé, qui cherche vouer l'a-
nimadversion publique les hommes qui ne se courbent
pas sous son joug.
Les parents des élèves fréquentant les écoles com
munales n'échappent point ces attaques, principale
ment dirigées contre les instituteurs et les institutrices.
Ces attaques violentes sont plutôt dirigées contre le
fonctionnaire que contre la personne, qu'elles atteignent
néanmoins. C'est cause de la position qu'ils occupent,
qu'instituteurs et institutrices sont exposés toutes les
avanies, toutes les humiliations n'est-il pas désirable
que le Gouvernement protège ceux qui le servent et ne
les abandonne pas aux violences coupables du clergé
Le particulier qui se livrerait de semblables atta
ques, qui lancei ait les invectives les plus méchantes
contre des fonctionnaires, qui surtout exciterait la
désobéissance aux lois en menaçant d'un préjudice mo
ral ou mélériel quiconque s'y soumet, celui-là serait cer
tainement poursuivi et puni.
Cette réflexion ne viendra-t-elle pas l'esprit du
campagnard? Ne s'étonnera-t-il pas de ce privilège si
extraordinaire accordé aux prêtres, d'avoir seuls le droit
d'attaquer impunément les lois, de prêcher véritable
ment la guerre civile
Si une enquête était ouverte dans nos villages, sur
les actes du clergé, elle établirait que l'audace du prê
tre dépasse toute limite.
Nous avons déjà eu l'occasion de parler de l'agitation
qui règne depuis plusieurs mois en Belgique au sujet
de la réforme de l'enseignement primaire.
Nos lecteurs savent que la Belgique a fait une nou
velle loi qui ne touche en aucune manière au droit que
possède le clergé catholique d'ouvrir et d'entretenir des
écoles privées, qui ne contrôle pas même son enseigne
ment, mais qai place les écoles de l'Etat sous la direc
tion exclusive de l'autorité civile.
La situation est fort simple: le clergé fait dans ses
nombreuses écoles tout ce qu'il veut et l'Etat l'invite
venir donner le cours de religion dans les écoles publi
ques.
En France les choses se présentent tout autrement.
Le projet de loi Ferry, qui sera très probablement
adopté, interdit absolument l'enseignement aux com
munautés religieuses non reconnues par l'Etat. Puis
les communautés autorisées sont loin de jouir de la li
berté que le clergé enseignant possède en Belgique il
leur faut remplir plusieurs conditions pour pouvoir
ouvrir et entretenir des écoles qui sont surveillées par
l'Etat et qui peuvent être fermées du jour au lende
main.
En Belgique tout cela n'existe pas. Le clergé y jouit
d'une indépendance complète. Et chose remarquable,
en France les évêques se contenterontsans aucun dou
te de protester proformâ, mais en Belgique ils ont
pris une toute autre attitude.
Quand la loi a été promulguée, le peuple belge s'est
demandé si i'épiscopat se résignerait admettre le nou
vel état de choses qu'il accepte en Hollande et en d'au
tres pays, s'il consentirait faire donner l'enseigne
ment religieux dans les établissements de l'Etat ou s'il
prendrait contre la loi une position plus ou moins hos
tile On comptait d'autant plus sur la modération des
évêques que la forme radicale d'exclure le prêtre de
l'école qu'avait proposée les libéraux avancés avait été
écartée et que les Chambres avaient préféré une solu
tion conciliante dont le clergé pouvait parfaitement se
contenter.
Le pays attendit donc avec une vive curiosité la dé
cision des six évêques qui étaient réunis dans fa ville
archiépiscopale de Malines. Le Pape est-il intervenu
On l'ignore. Toujours est-il que l'élément militant l'a
emporté dans le conseil des prélats et que ceux-ci, au
grand étonnement de tous les esprits calmes et sensés,
ont pris une résolution dont nul ne saurait prévoir les
conséquences et qui a produit dans le pays une émo
tion considérable.
Les évêques ont envoyé au clergé l'instruction de re
fuser l'absolution, c'est-à-dire le pardon des péchés,
non pas pour une fois en passant, mais d'une manière
permanente 1" tous les parents qui envoient leurs
enfants aux écoles laïques 2* aux instituteurs qui en
seignent la religion 3° aux élèves des séminaires (éco
les normales) de l'Etat.