39e ANNÉE.
28 Décembre 1879,
0 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'VPRES ÈT DE L'ARRONDISSEMENT.
N. B. i.es îiiinonces, réclames et laits divers, pobr tous les pays du momie (sauf la Flandre Occi
dentale), sont exclusivement reçus par la succursale de 1 Agence Havas89, Marché aux Herbes,
Bruxelles.
Leçon de charité évangélique.
Le 14 Décembre dernier, dans la salle du
Trône du Vatican, le Pape, entouré de sa cour
et d* ses cardinaux, a prononcé un discours
l'occasion d'un acte de la procédure de canoni
sation du bienheureux Jean-Baptisté Rossi,
chanoine romain.
Il loue ses grandes vertus, et dit éntr'autres
choses que: marchant sur les traces de Saint-
Philippe de Néri, il était animé de la plus
suave et de la plus active charité, et s'occupait
avec une admirable sollicitude du vrai bien des
âmes et des corps des classes les plus pauvres
de la société aussi Rome tout entière le sui
vait-elle avec respect, et l'entourait-elle d'a
mour et de vénération.
Le Saint Père continue ainsi Oh si les
ministres de Dieu se conformaient fidèlement
des modèles aussi parfaits, combien l'Eglise
aurait lieu de s'en réjouir, combien plus heu
reuse et plus tranquille seraient la religion et
la société civile
Car, ainsi que l'expérience le démontrepar
la puissante vertu de Vesprit du Seigneur, lors
qu'il se manifeste dans les paroles et dans les
œuvres de ses fidèles serviteurs, tôt ou tard, le
cœur humain est forcé de se rendre aux exem
ples de charité, de douceur, de désintéresse
ment, de sacrifice, et l'on voit la confiance en
vers le prrêtre catholique succéder la mé
fiance et aux soupçons, la haine faire place-
l'amour, et le mépris l'estime la plus respectu
euse. La grâce de Dieu ne s'arrête pas seule
ment ces heureuses dispositions des âmes la
foi détruite ou affaiblie se ravive dans les cœurs,
les mœurs corrompues se réforment, l'heureuse
influence de la religion se fait sentir plus large
et plus bienfaisante. Alors Dieu s'apaise alors
au sein des familles, ainsi que des cités et des
royaumes, on voit refleurir Tordre, la paix et
la tranquillité,
C'est parler d'or. Certes la religion et la so
ciété auraient tout gagner la mise en pra
tique d'aussi sublimes conseils mais, parmi
ceux qui ils s'adressent, il en est, hélas
pour qui les traces de Saint Philippe de Néri
semblent jamais perdues.
Exemple
Un vieillard de 71 ans, a un petit-fils fré
quentant l'école communale. Dimanche der
nier, assistant la messe, le vieillard, proba
blement saisi par le froid, meurt subitement
le curé s'approche du cadavre, auprès duquel
se lamentait, abîmé dans sa douleur, le fils
du défunt et comme consolation suprême, le
prêtre ne trouve que ces mots: «Datif.en
straffehè gae regte nae d'helle (littéral)
Suave charité Angélique douceur
Autre
La famille du brave homme dont nous avons
raconté la fin est d'ailleurs l'objet des atten
tions toutes spéciales de son doux pasteur, et
de ses acolytes.
Sa belle-sœur étant toute extrémité, les
derniers sacrements lui furent refusés par un
jeune vicaire, parce que son petit-fils fréquen
tait l'école communale. Cette odieuse comédie
eut l'effet voulu l'administration eut lieu, et
l'enfant fut retiré de l'école.
Et cette scandaleuse oppression des conscien
ces s'exerce au nom et en vertu de la liberté
L'enseignement ainsi patronné, c'est l'ensei
gnement libre Et ces amours-là s'indignent
quant un bureau de bienfaisance use de son
influence pour combattre leur tyrannie,quand
une administration communale ne laisse pas
écraser sans résistance les écoles placées sous
sa protection
Citons pour mémoire les nombreux refus
d'absolution, les uns suivis d'effet, les autres
produisant celui de coups d'épée dans l'eau,
et passons au bouquet.
L'instituteur communal, ayant eu le mal
heur de perdre une fille, se rendit chez le curé
>our s'entendre avec lui au sujet des funérail-
es. Toujours le même système de consolation!
Jne bordée de récriminations et d'injures
accueillit l'honorable fonctionnaire, qui, indi
gné, finit par dire son insulteur: Loin
d'avoir un cœur de prêtre, vous n'avez pas
même un cœur humain!
Mais le curé ne se rebuta pas pour si peu,
et, ne pouvant s'empêcher de baver quelque
peu sur le bourgmestre de la localité, qui se
fait un devoir de soutenir l'école de la com
mune, il prophétisa l'instituteur que le
bourgmestre serait accablé de tous les maux
qui peuvent atteindre un homme; qu'il per
drait son unique enfant, toute sa fortune, et
qu'il mourrait d'une maladie affreuse, qui lui
ferait jaillir le sang de la bouche, du nez, des
yeux, des oreilles, etc., etc. Enfin, MgrDumont
dépassé; il n'y manquait que les soufflets.
Que voulez-vous! quand on est enragé!
Et tandis que l'instituteur affolé essayait
d'ouvrir la porte pour se soustraire cette
infectionl'autre l'en empêchaitdisant
Laissez donc la porte fermée on pourrait
nous entendre. (historique).
Mais parlons donc un peu de la suave
charité, de la douceur qui distinguaient le
modèle des ministres de Dieu, et auxquelles
le cœur humain est tôt ou tard forcé de se
rendre. Nous en voilà loin et, franchement,
si le S'-Père a beaucoup de moricauds aussi
foncés que celui-là débarbouiller, il lui fau
dra un long pontificat.
Voilà que nous allions oublier de dire où
tout ceci se passe. Eh bien, c'est dans notre
arrondissement, dans la commune de Z
où le public se raconte in petto ces édifiantes
aventures sans s'en émouvoir; il y est trop
habitué.
jV 519520. ïîiiiiaiiche,
PROGRES
PARAISSANT LE JEUDI ET' LE 1)131 ASCII T. VIRES aCQUIRIT EU.ndo.
ABONNEMENT l'A H AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres. Ir. fî-00
Idem Pour le restant du pays7-00
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BULLETIN POLITIQUE.
L i crise ministérielle est la veille de ce termi
ner eu France. Le système cousi tant remonirr
el compléter l'ancien cabincl Waddinglou sans
eu atténuer le caractère essentiel a prévalu. MM.
Léon Say. Waddinglou. Tirard. Cochery el Jauré-
guiberry gardent leurs portefeuilles, mais rien
n'est décidé relativement l'intérieur. M. Challe-
niel-Laeour continuant refuser ce portefeuille.
La direction du département delà guerre sera con
fiée. si fis informations très précises de l'Agence
Havas seront exactes, au général Farre qui avait
failli entrer dans le cabinet du 4 février eldonl l'é
limination avait suscité une assez vive émotion
dans les cercles républicains.
il ressort des dernières dépêches de Madrid que
le prop-T d'émancipation graduelle des esclaves
Cuba, qui vient d'êtr" adopté, n'a obtenu cepen-
pendant que 154 suffrages, ce qui n'est pas même
la moitié du Sénat, qui se compose de 360 mem
bres.
Nous regrettons d'avoir constater que le dis
sentiment qui s'est produit entre Berlin et Bucha-
resl prend une tournure excessivement défavorable.
La loi-roumaine veut que la compagnie allemande,
concessionnaire des railivvays. émigré immédiate
ment Bucharest. et dans la capitale de l'Allema
gne on exprime la crainte que cette exigence ne
provoque un incident diplomatique.
L'incident monténégrin-ottoman se complique,
les puissances ayant sommé de nouveau la Porte
de remettre le district de Cusinje au prince Nikita.
Un télégramme de la Correspondance politique
confirmant que I inaction de la I urquie excite
Ci'lligne un vif mécontentement.
Les événements se précipitent dans les ElBls du
sud-ouest de I Amérique. Les alliés vaincus per
dent la tête et se jettent dans les bras de l'insurrec
tion. Le ministre du Çbili Paris a reçu, mercre
di, une dépêche de la légation chilienne \Y as—
hington. lui annonçant que. par suite de la défaite
des alliés, Tarapaca. tnu; révolution a éclaté au
Pérou en faveur de Piérula. et une autre révolu
tion a éclaté La Paz. capitale de la Bolivie, la
tète de laquelle se trouve Nunez del Prado.