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Despotisme et Liberté.
Chemins de fer de la Flandre Occidentale.
Lfe cortège a parcouru les rues de Louvain dans le
meilleur ordre, et notre population a fait au Denier li
béral, desservi par une armée de collecteurs élégam
ment travestis, le plus sympathique accueil.
D'importantes mesures de police avaient dû être
prises pour protéger le cortège contre une agression
éventuelle de la jeunesse universitaire. Celle-ci, dans
une lettre adressée notre bourgmestre par la commis
sion générale des étudiants, avait annoncé son inten
tion de ne pas tolérer ce qui, dans la mascarade, ten
drait ridiculiser les professeurs de l'Aima Mater.
Pareilles exhibitions, disait la lettre, pourraient ame
ner de regrettables conflits.
Le bourgmestre avait répondu cet incroyable fac-
tum par une lettre adressée au recteur, dans laquelle,
dénonçant l'autorité académique la singulière préten
tion affichée par les étudiants de régler les amusements
de la population louvaniste, il renvoyait leurs études
ces jeunes gens venus Louvain pour recevoir des le
çons et non pour en donner.
Il faut croire que l'autorité universitaire n'avait
rien fait pour calmer la belliqueuse ardeur de ses Elia-
cins, car ils se sont conduits pendant toute la journée
comme des agents de désordre.
Dans la rue de la Station, deux pétards jetés par
eux sont venus éclater au milieu du cortège. Une ba
garre s'en est suivie, heureusement dissipée par la
prompte intervention de la police.
Un peu plus loin, une bande d'étudiants armés de
cannes a tenté de couper le cortège. En ce moment,
défilaient des guerriers masqués qui, attaqués et débor
dés, firent usage des piques dont ils étaient armés et
tinrent leurs agresseurs en respect jusqu'à l'arrivée de
la gendarmerie, qui procéda plusieurs arrestations.
Une trentaine d'étudiants, assure-t-on, ont été con
duits l'Amigo et se sont vu dresser procès-verbal.
Plusieurs étudiants sont blessés.
jSTi QSfT
La multiplicité des attentats dont la Russie est
actuellement le théâtre, arrachait dernièrement un
aveu d'une grande vérité un journal ultramon-
tain, le Bien public, de Gand c'est qu'à tout bien
compter, un mendiant est beaucoup plus heureux
en Belgique que l'empereur de toutes les Russies,
au milieu de ses palais.
L'empereur, en effet, malgré toute sa puissance,
malgré toutes ses- armées, n'est pas même sûr de
son lendemain. Il se sent menacé par des
ennemis qui ne lui laissent du repos ni le jour, ni
la nuit, qui le poursuivent dans ses jardins, qui le
le guettent en chemin de fer, et qui vont le tra
quer jusqu'au fond de ses palais; même chez lui,
dans ses appartements, ce grand monarque ne peut
faire un pas, sans être entouré de police, de gardes,
de fonctionnaires.
S'il ne laisse aucune liberté son peuple, en
retour, lui-même ne jouit d'aucune liberté, pas
même de la liberté d'aller et venir, de respirer
son aise. Il est toujours sous le coup des entrepri
ses des assassins.
Oui, il est bien vrai que le mendiant en Belgi
que est plus heureux que l'autocrate de toutes les
Russies. Le mendiant est libre de ses mouvements,
il est libre d'aller où bon lui semble, sans être
inquiété, sans être tourmenté, sans être poursuivi
par la crainte d'une mort imminente.
Mais en constatant cette vérité, le Bienpublic a
oublié d'en tirer la moralité, c'est que, pour les
rois, comme pour les peuples, il n'est pas de régi
me meilleur que celui des institutions libres,
comme celles que la Belgique a le bonheur de
posséder.
Sans doute, nous avons chez nous des luttes de
partis, luttes ardentes, passionnées; parfois même
on se monte tellement la tête, qu'on casse une ou
deux vitres, en criant bien fort.
Mais, qu'est-ce que cela, auprès des scènes de
mort et d'incendie, auprès des convulsions terri
bles dont la Russie nous donne actuellement le
spectacle?
El cependant le gouvernement russe applique
avec la dernière rigueur les principes d'ordre mo
ral, vantés tout propos par les uitramontuins, et
indiqués, dans les encycliques des papes infailli
bles, comme les seuls propres garantir la paix
des états
Il proscrit la liberté des opinions, la liberté de
réunion, la liberté de la presse, la liberté des cul
tes, il affirme le droit divin, il nie la souveraineté
de la nation. Il veut être tout cl en réalité il n'est
rien. Il est condamné trembler et avoir peur
de tout.
En Belgique, au contraire, liberté pour tout le
monde, quoi qu'en disent les grincheux du cléri
calisme liberté de tout dire, de tout imprimer,
liberté d'aller et venir, liberté de se réunir, liberté
de professer ses opinions, ses croyances, sans avoir
en rendre compte personne. Et ces libertés, en
assurant les droits de tous, aboutissent au maintien
de l'ordre et de la tranquillité, et la satisfaction
de la masse.
Celte comparaison prouve l'excellence de nos
institutions libérales et la vanité des théories ultra-
montaines et réactionnaires qui ne veulent voir de
garauties d'ordre que dans les mesures de com
pression, dans la confiscation des droits des
citoyens.
On apprendra avec satisfaction la reprise défini
tive par l'Etat du chemin de fer d'Oslende-Artnen-
tières, et l'ouverture au 1 avril prochain, de la
nouvelle ligne Lichtervelde-Thielt.
Appréciant la sollicitude de M. le ministre des
travaux publics pour tout ce qui concerne les inté
rêts matériels de nos Flandres, nous émettons
l'espoir de voir sur ces lignes et principalement sur
celle d'Ostende-Armentières, une réorganisation
complète du service des trains, en nous accordant
par Ostende des communications directes, faciles
et nécessaires avec les autres lignes de l'Etat, tant
pour le départ que pour le retour.
Nous signalons également M. le ministre l'état
non-seulement déplorable, mais scandaleux du ma
tériel roulant sur la ligne d'Ostende-Armentières.
La plupart des voitures sont dans un état de déla
brement tel, que l'on peut s'estimer fort heureux
d'arriver destination sur cette ligne saus accidents
déplorables.
Nous ne doutons pas qu'il suffira de mentionner
ce triste et regrettable état de choses pour le faire
cesser au plus tôt. (Cercle des Voyageurs).
Communiqué.)
Depuis quelques temps on s'occupe beaucoup en
Bourse de l'action Flandre Occidentale primitive.
L'attention du public a été attirée sur la valeur par
l'augmentation constante et considérable des re
cettes, ainsi que par l'éventualité de la re'prise par
l'Etat. La Société, soucieuse de l'intérêt de ses
actionnaires, publie chaque semaine ses receltes;
l'on peut donc suivre la marche de la Société, pour
ainsi dire, pas pas.
Le rapport du 10 novembre 1879 constate que
le ir semestre 1879 a laissé au profit des actions
primitives 111,671 francs toutes charges payées et
après avoir porté extraordinairement 12,500 francs
au compte de frais judiciaires et 25,000 francs au
compte de renouvellement.
Il restait des exercices précédents un boni de
458,993 francs qui, joint la somme précédente,
donne 270,664. Cette somme sera peu près com
plètement absorbée par le payement des approvi
sionnements que la Société a été condamnée
payer la liquidation des Bassins Houillers. On
sait, du reste, que la Flandre Occidentale a gagné
son procès en ce qui concerne le litige principal,
la possession du matériel.
D'après les recettes publiées au 31 décembre
1879, le 2e semestre 4879 a donné en chiffres
ronds 400,000 fr. de plus que le Ier, les charges
restant les mêmes et l'exploitation se faisant 55
p. c. C'est une somme de 45.000 francs qui revient
l'action primitive en plus que pour le 4' semestre.
La situation pour 1879 est donc la suivante
222,000 fr. plus 45.000 fr. soit 267,000 fr. et
comme il y a 26,757 actions primitives, c'est
encore 40 fr. qu'il serait revenu chaque action.
Mais en 4879, l'Etat a détourné le trafic pen
dant les onze premiers mois et ce n'est qu'à partir
du lr décembre que l'accord entre la Société et
l'Etal s'est rétabli. Ce détournement avait forte
ment atteint le trafic de la Flandre.
La rec. toi. de 4877 s'est élevé 2,747,672-54
Celle de 4878 2,552,643-87
Celle de 4879 s'élève approx 2,691,000
A partir du 4r décembre, l'augmentation des
recettes se reproduit. Depuis le 4r janvier surtout
elles sont considérables. Janvier donne uue aug
mentation de 25.000 fr. et les recettes connues de
février donne.il environ 7,000 fr.
La course de ces augmentations permet de sup
poser qu'elles continueront. Dans ces conditions,
on peut légitimement s'attendre un dividende
de 44 45 francs pour l'exercice en cours.
Comparée aux autres actions de chemins de fer:
Welkenraedt Lille-Calais, Tournai-Jurbise, Est-
Belge, qui ont donné des dividendes inférieurs et
qui sont cotées dès prix beaucoup plus hauts, ce
n'est pas être trop optimiste que de prévoir encore
des cours plus élevés, malgré une hausse assez sen
sible depuis peu de temps.
Disons pour terminer que la Société tient deux
assemblées par an, l'une au mois de mai et la se
conde en novembreet que le dividende se disliibue
en deux fois. Ainsi le dividende du 2e semestre
4879 sera distribué en mai et on peut compter sur
5 ou 6 francs.
Ajoutons encore que la plupart des actions sont
aux mains des Anglais et qu'il y en a relativement
fort peu en Belgique. (Cote libre.)
i
On écrit de Salonique, 20 Février, la Corres
pondance politique de Vienne:
Le sujet exclusif des conversations dans notre ville c'est le
sort qui vient de frapper le colonel de gendarmerie M.Synge
Cet Anglais qui est depuis longtemps au service ottoman,
s'est fixé en Macédoine et a même fait il y a quelque temps
l'acquisition de quelques propriétés. L'une de celles-ci est
sise proximité de la ville de Verija. Le colonel Synge, guidé
par un sentiment d'humanité, obtint par l'entremise de M.
Blunt, consul général anglais dans uotre ville, une somme
considérable de l'ambassade anglaise Constautioople en
faveur des mabométans qui ont beaucoup souffert du froid et
de la misère pendant cet hiver si rigoureux. La nouvelle que
|e colonel Synge aurait reçu de l'argent de M. Layard devait
devenir fatale au premier. Lorsque le colonel, accompagné
seulement d'un gendarme et d'un domestique, arriva dans la
propriété mentionnée plus haut, il se vit assailli par la bande
du fameux chef de brigands Niko, forte de 26 hommes.
Après avoir dévalisé le colonel, le chef Niko l'emmena
dans les montagnes. Ce n'est que là qu'on permit au prison
nier de donner de ses nouvelles Salonique. M. Blunt reçut
un chiffon de papier sur lequel étaient écrits au crayon les
mots suivants: Je suis prisonnier de Niko, envoyez une
rançon de 10,000 liv. et empêchez toute poursuite militaire
des bandits, qui autrement me tueraient. Le consul géné
ral anglais informa immédiatement l'ambassadeur Conslan-
tinople ainsi que le Foreign Office Londres de ce triste
événement, et demanda des instructions par rapport la ran
çon.Aujourd'hui est arrivée, presque simultanément des deux
côtés, la réponse qu il fallait offrir un rançon au chef de bri
gands; quant au montant de celle-ci, on donnait pleins pou
voirs M. Blunt. Après avoir envoyé un message, un Grec
de Verija, dans les montagnes, le consul général anglais se
rendit auprès du gouverneur Rifaat pacha pour l'engager
ne pas faire poursuivre les bandits. Le vali accéda naturelle
ment celte demande et envoya des ordres en ce sens au kaï-
makan de Verija. Ici on est fort inquiet du sort du malheu
reux prisonnier, car on sait par expérience que souvent déjà
un retard accidentel daos la remise de la rançon a coûté la
vie la victime des bandits.
On a vu par les dépêches quejusqu'ici le prison
nier a été bien traité par les brigands.