Longtemps ils ont caché leur jeu les
entendre, ils sont les amis de la Constitution;
dans les proclamations distribuées la veille
des Elections et dans les Chambres, ils adorent
notre charte, mais dans leurs journaux, dans
leurs réunions privées, dans les mandements
des Evêques, dans la chaire, dans le confes
sionnal et aujourd'hui par leurs actes, ils
démontrent clairement le vrai but qu'ils veu
lent atteindre, savoir
Le monopole de la liberté de la presse
Le monopole de la liberté d'association
Le monopole de la liberté de conscience
Le monopole de la liberté d'enseignement.
Vous en avez la preuve sous les yeux
Liberté de la presse. Toute lecture de
journaux autres que ceux sortant de leurs
ateliers est rigoureusement interdite, sous
peine de refus d'absolution.
Quelqu'infâmes que soient certaines de leurs
feuilles, la lecture en est permise, recomman
dée, préconisée.
Liberté d'association. Ci-devant, la paix
régnait dans les communes on se réunissait,
on fraternisait on se distrayait sous mille
formes. Aujourd'hui, toute participation une
société non seulement politique mais même
de simple agrément est un crime, si cette
société n'est pas sous la haute dépendance du
Seigneur et du clergé de la commune. Pour
rompre les associations indépendantes on
recourt aux armes habituelles de la persécu
tion, de la calomnie dans la chaire de vérité
et dans la presse, et, comme remède suprême,
au refus dabsolution.
Liberté de conscience. Quiconque n'est pas
catholique pratiquant ou refuse d'être le ser
viteur très-humble de son curé, quelque soit
son honorabilité, est honni, vilipendé, persé
cuté jusque dans ses enfants, maudit et ruiné.
Et d'autre part, les plus ignobles personnages,
des gens qui de notoriété publique n'ont ni
foi, ni loi, sont l'objet de viles flatteries et de
distinctions. On leur assigne même des pla
ces d'honneur dans les Eglises et dans les .cé
rémonies religieuses. A ceux-là, l'absolution,
parce qu'ils ont abdiqué toute indépendance
ceux-là le Bon Dieu, parce qu'ils rampent
devant les pieds de ses Ministres.
Liberté d'enseignement. Quel est le père
de famille qui n'ait eu subir des obsessions
et des violences morales L'école des prêtres
est la seule où l'on puisse envoyer ses enfants,
fût-elle dirigée par des petits-frères, par
d'ignorantes religieuses ou par des instituteurs
de contrebande. L'Etat hors de l'Ecoletel
est le cri de guerre ils revendiquent haute
ment la direction souveraine de l'instruction
publique, et pour assurer entre leurs mains le
monopole qui a fait de tout temps le plus doux
de leurs rêves, ils maudissent les écoles, hier
encore si dignes de confiance; ils insultent les
instituteurs entourés juste titre de l'estime
publique ils persécutent les parents qui veu
lent jouir de la liberté ils créent des Bureaux
de Bienfaisance en opposition avec les admi
nistrations officielles et cherchent détourner
au profit des leurs,toutes les sources de la cha
rité, afin de mettre le pauvre la merci de
leur despotisme ils font même marché des
sacrements ils achètent les enfants au prix
d'une absolution et ils offrent le bon Dieu au*
fonctionnaires publics en échangé de leur
trahison et de leur parjure.
Et si telle est leur audace sous un Gouver
nement fermement décidé défendre les liber
tés mises en péril, que n'oseront-ils pas si
jamais ils reviennent au pouvoir Les hom
mes modérés de leur parti seraient refoulés
dans l'arrière-rang et le Gouvernement pas
serait aux mains des plus violents et des plus
fanatiques.
Ce n'est pas en Belgique seulement que le
parti sacerdotal relève la tête. Mais heureuse
ment, il est écrasé en Allemagne; il est vaincu
en Angleterre et il se débat dans les convul
sions de l'agonie en France.
Vous ne voudrez pas, Electeurs, qu'en Bel
gique seule il sorte triomphant de la lutte.
L'intérêt général du pays, le rétablissement
de la paix intérieure, le développement de la
prospérité publique, la reprise des affaires déjà
trop longtemps en souffrance, recommandent
tout bon citoyen de se grouper autour du
pouvoir, de lui prêter son concours pour dé
fendre nos belles et libres institutions, pour
faire respecter les lois délibérées, votées et
promulguées dans les formes constitutionnel
les. Le respect de la la loi est la base de l'or
dre social. Le droit de résistance que l'on
prêche est une source d'agitations dangereu
ses, un exemple d'insubordination qui ébranle
l'autorité si nécessaire pour contenir les pas
sions des masses, qui apprend la jeunesse
se révolter contre les maîtres et parents,
et conduirait, si on n'y mettait énergiquement
obstacle, l'anarchie et la révolution.
Mais les intérêts politiques ne sont pas les
seuls engagés dans la lutte. Les divisions
qui jettent le trouble dans les communes
existent non moins vives entre les autorités et
compromettent la bonne gestion des intérêts
publics.
Au lieu de s'occuper de l'Administration des
affaires de la Province, la Députation Per
manente, appuyée par la majorité du Conseil,
passe un temps préeieux faire des niches
notre honorable Gouverneur, entraver l'exé
cution des lois et faire de la politique là où
toute son activité ne devrait avoir pour objet
que l'amélioration des services publics.
La ville d'Ypres est singulièrement victime
de cet esprit de vertige qui souffle dans le sein
de l'administration provinciale.
Qu'a-t-elle obtenu depuis que les cléricaux
la dirigent
Rien absolument rien.
Qu'ont fait pour elle les députés cléricaux
qui demandent vos suffrages
Rien absolument rien.
Les intérêts de la ville sont sacrifiés
l'esprit de parti les subsides les plus légiti
mement dus sont refusés ou repoussés par des
fins de non recevoir; il faut arracher par lam-
baux ce que la loi elle même accorde et sans
l'énergique main de l'honorable Gouverneur,
la ville n'obtiendrait pas même ces lambeaux.
Et les communes
Elles ne sont pas mieux traitées que la vil
le, surtout si les hommes qui les administrent
montrent de l'indépendance et ont le courage
de placer les droits de l'Autorité civile au-des
sus des prétentions du clergé.
Où sont les temps où, chaque session du
Conseil Provincial, notre arrondissement se
voyait doté de plusieurs nouvelles routes
Aujourd'hui, le service de la voirie est en
souffrance; l'initiative et la liberté d'action des
communes sont paralysées par les passions
politiques de la Députation Permanente.
Ci-devant l'industrie et spécialement l'a
griculture étaient l'objet de sa constante sol
licitude.
Aujourd'hui, pendant que nous traversons
une crise si longue et si ruineuse, elle recourt
des emprunts, elle augmente les impôts, et
chacun se demande dans quel gouffre sont ver
sées les sommes considérables qu'elle dépense?
Ci-devant, on pourvoyait tous les besoins
par une gestion sage et économique.
Aujourd'hui on gaspille l'argent des contri
buables en luttes stériles de clérical et libé
ral.
Les pavés de nos routes
Les arbres qui les bordent
Les eaux des fossés
Les rôles d'abonnement
Les décisions en matière électorale, tout
est marqué d'une couleur politique. Les comi
ces agricoles même ne sont pas exempts des
plus mesquines tracasseries.
En attendant, les fermiers se ruinent
Les ouvriers passent les frontières
La discorde est semée pleines mains dans
les campagnes et dans les familles
La misère est nos portes, et on fait de la
politique et rien que de la politique!
A vous, Electeurs, décider si le temps est
venu de s'occuper d affaires.
C'est notre avis, c'est l'avis de tous ceux
qui aspirent voir la paix revivre au milieu
de nos populations, et avec la paix, la pros
périté publique.
A cette fin, il faut des hommes instruits qui
offrent des garanties sous le rapport de l'expé
rience, de l'indépendance et du dévouement
des hommes de caractère et qui osent sans
crainte et sans réticence honnêtement et loya
lement jurer
Fidélité au Roi,
Obéissance la Constitution et aux lois du
peuple Belge.
Tels sont, Electeurs, les candidats que nous
recommandons vos suffrages.
mi. BAYART, Ferd., Bourg
mestre de Becelaere.
DE BOO, Notaire et Eche-
vin d'Oostvleteren.
de STIJERSFerdinand
Conseiller Provincial sor
tant.
TITECA, Edmond, Notaire
et Secrétaire communal
Boesinghe.
V ANHEFLE Avocat et
Bourgmestre de la ville
d'Ypres.
ANGE VAN EECKHOUT, YPRES.