No 589. Jeudi,
40e ANNÉE.
26 Août 1880.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'Y PRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
La plus canaille!!
PROGRES
PARAISSANT LE JEUDI ET LE REVANCHE.
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CHEMIN DE FER. (P Juillet).
HEURES DE DEPART D'YPRES A
Poperinghe-Uazebrouck. 6-20. 12-07. 6-47.
Poperinghe. 6-20. 9-07. 9-55. 12-07. 2-45
5-57. 6-47. 8-45. 9-50.
Courtrai. 5-34. - 9-52. - 11-20. - 2-40. - 5-25.
Roulers. 7-45. 12-25. 6-30.
Langhemarck-Ostende. 7-2t. 12-22. 3-39.6-27.
BULLETIN POLITIQUE.
Quinze jours se sont passés depuis que M. Gam-
betta a prononcé, dans son fameux discours de
Cherbourgquelques paroles inconsidérées qui
pouvaient être interprétées comme une vague allu
sion des complications politiques possibles. L'al-
loeulion du président de. la Chambre n'avait pas
passé inaperçue elle avait provoqué,, surtout en
Allemagne, d'assez vives controverses, rapidement
clôturées d'ailleurs la suite de déclarations très
pacifiques des grands journaux républicains de
Paris les discours prononcés par le Président de
la République Dijon et par AI. de Freycinet
Monlauban avaient achevé de calmer les esprits et
on pouvait espérer qu'il ne serait plus question des
quelques phrases malheureuses de M.Gainbelta.
On avait compté sans la Gazette générale de
VAllemagne du Nord, journal rancunier, suivant
le courant réactionnaire et qui sait habillement
choisir son heure pour envenimer un léger désac
cord. La Gazette dit que sa confiance dans la
durée de la paix est ébranlée et constate que le
parti de la guerre compte de nombreux adhérents
parmi les amis des institutions actuelles de la
France elle insiste sur la nécessité pour l'Alle
magne de chercher sa sécurité dans le développe
ment el la consolidation de son organisation mili
taire.
Deux des principaux membres du cabinet bava
rois, MAI. de Crailslteim, ministre des affaires
étrangères, et de Lutz, le chef du ministère des
cultes, ont quitté brusquement Munich samedi par
un train spécial, se rendant Kissingen, où ils ont
sollicité immédiatement une audience du prince de
Bismark. Ce voyage donne lieu maintes conjec
tures.
Certaines feuilles cléricales répandent le bruit
que la Prusse chercherait renouer des négocia
tions avec Rome. Un homme d'Etat, qui a pris
part celles des dernières années, aurait dit ce
sujet II coulera encore bien de l'eau de la
Sprée dans la HaVei avant que le gouvernement
prussien se laisse reprendre ce jeu de femmes et
de gens en robe, où l'on ne sait jamais si oui signi
fie non, si non signifie oui.
L'empereur d'Autriche rentre aujourd'hui
Vienne. Un conseil des ministres très important
sera tenu dans la journée, et M. Tisza, le chef du
cabinet hongrois, est venu de Peslh pour y pren
dre part. D'après les rumeurs qui ont transpiré, on
s'occuperait spécialement du traité de commerce
avec la Serbie, question assez grave qui ne se
rattache pas uniquement au domaine économique.
En vue de certaines éventualités, les puissances
voisines cherchent établir des rapports cordiaux
avec les anciens Etats vassaux de la Turquie,
entièrement dégagés aujourd'hui des liens qui les
unissaient la Porte ottomane. Le Times annonce
que le voyage Berlin du ministre accrédité
Vienne par le gouvernement serbe pourrait avoir
une grande influence sur la résolution du prince
Milan, en ce qui concerne une alliance de la Serbie
avec l'empire austro-hongrois.
La Presse, qui discute la question irlandaise
dans le même sens que le Fremdenblatt, constate,
en terminant, que, par suite du mouvement irlan
dais. l'Angleterre a les mains liées pour la grande
action eri Orient.
Les élections législatives qui ont eu lieu Diman
che en France ont donné les résultats suivants
A Mézières. M Corn eau, constitutionnel, a obtenu
6,675 voix M. Jacquemart, intransigeant. 5.105;
M. Riché, bonapartiste soutenu par toutes les frac-
lions de la réaction. 6.998.
A Chamhéry, M. Chévallay. républicain, a été
élu par 10,805 voix sur 11,255 \olunts.
Voici, d'après le texte de Annales parlemen
taires, le compte rendu de la vive altercation qui
s'est engagée an Sénat dans la discussion d'un
crédit pour les écoles, par suite de violences de
langage d'un des membres de la droite
M. le Baron «le Coninck... On paye largement,
avec un argent souvent péniblement gagné des fainé-
nants dont les écoles sont vides. Protestations gau
che.
M. Bara, ministre de la justice. Si on vous adres
sait la même injure, que diriez-vous?
M. le Baron «le Couinch. Cen'est pas une injure.
M. Bara, ministre de la justice. Comment ce n'est
pas une injure Que diriez-vous si l'on disait de vos
moines Ce sont des moines fainéants Nos instituteurs
travaillent instruire le peuple et l'émanciper. Votre
appréciation est une grossière injure.
M. le Président. Je vous en prie, messieurs, pas
de colloques.
M. Bara, ministre de la justice. C'est une grossière
injure c'est une insulte gratuite l'adresse de foncti
onnaires qui sont indispensables la prospérité du pays.
M. Van Schoor. Que font vos moines
M. d'Andriraont. Et les petits frères? Ceux-là
font des choses malsaines. (Hilarité gauche).
M. le baron de L'oniuck. Je n'ai pas vous
répondre...
...Piemarquez que l'arrêté royal du 29 août 1879 a
nommé des inspecteurs cantonaux dans chacun des 80
cantons scolaires du pays et que tout ce monde regarde
travailler les autres...
M. Bara, ministre de la justice.Vous avez 25,000
religieux qui passent leur temps regarder travailler
les Belges.
M. le baron de Coninck. Ils ne sont pas payés
par l'Etat.
M. Bara, ministre de la justice. Non! ils volent
au moyen des captations!ive approbation gauche).
M. Graux, ministre des finances. Ils ne vivent
que de mendicité.
Une voïx droite s S'ils volent, la justice peut
les atteindre.
M. Bara, ministre de la justice. Ils volent, mais
par des moyens qui ne sont pas prévus par le Code
pénal. (Très bien gauche).
M. le baron «le Coninck. Allons donc!... D'après
la déclaration de M. le ministre de l'instruction publi
que dans la séance de la Chambre du 9 Mai 1879, les
comités n ont aucune action sur les communes,
n exercent pas même d'autorité, d'action directe et
n agissent que par voie de rapports. Tout simplement
un emploi d'espion.
M. Ban, ministre de la justice. C'est cela: après
les fainéants, viennent les espions. C'est dans le règle.
M. le baron «le Coninck. Ce que je dis est exact,
je pense.
M. an Ilnmheeek, ministre de l'instruction pu
blique. Oui, je 1 ai dit je le maintiens mais je n'en ai
pas conclu, comme vous, que c'était de l'espionnage.
Voilà ce qu'on se permet de dire l'abri de l'immunité
parlementaire mais ce qu'on n'oserait pas dire hors de
cette enceinte. (Vive approbation gauche).
AS. baron de Coninck. Pourquoi cela
31. ïîara, ministre de la justice. Parce qu'on vous
ferait un bon procès en diffamation. (A gauche: très
bien
M. le baron «le Coninck. Parfaitement, je le dis
et je le maintiens...
Ce qui doit être remarqué, c'est qu'aucun homme
politique de la droite ne s est levé pour appuyer
1 opposition injurieuse et diffamatoire deM.le baron
de Coninck, I un des abstentionnistes du parti
1 occasion de nos fêtes, ni pour contester les affir
mations graves de M. le ministre de la justice.
La Chronique, Aans son numérodeLundidcrnier
pqblie, sous le litre de Sainte Invective une
appréciation sur les organes de la presse cléricale.
D'après notre confrère, de toutes les feuilles
tpiscopalcs, qui rivalisent d'orlhodovie el de
mauvaise foi, LA PLUS GROSSIERELA
PLUS IMPUDENTE, LA PLUS MENTEUSE,
LA PLUS CANAILLE, c'est sans contredit LA
PA TRIE.