Ko 593. Jeudi,
40e année.
9 Septembre 1880.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YFRES ET ILE L'ARRONDISSEMENT
Le parti de la morale l'œuvre.
Religions et fanatisme.
Les annonces de la Belgique et de l'Etranger sont reçues bar l'Àneu^o zn
Pour la France l'Ag-nce llayas, 8, Place de la Bourse, Paris 1>0„, LAIi •«nal'S l!AMarch^aux-",,r'f Bruxelles et chez ses correspondants
Cologne, Berlin, Francfort. Strasbourg, Munich, Hambourg. Leipzig Slulteinl Vif. y i°"grlIe>(i| la Suiss,': cll,'z Rudolf Masse (Arumneen-Exoediiion)
Crït ";N 01 ï- ïT,e Slrecl VV c' L°"dl'S- - "o«r la Grande-Bretagne et ,',r,aU: chez GeoC i
Cu, 38, Park Row-New-York. ^«n et Uilmar, Rotterdam. Pour I Amérique: chez PcthinghiMe et
Une note du Journal officiel déclare que le
gouvernement française ne prend aucun engagement
vis-à-vis des congrégations non autorisées. Cette
note est une réponse catégorique ceux qui pré
tendaient que la fameuse démarche dont il a tant
été parlé était l'effet d'une transaction entre M. de
Freycinel et la curie romaine. Aussi le monde clé
rical témoigne une vive irritation et continue
soutenir non seulement que le président du conseil
avait fait des promesses officieuses, mais encore
que M* Gambetla avait été mis au courant des in
cidents qui se produisaient. Le Françaisnotam
ment, maintient énergiquement ses informations
relatives aux pourparlers et insiste particulière
ment sur ce point que l'initiative venait de M. de
Freycinel, qui aura promis de ne donner aucune
suite au second décret si les chefs des congréga
tions signaient la déclaration.
Le ministère a toujours admis, en principe,
dit le Tempsque cette exécution devait rester
subordonnée aux circonstances, ou plutôt, selon
l'expression de M. de Freycinel dans son discours
de Monlauban, aux nécessités. Ce qu'ont vou
lu tous les ministres dès le premier jour où s'est
posée la question de l'exécution des décrets, c'est
que la liberté d'action du gouvernement fût con
stamment réservée. Les propagateurs de nouvelles
aventureuses vont donc, encore une fois, en être
poui leurs frais tant en ce qui concerne de préten
dus engagements, qui n'ont jamais été pris, que de
prétendues divisions, qui n'ont jamais existé.
A l'exception de MM. de Freycinet, Ferry et
Varroy, toutes les ministres sont rentrés Paris.'
Le président de la République rentrera le 15. Un
important conseil des ministres sera tenu dès son
arrivée.
Le scrutin de ballolage qui s'est fait dimanche
Mézières a eu le résultat prévu. L'un des deux
candidats républicains s'étant désisté, l'autre, M.
CQrne^u, a été élu député, la majorité de 10,380
voix, contre 7,877, obtenues par M. Tirman-Ri-
ché, qui avait gardé soigneusement en poche son
drapeau bonapartiste.
Leslrlandais habitant Londres ne sont pas dispo
sés accepter le vole de la Chambre des lords sur
la question de l'évictionDimanche a eu lieu
Hyde-Park la grande démonstration irlandaise con
tre le vote de la Chambre des lords qui a rejeté le
bill de compensation pour les fermiers irlandais.
Toute la presse allemande s'occupe de l'entrevue
du baron de Haymerlé avec le prince de Bismark
et la plupart des journaux y rattachent des com
binaisons politiques de toute sorte. Il n'y a eu là
qu'un acte de courtoisie; on se rappelle que ces
feuilles avaient aussi dénié toute importance au
voyage Kissingen de principaux membres du ca-
cabinet bavarois.
Le grade de général-major dans l'armée alleman
de va être conféré au prince impérial d'Autriche
l'archiduc Rodolphe, qui portail jusqu'à présent le
titre de colonel. La promotion se fera la suite de
la nomination du prince aux fonctions de général-
major en Autriche; cette nomination date du 3 de
ce mois. S. A. I. a cédé le commandement du ré
giment de Ziemecki au colonel Karaisl.
Que nous chantaient donc les journaux de sa
cristie, lorsqu'ils soutenaient mordicus que les bre
bis galeuses du sanctuaire, loin de rencontrer chez
le clergé et ses partisans, indulgence, pardon et
souvent complicité, n'y trouvaient que des juges
sévères et des réprobateurs impitoyables?
Ce qui vient de se passer Tertnonde, indique
ce qu'il en est des allégations audacieuses de ces
journaux.
Un religieux, le père Vermondus, avait été
condamné pour outrage public la pudeur, deux
mois de prison et 100 francs d'amende par le tri
bunal de Termonde.
Le 11 août, la condamnation est confirmée par
la Cour d'appel.
Le 12 août a eu lieu la distribution des prix aux
élèves du collège épiscopal. Sur l'estrade, la pla
ce d'honneur, près du bourgmestre, des échevinset
d'un réprésenlant clérical se pavanait tout fier le
condamné de la veille,distribuant aux élèves,de ses
mains flétries, les prix de religion, de morale et de
bonne conduite!
Quelques jours après, une procession sé dérou
lait dans les rues de Termonde. A quelques pas du
Sl-Sacrement, marchait l'inévitable père Vermon
dus, aspirant l'encens que les enfants de chœur
faisaient, disait-on, brûler son intention.
El voilà comment le parti clérical réprouve ceux
des siens qui ont manqué l'honneur!
Après tout, faut-il aller jusque Termonde pour
découvrir des exemples de l'impudence cléricale?
N'avons-nous pas l'esprit ce qui s'est passé
Liège propos du vicaire Duolicue, qui, jusqu'au
fond de sa prison, transformée, par la grâce cléri
cale, en élégant boudoir, a éprouvé les effets de
l'infatigable protection des dévots?
Et penser que le parti qui se moque aussi ou
vertement de la morale et de la justice, a la su
prême audace de revendiquer le monopole de ren
seignement de cette morale
nr o"T7T iii-
Les prétentions des prêtres, la conduite passée
du clergé, la guerre acharnée qu'il a jurée aux in
stitutions et aux idées modernes, la nature de son
institution et de certains dogmes proclamés, même
depuis peu d'années, tout cela n'est-il pas de natu
re bouleverser l'homme même le plus froid, le
plus indifférent dont le bon sens, la raison est mise
d'aussi rudes épreuves.
Ces contradictions avec les principes 1rs plus
élémentaires de la science, ces inconséquences dans
les principes eux-mêmes de la religion, telle que
cet ordre: Un seul Dieu tu adoreras, que le ca
téchisme complète en prescrivant la croyance en
trois personnes divines; ce Dieu qui ne peut ni se
tromper ni nous tromper et qui, souverainement
juste et miséricordieux, permet, dans sa toute
puissance, la naissance d'hommes qu'il sait fatale
ment condamnés aux flammes éternelles (il sait
tout); tout cela n'est-il pas de nature faire dou
ter l'homme le mieux disposé tout croire!
Mais, qu'avons-nous besoin de nous arrêter
cette religion si récente dans l'histoire de l'humani
té, pour en arriver ces conclusions!
Cela n'esl-il pas aussi vrai pour les disciples de
Confucius, pour les adorateurs de Boudha etShixa
dans les Indes, pour nos ancêtres mêmes adorant
Thor, Odin et Freya, pour les croyants fanatisés
par le Coran.
Depuis la plus haute antiquité, que devient le
principe religieux sous la direction des hommes
qui se sont arrogé le droit de commander aux es
prits et aux consciences. N'est-il pas bientôt rien
autre qu'un moyen de domination et la similitude
même des moyens ne monlre-t-elle pas ce seul
but, asservir les esprits obscurs, victimes de l'igno
rance.
Paganisme, fétichisme, fanatisme, ces trois mots
peuvent se généraliser, s'appliquer tous les cul
tes, car adorer le soleil, le crocodile et les oignons
comme les Egyptiens, est l'équivalent de croire la
puissance divine de faire des miracles attribuée
la statue de plâtre, la fontaine dans laquelle
après qu'un immonde crapaud aura pris ses cbals,
quelqu'inforluné ira chercher la guérison d'un mal
qui empirera, moins que quelque farceur n'offre
aux badeaux le touchant spectacle de la guéristn
miraculeuse d'uu mal dont il u'a jamais souffert.
LE
PROGRÈS
PARAISSANT CE JEUDI ET LE DIMANCHE.
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