N° 598. Dimanche,
40e ANNÉE.
26 Septembre 1880.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Messieurs les électeurs libéraux dont on
réclame la radiation sont priés de faire par
venir sans retard les significations qu'ils rece
vront, au bureau de l'Association libérale. Ils
auront soin de joindre ces pièces les docu
ments propres justifier de leurs droits.
S'ils désirent fournir des explications verbales,
ils trouveront M. le Président son bureau
les Mercredi, Samedi et Dimanche, entre dix
heures et midi.
BULLETIN POLITIQUE.
LE
PROGRES
VIRES ACQUIRIT EUNDO.
Les annonces de la Belgique et de l'Etranger sont reçues par l'Agence Havus (Publicité), 89, Marché-aux-Herbes, Bruxelles et chez ses correspondants:
Pour la France l'Agence Havas, 8, Place de la Bourse, Paris. Pour l'Allemagne, l'Austro-Hongrie et la Suisse: chez Budolf Mosse (Annoncen-Expedilion)
Cologne, Berlin, Francfort, Strasbourg, Munich, Hambourg, Leipzig, Stuttgard, Vienne et Zurich. Pour la Grande-Bretagne et l'Irlande: chez Géo Street et
C° 50 Cornhill, E C et D, Série Street VV C, Londres. Pour la Hollande: chez Nygh et Van Ditmar, Rotterdam. Pour l'Amérique: chez Pethingbillc et
38, Park Rovv-New-York.
ABONNEMENT PAR AN: Pourl'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres. fr. 6-00
Idem Pouc le restant du pays7-00
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixatude, 59.
INSERTIONS: Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames l« ligne fr. 0-25.
CHEMIN DE FER. (I' Juillet).
HEURES DE DEPART D'YPRES A
l'uperinghe-llazebrouck. 6-20.— 12-07. 6-47.
Popei iughe. 6-20. 0—07. 9-55. 12-07. - 2-45
3-57. 6-47. 8-45. 9-50.
Courlrai. 5-34. - 9-52. - 11-20. - 2-40. - 5-25.
Roultrs. 7-45. 12-25. 6-50.
Langliemsrck-Ostrnde. 7-21. 12-22. 5-59.6-27.
AVIS.
Le Journal officiel de la République française
a publié la liste des nouveaux ministres. M. Devès,
président de la gauche républicaine, n'entre pas
dans la nouvelle combinaison, le portefeuille des
cultes lui avait été offert, mais M. Devès l'a décliné,
se souvenant d'un vole de la Chambre qui repous
sait la proposition de M. Bernard Lavergne, por
tant création de ce ministère.
Avant-hier déjà le conseil, auquel assistaient
tous les ministres sauf l'amiral Cloué, a discuté la
question des congrégations. Il a été décidé que les
décrets du 29 Mars seraient exécutés progressive
ment et non par mesure d'ensemble. On choisira
surtout pour l'exécution les cas non susceptibles
de soulever des conllits judiciaires.
Il n'est pas question d'une convocation anticipée
des Chambres.
L'accueil fait au ministère par la presse répu
blicaine, est, dans son ensemble, très satisfaisant.
A Berlin, écrit un correspondant du Temps, la
solution de la crise ministérielle en France et le
choix du nouveau ministre des affaires étrangères
déconcertent fort les pessimistes et les alarmistes
de parti pris. Le nom de M. Barthélémy Sainl-
Hilaire est tellement connu ici comme synonyme
d'ami de la paix, qu'on peut espérer des journaux
berlinois et de leurs correspondants qu'ils ne parle
ront pins, durant quelques mois du moins, de
symptômes belliqueux appaiaissant de l'autre côté
des Vosges.
Les journaux de Vienne accueillent diversement
la nouvelle de la formation du cabinet français.
Les puissances attendaient, pour donner l'ordre
de commencer la démonstration navale, que la
Porte eut répondu leur dernière note diploma
tique. La réponse ne s'est pas fait attendre.
La nouvelle de l'occupation de Dulcigno par les
Albanais, démentie par le Times, est confirmée
par l'Agence Havas.
Les feuilles ministérielles en Prusse préconisent
depuis quelques jours la formation d'un parti gou
vernemental, lequel se composait des nationaux-
libéraux et des conservateurs libéraux. 11 est de
fait que si cr,l accord pouvait se conclure, le prince
de Bismark disposerait d'uue majorité compacte si
les conservateurs y adhéraient.
Ce que l'enquête parlementaire sur la situation
scolaire révèle de plus hideux, de plus inhumain,
c'est que le clergé ne se contente pas de refuser
les Sacrements aux parents des élèves des écoles
communales, mais qu'il trouve encore des compli
ces dans certains bureaux de bienfaisance. C'est
ce que l'enquête, fonctionnant Alost, constaté
la charge du bureau de bienfaisance de la com
mune de Wicbelen. Ne pouvant gagner les pauvres
la cause du euré, il a voulu les affamer.
Une pauvre veuve, mère de six enfants, qui re
cevait jusqu'à 23 francs par semaine,vit sa subven
tion réduite 6 francs parce qu'elle laissait ses en
fants l'école communale. Comme elle résistait
encore, on lui refusa argent, pain, habits, elle ne
reçut absolument plus rien, pas même au moment
où encore malade et affaiblie elle sortait de l'hôpi
tal avec trois de ses enfants atteints comme elle du
typhus.
Que devient, demande le Journal de Bruges
la liberté du citoyen, que devient la volonté du
chef de famille devant de telles violences, de tels
tels excès. El dire que ces menaces, ces actes in
humains se produisent dans presque toutes les
communes.
Il nous est impossible de les révéler tous, aussi
nous nous bornons donner les faits les plus sail
lantes que révèle l'enquête.
La paix dans les ménages est une chose sainte
que l'on ne devrait jamais troubler. Or, ce sont
les ministres de l'église qui se chargent de cette
triste besogne, en semant la discorde entre le mari
et la femme, en prêchant même la désobéissance
aux enfants. Nous ue connaissons rien de plus na
vrant que la déclaration de M. Masson la com
mission d'enquête parlementaire fonctionnant
Rienne. Le voici
Une jour, le curé est venu me trouver chez moi et
me dit Veux-tu me promettre de mettre tes enfants
l'école catholique? Non, répondis-je, je ne veut rien
promettre. Mais tu ne peut pas vouloir laisser tes
enfants sans faire leur première communion? Je
restai inébranlable. Cet entretien avait eu lieu en pré
sence de ma femme. A partir de ce moment la paix n'a
plus régné dans mon ménage ma femme insistait tou
jours pour obtenir que je mette nos enfants l'école
catholique, je ne voulait pas y consentir. La même scène
se reproduisait sans cesse.
Un matin elle me dit d'un air décidé qu'elle voulait
faire son devoir et être maîtresse de ses enfants je lui
répondis: Nous verrons qui est le maître. J'étais
fâché, elle s'en aperçut, pris peur, bien que je ne lui
eusse jamais rien fait, et elle sortit de la maison. Ayant
aperçu M. le curé la porte de son église, elle alla
prendre son conseil, la suite duquel elle se retira au
près de sa mère et de ses frères.
w^Elle y resta quatre mois. Etretemps M. le curé vînt
me voir, et comme je lui disais le chagrin que je ressen
tais du départ de ma femme, il me répondit Veux tu
que je fasse revenir ta femme? il suffit que tu mettes tes
enfants l'école catholique. Moi, pour avoir ma fem
me, j'ai répondu oui sans avoir pourtant l'intention de
m'exécuter. Je n'en fis rien en effet.
Cependant mes petits enfants avaient suivi leur
mère; j'éprouvais beaucoup de chagrin d'en être privé
et je désirais les avoir auprès de moi. J'allai attendre le
petit garçon la sortie de l'école, je lui fis des caresses,
il me suivit et resta dès lors avec moi.
Ceci remonte au début de notre séparation. Trois
ou quatre mois après, un jour que je portais manger
mon fils, je fis, dans la campagne, la rencontre de M.
le curé. On se dit bon jour, et M. le curé reproduisit
son ultimatum: ma femme, disait-il, ne reviendrait ja
mais si je ne mettais pas mes enfants l'école catholi
que. Cette fois je répondis énergiquement que non.
J'appris bientôt que ma femme avait mis l'école
catholique sa petite fille, qu'elle avait conservée auprès
d'elle. Je me dit qu'il fallait y mettre bon ordre. Mais
l'enfant était prévenue, sa mère lui avait fait la leçon et
bien dit Quand ton père ira te chercher, tu n'iras
pas Lorsque je me présentai, ma petite fille fondit
en larmes et ne voulut pas s'approcher de moi. Ma ré
solution faillit en présence des larmes de mon enfant.
Je la laissai et écrivis ma femme pour lui demander si
elle voulait revenir auprès de moi. Elle revint peu de
temps après, et afin d'avoir la paix dans mon ménage,
j'ai laissé la petite fille l'école catholique.
Cette déposition n'a pas besoin de commentai
res.
Qu'un instituteur communal quitte l'enseigne
ment officiel pour se placer dans les écoles congré-
ganistes ou ailleurs, c'est son droit. Mais qu'il reste
l'école communale pour la déconsidérer et pour
eu éloigner les élèves au profit des écoles rivales,
ou bien qu'il conserve ses fonctions seulement pour
jouir de l'exemption de la milice, avec l'intention
de se retirer quand elle lui aura été acquise, c'est