6 FRANCS PAR AN. L'inspection des couvents. l 626-627. Jeudi, 41e AiUÉE. 6 Janvier 1881. JOURNAL D'ÏPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. LE PROGRES PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. VIRES AC0UIRIT EUNDO Les annonces de la Belgique et de l'Etranger sont reçues par l'Agence Haras (Publicité), 89, Marché-aux-Herbes, Bruxelles et chez ses correspondants: Pour la France PAgence Havas, 8, Place de la Bourse, Paris. Pour l'Allemagne, l'Aosiro-Hohgrie et la Suisse: chez Rudolf Mosse (Ahiionccu-Exprditiou) Cologne, Berlin. Francfort, Strasbourg. Munich. Hambourg, Leipzig, StUtlgard, Vienne et Zurich Pour la Grande-Bretagne et l'Irlande: chez Geo Street et C°, 30, Cornhill, E C et Serle Street W C, Londres. Pour la Hollande: chez ÎS'ygh cl Van Dilmar, Hollerdam. Pour 1 Amérique: chez Pelhiughille et C°, 38, Park Row-New-York. ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Tpres. Ir. 6-00 Idem Pour le restant du pays7-00 Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixnude, 59. INSERTIONS: Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne fr. 0-25. BULLETIN POLITIQUE. Les réceptions qui ont eu lieu le jour de l'an dans les grandes capitales européennes, n'ont of fert rien de saillant: Paris, le nonce, prenant la parole au nom du corps diplomatique, a exprimé M. le président Grévy tous les vœux qu'il forme pour son bonheur et la prospérité de la France. M. Grévy s'est déclaré profondément touché des décla rations du' uonce, sur la sincérité desquelles il ne peut avoir aucuu doute: quel mortel téméraire oserait suspecter en effet l'allachement profond du représentant du Pape pour la République française en général et ses hommes d'Etat en particulier? La grande préoccupation du moment en France, ce sont les élections municipales, qui auront lieu le 9 courant. La lutte sera vive sur bien des points; mais les journaux républicains paraissent assurés d'un nouveau triomphe pour leur cause. Auguste Blanqui, l'incorrigible conspirateur, est mort le 1er janvier, Paris, l'âge de 75 ans; il a succombé une attaque d'apoplexie qui l'avait frappé quelque jours auparavant au sortir d'une réunion publique. Nous avons plusieurs reprises raconté les faits saillants de la vie de ce maniaque qui fut l'ennemi le plus funeste de la cause dont il se prétendait le défenseur et l'apôtre. A coup sur, ce n'est pas sa faute si la liberté et la République ne sont pas mortes en France. Participation la plupart des complots et des insurrections qui ont eu lieu dans ce pays depuis un demi-siècle, trois condamnations mort, trente-sept ans passés en prison, voilà en peu de mots i i biographie de cet homme, qui ne fut peut-être qu'un fou dangereux, que Barbés qualifia de mouchard jusqu'à son dernier soupir, que Raspail et Redru-Rollin traitaient de jésuite de robe courte, et qui, après avoir passé sa vie suspecter tout le monde, succombe au moment où il devenait lui-même suspect aux aliénés de la démagogie parisienne. On l'enterre demain: il est probable que ses funérailles se transformeront en manifestation politique. On écrit de Berlin au Précurseur d'Anvers, en date du 31 décembre La Norddeutsche a publié hier un entrefilet au sujet d'une correspondance qui a eu lieu entre Victor-Emmanuel et Pie IX avant l'occupation de Rome. Le roi d'Italie a fait savoirau Pape qu'il allait envoyer ses soldats dans la ville éternelle pour la garantir contre la révolution. Pie IX, qui avait grand'peur de ses sujets, a remercié le roi, mais il lui a dit qu'il prolesterait publiquement, pro forma!! Les deux lettres ont été trouvées dans les papiers du cardinal Antonelli, et le roi gentilhomme n'a jamais songé rappeler Pie IX les lignes qu'il lui avait écrites, quand il l'insultait et le traitait de spoliateur. La Norddeutsche puise, comme on sait, ses renseignements bonne source. Personne ne doute de l'exactitude du fait qu'elle rapporte et qui est accablant pour les cléricaux. Pie IX a remercié le roi par une lettre particulière ef il l'a excommunié la face du monde! Ceci dépasse tout. Espérons qu'on nous apprendra bien tôt où se trouve cette correspondance, et qui la tient entre les mains. Nous reproduisons, litre de curiosité, celte nouvelle qui ne parait guère vraisemblable. Ypres, le 5 Janvier 1881 Au moment de mettre sous presse, nous recevons un long article intitulé La Concorde L Athénée, Le Tribunal et Basile, dont nous sommes obligé d'ajourner la publication Samedi. L'enquête scolaire a commencé hier Mardi en notre ville. La commission était composée de MM. Willequet, président; Lippens et de Hemptine, assesseurs. Elle a entendu une quinzaine de témoins de Langemark et s'est ajournée indéfinement. Nous donnerons Samedi un aperçu de cette séance. Les Chambres vont s'en occuper, parait-il, et vraiment il n'est que temps de s'y mettre. Nous ne voyons pas pourquoi le fait d'adopter un froc ou une coiffe, taillé sur un certain patron, pourrait soustraire le porteur dudit froc ou de ladite coiffe au plus juste des recensements. L'Eglise a toujours manifesté la prétention d'avoir sa juridiction particulière et d'éluder, quand il lui plaît, les dispositions dont elle réclame les seuls bénéfices. Adversaire du progrès, elle n'en utilise les conquêtes que pour les retourner contre lui. On peut dire que sa seule force lui vient de ses empié tements et de ses privilèges. On peut donc s'attendre un beau tapage quand on voudra toucher ce qu'elle appelle plaisamment son inviolabilité de domicile. Troubler ces bons religieux dans leurs exercices sacrés! Les faire descendre du ciel aux profanes exigences de l'Etat civil.... quelle impertinence! En vérité,/t)iocléiien n'a jamais été plus loin dans son système de persé cution La loi, que l'on dit athée, et qui, la bonnç âme, n'a été que trop abusivement croyante, en mainte nant le serment religieux et en faisant une si large part de pures conventions dogmatiques, la ,1 loi, disons-nous, va donc consacrer le principe d'égalité entre clercs et laïques. Quoi de plus ra tionnel Un moine, qui a le droit d'ester en justice, aurait-il celui de changer de domicile et de voyager où bon lui semble sans laisser de traces de son passage Dans la société organisée comme elle l'est, cha que individu doit compte de ses déplacements. S'il change de résidence, il faut qu'il en donne avis; s'il descend dans un hôtel, on lui présente aussitôt le livre des voyageurs. Il importe, dans son propre intérêt, qu'il puisse tout moment et en tout lieu, établir où il était hier et ce qu'il y faisait. La justice qui les protège doit avoir l'œil ouvert sur ses moindres mutations. Dans les couvents, rien de pareil. L'individu qui y entre disparaît civilement pour n'être repré senté que lorsque l'intérêt de son ordre l'exige. Tout d'abord, on lui ôte son nom, une guenille qu'il accrocbe au vestiaire. Nul contrôle, nulle surveillance. Ses fautes, ses crimes échappent toute réprésentation légale. Seuls, ses supérieurs monastiques délibèrent sur son cas, jugent sans appel et exécutent leurs arrêts. S'il se signale au dehors par quelque méfait, il faut que la police ait la main bien prompte pour le saisir. Presque toujours, on est réduit le con damner par contumace. Les portes d'un autre cou vent se sont refermées sur lui, car l'Eglise entend conserver un ancien droit d'asile et, pour le main tenir, la fraude ne lui répugne pas. Quelquefois on apprend que le misérable, jugé en tel endroit pour quelque monstrueux délit, continue autre part, sous un nom nouveau, ses pratiques privilégiées. Expulsés d'un pays comme factieux, les moines ou les congréganistes conspirateurs trouvent partout une grasse et facile hospitalité qui leur permet de renouer tranquillement leurs détestables intrigues, en se moquant des dispositions restrictives prises un peu partout l'égard des réfugiés politiques dangereux. Partout la loi est violée, le contrat social rompu, le droit des peuples et des gens mé connu et conspué. Nous croyons inutile d'insister sur ce premier poiut de la question, résolu l'avance, du moins nous nous plaisons le croire. Mais il en est un autretout aussi important sur lequel nous éveillons l'attention de nos législateurs. Le recensement sévère du personnel monacal aura certainement pour résultat de favoriser la capture de vagabonds et de coupables. L'inspection des mêmes couvents aurait celui de délivrer des malheureux et des innocents. Nos lois belges, qui consacrent le divorce, ne peuvent admettre l'indissolubilité de mariages mystiques maintenus par la force au moyen de véritables séquestrations.

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Le Progrès (1841-1914) | 1881 | | pagina 1