Willems Fonds. Anvers
Nouvelles locales.
citoyens fiers et libres accourus de tous les points
de la province, car il ne s'agissait pas là d'une ma
nifestation de gamins, de sacristains, de gens sans
aveu, recrutés et jetés dans la rue avec un grand
renfort de promesses d'argent et de boisson, com
me les fabriquent les cléricaux. Cette masse comp
tant des milliers de personnes se composait de bons
citoyens, d'hommes sérieux, appartenant toutes
les classes de la société.
Dimanche donc, vers deux heures la foule était
immense dans les rues conduisant la station.
C'est que l'instant approchait de l'arrivée des traius
qui amenaient eu notre ville les nombreux libéraux
qui venaient prendre part la manifestation en
l'honneur de M. Heyvaert.
La place de la station présente l'aspect le plus
animé. Le sifflet du chemin de fer se fait entendre,
ce sont les amis d'Ostcnde, d'Ypres, de Courtrai,
de Blankenberghe, de partout qui entrent en gare.
M. Emile Jooris, commissaire d'arrondissement,
reçoit ses collègues ainsi que MM. les bourgmes
tres et échevins; les associations libérales et les
chefs des sociétés.
Peu après, le cortège se forme Blankenberghe
en prend la tête, précédé de la musique et de M.
le Bourgmestre accompagné de son Conseil, de
beaucoup de libéraux et de plusieurs Sociétés de
cette localité.
On remarque les Associations libérales avec la
musique de leur localité.
Le cortège qui se terminait par les membres de
l'Association Libérale de Bruges, de Brugge
vooruit du Liberalen Vlaamschen Bond et un
groupe magnifique d'une vingtaine de drapeaux
des plus importantes sociétés de la ville de Bruges,
suit les rues Sud du Sablon et des Pierres. Arrivé
au Cercle de la Concordele cortège est accueilli
par des sifflets émanant d'une cinquantaine de ga
mins qui avaient évidemment été soudoyés, dans
ce bol; c'étaient, disait-on, des élèves des petits
frères, et pendant que cela se passait en pleine rue.
un grand nombre de membres de la Concorde se
tenaient aux fenêtres, la figure collée contre les
carreaux et s'amusaient faire toute sorte de pieds
de nez et de grimaces; nous n'avons jamais rien
vu d'aussi polisson, d'aussi voyou, ni de plus cra
puleux aussi l'indignation était générale et il
a fallu l'intervention des chefs pour que l'on n'en
vahit pas le local et qu'on ne jetât pas messieurs
les concordiens par la fenêtre. Chacun se
demandait où était la police? Car enfin messieurs
les concordiens sont coutumiers du fait et une ad
ministration un peu prévoyante se serait fait un
devoir de protéger les étrangers contre leurs insul
tes. Du reste nous devons le dire, ces sifflets
soudoyés ne rencontraient aucun écho dans le pu
blic et ils étaient promplement étouffés sous les
cris de Vive le Roi! Vive le Gouverneurqui
étaient poussés avec une rare unanimité, par toute
la colonne.
Arrivé la Grand Place, dont il a fait le tour,
le cortège est tellement nombreux que toutes les
sociétés ne peuvent s'y tenir, et il arrive au Bourg
par la rue Philipslock.
Les différents corps de musique se groupent
dans la cour de l'hôtel provincial, ainsi que les
bannières. Les manifestants entrent dans l'hôtel du
gouvernement où M. Heyvaert les attend, après les
avoir vu déjà défiler sur la Grand'Place, d'une fe
nêtre de son hôtel.
M. Jooris prend le premier la parole.
M. Jooris félicite M. le Gouverneur au nom des
administrations communales présentes. Il dit que
la brillante manifestation de ce jour est une preuve
des sympathies respectueuses qu'il s'est acquises, et
qu'elles viennent protester, par leur présence, con
tre l'opposition injuste, inqualifiable et factieuse
qui lui est faite; l'on saisit, dit-il, avec bonheur
cette circonstance pour rendre hommage au fonc
tionnaire courageux qui, malgré toutes les difficul
tés qu'on lui suscite, maintient avec fermeté le
respect de la loi et de nos institutions.
M. le bourgmestre de Blankenberghe compli
mente M. le gouverneur et M. Koukelbcrg, lui
remet un très beau bouquet. M. Maryssael, éche-
vin Ostende, parle au nom de l'Association libé
rale. Puis M. Ph. Janssens, président de l'Asso
ciation libérale de Courtrai, prend la parole son
tour.
Parmi les membres de l'Association libérale de
Courtrai 011 remarque M. Benoit Daniel, ancien
bourgmestre de cette ville.
Pour l'Association libérale deThourout,M.Fraeys
empêché a délégué M. le docteur Van Oye, pour
féliciter M. le gouverneur.
M. Dehoon parle pour l'Association libérale de
Furnes.
Ensuite vienuent les associations de Ghistelles,
de Mouscron et d'Oudenbourg, qui offrent de
splendides bouquets.
M. Vanheule, bourgmestre d'Ypres, parle au
nom de la ville. Il félicite en termes chaleureux
M. le Gouverneur et lui promet le concours le plus
énergique et le plus dévoué de ses administrés.
M. Carton, vice-président de la Fédération libé
rale et président de l'Association libérale d'Ypres,
appuie et confirme les paroles du Bourgmestre.
Au nom de tous les libéraux de l'arrondissement
d'Ypres, dit-il, M. Heyvaert, je vous adresse nos
sincères et cordiales félicitations la distinction que
vous venez d'obtenir est la fois un hommage
rendu votre mérite et une récompense pour le
zèle, le dévouement et l'énergie que vous apportez
dans l'exercice de vos fonctions. En nous associant
en aussi grand nombre cette manifestation, nous
avons voulu protester contre les avanies dont on
cherche vous abreuver, mais nous espérons bieu
que loin d'abattre votre courage, ces attaques vous
engageront rcdoub'er de fermeté et d'énergie.
Croyez-bien, M. le Gouverneur, que vous avez
pour vous les sympathies de tous les bons citoyens
et que si parfois votre tâche est ingrate, vous pou
vez compter pour vous soutenir dans la lutte, sur le
sympathique concours de tous les libéraux yprois.
(Ces paroles ont été interrompues différentes
reprises par dunanimes applaudissements).
M. le Gouverneur remercie M. le bourgmestre
et M. le présideot des excellentes paroles qu'ils
viennent de lui adresser. S'il est, dit-il, des mo
ments difficiles et pénibles dans la vie, il en est
aussi de bien bons, et celui-ci compte parmi les
meilleurs. Vous voyez en moi l'homme qui veut
l'exécution de la loi. L'homme n'est pas infaillible,
mais je crois avoir fait mon devoir, et je suis per
suadé qui si jamais je venais metromper, je
rencontrerais en vous des amis tout prêts me dire
la vérité.
La société des étudiants de Gand, dont M. Hey
vaert fut le président, avait envoyé une députation
des étudiants de la Flandre occidentale. Celte
jeunesse faisait bien daDS celte manifestation du
progrès.
Enfin, le dernier mot a été dit par M. Van Nieu-
wenhuyse, parlant au nom de Y Association libé
rale de Bruges,dont il est le président, du Brugge
Vooruit et du Libérale Vlaamsche Bond.
Ce discours est trop long pour que nous puissions
le reproduire disons qu'il exprime les sentiments
de dévouement et promet un énergique concours
de la paî t de tous Ses libéraux de Bruges.
Le Gouverneur vivement ému répond aux asso
ciations brugeoises
Je prends acte des bonnes paroles de la ville
de Bruges, ainsi que de celles des autres localités
de la province. J'ai été impressionné par cette ma
nifestation, quand je vous ai vu défiler sur la
Grand'Place. Je vous avoue même que j'en suis
ému au point que je ne saurais vous exprimer ce
que mon cœur voudrait vous dire.
L'unanimité de cette manifestation me prouve
que j'ai agi suivant le vœu de ceux qui veulent le
bien général et l'exécution de la loi.
On a dit au Parlement que je devais abandon
ner la carrière politique pour ramener la paix.
Mes ennemis politiques sont bien pressés de me
voir disparaître: cela prouve que je les gèue c'est
un motif de persévérer dans la voie dans laquelle
je marche.
Si j'ai fait quelque bien, c'est que je suis aidé
par de bons fonctionnaires. Les commissaires d ar
rondissement me secondent admirablement et par
mi les bourgmestres, s'il y en a un récalcitrant, la
plupart exécutent fidèlement la loi.
Je suis entouré d'amis qui défendent la même
cause que moi avec leur appui, je pourrai conti
nuer ma tâche et la mener bonne fin.
Ces paroles si dignes, si vraies, si pa
triotiques, si éloquentes, sont accueillies par des
applaudissements frénétiques qui ébralent les voû
tes de 1 hôtel provincial, tandis que les musiques
massées dans la cour jouent l'air national et que le
public s'associe par les cris Vive Heyvaert! Vive
le Gouverneur! cette ovation la plus grande, la
plus élevée, la plus brillante qui ait jamais honoré
un fonctionnaire.
On s est souvent plu représenter notre pro
vince comme inféodée au clergé qui en fait sa der
nière forteresse. Erreur, que la démonstration de
dimanche dément l'évidence.
Une province qui honore ainsi ceux qui font
respecter la loi et le pouvoir civil,est bien près de
s'affranchir du joug clérical. Nos adversaires n'ont
plus d'illusions ce sujet. La manifestation a fait
tomber celles qu'ils auraient pu encore conserver.
0
A son entrée au théâtre M. le gouverneur a été
acclamé avec enthousiasme diverses reprises par
le public, qui s'était respectueusement levé aux ac
cents de la Brabançonne
0
Dans cette rapide relation de la journée de di
manche, nous avons pu omettre bieu des personnes
et des choses, mais ce que nous n'oublierons pas
c'est de remercier tous ceux qui ont contribué
cette journée si bonne, si belle, si brillante, non
seulement pour M. Heyvaert, mais aussi pour la
cause libérale.
Transvaal. Les adhésions l'adresse des fla
mands au peuple anglais, en faveur du Transvaal,
sont très nombreuses.
Les premières listes sont sous presse.
Ceux qui n'ont pas encore envoyé leur adhésion
sont priés de la faire parvenir au plus tôt, avec in
dication exacte des noms, professions et résidences,
au Secrétaire, rue Hoboken. 14. Anvers; le tout
écrit lisiblement.
-1UB—j»1
LE CONCERT DE BlENFAlSANCË.
Le leçteur me pardonnera de lui servir cette chro
nique musicale un peu comme moutarde après dîner.
Mais il n'est jamais trop tard, ni pour bien faire, ni
pour rappeler le souvenir d'une charmante soirée.
Tout le monde, je pense, a été satisfait les organisa
teurs qui ont, avec dévouement, payé de leur personne
et ont vu leurs efforts récompensés les artistes qui
ont recueilli une ample moisson de bravos fort mérités
et le public qui l'on a servi un régal de gourmet.
L'antre affreux qui, en temps ordinaire, sert d'entrée
notre salle de théâtre, avait été transformé en un
coquet vestibule, orné avec profusion quoiqu'avec
bon goût de massifs de verdure et de plantes orne
mentales.
La salle présentait un coup d'œil fort agréable c'était
un fouillis de toilettes très-élégantes, portées par la
(fleur de notre population féminine.
Le Concert a réussi en tous points: notons d'abord
l'excellente exécution des morceaux d'harmonie par
la musique des Pompiers qui continue marcher résolu
ment dans la voie de perfection où l'a poussée son chef
habile, M. Wittebroodt.
Le quatuor symphonique de la société des chœurs a
enlevé crânement la terrible Ouverture de Guillaume-
Tell il a joué ensuite, avec la sobriété et la distinction
qui lui conviennent, une Fantaisie sur Roméo et
Juliette. Ce quatuor que le public entend toujours
avec un nouveau plaisir outre beaucoup de grandes