No 651. Jeudi,
41e ANNEE.
31 Mars 1881.
0 FRANCS PAR AN.
JOURNAL B'Yl'RES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
La logique des cléricaux.
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Le prince de Bismark a fait sa rentrée au Par
lement allemand. Les projets relatifs aux nouveaux
impôts figuraient l'ordre du jour et depuis long
temps le chancelier s'était promis de répondre au
premier orateur qui les combattrait. Or, comme,
cet orateur était M. Lasker, le chef des sécession
nistes et un adversaire personnel du président du
conseil, la rencontre a été très violente, bien que
les parties aient lutté armes courtoises. Le projet
du conseil fédéral comprend trois impôts distincts
il établit des taxes sur la brasserie et sur le timbre
et soumet un impôt spécial les jeunes Allemands
qui. pour un motif quelconque, sont exonérés du
service militaire.
Une très grande incertitude continue régner
au sujet des négociations qui poursuivent leur
cours Conslantinople. Nous ne nous ferons pas
l'écho de toutes les rumeurs qui circulent relative
ment l'attitude des gouvernements de Stamboul
el d'Athènes; il nous suffira de dire que la situation
est très grave et qu'elle ne s'est pas sensiblement
modifiée depuis deux jours.
On 9'est occupé au Parlement anglais de la
question de savoir si la cession au royaume hellé
nique de l'Epire et de la Thessalie ne déchaînerait
pas une guerre religieuse. Le sous-seerélaire d'Elat
au Foreign-Office, sir Ch. Dilke. ne conçoit pas
cet égard de bien vives appréhensions. Il a de bon
nes raisons pour croire que la population chrétien
ne des territoires dont la cession la Grèce a été
proposée Berlin représente les six septièmes de
la population totale. En Thessalie, la proportion
est plus forte encore. En outre, ces populations
sont unanimes désirer leur annexion la Grèce.
Les puissances semblent approuver la décision
prise par le gouvernement roumain de changer le
titre inférieur de principauté en celui de royaume
de Roumanie. Elles comprennent que ce n'est pas
une simple satisfaction d'amour-propre que les
Roumains ont voulu se donner. En altiibuant au
chef de l'Etal un titre qui le met de niveau, dans
le cérémonial diplomatique, avec les chefs des
Etats monarchiques el républicaine de l'Europe et
de l'Amérique, les Roumains sont d'avis qu'ils
consolident leur existence nationale. J
La séance de la Chambre française a déholé par
une scèue tumultueuse. A propos du procès-ver
bal, M. Barthélémy Sl-Hilaire a relevé un erreur
commise samedi par M. Paul de Cassagnac. Le dé
puté de Condom avait soutenu que le ministre des
affaires étrangères s'était fait l'apologiste du régici
de. M. Barthélémy Saint-Hilaire, dans la citation
d'un de ces articles de la Revue des Deux Mondes
en 1832, a rappelé qu'il avait écrit cette époque,
que l'action de Louvel fut exécrable, que l'as
sassinat ne peut venger une nation et que le genre
humain flétrit toujours le malheureux qui se dé
voue le commettre, m
Le grand gazomètre desservant les immenses
établissements de l'arsenal militaire situés dans le
quartier de Vtborg vient de sauter. Il ne reste plus
rien des ateliers avoisinanls.
Le colonel Zinovieff a échappé miraculeuse
ment; la fabrication des canons est partiellement
interrompue. Plusieurs arrestations ont été faites
dans le personnel de l'usine.
Il sera difficile de ne pas considérer la catastro
phe comme un nouvel exploit desscélérats nihilis
tes.
Depuis quelques années, pas une semaine
ne se passe sans que les tribunaux n'aient
s'occuper de faits de profonde immoralité qui
se commettent sur de jeunes enfants par des
rofesseu»*s-prêtres ou religieux, attachés
es collèges ou des écoles primaires sous la
direction du clergé. Malgré la sévérité des
condamnations, ces faits se renouvellent sans
cesse dans quelques jours vingt-trois petits
frères devront de nouveau rendre compte la
justice des odieux traitements qu'ils ont fait
subir de jeunes élèves confiés leurs soins.
Et cependant, jamais on ne lit dans le
Journal d'Ypres le moindre mot de blâme les
chers frères sont des modèles de vertu et des
maîtres sans pareils.
Mais lorsque dans une école laïque se passe
le moindre fait plus ou moins sujet critique,
nous ne disons pas sous le rapport de la
moralité ces horreurs sont la spécialité des
établissements du clergé, quand un élève
commet une escapade ou une espièglerie quel
conque,notre organe clérical s'en empare avec
une joie malsaine et falsifie ou travestit les
faits pour satisfaire les sentiments haineux
qui le dévorent.
C'est ainsi que dans son numéro du 26 Mars
dernier, propos d'un tour d'espiègle par un
petit gamin de près de 5 ans, le pieux journal
calomnie audacieusement la Dame Directrice
de l'Ecole communale primaire gratuite de
cette ville. Il affirme qu'un enfant de 3 ans et
demi a été enfermé, titre de punition, dans
une armoire étroite et privée d'air, où le mal
heureux petit, comprimé entre la porte et le
mobilier, a passé toute une nuit, dix-huit
heures, sans le moindre secours. L'enfant
serait malade la suite de ce traitement, mais
des démarches nombreuses seraient faites pour
étouffer l'affaire et jeter un voile sur cet acte
d'inhumanité et de coupable incurie.
Nous pouvons affirmer que l'histoire telle
que la raconte le Journal d'Ypres est fausse
c'est une méchante et odieuse exploitation
d'une espièglerie qui n'a eu aucune consé
quence pour l'enfant, une accusation calom
nieuse dont, notre avis, les pieux écrivains
devraient rendre compte devant la justice.
Car, il est faux que cet enfant ait été puni il
est faux qu'on l'ait enfermé dans une armoire
il est faux qu'il y ait eu inhumanité ou coupa
ble incurie, ainsi qu'il a été constaté et qu'il
sera démontré en temps et lieu.
Il est non moins faux que des démarches ou
des libéralités aient été faites pour étouffer
l'affaire elles eussent été absurdes, vu qu'il
n'y a eu ni acte d'inhumanité, ni incurie, ni
faute.
Oui, des démarches actives ont été faites,
mais par des ennemis des écoles laïques, dans
le but d'exploiter un fait bien innocent, et de
nuire un établissement qui, par sa bonne
tenue et la popularité dont il jouit, défie leurs
foudres et leurs colères.
Vains efforts mais ce n'est pas une raison
pour tolérer qu'on mente si effrontément;
L'échec de Bruxelles n'a rien qui doive éton
ner. Depuis longtemps, les électeurs de la ca
pitale font preuve d'une trop grande confiance
dans leurs forces; l'expérience prouve que dans
une élection partielle il suffit de 1700 suffra
ges sur 10,000 électeurs inscrits pour avoir
la majorité; or il suffit de réunir tous les mé
contents pour obtenir ce nombre de voix. Cette
défaite sera, espérons-le, un avertissement
utile; mieux vaut qu'elle ait lieu aujourd'hui
qu'au mois d'Octobre prochain et espérons bien
que d'ici là nos amis resserreront leurs rangs
et infligeront leurs adversaires une humi
liante défaite. Ce qu'il importe, c'est de
serrer les rangs et en attendant.de faire droit
aux griefs qui pourraient avoir quelque chose
de sérieux et de fondé.
Nos lecteurs n'ont peut-être pas perdu le souve
nir de Mgr Purcell. archevêque de Cineinnafri et
de la retentissante banqueroute de ce prélat grand
bâtisseur d'écoles catholiques.
La fallile de l'archevêque a entraîné la ruine dp
renseignement qu'il avait fondé tant de frais. Les
LE PROGRÈS
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. vires acquirit lundi»
r 1 1
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Ypres, le 30 Mars 1881.