No 663. Jeudi,
6 FRANCS PAR AIN.
JOURNAL R'YPRES ET IiK L'ARRONDISSEMENT.
Le mariage de l'Archiduc Rodolphe
et de la Princesse Stéphanie.
41e ASHÉE.
12 Mai 1881
LE PROGRÈS
PARAISSANT TE .1EU»I ET LE MlANGiiE. vires AC0UIR1T EUNDO
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CtlEMIN DE FER. (3 Février).
HEURES DE DEPART D'APRES A
P'bperiughe-llazebrouck. 6-20. 12-07. 6-27.
Poperinglte. 6-20. 9-07. - 10-00. 12-07. 2-aO
3-53. 6-27. 8-43. 9-50.
Courtrai. 5-34. - 9-56. - 11-20. - 2-41. - 5-25.
Roulers. 7-43. 12-20. 6-30.
Langhemarck-Oslende. 7-21. 12-22. 3-39.6-27.
BULLETIN POLITIQUE.
L'occupation, par les troupes françaises, de la
montagne dé Sidi-Abdallah-ben-Djetnel met un
terme aux opérations du corps expéditionnaire dans
le nord, le sud et l'est du pays des Kroumir. On
sait que celle position, où est situé le tombeau du
marabout le plus vénéré de toute la Tunisie, était
considérée comme inexpugnable; les Kroumirs s'y
étaient masses, mais voyant qu'ils allaient être
serrés de toutes paris et désespérant de recevoir
aucun secours, il se sont retirés sans attendre le
combat, probablement dans la direction du nord-
est.
Les journaux français considèrent la campagne
comme virtuellement terminée; ils pensent que
les tribus sauvages ne larderont pas demander
l'aman, c'est-à-dire faire leur soumission. L'est
du pays des Kroumir doit encore être exploré. La
brigade Bréart. partie de Bizerte pour Maleur. et
se dirigeant sur Béja, a pour mission de réduire
les dernières tribus hostiles.
L'Agence continentale annonce que l'action di
plomatique. au sujet dts conditions imposer au
liey de Tunis, va commencer immédiatement. La
France demanderait une forte indemnité de guerre
pour payer les frais de l'expédition.
Il ne se passe plus de jour de séance que le gou
vernement anglais ne soit interpellé la Chambre
des communes sur les affaires de Tunisie.
Les deux Chambres ont volé la proposition
Gladstone tendant inviter le gouvernement
ériger un monument la mémoire de l'illustre
homme d'Etat conservateur, lord Beaconslield.
On sait que le parti radical l'a emporté dans les
dernières élections législatives en Bulgarie et que
depuis cette époque des tiraillements existent entre
le gouvernement et les députés. Biens que ces dis
sentiments n'aient pas eu beaucoup de retentisse
ment en Europe, ils ont troublé profondément les
rapports entre ces deux pouvoirs, car le prince
Alexandre vient de lancer une proclamation an
nonçant nu pays son intention d abandonner le
trône si l'assemblée nationale continue contre
carrer les vues du gouvernement. Le conseil du
prince est démissionnaire, et c'est le ministre de la
guerre, M. Ehrenrolb, qui a été chargé de former
un ministère provisoire. A'ous aurons revenir
sur ce conflit aigu.
Les ambassadeurs accrédités Constanlinople
étudient les termes de la convention dont la signa
ture mettra tin au conflit lurco-hellénique.Les négo
ciations portent, paraît-il, sur lu partie de la dclle
ottomane qui devra être reprise par le cabinet
d'Athènes, et sur les mesures qui doivent être
édictées en faveur des musulmans de la Tliessalie,
qui émigreraient en Turquie.
Le correspondant du Précurseur donne ces
détails sur l'arrivée de la Famille Royale de Belgi
que Vienne
A 3 heures esl arrivée une compagnie d'hon
neur du régiment de honveds hongrois Frédéric
avec son élendard qui semble n'avoir assisté qu'à
peu de batailles, car il était entier et parfaitement
conservé. Les hommes étaient en uniforme bleu
foncé, avec un pantalon qui a toute la forme d'un
caleçon. A première vue le caleçon fait une assez
singulière impression, mais on s'y habitue et, ma
foi, on finit par dire que ce doit être pour l'exercice
et la marche un vêtement fort commode. Les offi
ciers et les soldats avaient tous sur le schako une
petite branche de sapin, usage dont ou n'a jamais
pu m'expliquer l'origine, mais qui se pratique en
Allemagne aux fêles des mariages royaux.
A trois heures un quart se présentèrent deux
chambellans en uniforme rouge et tenant la main
leurs cannes fort longues et en bois poli.
A 3 1/2 heures se présenta l'empereur en
uniforme de général autrichien et portant sur sa
tunique blanche le cordon de l'Ordre belge. L'ar
chiduc Rodolphe, qui a la même taille que son
père el qui lui ressemble étonnamment, qui se
lient comme lui, qui marche comme lui et qui a
presque tous les mêmes mouvements,venait trois
pas derrière S. M.
A4 heures précises un coup de timbre retentit
dans la gare, le train arrivait. Aussitôt la compa
gnie d'honneur présenta les armes, le drapeau
fut élevé, la musique entonna la Brabançonne.
L'empereur et l'archiduc s'avancèrent vers la
berline royale. La rrine en loillctte de soie d'un
rouge particulier tel qu'on en voit assez peu, me
senible-l il. sauta vivement sur le perron, saisit la
main de l'empereur et celui-ci lui donna deux gros
baisers sur chaque joue. Rendant que la reine em
brassait l'archiduc Rodolphe, qui se laissait un peu
i faire comme un enfant gâté, la princesse Stéphanie,
J vêtue d'une superbe robe bleue pâle avec une taille
de velours marron foneé un peu chaude peut-être
pour le temps qu il faisait, descendit assez grave
ment les marches de la berline et s'inclina profon
dément el respectueusement devant l'empereur.
Mais celui-ci lui avait déjà saisi la main el il lui
appliqua un baiser sur la joue droite. Alors descen
dit une charmante "enfant souriante et gracieuse, la
princesse Clémentine, qui fil sou tour Jevant
l'empereur ce qu on appelle en Autriche un grand
Knix. L'empereur l'embrassa. Enlrelemps l'archi
duc et sa fiancée s'embrassaient également et la
reine qui rayonnait visiblement de bonheur, tapait
(cesl le mol) familièrement sur le dos de son futur
gendre.
En dernier lieu descendit le roi que l'empereur
embrassa comme on embrasse un ami. Puis eurent
lieu les présentations. D'une berline voisine étaient
descendus M. Frère-Orban, en uniforme de mi
nistre et ayant le cordon autrichien, le comte van
der Strateii-Ponlhoz, M. Dcvaux et quelques au
tres dignitaires belges que je n'ai pas l'honneur de
connaître. Léopold II, qui avait l'uniforme autri
chien, prit la main de l'empereur et le conduisit
devant M. Frère qui l'empereur serra la main et
qui il dit quelques phrases dont je n'ai rien pu
entendre. M. Frère répondit S. M. que je vis
sourire de satisfaction. Cette présentation dura
assez longtemps puis eu lieu celle de M. van der
Strate» qui l'empereur donna la main, celle de
M Devaux el celle de deux autres dignitaires.
L'empereur, le roi, la reine, l'archiduc el la prin
cesse causèrent quelques minutes en cercle, puis
l'empereur présenta son bras la reine, l'archiduc
la princesse, cl l'empereur et ses hôtes s'éloignè
rent. Une minute après, nous entendîmes un ton
nerre d'acclamations. C'était la foule qui poussait
des hourrahs enthousiastes. Je me rendis la Lâle
l'extérieur de la gare où je jouis d'un spectacle
émouvant toutes les fenêtres on agitait les mou
choirs et jusque sur les toits. La rue était inondée
de soleil et quand je vis défiler les équipages, atte
lés de six superbes chevaux blancs, je vous assure
que ce fut un tableau grandiose dont un peintre
eût été frappé.
La reine et la princesse Stéphanie occupent
douze grandes chambres, les plus belles du palais
de Schœnbronn. La princesse Stéphanie a un petit
salon chinois ravissant, une chambre de réception
en vieux laque où pendent les portraits ries empe
reurs Joseph II, Léopold. François lr et celui de
Marie Thérèse, tous les quatre en grandeur natu
relle. Sa chambre coucher est tapissée »n bleu
foneé. puis elle a un bureau en style roeoco d'une
j richesse de décors remarquable. Ou a mis partout