664. Dimanche,
15 Mai 1881.
6 FRANCS PAR AN.
.IOURNAL D'YPRES ET I»E L'ARRONDISSEMENT.
Chambre des Représentants.
Le mariage de l'archidue Rodolphe et de
la princesse Stéphanie.
ANNÉE.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. VIRES ACfiUlRlT EUNDO.
BULLETIN POLITIQUE.
Paroles prononcées par M. Sainctelette
Ministre des Travaux Publics
41e
LE PROGRÈS
Les annonces de la Belgique et de l'Etranger sont reçues par Agence Havas (Publicité), 89, Marché-aux-Herbes, Bruxelles et chez ses correspondants
Pour la France: l'Agence Havas, 8, Place de la Bourse, Paris. Pour l'Allemagne, l'Austro-Hongrie et la Suisse: chez Rudolf Mosse (Annoncen-Expediliou)
Cologne, Berlin, Francfort, Strasbourg, Munich, Hambourg, Leipzig, Stuttgard, Vienne et Zurich Pour la Grande-Bretagne et l'Irlande: chez Géo Street et
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ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres. Ir. 6-00 Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 39.
Idem Pour le restant du pays7-00 INSERTIONS: Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames la ligne fr. 0-25.
CHEMIN DE FER. (5 Février).
HEURES DE DEPART D'YPRES A
Poperinghe-Hazebrouck. 6-20.— 12-07. 6-27.
Poperinghe. 6-20. 9-07. 10-00. 12-07. 2-50
3-55. 6-27. -8-45. 9-50.
Courtrai. 5-34. - 9-56. - 11-20. - 2-41. - 5-25.
Roulers. 7-45. 12-20. 6-30.
Langbemarck-Ostende. 7-21. 12-22. 3-39.6-27.
A la Chambre, un député bonapartiste, M. Cu-
neo d'Ornano, a vainement essayé de provoquer
un débat sur les affaires de Tunisie. Son interpel
lation, dont M. Ferry demandait le renvoi hui-
taiue.a été ajournée quinzaine par la Chambre.
Aucune nouvelle positive de Tu.iis n'est arrivée
au gouvernement français. Le Temps annonce,
en dernière heure, que le général Bréart a dû arri
ver mardi une demi-lieue du Bardo. Il a l'ordre
de proposer au bey, au nom du gouvernement
français, un traité dont les stipulations sont desti
nées garantir fa fois la France contre le bri
gandage des Kroumirs et contre la mauvaise
volonté éventuelle des ministres tunisiens
l'égard des nationaux français. Si le bey refuse de
consentir aux conditions qui lui seront soumises,
l'occupation du palais de Bardo et de la ville de
Tunis deviendra nécessaire et sera immédiatement
effectuée.
Le Times publie un compte rendu détaillé de
la revue teoue mercredi par l'empereur Alexandre
III et laquelle assistaient l'Impératrice et le grand
duc héritier. Une foule énorme, attirée par ce
spectacle magnifique, que favorisait un temps su-
berbe, encombrait la Perspective Newksi et les
autres rues conduisant au Champ des Manœuvres,
mais le préfet de police de la capitale avait pris des
mesures de précaution parfaitement justifiées et
l'accès des tribunes n'était autorisé qu'aux person
nes munies de cartes. L'Empereur a quitté la gare
du chemin de fer du Champ de Mars midi, en
voiture ouverte et sans l'escorte habituelle des co
saques. Sa Majesté était entourée d'un brillant
état-major d'officiers cheval.
Le Temps publie une dépêche de Sl-Pélers-
baurg arrivée par voie de Berlin et annonçant que
M. Loris-Mélikoff. ministre de l'intérieur, et M.
Abasa, ministre des finances, ont donné leur dé
mission. Ce fait est considéré comme grave, dit-il,
étant donné les mesures libérales que ces deux mi-
mistres proposaient, notamment en ce qui louche
la condition des paysans.
Les deux beaux-frères d'Abdul-Hamid, Mah
moud pacha et Noury paeha, qui sont prévenus de
complicité dans l'assassinat d'Abdul-Aziz, n'ont
pas été mis en liberté, mais des doutes graves se
sont élevés au sujet de la véracité des principaux
témoins dans cette affaire criminelle et le souverain
hésite renvoyer les prévenus devant les tribu
naux.
Le chef du ministère italien, M. Cairoli, n'est
nullement rassuré au sujet de la tournure que
pourraient prendre les discussions de la Chambre
relatives aux affaires étrangères. Le pays est agité,
des interpellations sont annoncées et il faut tout
prix que la majorité libérale se maintienne et se
consolide.
Les journaux français signalent plusieurs mani
festations qui ont eu lieu Sofia, la suite de la
publication du manifeste par lequel le prince
Alexandre demande la révision de la Constitution.
Paris, 13 mai.
Le Bey a signé hier 8 heures du soir le traité
de garanties présenté par M. Bréard.
L'expédition de Tunisie est termiuée.
Séance du 1 2 Mai 1881.
La reprise du Canal de la Lys V Yperlée
nest pas faite, mais la question sera résolue
avant un mois.
Vienne, 10 Mai, après midi.
C'est fait. Le mariage vient d'avoir lieu l'eglise
des Augustins, chapelle du palais, avec lequel elle
communique.
LaChapelle est modeste: le local est presque aussi
vaste que Saint-Etienne. C'est,avec le couvent qui
y est annexé, une construction du dix-septième
siècle. Le palais de l'archiduc Albrecht y tient
d'autre part. Tout cela, résidence impériale, palais
de l'archiduc, église et couvent, forme un ensemble
de constructions sacrées et profanes qui, au besoin,
voisinent entre elles par de longs couloirs.
Ces couloirs avaient été, pour la cérémonie
d'aujourd'hui, entièrement tendus de gobelins et
décorés d'arbusles et de fleurs. Celui qui longe la
tprrasse du palais Albrecht a une longueur d'envi
ron deux cents mètres. Cela vous donne une idée
de la quantité de tapisseries qui entraient dans la
décoration. Notez que l'église entière était tendue
de même et que les plus beaux gobelins formaient
alentour un superbe lambris.
Le sol, exhaussé l'aide d'un plancher, était
entièrement recouvert de lapis aux nuances variées.
Au millieu, une large avenue réservée, depuis
l'escalier, pour le passage du cortège nuptial. A
droite et gauche, de riches banquettes destinées
aux personnages les plus illustres de l'assistance.
Les princes et les archiducs occupaient, sur le côté
droit, face l'autel, une série de sièges spéciaux.
Là se trouvaient, entre autres, le comte et la com
tesse de Flandre.
Du même côté du chœur, près de l'autel, une
estrade surmontée d'un dais et portant quatre
sièges de drap d'or: les places de l'empereur en de
l'impératrice, du roi et de la reine des Belges.
Au milieu, devant l'autel, deux fauteuils de
drap d'or également, en face d'un prie-Dieu tendu
de la même étoffe, pour les futurs époux.
Au fond de l'église, une vaste estrade en amphi
théâtre s'élevant jusqu'au buffet d'orgue.
La cérémonie est pour midi.
A onze heures, tout le monde est casé une col
lection de prélats, d'évêques, de coadjulcurs de
toutes nuances, coiffés de mitres de toutes les for
mes imaginables, se groupent en face de la tribune
impériale. Les moindres tribunes qui s'accrochent
là-haut, pareilles des armoires vitrées, communi
quant avec les divers étages de constructions voi
sines, sont pleines d'uniformes chamarrés et de
toilettes resplendissantes.
Des lustres formant couronnes de lumières jet
tent une clarté chaude sur l'ensemble du tableau.
Il est midi. La cour parait. C'est un spectacle
indescriptible. Il n'y a plus de détails, plus de
couleurs spéciales tout se noie dans un éblouisse-
menl; or, diamants, plumes, fourrures, étoffes et
fleurs se confondent et s'amalgament.
Le cbœur, fort long, la nef, l'amphithéâtre du
fond sont remplis d'une foule brillante comme on
n'en voit que dans les Mille et une Nuits. C'est
une splendeur vertigineuse.
L'archiduc et la princesse prennent place, et le
cardinal de Schwarzemberg commence son allocu
tion, un peu longue mais la circonstance est
si solennelle!
Le cardinal a fini c'est un grand homme maigre
et pointu, qui parle d'une voix claire. La parole
est ensuite aux chœurs et l'orchestre de la cha
pelle, placés là-haut, près de l'orgue.
Enfin, la cérémonie du mariage et l'échange des
anneaux. La jeune épousée porte diverses repri
ses son mouchoir ses yeux elle pleure.
Les mariés reviennent leurs sièges, derrière
lesquels se tiennent le grand-mailre et la grande-
maitresse de la Cour.