flo 675. Jeudi,
41e année.
23 Juin 1881
0 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DEHANCHE. vires acquirit eundo
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BULLETIN POLITIQUE.
Les journaux français apportent le texte de deux
discours prononcés l'un au banquet des tabletiers,
Saint-Mandé, par M. Gembetta, l'autre Epinal,
par M. Jules Ferry, président du Conseil, qui
s'était rendu en cette ville l'occasion d'une
exposition agricole.
M. Gambelta, faisant allusion l'échec que lui
avait infligé le Sénat, a dit A chaque jour suffit
sa peine, et quand la peine n'a pas été compensée
par le succès, eh bien, on s'y remet avec plus
d'ardeur. Il a aussi indiqué son intention de ne
représenter sa candidature que dans une seule cir
conscription,qui ne peut être que celle de Belleville.
M. Jules Ferry a tracé la ligne de conduite
suivre pour les prochaines élections: il s est élevé
contre l'inanité des déclarations des intransigeants
et il a affirmé que les grandes réformes, réclamées
depuis si longtemps et aujourd'hui obtenues, ont
été effectuées par le parti républicain modéré et ne
pouvaient l'être que par lui. Mais, en face des
monarchistes qui n'ont pas encore désarmé et qui
ne comptent pas moins de cent cinquante membres
dans la Chambre, il importe que les républicains
modérés et radicaux restent unis pour combattre
avec succès l'adversaire commun.
On a fait beaucoup de bruit, dans la presse
française, d'un incident qui s'est produit samedi
dernier Marseille: au moment où des troupes
revenant de Tunisie passaient devant le club italien
rue de la République, ont retenti quelques coups
de sifflet; la foule, croyant tort ou raison, que
c'étaient des membres de ce cercle qui s'étaient
livrés cette démonstration hostile, a assailli le
local, en a arraché les armes d'Italie et s'est livrée
jusqu'au soir de bruyantes manifestations, bous
culant d'assez rude façon les Italiens qui se trou
vaient sur son passage. L'ordre a été troublé
jusqu'au soir; le président du club a affirmé que
les coups de sifflet étaient en réalité partis de la
foule l'adresse des membres du cercle qui
n'avaient pas jugé bon d'arborer leur drapeau; le
consul et le vice-consul d'Italie ont fait une
démarche près du préfet.
On ne reçoit plus guère de dépêches de Russie
sans qu'il n'y soit question de dynamite. Le dernier
télégramme de Saint-Pétersbourg est ainsi conçu
Samedi matin on a trouvé deux chargements
de dynamite entre des crevasses des rocs dans le
canal de Catherine. Ce sont deux coussins en
caoutchouc contenant 130 livres de dynamite noire
et munis de conduites. D'après l'avis d'experts, les
deux chargements de dynamite ont été préparés
récemment.
On assure que le château de Gatchina, récem
ment abandonné par le Czar, était entièrement
miné, mais les charges de dynamite n'étaient pas
encore placées dans les conduits souterrains.
La princesse Dolgorouki a reçu du Czar l'ordre
de quitter le Palais d'Hiver et d'aller s'installer au
Palais-de-Marbre. Est-ce le signal d'une prochaine
disgrâce? La princesse pourrait en tout cas la sup
porter facilement car on évalue plusieurs cen
taines de millions la fortune qu'elle a recueillie
pendant qu'elle était la maîtresse d'Alexandre II.
La Gazette allemande de Vienne confirme l'ar
restation et l'internement Grianda du grand-duc
Constantin, oncle de l'empereur: tout son entou
rage, composé surtout d'officiers de marine, a été
arrêté également.
Ypres, le 22 Join 1881.
Le Moniteur du 13 courant publie le rap
port du Jury chargé de décerner le prix au
Concours quinquenal d'Histoire Nationale pour
la 7e période (1876-1880). Nous nous plaisons
reproduire les passages de cet intéressant
travail dans lesquels le rapporteur apprécie
les publications de nos écrivains yprois pen
dant cette période qui a vu naître tant d'ou
vrages d'un mérite supérieur des titres
divers.
LE PROGRÈS
ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres. (r. 6-00 Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixuude, 39.
Idem Pour le restant du pays7-00 INSERTIONS: Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-J0 Réclames la ligne fr. 0-25.
Il n'est pas aussi facile qu'on le pense d'élever une
compilation la hauteur d'un livre. Cette réflexion
nous est suggérée par le travail considérable de M.Ver-
camer, œuvre méritoire si elle ne péchait par les pro
portions, et si l'autorité des livres de seconde main d'où
a été extrait ce trésor de faits avait été soumise un
contrôle rigoureux. Ici ce ne sont plus les chroniqueurs,
mais les publicistes modernes et particulièrement ceux
de la Patria Belgicaqui ont été consultés peu près
indifféremment. Ce manque de critique conduit aisément,
sinon des inexactitudes, du moins des affirmations
tranchantes dont il est toujours prudent de se défier en
histoire. Il est aussi trop visible que l'auteur écrit pour
prouver. Lui-même tient déclarer que son but est
de préparer les adultes l'accomplissement des
devoirs sociaux en réalité, l'histoire est surtout pour
lui un moyen de propagande. Patriote ardent, franc
libéral, il plaide plus qu'il ne raconte, par exemple
lorsqu'il vient résumer nos luttes parlementaires.
Ces observations ne nous empêcheront pas d'adresser
des félicitations M. Vercamer, ne fût-ce que pour son
plan. Il a eu le premier l'heureuse idée de réserver une
large place, dans un livre adressé de jeunes lecteurs,
aux ancienues institutions du pays dont il déroule les
annales. Il les décrit de manière faire ressortir les
aspirations natives des Belges, et expliquer ainsi par
leurs origines les dispositions fondamentales de la con
stitution de 1831. D'autre part, des paragraphes très
instructifs sont consacrés, soit au développement de
notre prospérité industrielle et commerciale, soit au
progrès de la civilisation belge en général, soit l'épa
nouissement du génie national dans le triple domaine
des sciences, des lettres et des arts. C'est un tableau
complet, trop complet peut-être, quelquefois un fouillis;
mais si tout cet entassement de faits était mieux coor
donné et si l'auteur s'exaltait moins, s'il veillait enfin
ne plus puiser ses renseignements au hasard, son
livre soigneusement retouché serait appelé rendre
d'inestimables services.
Par une transition toute naturelle, puisque les auteurs
ont jugé propos de remonter jusqu'à l'antiquité,
l'Histoire d'Oudenbourg, par MM. Veys et Vande
Casteele, nous conduira au seuil du moyen âge et de
là aux temps modernes. Lejury de 1876 a fait ressortir
le mérite de cette publication unique en son genre, où
l'histoire de Flandre tout entière passe, pour ainsi dire,
par le trou d'une aiguille. Maintenant que l'œuvre est
complète, nous n'avons pas revenir sur notre juge
ment sans la circonstance que nous sommes en présence
d'ouvrages plus importants par la nature même des
sujets traités et non moins distingués au point de vue
de la méthode et de la composition, l'Histoire d'Ouden
bourg eût eu de grandes chances de l'emporter de
haute lutte. Nous ne pouvons que lui assigner la pre
mière place parmi les histoires locales.
Ce rang lui serait toutefois vivement disputé par les
Ypriana, de M. Alphonse Vandenpeereboom, si l'au
teur s'était décidé présenter au public la synthèse de
ses patientes recherches, au lieu de composer modeste
ment un recueil de monographies et d'analectes mais
ce recueil, hàtons-nous de le dire, est un vaste édifice
élevé la gloire de la troisième des chefs-villes de
l'ancienne Flandre. En 1869, l'occasion de l'inaugu
ration prochaine de la salle échevinale d'Ypres, le
patriote qui s'était le plus dévoué préparer cette
résurrection avait consenti rédiger une notice qui fut
fort remarquée et souvent réimprimée, chaque fois
avec des additions des plus curieuses. On finit par
s'attendre une histoire d'Ypres malgré la richesse
des renseignements colligés par lui-même et par son
ami M. l'archiviste Diegerick, M. Vandenpeereboom a
voulu s'en tenir jusqu'à présent des études détachées.
Il s'est appliqué tout d'abord décrire passionnément,
en archéologue consommé, ces Haltes grandioses que
Scbayes regardait comme le type le plus parfait et le
plus noble du style ogival primaire appliqué aux con
structions civiles. Tout le premier volume des
Ypriana est consacré ce monument vénérable,
témoin de la puissance et de la prospérité de nos
anciennes communes. La halle aux draps, 1 hôtel-de-
ville, le beffroi qui se dresse au mdlieu comme une
sentinelle vigilante, en regard- de la magnifique église
de Saint-Martin, sont étudiées jusque dans leurs moin
dres recoins. Le deuxième volume est réservé la
chambre des échevins, où l'on admire trois grandes
compositions de MM. Guffens et Swerts les magistrats
d'Ypres visitant, en 1443, une école laïque, fondée dès
le xiv siècle; la centralisation et la sécularisation de
la charitédécrétée en 1535 enfin, Philippe le Hardi
prêtant serment au peuple lors de sa Joyeusç-Entrée,