m ilr II Il t Fu! II'. F II 11 fII i I i graves qui oui peut-être échappé de bous esprits séduits par l'attrait de la nouveauté. En semblable occurence nous sommes d'avis que le pays doit savoir faire lui-même ses propres affaires, indiquer lui-même ce qu'il veut, en un mol qu'une réforme électorale pc doit franchir le seuil du Parlement que lorsqu'elle est arrivée maturité dans l'opinion publique. Telle est la saine tradition du régime parlemen taire représentatif. Or celte condition primordiale n'existe absolu ment pas en ce moment. Personne bien certaine ment u'essayera de nous contredire sur ce point. Dans notre humble avis, la précipitation qui a été apportée des décisions, des actes qui ont pris l'opinion publique par surprise, est irréfléchie et ne sert pas l'intérêt général, ni surtout les inté rêts du parti libéral. Ce que le parti libéral a demandé cor et cri, c'est l'abrogation d'une juridiction électorale qui le livrait sans défense a son ennemi le cléricalisme, qui le mettait la merci de son bon plaisir. Ce poiut pratique, essentiel du programme libé ral, désiré et demandé par le parti entier, dans tout le pays, le ministère le réalise; il présente le projet do loi qui enlève aux dépulatious perma nentes leur juridiction fiscale et électorale, et huit membres de l'extrême gauche se mettant en tra vers de vœux aussi unaniment, aussi énergique- menl exprimés, repousseraient la loi et mettraient le ministère en minorité? Pareil suicide politique serait le plus odieux des crimes. Nous nous refusons en admettre la possibilité, et cependant les événement marchent fatalement, avec leurlogiqnc impitoyable. Si, se réveillant en sursaut au sortir d'un mau vais rêve, le pays allait tout coup se retrouver au pouvoir M. Malou et son auxiliaire M. Jacobs, quel désastre pour l'avenir, mais aussi quelle rés- ponsabililél Que tous nos amis politiques libéraux, gueux, flamands y réfléchissent et que leur patriotisme sauve la situation (Précurseur). L'attitude de M. Janson et de ses cinq ou six amis n'est ni correcte au point de vue parlemen taire, ni conforme aux intérêts les plus évidents, les plus graves et les plus urgents du parti libéral nous avons déjà dit notre sentiment ce sujet et nous sommes obligés d'y revenir. Les plus beaux discours du monde ne change ront rien la réalité de faits. Or, le fait certain, indéniable, c'est que la réforme électorale que M. Janson réclamait est en dehors du programme sur lequel se sont faites les élections de 1878, qu'elle a été depuis lors, et qu'elle était encore tn dehors de toutes les préoccupations du parti et de l'opinion publique. Le fait <sl encore que le minis tère est unanime repousser cette réforme comme inopportune; que la grande, la très grande majo rité de la gauche parlementaire, la repousse; que la gauche enfin, part M. Janson et six ou sept de ses amis, est unanime, reconnaître que la ques tion n'est pas mure et que le sort du projet de loi eu discussion, le sort du gouvernement libéral ne peut être lié celui de cette réforme dont, Lundi encore, personne n'entendait parler. Telle est la situation! vraie! Eh bien, dans cette situation, le droit et le de voir de ceux qui se proclament les partisans de celte réforme, le devoir que leur dictent la solida rité du parti et la loyauté politique, sont tout tracés. i t>. Leur droit, est de porter la discussion de leurs idées devant le pays, de faire en sorte que, de ce mouvement qu'ils auront créé, surgisse, au sein de la gauche parlementaire, une majorité favorable leur réforme. i Alors, lorsqu'ils en seront arrivés là s'ils trou vent en face d un ministère libéral qui repousse leurs idées, et s'ils se croient en situation de le remplacer en s appuyant sut une majorité libérale, qu'ils le renversent et qu'ils prennent sa place Nul n'aura de reproche leur faire. Tel est leur droit. Mais aujourd'hui qu'ils constitueront, sur cette question spéciale, une infime minorité au sein de la gauche, le devoir que leur impose la solidarité du parti, c'est, tout en défendant leurs idées, de s'incliner devant la décision de la majorité parle mentaire, qui soutient le cabinet et qui seule peut le faire vivre. S'il pouvait n'en être pas ainsi, quel résultat aboutirions-nous, et quelles aventures serait li vré le gouvernement libéral? Que la majorité repousse les amendements de M. Janson, et que ses amis cl lui prennent texte de ce rejet pour voter, comme ils en manifestent l'in tention, contre le projet de loi tout entier, dans quelle situation auront-ils mis le parti? supposer même que le cabinet, conserve le pouvoir dans ces conditions, le projet de loi n'en sera pas moins rejeté, el le parti libéral en pro vince, Anvers, Gand, Namur, Bruges, dans le Luxembourg, partout où on lutte, partout où se décide le sort du parti, verra le succès de ses efforts compromis par le maintien de cette juridic tion inique et scandaleuse des députations perma nentes Le beau résultat, en vérité, et bien digne de va loir ces messieurs un hymne de reconnaissance dans la Belgique entière! El si, grâce celle habille et savante manœuvre, le cabinet tombe, soit qu'il se retire aujourd'hui, soit qu'aux élections prochaines, grâce nos divi sions, le parti clérical revienne au pouvoir, quel résultat plus brillant encore, et quel service écla tant rendu au pays! Ce sera le vrai moment, les cléricaux étant au pouvoir.de crier: «En avant pour l'instruction populaire! En avant pour la démocratie! Mais tout ceci n'est pas possible, nous voulons le croire. M. Janson et ses amis ont donné trop de preuves de tact et de loyauté politique, pour qu'il y ail lieu de craindre sérieusement de leur part une défection, qui aurait tous les caractères d'une alliance avec le parti clérical. (FlandresLibérale La Flandre Libérale publie sur le même sujet un article signé Z., dont nous extrayons ce qui suit! Hé songez donc, Messieurs, que sur nos conseils, le parti libéral vient d'engager le pays dans une lutte grave,dangereuse, devant laquelle il a longtemps hési té, reculé. Nous sommes parvenus g vaincre ses hésita tions, dissiper ce que certains d'entre nous appelaient ses timidités. Il a mis la main l'œuvre et résolument commencé sa tâche. Dieu sait si elle se trouve rude et hérissée de difficultés Et aujourd'hui que, sur toute la ligne, la bataille est engagée, jusque dans le dernier hameau du pays, alors que partout, les plus humbles soldats du libéralisme font des efforts obscurs et héroï ques pour défendre nos écoles battues en brèche et la liberté menacée, vous voulez les abandonner, les lais ser la merci de l'ennemi qu'à notre voix ils ont défié Ce n'est pas au milieu du gué qu'on change de che vaux, a dit Lincoln. Et vpus, c'est au milieu de la ba taille, au moment où la victoire va se prononcer pour nous que vous voulez introduire l'ennemi dans le camp Ce serait une folie mais une folie criminelle, dont le parti libéral entier vous demanderait un compte sé vère. Non il ne s'agit plus ici ni du cens, ni de la capacité, ni des mérites ou des torts du ministère; nous discute rons ces choses-là demain, quand nous serons les maî tres du champ de bataille. Aujourd'hui, c'est de le défen dre contre l'ennemi qu'il est question et pas d'autre chose. Demain, vous nous quitterez si vous le voulez vous serez libres mais, tant que dure le combat que nous avons commencé ensemble, que plus que personne vous nous avez engagés commencer, vous n'avez ni le droit de faire défection, ni celui de passer l'ennemi. Ce n'est pas la politique seulement, c'est l'honneur qui le défend. On est trop loin Bruxelles de nos malheureuses campagnes. Une fois la loi de 1879 votée, on s'imagine que toute est fini, que la réforme est devenue une réa lité,qu'il est possible de la considérer comme définitive ment accomplie, de songer exclusivement d'autres soucis. Que M. Janson, membre, si nous ne nous trompons, de la commission d'enquête, renseigne sur ce point ses amis, qu'il leur dise si nos écoles, n'ont pas besoin d'être défendues, s'il est possible, sans péril, de les remettre aux mains d'un ministère catholique Nous serions les partisans les plus résolus du suffra ge universel absolu et immédiat, qu'encore crierions- nous de toutes nos forces aux sept dissidents de la gau che Pour l'amour du ciel, ne compromettez pas nos écoles c'est l'espoir de l'avenir ce sont elles qui seu les rendront un jour le suffrage universel possible sans la servitude catholique! Ne compromettez pas nos éco les! Vous compromettriez du même coup, par excès d'aveugle impatience, la cause même que vous voulez servir et que vous allez perdre -■ o-» Nous comprenons l'apostolat a une idée, nous trouvons naturel qu'on la produise et qu'on la défende, par la parole et par la plume, dans des assemblées publiques et des meetings dans des journaux, dans des revues, dans des livres, et que lorsqu'elle semble mûre pour sa réalisation, quand l'opinion publique éclairée lui a donné son appro bation, on en saisisse le parlement où elle doit subir sa dernière épreuve avant de passer dans les lois. C'est cette marche rationnelle qu'ont suivie les adversaires de la loi de 1842. La loi de 1879, sur l'instruction primaire, est venue son heure, aussi n'a-l-elle rencontré de résistance que chez ceux qui défendent les abus parce qu'ils en vivent. La réforme scolaire était la préface obligée de l'avènement des capacités l'électoral, cl il nous semble qu'avant de pousser au suffrage universel, les avancés auraient dù réclamer l'instruction obligatoire et gratuite pour, en supprimant l'igno rance, faire tous les Belges égaux devant le scrutin. Ce que l'on ne comprend pas bien, c'est que, la fin d'une session déjà longue, on vienne inci demment mettre une question de celte importance en discussion. Il y a quelque chose faire Jamais ce mot n'a été plus vrai mais rien ne presse tellement qu'il faille voir l'extrême gauche tendre la main la droite pour renverser le cabinet, sans lui avoir même laissé le temps d'achever l'œuvre si labo rieuse de l'instruction primaire et d'entamer celle de l'enseignement moyen, qu'un ministère clérical œuvre des avancés détruira immédiatement. Des concessions réciproques ont déjà été faites par le gouvernement, en consentant retirer du projet de loi les dispositions qui devaient diminuer le nombre actuel des électeurs. M. Janson, de son côté, en déclarant qu'il retire rait ses amendements pour le cas où le gouverne ment s'engagerait présenter, dans le courant de a sessiou prochaine, un projet de loi basé sur le principe de la capacité, a fait preuve d'un certain désir de conciliation. Que chacun fasse encore un ou deux pas et l'entente deviendra possible. L'on évitera ainsi ou pays une crise propos d'une question qui ne le passionne nullement, et la honte de retomber sous le joug clérical et cela par l'impatience de quelques libéraux trop pressés. Nous ajouterons, dit le Journal de Brugesque le mouvement dont on parle est plutôt bruxellois que belge. La capitale connaît peu les provinces elle n'a jamais eu compter, comme elles, avec le parti clérical, elle n'a pas dû le combattre corps corps. Mieux instruite elle saurait commander son impatience et ne voudrait pas nous imposer immédiatement une réforme qui peut être juste en principe mais dont le premier effet sera d'imprimer au pays un long mouvement de recul. On dit les cinq en parlant drs membres de la gauche, partisans résolus de la réforme électorale.

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Le Progrès (1841-1914) | 1881 | | pagina 2