41* année. 14 Juillet 1881 6 FRANCS PAR AN. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. M. Jaosoo. LE PROGRÈS PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. vires auguïrit eu.ndo Les annonces de la Belgique et de l'Etranger sont reçues par.l'Agence Havas (Publicité), 89, Marcbé-aux-Herbcs. Bruxelles et chez ses correspondants Pour la France: l'Agence Havas, 8, Place de la Bourse, Paris. Pour l'Allemagne, fAustro-Hongrie et la Suisse: chez Budolf Mosse (Annoiicen-Expedilion) Cologne, Berlin, Francfort, Strasbourg, Munich, Hambourg, Leipzig, Sluttgard, Vienne et Zurich. Pour la Grande-Bretagne el l'Irlande: chez Geo Street et C", 30, Cornhill, E C et 5, Serle Street W C, Londres. Pour la Hollande: chez Nygh et Van Ditmar, Rotterdam. Pour l'Amérique: chez Pelhingiulle et C°, 38, Park Row-New-York. ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres. fr. 6-00 Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dix&tide, 39. Idem Pour le restant du pays. 7-00 INSERTIONS: Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames la ligne fr. 0-25. Ypres, le 13 Juillet 1881. Au moment où nous écrivons ces lignes, une crise ministérielle est imminente les sept repré sentants scissionnaires persistent, en effet, vou loir voler contre la loi sur les députa lions perma nentes et quoiqu'en disent certains journaux, ils supporteront toute la responsabilité de la crise qu'ils auront provoquée presque toute la presse libérale du reste est d'accord pour flétrir leurs pro cédés comme le dit fort bien un organe autorisé, la réforme électorale n'est ici qu'un prétexte el les opposants cherchent tout bonnement satisfaire les uns leurs rancunes ou leurs haines et les autres leur ambition on ne saurait expliquer sans cela la persistance qu'ils mettent vouloir nous dot' r du suffrage universel que l'on s'enthousiasme pour tel ou tel principe, soit mais un systè me électoral n'emplique pas des questions de prin cipe; il n'est que le moyen le plus facile el le plus propre les faire prévaloir or le suffrage univer sel serait certes le régime le moins propre faire triompher les principes libéraux nous aurions combattie les jefkes et autres congréganistes de toute espèce, qui sont la merci du clergé. Mais nous dira-t-on, on ne demande que l'adjonction des capacités c'est une grande erreur, on veut pousser la réforme jusqu'à conférer les droits élec toraux quiconque sait lire el écrire or une semblable capacité est nos yeux dérisoire et la réforme équivaudrait au suffrage universel. Où irions-nous du reste, si sur chaque question donnée, les membres dissidents de la majorité allaient se coaliser avec leurs adversaires, pour faire niche au ministère? Mais aucun gouvernement ne serait plus possible; ainsi, il y a certes la Chambre plus de sept anti-militaristes, eh bien, si ceux-ci allaient dire plus d'armée ou bien nous votons contre le ministère; celui-ci devrait-il céder? L'odieux de ce procédé saule aux yeux et si ceux qui s'en rendent coupables ne le sentent point, c'est qu'ils cèdent non pas leurs convic tions, mais leurs rancunes et leurs jalousies. Depuis quand d'ailleurs la minorité pcul-clle imposer la loi? Certes, si le corps électoral était consulté, pas un électeur sur dix ne voterait la réforme préconisée par M. Janson et cette réforme nous paraît d'autant plus inopportune que les inté ressés eux mêmes ne la réclament pas. Loin de là, car si, au lieu d'étendre le droit de suffrage, on consultait aujourd'hui tous les électeurs dix francs, nous sommes convaincus que la plupart, d'enlr'eux préféreraient ne point l'être. Nous avons d'ailleurs vu fonctionner le suffrage universel dans divers pays et nulle part nous ne l'avons vu produire des résultats qui nous semblent dignes d'envie. D'après nos renseignements particuliers, un arrangement interviendra la dernière heure. Quelques députés présenteront une proposition d ajournementlibellé de manière ce que la majorité, l'opposition cl le ministère puissent s'y rallier. Tel est, il faut bien le dire, le vœu de tous les libéraux. Ou le gouvernement cédera sur l'heure, en pre- uanl engagement qui fait l'objet de l'ultimatum de M. Janson, ou il sera renversé, si le maintien du ministère dépend de M. Janson el de ses amis. C'est !e dilemme qui a été posé vendredi par le leader de l'extrême gauche. 11 n'y a plus se méprendre sur les intentions qui animent ce grou pe de la majorité et sur le but qu'il poursuit. Si le doute avait été possible jusqu'aujourd'hui, le nou veau discours de M. Janson, dit VEcho du Parle ment, ne laisserait plus debout la moindre équi\oquc. C'est la guerre déclarée au gouvernement, aux ministres personnellement, car c'est la question personnelle qui paraît ici jouer le rôle propondé- ranl. Ce sont les ministres actuels que l'on vise; ou ils se convertiront la religion nouvelle de la substitution de la capacité au cens, ils suivront M. Janson dans les aventures du suffrage universel, ou ils s'en iront. 11 y a là un obstacle, M. Janson et ses amis sont décidés le briser. C' st par la menace qu'on procède. Quant aux conséquences de la situation que l'on crée aux membres du cabiuet, c'est peine si M. Janson s'y arrête. La majorité libérale est de 16 voix, quoiqu'il arrive, que le cabinet reste ou qu'il s'en aille, il y aura d'autres ministres,des ministres qui proposeront une réforme électorale, daus le sens des injonctions de M. Janson et de ses amis, puis, voilà tout Voici bien le bout de l'oreille qui perce. Déjà jeudi il était aisé de comprendre par les interrup tions de M. Janson qu'un changement de ministère lui paraît la chose la plus simple du monde. N'est- il pas là, au besoin, avec ses amis pour prendre le pouvoir. C'est une éventualité qu'il ne paraît nulle ment redouter et qu'il semble même accepter d'un cœur léger. Mais où est la majorité qui soutiendra le cabinet radical.Cette majorité n'existe pas dans la Chambre, telle qu'elle est actuellement composée. La majo rité n'est pas radicale. Elle n'est pas révisionniste; elle ne veut pas d'une réforme électorale qui dans un avenir peu éloigné amènerait la révision de notre pacte fondamental un ministère., qui se constituerait pour satisfaire les aspirations de M. Janson, et de ses amis, n'aurait qu'une existence éphémère et si on prend le cabinet nouveau parmi ceux qui sont hostiles au mouvement provoqué par M. Janson tout se réduit un changement de personnes, rien de plus, sans profil pour la réfor me même que la gauche radicale veut enlever par la force et sous l'empire de menaces justement qualifiées de honteuses par M. le ministre des affaires étrangères. La situation, on le voit, ne s'éclaircit pas; elle s'aggrave au contraire, dans des proportions telles que les événements les plus redoutables pour le parti libéral peuvent en résulter. Qui jubile en ce moment, c'est le parti clérical pour lequel la levée des boucliers de l'extrême gauche est une bonne fortune inespérée. Une vive émotion s'est emparée de la Chambre après le discours de M. Janson. La plupart des membres ont quitté leur siège; la Chambre ne s'est plus trouvée en nombre pour voler un projet de crédit qui avait été mis en délibération. Au début de la séance la Chambre a repris le vote de jeudi, elle a adopté par 58 voix contre 39 la proposition de M. le ministre de l'intérieur ten dant renvoyer une commission spéciale l'examen des projets de loi de délimitation de communes. On lit dans le Journal de Gand M. Janson a du mois le courage de ses opinions. lia posé au gouvernement et la majorité un dilemme devant lequel un homme politique eouscient de ses de voirs eût reculé Ou bien, dit-il la gauche constitu tionnelle, vous et le ministère ferez campagne avec nous, ou bien nous voterons contre vous et le cabinet sera renversé. Il est vrai qu'avec une incroyable présomption et une non moins incroyable légèreté, M. Janson ajoute: Nous serions désoles de perdre le cabinet, tout ce que nous désirons c'est le secouer pour le faire sortir de sa tor peur. Nous voulons sauver le parti libéral et pour cela les homme ne feront pas défaut, si le cabinet se retire. Les amis de M. Janson avouaient depuis longtemps que, parvenu la Chambre, il s'y montrerait bien inférieur ce que l'on attendait de lui; mais, franche ment, personne ne s'attendait trouver chez le député qui, pour conquérir une popularité malsaine, s'obstine dans une attitude aussi incorrecte, un tel manque de sens commun et de prévision. Il est clair que M. Janson ne comprend ni la situation du parti libéral, ni les obligations des libéraux quelque nuance qu'ils appartiennent il est tout ausi clair qu'il ne se rend pas compte de la gravité des événements que, d'un cœur léger, il se déclare prêt provoquer. Cette coalition entre l'extrême gauche et la droite, niée par M. Janson, est un fait attesté par les antécé dents du parti catholique, par les témoignages de joie immodérée qui nous trouvons dans la presse cléricale, par l'appui donné au sein même de la Chambre aux motions tapageuses de MM. Janson et Dëfuisseaux par les organes les plus autorisés de la droite. 11 n'est personne qui puisse deviner de quels miracles d'équilibre M. Janson attend le salut du parti libéral, en débit de la crise si inopportunément provoquée. Si les réformistes possèdent le moyen de conjurer la crise après l'avoir fait naître plaisir, que ne nous initient-ils leurs intentions, voies et moyens. Nous sommes attachés sincèrement au cabinet actuel,

HISTORISCHE KRANTEN

Le Progrès (1841-1914) | 1881 | | pagina 1