No 731. Jeudi,
42e ANNÉE.
5 Janvier 1882.
6 FRANCS PAR AN.
.JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
L'incident regrettable qui s'est produit la
Chambre, est de nature provoquer de tristes
réflexions sur notre vie parlementaire. Un
homme d'honneur ne voudrait pour rien au
monde avoir aucune relation avec certains
individus qui siègent parmi les catholiques
la Chambre. Une fois entré au Parlement,
force lui est bien de leur répondre parfois, ne
fût-ce que pour repousser leurs injures ou
leurs calomnies. La réponse de tels adver
saires mène aisément un conflit et voilà
un galant homme aux prises avec l'un ou l'au
tre individu échappé par hasard travers les
mailles du Code pénal
Cela est fâcheux pour nosamis delagauche;
cela est honteux pour les membres de la droite
qui accueillent et avouent de tels alliés. Mais
cela est aussi très préjudiciable la dignité du
Parlement et aux intérêts de la nation.
Le Congrès national a voulu que le mandat
parlementaire fût gratuit, afin qu'il fût d'au
tant plus honoré et qu'une ambition louable
portât les meilleurs citoyens rechercher un
siège la Chambre. Cette disposition de notre
loi fondamentale a été souvent critiquée, mais
il est impossible d'en méconnaître le carac
tère. Le Congrès a voulu rehausser l'éclat du
mandat législatif jugeant avec raison qu'il
importait la nation qu'il fût respecté et envié.
Croit-on que la présence la Chambre
d'hommes comme certains députés catholiques,
soit de nature augmenter le respect du Par
lement, accroître le désir que peuvent éprou
ver d'hounêtes gens d'y siéger? La perspective
de devenir le collègue de ces députés n'est pas
très-séduisante, il faut l'avouer. L'idée de de
voir les qualifier d'honorables n'a rien qui
sourie; et la possibilité de se trouver engagé
dans un conflit personnel avec l'un d'eux, ré
pugne un cœur bien placé. Le public, de son
côté, qui voit ces hommes parier, s'agiter,
jouer les premiers rôles la Chambre, finit
par perdre de son estime pour une assemblée
où figurent de tels personnages.
Nous voyons certains pays où la Chambre
est ainsi composée qu'on n'obtient plus guère
qu'un honnête homme s'y fourvoie. Certes
nous n'en sommes pas là Nous en sommes
très-loin, et lorsque récemment un avocat de
grand talent rabaissait systématiquement le
prestige de notre Parlement, nous avons été
des premiers protester contre cette injustice.
Mais si nous n'en sommes pas là, il ne faut
pas que nous y arrivions. Le mandat parle
mentaire ne procure aucun bénéfice matériel
il constitue souvent une lourde charge en
Belgique. Il faut qu'il reste un honneur, le
premier des honneurs civiques et la con
duite du parti catholique est de nature lui
enlever ce caractère.
Ce parti ne saura jamais ce que lui ont fait
erdre d'abord son alliance avec la Maison
'Anvers et ensuite sa complicité dans les af
faires Langrand, où tant de ses chefs ont pris
une part scandaleuse et que le clergé a cou
vertes de son patronage. Le parti catholique y
a perdu bien plus que le respect de ses adver
saires, il y a perdu le respect de soi-même.
C'est affaire lui. On ne nous croirait pas
si nous disions que son avilissement nous tou
che. Mais des esprits superficiels pourraient
seuls s'imager que cet avilissement ne porte
point préjudice aux intérêts les plus graves
de la nation. C'est l'intérêt suprême pour un
peuple que de voir son gouvernement entre
les mains des honnêtes gens. L'instinct des
masses le sent merveille, et c'est pourquoi
l'on a vu, en 187L, la probité publique se ré-
PROGRES
PARAISSANT LE JEUDI ET I.E DEHANCHE. VIMES AcëmRlT El'NWt
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Courlrai. 5-30. 9-56.11-16. 2-41. 5-25.
Roulers. 7-45 12-20. 6-30.
I.angbemarck-Ostende. 7-25. 12-22. 5-52. 6-28.
Houlhcm. 5-50. 11-16.
Comioes-Armentières. 5-50. 11-16. 2-53.
BULLETIN POLITIQUE.
Les négociations pour la conclusion du traité de
commerce franco-anglais n'ont pas abouti jusqu'à
présent. Uue nouvelle réunion des délégués des
deux pays a eu lieu sous la présidence de M.
Gambetta. mais elle n'a eu aucun résultat utile.
Après la séance, les délégués anglais sont retour
nés Londres pour demander de nouvelles instruc
tions leur gouvernement. L'entente est donc loin
d'être faite, mais il est inexact, quoi qu'en aient
dit le Daily News et le Standard, que les pour
parlers aient clé rompus.
On sait que des élections sénatoriales ont lieu
dimanche. Elles seront suivies de la réunion des
deux Chambres en Congrès. Il s'agit de modifier la
composition de la Chambre haute M. Gambetta a
donné l'ordre de commencer sans retard les prépa
ratifs pour la réunion de l'assemblée plénière. Ces
préparatifs doivent être poussés avec la plus gran
de rapidité et terminés au plus tard la fin de la
première quinzaine de janvier. Le Congrès doit se
réunir Versailles dans la salle occupée par la
Chambre des députés depuis le 8 mars 1876 jus
qu'au retour Paris.
Les réceptions du jour de l'an forment aujour
d'hui l'objet des commentaires de la presse. On a
beaucoup remarqué que le prince de Bismark
s'était rendu la tête du ministère d'Etat au Palais
pour offrir ses félicitations l'Empereur. Depuis
des années le chancelier n'avait plus assisté celte
cérémonie On assure que S. M. a tenu expri
mer de rechef au président du ministère ses plus
profondes sympathies. En quittant l'Empereur, le
prince de Bismark s'est rendu chez l'Impératrice et
chez le prince impérial. Le maréchal de Mollke
s'est aussi rendu au Palais la tête des généraux
et le souverain lui a tenu un discours très signifi
catif.
Il y a lieu de mentionner tout particulièrement
l'allocution que le roi d'Italie a adressée la dépu-
tation de la Chambre. La Gazette de Cologne dit
qu'elles ont produit une impression d'autant plus
vive que le roi Humbcrl intervient très rarement
personnellement dans les affaires de l'Etat. On a
surtout remarqué le rapport entre la phrase qui re
pousse toute immixtion étrangère dans les affaires
intérieures du royaume, avec l'invitation pressante
adressée au président de la Chambre de hâter la
discussion des projets militaires. Celte attitude si
digne du fils de Victor-Emmanuel, dit la dépêche,
a réveillé de joyeux échos dans tous les partis, sauf
dans le parti clérical.
Le Vatican s'est réfusé la nomination du car
dinal de Hohenlohe l'évéché de Breslau dans des
termes tels qu'une nouvelle tentative serait absolu
ment illusoire. L'opposition cette nomination
provient, paraît-il, des jésuites.
La Gazette nationaledit que dans les cercles
politiques de Berlin, on considère comme certain
qu'une entente s'est faite entre l'Allemagne, l'Au
triche et la Russie, et que l'Italie a également don
né son assentemenl aux résolutions prises par les
trois empires. Le principal point de cette entente
consisterait faire régler la question égyptienne
par un concert européen au cas où une catastrophe
se produirait au Caire.