di° 754. Dimanche, 42e ajuiee. 26 Mars 1882 6 FRANCS PAR AN. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Chronique parlementaire. Au Sénat. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. BULLETIN POLITIQUE. LE PROGRES VIRES ACQU1R1T EUMtO Les annonces de la Belgique et de l'Etranger sont reçues par l'Agence Hacas (Publicité), 89, Marché-aux-Herbes, Bruxelles el chez ses correspondants: Pour la France: l'Agencé Havas, 8, Place de la Bourse, Paris. Pour l'Allemagne, fAustro-Hongrie et la Suisse: chez Rudolf Mosse (Annonceu-Expedition) Cologne, Berlin, Francfort, Strasbourg, Munich, Hambourg, Leipzig, Stutlgard, Vienne et Zurich. Pour la Grande-Bretagne et l'Irlande: chez Geo Street et C8, 30, Cornhill, E C et 5, Scrle Street W C, Londres. Pour la Hollande: chez Nygb et Van Ditmar, Rotterdam. Pour l Amérique: chez Pethinghille et C°,' 38, Park Row-New-York. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Tpres. Ir. 6-00 Idem Pour le restant du pays7-00 Tout ce qui concerne le jobrnal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixnude, 39. INSERTIONS: Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames la ligne fr. 0-25. Le Sénat français a adopté le projet de loi rela tif l'enseignement obligatoire, tel qu'il avait été voté par la Chambre des Députés. La commission du budget a été élue Jeudi. La discussion d'un bill de M. Corbett tendant dépouiller l'université de l'Etat en Irlande de tout subside au profit de l'université catholique, a fait tous les frais de la séance de Mercredi la Chambre des communes d'Angleterre. Le projet de loi en question qui est tout justement le contrepied de la lég:slation inaugurée en 1879, n'a naturellement recueilli que les voix de quelques home rulers dont l'intransigeance politique est doublée d'une dévotion absolue au Pape. Il a été repoussé par 214 voix contre 33. Jeudi soir, la Chambre a adopté le projet de dotation en faveur du prince Léopold et de sa fiancée, non sans un débat animé. II y a eu scrutin, el le loyalisme de la Chambre s'est affirmé par 387 voix contre la minorité relativement considérable de 42, après quoi l'assemblée a repris l'examen du bill sur la révision du règlement. A la Chambre haute, le projet de lord Redesdale, tendant exclure les athées du Parlement, n'a pas même eu les honneurs d'une discussion sérieuse. La question préalable lui a été opposée par lord Shaftesbury et volée la presque unanimité. C'est Vendredi, pense-t-on, que sera présentée la Chambre des communes la pétition des élec teurs de Northampton tendante être entendus la barre de la Chambre pour y plaider la cause de M. Bradlaugh. Un débat aura lieu probablement ce sujet. A Berlin, le rejet par le conseil économique du projet de loi sur le monopole du tabac cause une sensation d'autant plus profonde que le chancelier avait déclaré hautement qu'il comptait sur une majorité considérable en faveur de l'adoption. On dit que le prince de Bismarck ne se laisse pas dé courager de cet échec. Il prévoit que son projet sera rejeté également, et avec bien plus de résolu tion encore, par le Reichslag. Mais il paraît avoir renoncé l'idée de dissoudre le Reichstag après le vote. De nouvelles élections, faites sur la question du monopole, lui renverraient un parlement plus hostile encore. Sa tactique consistera par consé quent présenter son projet une seconde fois, une troisième fois, chercher fatiguer la rési tance du Reichstag. et en appeler finalement au pays, en lui dénonçant l'esprit brouillon et l'incapacité du Parlement, si cette résistance se prolongeait. Le bruit de l'abdication de don Carlos en faveur de son fils est démenti. Cela ne modifie sensible ment ni la situation de don Carlos ni celle de l'ado lescent qui doit hériter de ses prétentions. Séance du 23 Mars. M. Woeste a terminé le discours qu'il avait commencé dans la séance précédente. M. Woeste se prodigue il parle plus qu'il n'est écoulé. Une trentaine de membres seulement garnissaient les bancs pendant que le député d'Alost essayait de faire l'apologie de renseignement congréganiste. M. Woeste a entrepris là une tâche bien in grate réhabiliter les petits-frères, voilà qui n'est pas commode. Nous doutons fort que le talent de M. Woeste vienne bout de celte tâche. M. Bouvier a succédé l'orateur précédent il a établi avec beaucoup de verve un parallèle inté ressant entre les prétentions des cléricaux belges et français. Tous les efforts de ces derniers tendent obtenir ce que l'art. 4 de la loi belge du lr Juil let 1879 accorde aux premiers. En Belgique, celte concession n'a fait que ravi ver l'opposition. 11 en résulte que le parti catholi que est plus difficile satisfaire chez nous que chez nos voisins. Le discours de l'honorable député de Virlon a visiblement agacé la droite, qui n'aime pas s'entendre dire des vérités de ce goùt-là. M. Debruyn, dont l'éloquence ne tarit pas, a lui aussi, exécuté des variations qui n'avaient rien de brillant sur l'air connu delà loi de malheur. La séance s'est terminée par un discours de M. Jacobs, qui n'a touché qu'à des points secon daires d'un intérêt médiocre. Le Sénat a continué, sans pouvoir l'épuiser, la discussion générale dn budget de l'intérieur. Plu sieurs membres de la droite ont plaidé en faveur de l'agriculture. M. Solvyns a déclaré qu'il ne voterait pas le budget et il reproche surtout au ministre les décisions qu'il a prises en matière de contestations électorales. M. Crocq a renouvelé une critique qu'il a déjà présentée les années précédentes, a propos de l'existence d'un laboratoire de chimie en dessous du local de la Bibliothèque royale. Il y a là, en effet, un danger permanent pour l'une des grandes richesses du pays. L'honorable sénateur a abordé ensuite la ques tion de la carte géologique. Il a préconisé la gra vure sur pierre, qui coûte moins cher el qui est aussi parfaite que la gravure sur cuivre. Il faut, dit-il, examiner les épreuves au mi croscope pour apercevoir une différence que la loupe elle-même n'accuse pas. La conclusion de M. Crocq est que la carte géologique peut et doit se faire en Belgique sans le secours de l'étranger. Ces observations ont été appuyées par le vicomte Vilain XIIII. Le vol commis l'évêché de Tournai par le chanoine Bernard offre matière réflexion pour ceux qui réservent leurs largesses aux œuvres ecclésiastiques. Il prouve que l'administration des deniers, si religieusement versés dans les caisses episcopalrs par les candides fidèles, ne subit pas un contrôle bien sévère. Par suite de celle belle négligence, les offrandes des gens pieux auront singulièrement changé de destination dans le cas actuel. Des milliers de fraucs, et beaucoup sans doute, qui devaient re cevoir un emploi sacré, servir par exemple l'acquit de messes dites pour sauver du purgatoire une foule d'âmes en peine, auront été consacrés par le trésorier fugitif toute autre chose. Et ainsi, au lieu de concourir au rachat /des péchés, l'argent des catholiques en aura fait commettre de nouveaux, et des plus scandaleux, étant commis par un oint du Seigneur. Que de sommes affectées toutes sortes de saintes choses, missions en Chine, en Japon ou ailleurs, denier de St-Pierre, étrennes pontificales, encouragements la bonne presse, propagation des bons livres, secours des électeurs malheureux, et par dessus tout, subsides aux écoles avec Dieu, que de sommes, disons-nous, païennement dissipées par le chanoine voyageur. Et la Providence laisse s'accomplir de semblables turpitudes Mieux que cela, elle les favorise, car, avec un peu de prévoyance, elle pouvait empêcher le désastre qui frappe si douloureusement Mon seigneur Du Rousseaux; elle n'en a rien fait. Il se comprend que cette même Providence ferme les yeux sur une escroquerie laïque, telle que l'entre prise Langrand; mais faciliter le? voies la perpé tration d'un crime clérical qui occasionne les plus fâcheux embarras un prince de son Eglise, cela ne s'explique guère. Encore si elle aidait décou vrir le coupable, si, par un sentiment plus exact de son devoir providentiel, elle livrait Bernard la justice, mais non. Elle se comptait, dirait-on, prolonger les épreuves qu'elle inflige ses plus zélés serviteurs. Depuis le Pape, son principal employé, toujours dans la gêne et les soucis, jusqu'aux malheureux vicaires de nos campagnes, persécutés par les libéraux, il n'est pas d'évêque ou de petit-frère qu'elle ne se plaise voir impi toyablement souffrir. Mais si le ciel se moque ainsi des gens qui pré tendent tenir ses clefs dans leurs mains, s'il montre cette indifférence chronique, obstinée, pour le sort de ceux qui auraient droit toute sa bienveillance,

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Le Progrès (1841-1914) | 1882 | | pagina 1