di° 754. Dimanche,
42e ajuiee.
26 Mars 1882
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chronique parlementaire.
Au Sénat.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
BULLETIN POLITIQUE.
LE
PROGRES
VIRES ACQU1R1T EUMtO
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Le Sénat français a adopté le projet de loi rela
tif l'enseignement obligatoire, tel qu'il avait été
voté par la Chambre des Députés.
La commission du budget a été élue Jeudi.
La discussion d'un bill de M. Corbett tendant
dépouiller l'université de l'Etat en Irlande de tout
subside au profit de l'université catholique, a fait
tous les frais de la séance de Mercredi la Chambre
des communes d'Angleterre. Le projet de loi en
question qui est tout justement le contrepied de la
lég:slation inaugurée en 1879, n'a naturellement
recueilli que les voix de quelques home rulers
dont l'intransigeance politique est doublée d'une
dévotion absolue au Pape. Il a été repoussé par
214 voix contre 33.
Jeudi soir, la Chambre a adopté le projet de
dotation en faveur du prince Léopold et de sa
fiancée, non sans un débat animé. II y a eu scrutin,
el le loyalisme de la Chambre s'est affirmé par 387
voix contre la minorité relativement considérable
de 42, après quoi l'assemblée a repris l'examen du
bill sur la révision du règlement.
A la Chambre haute, le projet de lord Redesdale,
tendant exclure les athées du Parlement, n'a pas
même eu les honneurs d'une discussion sérieuse.
La question préalable lui a été opposée par lord
Shaftesbury et volée la presque unanimité.
C'est Vendredi, pense-t-on, que sera présentée
la Chambre des communes la pétition des élec
teurs de Northampton tendante être entendus
la barre de la Chambre pour y plaider la cause de
M. Bradlaugh. Un débat aura lieu probablement
ce sujet.
A Berlin, le rejet par le conseil économique du
projet de loi sur le monopole du tabac cause une
sensation d'autant plus profonde que le chancelier
avait déclaré hautement qu'il comptait sur une
majorité considérable en faveur de l'adoption. On
dit que le prince de Bismarck ne se laisse pas dé
courager de cet échec. Il prévoit que son projet
sera rejeté également, et avec bien plus de résolu
tion encore, par le Reichslag. Mais il paraît avoir
renoncé l'idée de dissoudre le Reichstag après le
vote. De nouvelles élections, faites sur la question
du monopole, lui renverraient un parlement plus
hostile encore. Sa tactique consistera par consé
quent présenter son projet une seconde fois, une
troisième fois, chercher fatiguer la rési tance du
Reichstag. et en appeler finalement au pays, en
lui dénonçant l'esprit brouillon et l'incapacité du
Parlement, si cette résistance se prolongeait.
Le bruit de l'abdication de don Carlos en faveur
de son fils est démenti. Cela ne modifie sensible
ment ni la situation de don Carlos ni celle de l'ado
lescent qui doit hériter de ses prétentions.
Séance du 23 Mars.
M. Woeste a terminé le discours qu'il avait
commencé dans la séance précédente. M. Woeste
se prodigue il parle plus qu'il n'est écoulé. Une
trentaine de membres seulement garnissaient les
bancs pendant que le député d'Alost essayait de
faire l'apologie de renseignement congréganiste.
M. Woeste a entrepris là une tâche bien in
grate réhabiliter les petits-frères, voilà qui n'est
pas commode.
Nous doutons fort que le talent de M. Woeste
vienne bout de celte tâche.
M. Bouvier a succédé l'orateur précédent il
a établi avec beaucoup de verve un parallèle inté
ressant entre les prétentions des cléricaux belges
et français. Tous les efforts de ces derniers tendent
obtenir ce que l'art. 4 de la loi belge du lr Juil
let 1879 accorde aux premiers.
En Belgique, celte concession n'a fait que ravi
ver l'opposition. 11 en résulte que le parti catholi
que est plus difficile satisfaire chez nous que
chez nos voisins.
Le discours de l'honorable député de Virlon a
visiblement agacé la droite, qui n'aime pas
s'entendre dire des vérités de ce goùt-là.
M. Debruyn, dont l'éloquence ne tarit pas, a lui
aussi, exécuté des variations qui n'avaient rien de
brillant sur l'air connu delà loi de malheur.
La séance s'est terminée par un discours de
M. Jacobs, qui n'a touché qu'à des points secon
daires d'un intérêt médiocre.
Le Sénat a continué, sans pouvoir l'épuiser, la
discussion générale dn budget de l'intérieur. Plu
sieurs membres de la droite ont plaidé en faveur
de l'agriculture. M. Solvyns a déclaré qu'il ne
voterait pas le budget et il reproche surtout au
ministre les décisions qu'il a prises en matière de
contestations électorales.
M. Crocq a renouvelé une critique qu'il a déjà
présentée les années précédentes, a propos de
l'existence d'un laboratoire de chimie en dessous
du local de la Bibliothèque royale.
Il y a là, en effet, un danger permanent pour
l'une des grandes richesses du pays.
L'honorable sénateur a abordé ensuite la ques
tion de la carte géologique. Il a préconisé la gra
vure sur pierre, qui coûte moins cher el qui est
aussi parfaite que la gravure sur cuivre.
Il faut, dit-il, examiner les épreuves au mi
croscope pour apercevoir une différence que la
loupe elle-même n'accuse pas.
La conclusion de M. Crocq est que la carte
géologique peut et doit se faire en Belgique sans le
secours de l'étranger. Ces observations ont été
appuyées par le vicomte Vilain XIIII.
Le vol commis l'évêché de Tournai par le
chanoine Bernard offre matière réflexion pour
ceux qui réservent leurs largesses aux œuvres
ecclésiastiques. Il prouve que l'administration des
deniers, si religieusement versés dans les caisses
episcopalrs par les candides fidèles, ne subit pas
un contrôle bien sévère.
Par suite de celle belle négligence, les offrandes
des gens pieux auront singulièrement changé de
destination dans le cas actuel. Des milliers de
fraucs, et beaucoup sans doute, qui devaient re
cevoir un emploi sacré, servir par exemple
l'acquit de messes dites pour sauver du purgatoire
une foule d'âmes en peine, auront été consacrés
par le trésorier fugitif toute autre chose. Et
ainsi, au lieu de concourir au rachat /des péchés,
l'argent des catholiques en aura fait commettre de
nouveaux, et des plus scandaleux, étant commis
par un oint du Seigneur.
Que de sommes affectées toutes sortes de
saintes choses, missions en Chine, en Japon ou
ailleurs, denier de St-Pierre, étrennes pontificales,
encouragements la bonne presse, propagation des
bons livres, secours des électeurs malheureux,
et par dessus tout, subsides aux écoles avec Dieu,
que de sommes, disons-nous, païennement
dissipées par le chanoine voyageur.
Et la Providence laisse s'accomplir de semblables
turpitudes Mieux que cela, elle les favorise, car,
avec un peu de prévoyance, elle pouvait empêcher
le désastre qui frappe si douloureusement Mon
seigneur Du Rousseaux; elle n'en a rien fait. Il se
comprend que cette même Providence ferme les
yeux sur une escroquerie laïque, telle que l'entre
prise Langrand; mais faciliter le? voies la perpé
tration d'un crime clérical qui occasionne les plus
fâcheux embarras un prince de son Eglise, cela
ne s'explique guère. Encore si elle aidait décou
vrir le coupable, si, par un sentiment plus exact
de son devoir providentiel, elle livrait Bernard
la justice, mais non. Elle se comptait, dirait-on,
prolonger les épreuves qu'elle inflige ses plus
zélés serviteurs. Depuis le Pape, son principal
employé, toujours dans la gêne et les soucis,
jusqu'aux malheureux vicaires de nos campagnes,
persécutés par les libéraux, il n'est pas d'évêque
ou de petit-frère qu'elle ne se plaise voir impi
toyablement souffrir.
Mais si le ciel se moque ainsi des gens qui pré
tendent tenir ses clefs dans leurs mains, s'il montre
cette indifférence chronique, obstinée, pour le sort
de ceux qui auraient droit toute sa bienveillance,