No 761. Jeudi, 42e 20 Avril 1882. 6 FRANCS PAR AN. JOURNAL D'ÏPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. A quoi sert le Deoier de Saint-Pierre. Le Krach de Turnhoel. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. BULLETIN POLITIQUE. LE PROGRÈS VIRES ACBUIRIT EUNlIO Les annonces de la Belgique et de l'Etranger sont reçues par l'Aaence H ma* fP»hl„.;.A\ eu u - àcX'e,Berî^ laSuiss^ :'Xz lludolf" vïosoTc A n" iio,. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres. Ir. C-00 Idem Pour le restant du pays7_qq Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixwude, 39. INSERTIONS: Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: 1* iigne fr, 0-23. Les conseils généraux de France ont ouvert Lundi leur session sans incidents. L'Italie annonce le prochain départ pour Paris de M. Desprez. l'ambassadeur de France auprès du Saint-Siège. Ce journal ajoute que .M. Desprez est mandé par M. de Freycinel l'effet de conférer avec lui sur la question du concordat ou plutôt des articles organiques auxquels le gouvernement français voudrait faire subir de profondes modifi cations dans le but surtout de leur donner une sanction pénale laquelle serait soumis le clergé. Il en résulterait une tension assez accentuée dans les rapports du gouvernement de la république française avec le Sl-Siége. Les dernières nouvelles de Tunis, reçues au ministère des affaires étrangères présentent la situation comme satisfaisante au point de vue politique. La Chambre des Communes d'Angleterre a repris ses travaux Lundi soir. Le budget de la marine figurait l'ordre du jour; mais l'examen a été retardé par un débat sur une motion de M. Gorst, invitant le gouvernement remettre en liberté l'ex roi des Zoulous, Colywayo, détenu, comme on sait, au Natal. Toutes les fractions du Parlement allemand inviteront leurs membres respectifs assister au grand complet l'ouverture de la session, le 27 de ce mois, parce qu'on croit que la première lecture de la loi sur le monopole du tabac aura lieu immé diatement après l'élection du président de l'as semblée. On annonce que le chancelier aurait l'intention d'établir une surtaxe d'entrepôt. Cette idée, qui avait déjà été mise en avant dans le temps par Al. Aloske, semblait abandonnée. Le but de la sur taxe serait de favoriser l'exportation allemande et de compenser les pertes que les villes maritimes éprouveraient par l'adoption du monopole sur les tabacs. Le gouvernement semble avoir du reste I intention de faire quelque chose en faveur des villes maritimes, car on recommence également parler d'accorder des subventions quelques lignes de bateaux vapeur, projet qui semblait également être abandonné. On sait que chaque année le Denier de Sl-Pierre rapporte des sommes énormes au chef de l'Eglise catholique. En France et en Belgique surtout, les fidèles rivalisent de générosité pour verser leur obole celte œuvre cléricale. Ce Denier a été prétendument institué pour subvenir aux besoins de la papauté et soulager la misère de Saint-Pierre. Mais comme l'on est intimement convaincu que le pape est loin d'être dans une situation de fortune déplorable, qu'il jouit gratuitement d'un palais magnifique el que l'absence du Denier de Sl-Pierre n'aurait pas pour effet de le faire tomber dans une pénurie complète, on s'est souvent demandé si cette œuvre n'avait pas été instituée bien plutôt dans un but politique que dans un but religieux, si l'argent que l'on se procurait ainsi ne restait pas en grande partie dans le pays même où il était recueilli el ne servait pas faire les élections. Le fait semblait d'ailleurs venir confirmer cette appréciation, car on voyait le parti clérical disposer de ressources qui. bon droit, pouvaieut paraître prodigieuses et dont l'origine donnait long penser. Aujourd'hui, uu correspondant qui écrit de Rome au Journal de Bruxelles vient nous faire connaître la vérité cet égard. Il nous est prouvé par lui que les protestations indignées de la presse cléricale en présence du doute émis sur l'emploi des fonds recueillis par le Denier de Saint-Pierre étaient absolument intéressées et n'avaient d'autre but que de détourner les soupçons. El l'on conçoit que nos adversaires en agissent ainsi, car il n'était guère moral de leur part de détourner de leur des tination les aumônes que les fidèles versaient pour venir en aide la papauté. Le correspondant romain nous apprend que Pie IX n'a jamais toléré que ce détournement de fonds se fit d'une manière immédiate el directe, il a tou- lours exigé qpe les sommes recueillies pour le Denier de Saint-Pierre lui fussent remises en mains propres, quitte en faire la répartition qui lui conviendrait. Et de fait. Pie IX ne se montrait pas trop arabe l'égard de la presse cléricale. Souvent les fonds, après avoir fait le voyage de Rome, revenaient dans le pays même d'où ils étaient par tis et y étaient employés soit venir en aide la bonne presse, soit soutenir les candidats cléri caux aux diverses élections. Mais jamais Pie IX ne consentit que pareil emploi se fit sans que l'ar gent eût passé par ses mains. Le correspondant du Journal de Bruxelles nous apprend même cet égard qu'un jour, le comité du Denier de Saint-Pierre de Paris, ayant demandé au pape l'autorisation d'allouer une certaine somme au ser vice de la presse, il obtint un refus indigné et énergique. Ainsi, Pie XI faisait indirectement ce qu'il eût trouvé blâmable de faire directement! C'était peut-être plus adroit, mais en somme, le procédé n'était guère plus délicat. Aujourd'hui, le successeur de Pie IX trouve ce procédé trop compliqué, el il a, comme dit le cor respondant. «des vues plus larges c'est-à-dire qu'il va accorder aux comités du Denier de Saint- Pierre l'autorisation de distraire une partie des fonds recueillis pour les affecter au service de la presse et la préparation des luttes électorales. Léon XIII veut, dit le correspondant, donner l'exemple des sacrifices qu'il demande aux autres.» Bien de mieux. Le pape est libre, sans doute, d'employer, comme bon lui semble les deniers que la piété des fidèles lui envoie; mais nous sommes libres, nous aussi, d'apprécier cette conduite et de la juger, avec toute la sévérité qu'elle mérite.Quoi donc les catholiques se saignent blanc pour soulager la misère du chef de leur église; ils s'im posent d'onéreux sacrifices pour verser leur obole ce qu'ils croient une œuvre purement religieuse. Et celui pour qui ils se montient si généreux ne craint pas de détourner de leur but les dons qui lui sont faits, il ne rougit pas de les employer une destination purement mondaine, de les afiïcler la satisfaction de ses désirs de domination. Qu'on ose, après cela, parler de la moralité et de la déli catesse du St-Siége! Que les catholiques qui ont la bonhommie de souscrire pour le Denier de Sl-Pierre apprennent donc quoi sert cette œuvre soi-disant religieuse, et ils y réfléchiront deux fois, nous en sommes persuadés, avant d'ouvrir encore le cordon de leur bourse pour alimenter les finances d'un parti poli tique qui n'a honte de se couvrir du manteau de la religion pour arriver plus facilement ses fins. Les Anversois se plaignent beaucoup de la situa tion commerciale. Le mouvement des affaires s'est extrêmement ralenti. Une maison importante de cette place liquide avec un passif de8millions; elle opérait sur les laines de Buenos-Ayres. Des pertes considérables, on les évalue 7 millions au total, ont été déterminées par la baisse des cafés. Une seule maison mais qui, d'ailleurs, est parfaitement en état de subir cette perte sans que son crédit en souffre, y est pour 1,800.000 fr. Les grains de l'Inde, importés en quantités très fortes, n'ont pas donné le meilleurs résultats que les cafés et les laines. Il en est de même des avoines; bref, les affaires sont dans le marasme et tout le monde s'en ressent, notamment nos artistes qui ne vendent pour ainsi dire plus. ■-r-TVriâfr-QKSKQ <rrin nra=— DEUX SUICIDES. On lit dans XEtoile belge-. Un prêtre, l'abbé Bisschops, cure en retraite, s'est suicidé Turnhout, Jeudi Saint, en se coupant la gorge l'aide d'un rasoir. La perle d'une somme de 16,000 fr. qu'il avait placée chez le banquier failli de Haerne, parait avoir dérangé ses facqlljés mentales. Le même jour, un brave ouvrir, nommé Pierre Lemmens, qui avait vu toutes ses épargnes, 1,000

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Le Progrès (1841-1914) | 1882 | | pagina 1