7 Mai 1882. 6 FRANCS PAR AN. JOURNAL li VPttKS ET DE L'ARRONDISSEMENT. Les élections de Juin. 42« USÉE. 38, Park Row-New-York. ouez 1>^" et v''» Ditmar, Rotterdam. - Pour l'Amérique: chez Pethinghill et C«, A peine les Chambres françaises sont-elles ren trées de vacances que l'on parle de plusieurs inter pellations et questions qui seront adressées au gou vernement. Parmi elles figurent les questions de MM. Guichard et Ténot. La première est relative l'action en responsabilité contre M. Caillaux, ancien ministre de l'ordre moral. On se rappellera peut- être que le 28 Juillet 1881 l'ancienne Chambre avait émis un vote aux termes duquel M. Caillaux avait rendre compte d'un excédent de dépenses dans la reconstruction des Tuileries il aurait dé passé les crédits votés par les Chambres. Le garde des sceaux a fait connaître hier matin au conseil que M. Caillaux ne peut pas être pour suivi devant les tribunaux ordinaires, ceux-ci n'étant pas compétents pour connaître des actes administra tifs. M. Caillaux ne serait pas davantage justifiable de la cour des comptes, qui n'a sous sa juridiction que les comptables des deniers publics et non ceux qui ordonnancent les dépenses. Il ne resterait qu'une juridiction compétente, c'est celle du Sénat, seul corps ayant le pouvoir de juger les ministres ou anciens ministres pour des actes relatifs l'exercice de leurs fonctions. La seconde question doit être posée par M.Ténot, député des Hautes-Pyrénées. Celui-ci a eu hier une entrevue avec M. de Freycinet et s'est mis d'accord avec lui pour que sa question soit discutée la séance d'aujourd'hui. La Chambre des Communes d'Angleterre s'est occupée hier d'une proposition tendant soustraire les instituteurs primaires l'arbitraire des autorités locales, en subordonnant leur révocation la ratifi cation du pouvoir supérieur. 11 faut croire que nos voisins d'outrc-mer n'ont pas nous envier les illustrations qui ornent nos députations permanentes et une partie de nos administrations communales. Toutefois l'expérience doit avoir été moins décisive en Angleterre qu'en Belgique, car la crainte de pla cer les instituteurs dans une position trop supé rieure vis-à-vis des autorités appelées les surveil ler, l'a emporté sur le désir de leur assurer une indépendance relative et, après une assez vive dis cussion, le projet a été retiré. Après une discussion qui n'a pas duré moins de cinq jours, la seconde Chambre des Etats Généraux de la Haye a voté par 42 voix contre 36 une motion blâmant l'attitude du ministre des colonies dans la question de la propriété foncière des indigènes aux Indes orientales. Une crise ministérielle est immi nente. C'est Lundi prochain que commencera au Reich- stag allemand la discussion du projet sur le mono pole du tabac. On sait que le vote du projet par le Conseil fédéral 11e permet pas de préjuger les dispo sitions de la Chambre, dont la majorité paraît, au contraire, devoir être hostile au monopole. Nous approchons grands pas des élections de Juin. La période électorale va s'ouvrir. Au 13 Juin, le pays aura prononcé sur la politique du gouverne ment, lui aura donné une impulsion nouvelle ou l'aura solennellement condamnée. L'heure est donc grave, décisive. Cependant les esprits ont été rarement plus cal mes, plus tranquilles. Il n'y a d'agitation d'inquié tude nulle part. Même les polémiques de la presse se traînent péniblement, au milieu d'une indifférence générale les journaux les plus dévoués au clergé ne peuvent surmonler cette invincible torpeur. Quel contraste avec la situation politique du pays la veille de 1878! Vous rappelez-vous les espé rances, les terreurs, les anxiétés passionnées de ce temps? Comme l'on sentait vivement que la bataille prochaine aurait pour enjeu la fois les libertés et la paix publiques Comment expliquer cette différence profonde On a prêté jadis Léopold I ce mot absurde, qu'il est impossible de fonder un gouvernement ré gulier et stable sur le parti libéral. Cette idée est précisément le contre-pied de la vérité. Le gou- vernement clérical ou, pour l'appeler de son vrai nom, celui des prêtres, est si antipathique la na tion, qu'elle ne saurait le subir longtemps sans être entraînée par la force des choses sur une pente ré volutionnaire. Nous étions sur cette pente en 1878. La situation était grave elle serait devenue critique par la victoire des catholiques. Tout le monde le sentait au fond, et c'est ce qui expliquait l'émotion intense avec laquelle on voyait les apprêts de la lutte. Aujourd'hui, le gouvernement s'appuie sur les villes, sur toutes les grandes villes, sur la partie la plus intelligente, la plus vivante de la nation, sur tout ce qui a une pensée, une volonté propres dans le pays. Nous sommes ainsi rentrés dans la vérité du régime constitutionnel. C'est le pays désormais qui se gouverne, et du coup, tout danger de violence a disparu. Ce n'est pas que les violences fassent défaut, au contraire. Sous le nom de résistance légale, le clergé a organisé partout la résistance la loi. Il a entraîné une foule de corps administratifs dans cette insur rection. Mais on voit bien quelle est sans péril. Elle montre le parti clérical tel qu'il a toujours été, un parti anarchique et révolutionnaire, sacrifiant systématiquement la puissance de l'Eglise toutes les autorités légaies et la loi même. Mais l'impuis sance de cette révolte est évidente et l'on sait que dans ce duel, c'est la loi que restera le dernier mot. Lorsque le clergé gouvernait la nation malgré elle, par personne interposées, nous nous trouvions dans un état révolutionnaire. Maintenant que la na tion se gouverne elle-même, malgré le clergé, tout est rentré dans l'ordre et partant dans le calme. Certes, s'il y avait le moindre péril de voir rétablir cette situation fausse et dangereuse laquelle les élections de 1878 ont mis fin, si l'on devait craindre de voir, en Juin 1882, renaître un ministère cléri cal, si les écoles publiques, attaquées avec acharne ment par les prêtres, devaient être misés par le scru tin la merci de leurs ennemis, la Belgique traver serait une crise plus grave que toutes celles qu'elle a subies depuis 1830 Il n'est pas un citoyen ami de l'ordre et du pro grès légal qui pût envisager une telle éventualité sans les plus vives appréhensions. Sous prétexte d'un toast au Pape et au Roi, M. le vicomte de Kerckhove a exalté le premier qui est le chef de la grande école de respect, et manqué de respect, selon nous, au second. Et dire, au contraire, que ce sont ceux qui se LE PROGRÈS PARAISSANT LE JEUDI ET LE «LTIANCIIE. VIRES ACQUIRIT ECNDO. ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7.00 Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 59. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-23. CSÏKvIlA QE FER. 2' Nïe.i. Heures de départ éTYpres Poperinghe, 6-20 9-09 10-00 12-07 3-00 5-55 6-28 8-45 9-50. Poperinghe-Hazebrouck, 6-20 12-07 6-28. Houthem, 5-50 11-16. domines, 5-50 8-05 9-56 10-09 11-16 2-41 2-55 5-25 8-58. Comines-Armentières, 5-30 11-16 2-53. Comines-Quesnov-Lille, 11-16 2-41 8-58. Courtrai, 5-30 9-56 11-16 2-41 5-25. Courtrai-Gand, 5-50 11-16 2-41 5-25. Oourtrai-Bruxelles, 5-30 9-5611-16 2-11 Roulers, 7-45 12-20 6-50. Langemarck-Ostende, 7-25 12-22 3-52 6-28. 5-25. BULLETIN POLITIQUE. L'Eglise, a-t-ildit, est essentiellement l'école du respect, et par là même, elle tient aux entrailles de la société hu maine qui, si petite ou si grande que l'on suppose, 11e peut subsister sans le respect. C'est elle qui ordonne aux enfanta d'honorer leur père et leur mère; c'est elle qui prescrit aux peuples de rendre César ce qui revient César. On avait détrôné l'autorité de l'Eglise, la Royauté devait avoir son tour. Les temps ont bien marché depuis, une loi fatale pousse l'humanité, et, de progrès en progrès, nous sommes arrivés aux portes du néant. Aussi, voyez, de sinistres lueurs éclairent l'horizon, tous les voiles se déchirent, toutes les illusions tombent 011 avait promis aux peuples la liberté on ne donne que la servi tude, et même la plus odieuse de toutes, celle de la con science. Et non seulement on viole les consciences, mais on foule même aux pieds la plus élémentaire, la plus nat' "elle des autorités, celle du père de famille.

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Le Progrès (1841-1914) | 1882 | | pagina 1