6 FRANCS PAR AN.
UN CHEF-D'ŒUVRE INCONNU
N° 814. Dimanche, 42^ année. 22 Octobre 1882.
JOURNAL D'ÏPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIN ANCHE. VIRES ACQUIRIT EUNDO.
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38, Parle Row-New-York.
BULLETIN POLITIQUE.
C'est avant-hier qu'à eu lieu en Prusse le scrutin
DE L'ECOLE DE BRUGES.
pour la nomination des électeurs du second degré,
qui auront élire les membres de la Diète le 26
Octobre prochain. Le gouvernement s'est tenu
jusqu'au bout dans une réserve absolue quant au
programme qu'il compte appliquer, et il a laissé
ainsi ses partisans aussi bien que ses adversaires se
débattre dans le vide.
Les premiers résultats de ces élections ont été
favorables aux progressistes qui l'ont emporté dans
presque tous les collèges.
Le bruit de la rentrée aux affaires du général
Ignatieff, en Russie, revient sur l'eau, mais dans
une feuille parisienne. M. Duclerc, ministre des
affaires étrangères, a eu Lundi, dans l'après-midi,
une longue entrevue avec le représentant du gou
vernement russe Paris.
Un projet dont il a été cent fois question dans la
presse, mais dont l'existence a été autant de fois
démentie, reparaît également. Nous voulons parler
des bruits d'entrevue entre le Czar et l'empereur
François-Joseph. Celte entrevue aurait lieu prochai
nement, suivant le correspondant du Standard,
Vienne.
Nous n'avons aujourd'hui aucune nouvelle infor
mation au sujet des affaires égyptiennes, mais il est
intéressant de constater que la presse de Londres
accentue son attitude amicale l'égard de la France.
A Constanlinople, la crise ministérielle, un mo
ment redoutée, ne paraît pas non plus complètement
exclue des éventualités prochaines que pouvait le
faire croire la réponse de la Porte la note de lord
Dufferin. Sur les questions de politique extérieure
l'accord semble loin d'être fait entre le Sultan et son
premier ministre. Jusqu'ici Saïd pacha n'a reçu
encore aucune réponse au sujet de son projet de
réformes. Le correspondant du Daily News assure
que, tout au contraire, ce projet rencontre une
opposition très vive au palais, principalement la
clause qui stipule qu'aucune question ne sera consi
dérée comme définitivement résolue avant d'avoir
reçu la sanction du conseil des ministres. Aussi le
bruit de la démission imminente de Saïd pacha est
de nouveau répandu Constanlinople.
On nous écrit de Courtrai
Une fête très-intéressante et qui emprunte encore
aux circonstances actuelles une importance toute par
ticulière, a eu lieu Dimanche dernier, dans notre
grande et belle Salle des Halles 88 lauréats du der
LE PROGRÈS
ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Tout ce qui concerne le jotrnal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 39.
Idem. Pour le restant du pays7-00. INSERTIONS: Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-23.
CHEMIN DE FER. 1' Juillet.
Heures de départ oTYpres
Poperinghe-Hazebrouck, 6-20 12-07 6-28.
Poperinghe, 6-20 9-09 10-00 12-07 3-00
4-00 6-28 8-43 9-35.
Houthem, 5-30 11-16 5-25.
Comines, 5-30 8-05—9-58 -10-10 11-16 2-41
2-53 5-25 8-58.
Comines-Quesnoy-Lille, 11-16 2-41 8-58.
Comines-Armentières, 5-30 11-16 2-53.
Courtrai, 5-30 9-58 11-16 2-41 5-25.
Roulers, 7-45 12-20 6-30.
Langemarck-Ostende, 7-23 12-22 3-52 6-22.
Court rai-Bruxelles, 5-30 9-58—11-16 -2-41 5-25.
Gourtrai-Gand, 5-30 11-16 2-41 5-25.
A Paris, le projet de faire une déclaration gouver
nementale au début de la session n'est pas aussi
arrêté qu'il paraissait l'être. Il serait même aban
donné, si l'annonce d'une interpellation sur la poli
tique générale du cabinet fournissait au président
du conseil l'occasion de donner les explications
demandées.
(SUITE ET FIN).
M. Bosman attribue l'œuvre un sens symbolique. Pour
lui, c'est une œuvre pensée, tout un poëme en quatre
pages, et le sujet de ce poëme est l'un des plus vastes et des
plus sublimes qu'il soit possible d'entreprendre, la Rédemp
tion.
D'après lui, le sujet de l'extérieur des volets, l'Annon
ciation, c'est la Rédemption commencée
Le panneau central, l'embaumement et l'ensevelissement
du Christ, c'est la Rédemption achevée
Le vantail gauche, la mission de Saint-Jacques le Majeur
en Espagne, c'est la Rédemption continuée par la prédica
tion jusqu'aux extrémités du monde
Et, enfin, le vantail droit, dont le sujet est la vision de
l'apocalypse, c'est la Rédemption continuée par l'Eglise
travers les siècles.
C'est là l'appréciation de M. Bosmans nous ne la discu
terons point et n'avons non plus la discuter. Peut-être
l'imagination et la foi de l'honorable critique y entrent-elles
pour une large part. On peut hésiter partager cette appré
ciation, et c'est le cas pour nous, mais cela n'enlève rien,
absolument rien l'importance et l'autorité de la conclu
sion laquelle on est amené.
L'extérieur des volets, traité en grisaille, n'attire guères
l'attention dessin et peinture sont raides, l'expression des
figures est triviale et prosaïque, et nous nous refusons,quant
nous, y retrouver le faire et l'imagination si riche de
poésie des fondateurs de l'école flamande.
A quelques exceptions près, du reste, parmi lesquelles il
importe de citer Van Orley, les peintures extérieures de nos
triptyquesprésententcecaractère d'infériorité, d'imperfection
et d'insignifiance. Elles sont comme la couverture enluminée
d'un beau livre, une simple enveloppe qui ne laisse rien
deviner des splendeurs qu'elle voile.
Le volet gauche, la mission de Saint-Jacques, est la partie
faible de l'œuvre. Il y a là des tâtonnements, des hésitations,
des imperfections visibles dans le dessin et la peinture, sur
tout de l'image du Christ. La figure n'a aucune expression
divine, et les pieds surtout donnent prise la critique. Les
plis des draperies sont anguleux, les chairs sont molles et
manquent de relief. Tout révèle une main novice et inexpé
rimentée encore.
M. Bosmans l'a compris: aussi, est-il sobre d'apprécia
tions sur cette partie de l'œuvre. Rien n'y montre le pinceau
d'Hubert, et si le triptyque d'Enghien date réellement de
4424, il est présumer que, pour les figures, du moins, le
vantail de gauche est l'œuvre de jeunesse, tout au moins
l'une des premières œuvres de Jean, que son frère Hubert,
dont il proclame deux fois la supériorité dans l'inscription
du retable de Gand, initiait alors aux sublimes secrets de j.
son art. Hàtons-nous d'ajouter que les imperfections du van- j
tail droit ne déparent point la majesté de l'ensemble du
triptyque.
C'est dans le panneau central, l'ensevelissement du Christ,
qu'apparaissent, comme un éblouissement, et dans toute leur
splendeur, les maîtresses qualités des œuvres des Van Eyck. j
La couleur est chaude, intense, transparente, pourprée,
harmonieuse, en un mot inimitable. L'expression est subli-
Monsieur IEditeur du Journal Le Progrès d'Ypres,
me: dans celle de la figure de Nicodème le peintre a reculé
les bornes de la perfection. Le corps du Sauveur, complète
ment nu, sous les yeux des saintes femmes, domine majes
tueusement l'ensemble Dans Marie Madeleine on reconnait
Marguerite Van Eyck ce sont les mêmes traits, la même
pose que dans le retable de Gand. Marie de Cléophas, Marie
Salomé, St-Jean, Joseph d'Arimathie, présentent dans l'ex
pression des figures, les habillements, le dessin des mains,
le ton des chairs, le coloris, le groupement, tous les signes
distinctifs qui séparent les peintres de Bruges de leurs élèves
et de leurs imitateurs. Nous renvoyons le lecteur la savante
monographie de M. Bosmans, pour apprécier les déductions
esthétiques par lesquelles l'auteur arrive établir péremp
toirement que le triptyque d'Enghien est réellement l'œuvre
des frères Van Eyck.
Le volet de gauche représente la Vision de l'apocalypse,
ou, d'après l'abbé Bosmans, la Rédemption continuée par
l'Eglise travers les siècles.
St-Jean, assis au premier plan, contemple la vision ses
côtés se trouve un aigle et, entre le ciel et lui plane le dra
gon dont la tête horrible, sommée de six têtes plus petites, a
un aspect épouvantable. Chaque tête porte une couronne
quatre fleurons, et l'une des couronnes un fleuron se ter
mine en épée. Des ailes de chauve-souris, deux pattes énor
mes armées d'ongles crochus, et une queue se prolongeant
jusqu'aux étoiles, complètent le monstre.
Ici aussi, il y a des négligences et de grandes imperfec
tions c'est le panneau central qui domine tout, et les deux
panneaux latéraux ne serventqu'à le faire ressortir avec plus
d'éclat: ce sont comme des repoussoirs.
Un circonstance significative révèle toute évidence la
paternité de l'œuvre.