LES COMÈTES
42e ANNÉE.
9 Novembre 1882.
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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
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CHEMIN DE FER. fr Novembre.
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Poperinghe, 6-20 9-09 10-00 12-07 3-00
La commission du budget de la Chambre française
a tenu hier une importante séance, dans laquelle le
ministre des finances, M. Tirard, a donné des
explications sur le budget de l'exercice 1883.
La majorité de la commission a paru accueillir
favorablement les explications présentées par M.
Tirard elle a décidé de se réunir de nouveau pour
examiner le nouveau budget dans les conditions où
il lui est présenté.
et les
SUPERSTITIONS POPULAIRES.
Les candidats conservateurs l'ont emporté aux
élections sénatoriales du Finistère, MM. Halna du
Fretay et Le Guen ont obtenu respectivement 200 et
197 voix, contre 187 et 184 données MM. Rous
seau et Morvan. La gauche a fait de remarquables
progrès dans ce département depuis le dernier scru
tin. Une manifestation royaliste a eu lieu devant la
préfecture de Quimper, mais l'ordre n'a pas été
sérieusement troublé.
Il y a eu Samedi un important conseil des minis
tres Vienne, sous la présidence de l'Empereur.
Tous les chefs des départements ministériels étaient
présents et l'on pense que les affaires intérieures ont
formé Te fond du débat. La réunion du Parlement
aurait été fixée au 27 de ce mois. A cette époque, les
délégations auront terminé leurs travaux. S. M. est
partie Dimanche pour Pesth.
La crise ministérielle en Serbie est conjurée. Les
membres du cabinet Pirotchanatz restent tous leur
poste. On reconnaît maintenant que le parti Ristics
n'a pas voulu provoquer un conflit intérieur, mais
on croyait que le cabinet subirait quelques modifica
tions cause de certains dissentiments qui s'étaient
produits dans son sein.
Le Popolo romano, parlant de l'ambassade italien
ne de Paris, dit qu'il ne manque certainement pas
d'hommes de mérite qui puissent, sous tous les rap-
ports, représenter l'Italie Paris. Quand on a acquis
la conviction que tel ou tel de ces hommes aurait
toutes les qualités pour être nommé ce poste, ce
serait une grave erreur de vouloir se laisser guider
par des préjugés de hiérarchie ou d'ancienneté.
MM. Depretis et Mancini peuvent, mieux que tout
autre, apprécier la situation particulière de l'ambas
sade de Paris, et le choix qu'ils feront répondra cer
tainement l'attente du pays, qui sera encore bien
plus satisfait si l'on prend une résolution.
Il se confirme, d'autre part, que l'ambassadeur
de France auprès du Quirinal sera M. Decrais. Sa
nomination paraîtra, dans trois ou quatre jours, au
Journal officiel.
Le comité des délégués de l'assemblée générale
des actionnairesdela Société c-oiiccHsionimiro «lu
canal <l«* la Lys I'Yperléo, chargé de conclure
avec l'Etat la convention de rétrocession du canal
Attendu que l'exécution courte échéance de la
convention conclue avec l'Etat et approuvée par les
Chambres s'impose, sous risque, en cas de retard,
des plus graves difficultés
Vu la dépêche de M. le ministre de l'intérieur,
LE
PROGRES
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
VIRES ACQUIRIT EUNDO.
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Comines-Armentières, 5-30 11-16 2-53.
Courtrai, 5-30 9-58 11-16 2-41 5-25.
Roulers, 7-45 12-20 6-30.
Langemarck-Ostende, 7-23 12-22 3-58 6-22.
Courtrai-Bruxelles, 5-30 9-5811-16 2-41 5-25.
Courtrai-Gand, 5-30 11-16 2-41 5-25.
BULLETIN POLITIQUE.
Quelle révolution s'est-il donc fait dans les esprits Il y a
peine un demi-siècle que l'apparition d'une comète faisait
fermenter toutes les tètes les philosophes et les astronomes
étaient obligés d'écrire pour rassurer les âmes méticuleuses.
Les journaux dissertaient tous les jours sur les singularités
de ces astres extraordinaires. En 1740, une comète occupa
toutes les marchandes de modes et pendant plusieurs mois
on ne vit que des coiffures la comète. Aujourd hui, ces
astres errants ont perdu tout leur crédit. Il n est pas un
chétif commissionnaire du coin qui ne les regarde effronté
ment, sans s'inquiéter de leur influence; pas un paysan qui
récite un paternôtre pour se préserver de leur malignité. Il
faut avouer que nous sommes tombés dans un siècle bien
pervers, et que l'on a sujet de proclamer tous les jours la
décadence de la raison et des lumières.
Autrefois il n'en était pas ainsi, les comètes étaient un
objet d'effroi pour les grands et pour les peuples. On était
convaincu qu'elles annonçaient la mort des rois, le boule
versement des empires, la peste, la guerre, les épidémies.
Homère dit formellement qu'elles n'apportent que désastres
et catastrophes aux malheureux humains, Virgile parle des
comètes comme Homère, et Silius nous atteste que jamais
comète ne se montra impunément sur notre horizon
Et nunquam terris spectatum impuni cometum.
En 1680, toute l'Europe trembla la vue de la comète
qui vint nous montrer sa grande queue et sa barbe rouge.
Il est vrai que de savants astronomes assuraient que cette
comète était la même qui, seize cent cinquante-six ans après
la création du monde, avait amené le déluge universel ce
qui pouvait bien autoriser quelques légères inquiétudes.
Aussi la consternation fut-elle générale.
Nous avons ici une comète, écrivait M"" de Sévigné,qui
est bien étendue c'est la plus belle queue qu'il est possi-
ble de voir. Tous les grands personnages sont alarmés et
croient que le ciel, bien occupé de leur perte, leur donne
des avertissements par cette comète. On dit que le eardi-
nal Mazarin, étant désespéré des médecins, ses courtisans
crurent qu'il fallait honorer son agonie d'un prodige, et
lui dire qu'il paraissait une grande comète qui leur misait
peur. Il eut la force de se moquer d'eux, et leur dit plai-
samment que la comète lui fait trop d'honneur. En vérité,
on devrait en dire autant que lui, et l'orgueil humain se
fait aussi trop d'honneur de croire qu'il y ait de grandes
affaires dans les astres quand on doit mourir.
Les pressentiments de Mme de Sévigné se vérifièrent la
comète passa berger ni roi, personne ne mourut, et l'on
en fut quitte pour la peur.
Bayle est celui qui a combattu avec le plus de force les
vaines terreurs inspirées par les comètes. Son livre est plein
d'arguments irrésistibles; mais, avant lui, il s'était déjà
trouvé des esprits libres et indépendants qui s'étaient affran
chis de ces craintes puériles.
Un de nos plus anciens poètes, dont le nom est presque
inconnu, Cristophe de Gamon, dans sa critique de la semaine
de Du Bartas, se moque fort spirituellement de ce poète,
qui avait sacrifié l'opinion vulgaire
Cesse, je te supplie, cesse donc un instant
D'aller de ce brandon le vulgaire étonnant
Contente-loi, Bartas, du mal qui le tourmente
Quitte aux Ethniques vains (1) cette vaine épouvante.
C'est se rendre complice l'erreur monstrueux
De donner du présage l'astre aux longs cheveux,
Plus encore de penser que son crin porte flamme,
Par son branle incertain doive ébranler les âmes,
Causer perle aux.pasleurs, porter la grêle aux blés,
L'orage In marine et le trouble aux cités,
Puis où voit-on que Dieu nous ait prescrit cet astre,
Pour prédire aux humains quelque inhumain désastre)
Veut-il que nous lisions dans les aires agités,
Non dans les saints feuillets, ses saintes volontés?
Combien voit-on de fois que le Toul-Puissanl jette
Les comètes sans maux et les maux sans comète?
Un auteur espagnol a traité les comètes encore plus cava
lièrement que Cristophe Gamon.
La comète, dit-il, est une fanfaronnade du ciel contre la
terre, on a peut-être voulu en faire un épouvantail pour
les souverains, afin de réprimer leur orgueil, en considé-
ration de ce qu'ils ont moins craindre sur la terre que
les autres hommes. Mais les monarques ont ici-bas assez
d'ennemis redouter sans qu'il soit nécessaire, pour les
contenir, que les brillantes agitations du ciel concourent
avec les vapeurs de la terre. L'ambition des voisins, les
plaintes des vassaux, les tourmentes du gouvernement,
telles sont les comètes que les souverains doivent appré-
hender. x>
Voilà assurément de la philosophie très-gaie et peut-être
un peu libre pour un écrivain si voisin des fa- liers du
Saint-Office; mais il ne paraît pas très effrayé du Ban-Bénite.
Il continue avec la même hilarité examiner si les comètes
(1) Aux payens.