LES COMÈTES 42e ANNÉE. 9 Novembre 1882. 0 FRANCS PAR AN. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. AVIS. Les annonces de la Belgique et de l'Etranger sont reçues par XAgence Havas (Publicité), 89, Marché-aux-Herbes, Bruxelles et chez ses correspondants Pour la France: l'Agence Havas, 8, Place de la Bourse, Paris. Pour l'Allemagne, l'Austro-Hongrie et la Suisse chez Rudolf Mosse (Annoncen-Expedition) Cologne, Berlin, Francfort, Strasbourg, Munich, Hambourg, Leipzig, Stuttgard,"Vienne et Zurich. Pour la Grande-Bretagne et l'Irlande: chez Géo Street et C°, 30, Cornhill, E C et 5, Serle Street W C, Londres. Pour la Hollande chez Nygh et Van Ditmar, Rotterdam. Pour l'Amérique: chez Pethinghill et C" 38, Park Row-New-York. CHEMIN DE FER. fr Novembre. Heures de départ gT Ypres Poperinghe-Hazebrouck, 6-20 12-07 6-23. Poperinghe, 6-20 9-09 10-00 12-07 3-00 La commission du budget de la Chambre française a tenu hier une importante séance, dans laquelle le ministre des finances, M. Tirard, a donné des explications sur le budget de l'exercice 1883. La majorité de la commission a paru accueillir favorablement les explications présentées par M. Tirard elle a décidé de se réunir de nouveau pour examiner le nouveau budget dans les conditions où il lui est présenté. et les SUPERSTITIONS POPULAIRES. Les candidats conservateurs l'ont emporté aux élections sénatoriales du Finistère, MM. Halna du Fretay et Le Guen ont obtenu respectivement 200 et 197 voix, contre 187 et 184 données MM. Rous seau et Morvan. La gauche a fait de remarquables progrès dans ce département depuis le dernier scru tin. Une manifestation royaliste a eu lieu devant la préfecture de Quimper, mais l'ordre n'a pas été sérieusement troublé. Il y a eu Samedi un important conseil des minis tres Vienne, sous la présidence de l'Empereur. Tous les chefs des départements ministériels étaient présents et l'on pense que les affaires intérieures ont formé Te fond du débat. La réunion du Parlement aurait été fixée au 27 de ce mois. A cette époque, les délégations auront terminé leurs travaux. S. M. est partie Dimanche pour Pesth. La crise ministérielle en Serbie est conjurée. Les membres du cabinet Pirotchanatz restent tous leur poste. On reconnaît maintenant que le parti Ristics n'a pas voulu provoquer un conflit intérieur, mais on croyait que le cabinet subirait quelques modifica tions cause de certains dissentiments qui s'étaient produits dans son sein. Le Popolo romano, parlant de l'ambassade italien ne de Paris, dit qu'il ne manque certainement pas d'hommes de mérite qui puissent, sous tous les rap- ports, représenter l'Italie Paris. Quand on a acquis la conviction que tel ou tel de ces hommes aurait toutes les qualités pour être nommé ce poste, ce serait une grave erreur de vouloir se laisser guider par des préjugés de hiérarchie ou d'ancienneté. MM. Depretis et Mancini peuvent, mieux que tout autre, apprécier la situation particulière de l'ambas sade de Paris, et le choix qu'ils feront répondra cer tainement l'attente du pays, qui sera encore bien plus satisfait si l'on prend une résolution. Il se confirme, d'autre part, que l'ambassadeur de France auprès du Quirinal sera M. Decrais. Sa nomination paraîtra, dans trois ou quatre jours, au Journal officiel. Le comité des délégués de l'assemblée générale des actionnairesdela Société c-oiiccHsionimiro «lu canal <l«* la Lys I'Yperléo, chargé de conclure avec l'Etat la convention de rétrocession du canal Attendu que l'exécution courte échéance de la convention conclue avec l'Etat et approuvée par les Chambres s'impose, sous risque, en cas de retard, des plus graves difficultés Vu la dépêche de M. le ministre de l'intérieur, LE PROGRES PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. VIRES ACQUIRIT EUNDO. ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 39. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-23. 4-00 6-23 8-45 9-55. Houthem, 5-30 11-16 5-23. Comines, 5-30 8-03— 9-58 10-10 11-16 2-41 2-53 5-25 8-58. Comines-Quesnoy-Lille, 10-10 2-41 8-58. Comines-Armentières, 5-30 11-16 2-53. Courtrai, 5-30 9-58 11-16 2-41 5-25. Roulers, 7-45 12-20 6-30. Langemarck-Ostende, 7-23 12-22 3-58 6-22. Courtrai-Bruxelles, 5-30 9-5811-16 2-41 5-25. Courtrai-Gand, 5-30 11-16 2-41 5-25. BULLETIN POLITIQUE. Quelle révolution s'est-il donc fait dans les esprits Il y a peine un demi-siècle que l'apparition d'une comète faisait fermenter toutes les tètes les philosophes et les astronomes étaient obligés d'écrire pour rassurer les âmes méticuleuses. Les journaux dissertaient tous les jours sur les singularités de ces astres extraordinaires. En 1740, une comète occupa toutes les marchandes de modes et pendant plusieurs mois on ne vit que des coiffures la comète. Aujourd hui, ces astres errants ont perdu tout leur crédit. Il n est pas un chétif commissionnaire du coin qui ne les regarde effronté ment, sans s'inquiéter de leur influence; pas un paysan qui récite un paternôtre pour se préserver de leur malignité. Il faut avouer que nous sommes tombés dans un siècle bien pervers, et que l'on a sujet de proclamer tous les jours la décadence de la raison et des lumières. Autrefois il n'en était pas ainsi, les comètes étaient un objet d'effroi pour les grands et pour les peuples. On était convaincu qu'elles annonçaient la mort des rois, le boule versement des empires, la peste, la guerre, les épidémies. Homère dit formellement qu'elles n'apportent que désastres et catastrophes aux malheureux humains, Virgile parle des comètes comme Homère, et Silius nous atteste que jamais comète ne se montra impunément sur notre horizon Et nunquam terris spectatum impuni cometum. En 1680, toute l'Europe trembla la vue de la comète qui vint nous montrer sa grande queue et sa barbe rouge. Il est vrai que de savants astronomes assuraient que cette comète était la même qui, seize cent cinquante-six ans après la création du monde, avait amené le déluge universel ce qui pouvait bien autoriser quelques légères inquiétudes. Aussi la consternation fut-elle générale. Nous avons ici une comète, écrivait M"" de Sévigné,qui est bien étendue c'est la plus belle queue qu'il est possi- ble de voir. Tous les grands personnages sont alarmés et croient que le ciel, bien occupé de leur perte, leur donne des avertissements par cette comète. On dit que le eardi- nal Mazarin, étant désespéré des médecins, ses courtisans crurent qu'il fallait honorer son agonie d'un prodige, et lui dire qu'il paraissait une grande comète qui leur misait peur. Il eut la force de se moquer d'eux, et leur dit plai- samment que la comète lui fait trop d'honneur. En vérité, on devrait en dire autant que lui, et l'orgueil humain se fait aussi trop d'honneur de croire qu'il y ait de grandes affaires dans les astres quand on doit mourir. Les pressentiments de Mme de Sévigné se vérifièrent la comète passa berger ni roi, personne ne mourut, et l'on en fut quitte pour la peur. Bayle est celui qui a combattu avec le plus de force les vaines terreurs inspirées par les comètes. Son livre est plein d'arguments irrésistibles; mais, avant lui, il s'était déjà trouvé des esprits libres et indépendants qui s'étaient affran chis de ces craintes puériles. Un de nos plus anciens poètes, dont le nom est presque inconnu, Cristophe de Gamon, dans sa critique de la semaine de Du Bartas, se moque fort spirituellement de ce poète, qui avait sacrifié l'opinion vulgaire Cesse, je te supplie, cesse donc un instant D'aller de ce brandon le vulgaire étonnant Contente-loi, Bartas, du mal qui le tourmente Quitte aux Ethniques vains (1) cette vaine épouvante. C'est se rendre complice l'erreur monstrueux De donner du présage l'astre aux longs cheveux, Plus encore de penser que son crin porte flamme, Par son branle incertain doive ébranler les âmes, Causer perle aux.pasleurs, porter la grêle aux blés, L'orage In marine et le trouble aux cités, Puis où voit-on que Dieu nous ait prescrit cet astre, Pour prédire aux humains quelque inhumain désastre) Veut-il que nous lisions dans les aires agités, Non dans les saints feuillets, ses saintes volontés? Combien voit-on de fois que le Toul-Puissanl jette Les comètes sans maux et les maux sans comète? Un auteur espagnol a traité les comètes encore plus cava lièrement que Cristophe Gamon. La comète, dit-il, est une fanfaronnade du ciel contre la terre, on a peut-être voulu en faire un épouvantail pour les souverains, afin de réprimer leur orgueil, en considé- ration de ce qu'ils ont moins craindre sur la terre que les autres hommes. Mais les monarques ont ici-bas assez d'ennemis redouter sans qu'il soit nécessaire, pour les contenir, que les brillantes agitations du ciel concourent avec les vapeurs de la terre. L'ambition des voisins, les plaintes des vassaux, les tourmentes du gouvernement, telles sont les comètes que les souverains doivent appré- hender. x> Voilà assurément de la philosophie très-gaie et peut-être un peu libre pour un écrivain si voisin des fa- liers du Saint-Office; mais il ne paraît pas très effrayé du Ban-Bénite. Il continue avec la même hilarité examiner si les comètes (1) Aux payens.

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Le Progrès (1841-1914) | 1882 | | pagina 1