N° 823. Jeudi,
42e AU NÉE
23 Novembre 1882.
6 FRANCS PAR AN.
JOl îi.\ Ai. DIFRKS ET OË K R ON D1SSE M K N T.
Loi sur la presse.
PARAISSANT LE JEtltl ET LE DI9IANOIIE.
Les annonces dè la Belgique et de l'Etranger sont reçues par XAgencé HavâS '(Pnfiîrcîte), 89, Marché-aux-Herbes, Bruxelles et chez ses correspondants:
Pour la France: l'Agence Havas, 8, Place de la Bourse, Paris. Pour l'Allemagne, l'Austro-Hongrie et la Suisse chez Rudolf Mosse (Annoncen-Expedition)
Cologne, Berlin, Francfort, Strasbourg, Munich, Hambourg, Leipzig, Stuttgard, Vienne et Zurich. Pour la Grande-Bretagne et l'Irlande: chez Géo Street et
C°, 30, Cornhill, E C et 5, Serle Street W C, Londres. Pour la Hollande: chez Nvgh et Van Ditmar, Rotterdam. Pour l'Amérique: chez Pethinghill et C°
38, Park Row-New-York.
Heures de départ cTYpres
BULLETIN POLITIQUE.
La Chambre des députés de France a maintenu le
crédit pour l'ambassade auprès du Vatican.
La plupart des journaux républicains de France,
les organes de l'extrême gauche et des intransigeants
exceptés, applaudissent au dénouement qpe la Cham
bres des députés a donné 1 incident qui a eu pour
couronnement l'interpellation de M. Jules Roche.
Le gouvernement français a pris décidément la
résolution de rappeler la vie la loi qui semblait
parfaitement morte sur l'Internationale et rappelle un
des plus sombres moments des commencements de
la république. Vingt-cinq personnes viennent d être
arrêtées Lyon, sous la prévention d avoir contre
venu cette loi.
Le Mémorial diplomatique a cru pouvoir annoncer
que lord Granville aurait accueilli avec faveur le
projet de réunir une conférence pour régler les
affaires d'Egypte.
On écrit de Berlin que dans les cercles diplomati
ques de cette ville on n'a aucune connaissance d'un
pareil projet.
M. de Giers a été reçu en audience particulière
par l'empereur Guillaume. Ce fait ne manquera pas
d'être interprêté dans le sens du raffermissement des
bonnes relations entre la cour de Berlin et la Russie,
et il est, en effet, un signe de l'amélioration des
rapports entre les deux puissances.
La Gazette de la Croix, en parlant de la visite de
M. de Giers au prince de Bismarck, dit que le bruit
répandu par le Lloyd de Pesth, et selon lequel ce
voyage aurait été une sorte de démonstration contre
la visite faite par le comte Ignatief Paris, n'a aucun
fondement sérieux.
On s'est ému, paraît-il, en Angleterre, nous ne
savons quel titre, du traité conclu par M. de
Brazza pour l'établissement d'une station française
sur le Congo. Un échange de vue se poursuit
actuellement ce sujet entre les cabinets de Londres
et de Paris.
Au moment où la question des rapports diploma
tiques avec le Saint-Siège occupe une si grande
place dans les débats parlementaires, un journal de
Londres, le Standard, signale une recrudescence
d'ardeur épistolaire au Vatican. Suivant ce journal,
Léon XIII aurait récemment adressé des lettres
autographes la plupart des souverains européens
pour les exhorter rassembler toutes les forces
conservatrices de façon enrayer le torrent du
radicalisme qui menace la constitution actuelle de la
société, de même que toutes les institutions exis
tantes.
On écrit de Bruxelles, la Meuse
La Chambre des Représentants a résolu d'aborder
l'examen de la proposition de loi sur la presse im
médiatement après le débat sur les élections de
Soignies. Celui-ci prendra vraisemblablement deux
séances au moins, et la discussion, depuis si long
temps ajournée, ne pourra commencer que vers la
fin de la semaine.
On se rappellera ce propos que déjà, en Dé
cembre 1879, sur la motion de M. Jottrand, ap
puyée par MM. Janson et Féron, la proposition de
loi avait été portée l'ordre du jour, pour être exa
minée après le vote des budgets. Celte décision fut
confirmée le 26 Février 1880, mais des ajournements
successifs furent volés le 9 Mars, le 8 et le 17
Juin. Cette fois on parait bien résolu vider ce li
tige, qui est pendant depuis près de dix-huit ans.
C'est, en effet, le 2 Mars 1864 que MM. Coomans,
de Baets, Delaet, Thonissen, Delcour, et Royer de
Belir déposèrent une proposition de loi en deux arti
cles, aux termes de laquelle en matière de presse
nul ne pouvait être condamné des dommages-inté
rêts sans que le fait qu'on lui imputait eût été préa-
PROGRES
VIRES ACQL'IRIT F.UNDO
ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays7-00. j
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 39.
INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25.
CIIEAIS.N DE FER. 15 Novembre.
Poperinghe, 6-20 9-09 10-00 12-07 3-00
4-00 6-25 8-45 9-55.
Poperinghe-Hazebrouck, 6-20 12-07 6-25.
Houthem, 5-30 11-16 5-25.
Comines, 5-30 8-05— 9-58 10-10—11-16 2-41
2-53 5-25 8-58.
Comines-Quesnoy-Lille, 10-10 2-41 8-58.
Comines-Armentières, 5-30 11-16 2-53.
Roulers, 7-45 10-45 - 12-20 4-20 6-30.
Langemarck-Ostende, 7-23 12-22 3-58 6-22.
Courtrai, 5-30 9-58 11-16 2-41 5-25.
Courtrai-Bruxelles, 5-30 9-58—11-16 -2-41 5-25.
Courtrai-Gand, 5-30 11-16 2-41 5-25.
L
ONTE FANTASTIQUE
D'APRÈS UNE LÉGENDE CHINOISE.
En se quittant chaque parcelle
S'en va dans le creuset profond
Grossir la pâte universelle
Faite des formes que Dieu fond.
Théop. Gautier.
Au siècle dernier, la passion des chinoiseries éclata avec
une telle intensité que les marquises en délaissèrent leurs
bichons et les Hollandais leurs tulipes fleurs et chiens en
moururent de langueur.
Ce n'était plus que magots de porcelaine, petits dieux de
jade, éventails d'ivoire sculpté, crépons de soie de couleurs
vives détachant en relief des dragons la croupe tourmentée
ou des cigognes aux longues pattes. En un mot le para
dis des frères de Goncourt.
KMlvd OUI I rtlltAIO uo OC* vuv"" a .vl
pendant plusieurs jours, il se désola subitement a la pensée
qu'il ne possédait pas la paire. L angle oppose a celui que
possédait la potiche lui sembla désert. Il eut horreur de ce
vide qui rompait la symétrie et jura qu'il ne prendrait pas
de repos avant d'avoir trouvé un vase semblable celui
qu'il possédait.
Après plusieurs mois de courses vaines, il trouva enfin
ce qu'il cherchait, Anvers, au fond de la boutique d'un
vieux juif, qui lui fit payer deux mille écus la satisfaction
de ses désirs. Ge n'était pas trop cher payer le bonheur de
posséder deux potiches semblables, de la famille verte, et
portant sous le pied la marque de la dynastie des Ming.
Il retourna en toute hâte sa maison de Harlem. Après
avoir posé, avec des précautions infinies, son vase sur la
cheminée,il se laissa tomber dans un grand fauteuil et con
sidéra son trésor avec attendrissement. Enfin! ses deux poti
ches étaient là, placées égale distance d'une pendule de
Boule et le jour, qui tombait des vitraux plombés, leur
mettait au flanc un point lumineux.
Le Hollandais, le visage épanoui, le regard noyé dans
l'extase, s'alanguit dans une délicieuse immobilité et bientôt
sa respiration se eadença comme les notes graves d'un
violencelle. Le Hollandais dormait.
Alors, chose étrange, dans la demi-obscurité de la cham
bre, les potiches se mirent en mouvementVoici la
clef de ce mystère
Quelques centaines d'années avant notre ère, l'empereur
Tchin-Tang se promenait dans son pavillon de laque, lors
qu'il vit passer sur le pont de Jade, la princesse Fleur-de-
Thé.
Ses yeux étaient retroussés vers les tempes,
Son pied petit tenir dans la main,
Son teint plus clair que le cuivre des lampes
Ses ongles longs et rougis de carmin.
Tchin-Tang fut émerveillé. Il agita son éventail, mais
déjà la princesse ayant sauté dans son palanquin s'éloignait
emportée par quatre robustes telingas.
Le lendemain, Fleur-de-Thé parut de nouveau sur le pont
de Jade.Tchin-Tang courut k sa rencontre et l'invita k faire
une promenade sur !e fleuve Jaune. La princesse accepta.
Aussitôt l'empereur demanda sa jonque, fit asseoir Fleur-
de-Thé k l'arrière, sous un parasol, et s'agenouillant auprès
d'elle, se mit k jouer du Kin, en chantant ces vers
Celle que j'aime k présent est en Chine
Elle demeure avec ses vieux parents,
Dans une tour de porcelaine fine.
Au fleuve jaune où sont les cormorans.
La princesse se montra fort touchée du chant de Tchin.
Plusieurs fois elle laissa couler ses larmes qui roulèrent
aussitôt comme des perles sur la surface irisée des eaux.
Alors l'empereur lui dit O Fleur-de-Thé, que tu es belle!
Si tu veux t'agenouiller avec moi devant le dieu Fo, tu seras
la mère de la dynastie des Tchin. Mais la princesse lui ré
pondit tristement Non, mon prince, ne formu..s pas de
ces liens qu'un simple souffle de Fo pourra briser. L'éclat
de mes yeux qui te ravit ne dureras pas plus que celui des