-^° 861. Jeudi, 43e awee. 5 Avril 1883.
6 FRANCS PAR AN,
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paraissant le jeudi et le dimanche. vires acquirit eu.ndo.#
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bulletin politique.
M. Jules Ferry a prononcé avant-hier la séance
de clôture du congrès pédagogique des écoies nor
males le discours qu'on avait annoncé depuis quelque
temps. Il a traité d'une manière très ferme, très li
bérale et très élevée la question des manuels mis
l'index. On sait que c'est une des questions irritan
tes du moment et que le parti clérical s'en est fait
un moyen d'opposition au gouvernement. C'est en
même temps qu'un sujet irritant, une question un
peu spéciale, et nous ne voulons faire ici qu'une
courte mention du discours du président du conseil
et constater le succès très grand et très mérité qu'il
a obtenu.
L'Union conservatrice ressuscitée est déjà bien
malade. L'un de ses médecins, celui sur qui elle
avait fondé le plus d'espoir, m. Vacherol, le
philosophe qui jadis se faisait passer pour républi
cain et démocrate, la condamne. Dans une lettre
qu'il adresse au Soleil, il déclare ne pas croire au
succès d'une droite républicaine. Il trace néanmoins
aux membres de l'Union conservatrice un program
me qui peut se résumer par ce passage de sa lettre:
Ils ne voteront jamais pour sauver un ministère
dont ils condamnent la politique. C'est dire qu'ils
voteront dans une absolue indépendance des partis
ou groupes qui se disputent le pouvoir. On ne le
verra jamais prendre le mot d'ordre de personne. Ils
resteront un grand parti de protestation, solitaire,
mais non muet, dans le Parlement et dans la presse.»
C'est bien là le programme qui convient un philo
sophe et un pur comme M. Vacherot. C'est le pro
gramme des impuissants, destinés proposer per
pétuellement dans la solitude.
Deux élections, l'une législative, l'autre sénato
riale, ont eu lieu Dimanche en Fiance. Dans l'Ar-
dèche, il s'agissait de nommer un sénateur en
remplacement du comte Rampon, décédé. La victoire
est restée M. Chalamet, dépu té, ancien sous-secré-
taire d'Etat de l'instruction publique sous le ministère
Gambelta.
De l'élection législative dans l'arrondissement de
Figeac (Lot), nous né pouvons rien dire pour le
moment. C'était un scrutin de ballottage.
En Angleterre, l'opinion continue se plaindre de
l'espèce de paralysie dont la Chambre des Communes
paraît frappée, malgré son règlement, resté d'ailleurs
jusqu'à présent l'état de lettre morte. La semaine
qui s'ouvre est prise d'avance tout entière par la
discussion en seconde lecture de deux ou trois pro
jets d'intérêt spécial qui seront renvoyés ensuite'aux
grandes commissions parlementaires, et par la dis
cussion du budget qui doit commencer Jeudi. C'est
donc, au plus tôt, dans huit jours que commencera
l'examen de la réforme municipale de Londres, et
des autres projets politiques du gouvernement si la
discussion n'en est pas de nouveau retardée par
quelques-uns de ces incidents imprévus qui sont
toujours prévoir au Parlement auglais.
La nomination de M. Mermiilod au siège épiscopal
de Lausanne et de Genève, loin d'avoir amené la fin
du Culturkampf suisse, semble au contraire susciter
des complications nouvelles. Le Conseil fédéral
semble avoir été mis dans le secret de la mesure
projetée par le Vatican et y avoir donné son assenti
ment. C'est de lui d'ailleurs qu'il dépend de rouvrir
au prélat exilé les portes de sa patrie mais Genève
manifeste une opposition énergique. Le gouverne
ment cantonal genevois vient, en effet, de prendre
un arrêté qui constate l'extinction de l'ancien diocèse
uni de Lausanne et de Genève, qui interdit i\I.
Mermiilod d'en prendre le litre épiscopal et d'exer
cer les fonctions de cette dignité, et qui met le pou
voir central en demeure de sévir contre le prélat s'il
contrevenait aux constitutions et lois de la Répu
blique.
Samedi soir, devant une assemblée populaire de
plusieurs milliers de citoyens, M.Carteret a confirmé
les déclarations qu'il avait faites au conseil d'Etat
il a déclaré que, s'il franchissait les limites du can
ton, M. Mermiilod serait livré aux tribunaux, ajou
tant que, si ces derniers se déclaraient incompétents
on ferait une loi spéciale pour le prélat réfractaire.
Devant ces protestations, le Conseil fédéral a sursis
toute décision.
C'était Dimanche le soixante-huitième anniversaire
de la naissance du prince de Bismark.
Les chiffres ont leur suprême éloquence. U
est bon de les apposer de temps autres aux
lamentations intéressées des Woeste, des Mo-
reau d'Andoye A la Chambre; des de Conink
et des Lammens au Sénat, (pour ne citer que
les plus fougueux); qui se plaignent des per
sécutions, qua les entendre, subit le clergé
Belge.
Enumérons d'abord le nombre des martyrs
qui, au 31 Décembre 1880, émargeaient au
budget de l'Etat.
Il y avait 6 Evêques, 181 Doyens, 231 Cu
rés, 2,804 Succursalistes, 170 Chapelains,
1,667 Vicaires, 8 Coadjuteurs, 68 Prêtres an
nexés, 695 Prêtres attachés au service des hô
pitaux, des collèges.
Total 5,842 ecclésiastiques de tout rang et
de toute dignité depuis les révérends jus
qu'aux Grandeurs les plus éminentes, pres-
qu'une armée. Une armée toute entière si nous
ajoutons ce chiffre celui des membres des
congrégations religieuses qui s'élevait la
même époque 15.198, ce qui porte 24,038
le nombre des religieux.
Il est vrai que les ordres religieux vivent de
leurs rentes, et n'émargent pas au budget.
Et veut-on savoir quel taux on les évalue?
De 40 45 millions annuellement. L'équi
valent peu près de notre budget de laguerre.
Avec des aliments pour vivre et des vête-
ments pour nous couvrir, nous sommes con-
tents (disait Saint-Paul dans un de ses
épîtres).
L'on voit que ses successeurs sont moins
modestes, et qu'ils l'ont rudement distancé.
Et puisque nous faisons un peu de statisti
que cléricale, jetons un coup d'œil sur ce
qu'elle est en France grosso modo.
Dans Paris seulement, le nombre des mai
sons loyers appartenant des associations
religieuses et gérées par de faux propriétaires
représente plus de quatre-vingt millions de
francs.
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Cvurtrai-Bruxelles, 5-30 9-5811-16 2-41 5-25.
Courtrai-Gand, 5-30 11-16 2-41 5-25.
Ypres, le 4 Avril 1883.
