Nos 897-898-899. Mercredi,
15 Août 1883.
J OU II A AL D'Y PRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
TUINDAG
C.
V
PARAISSANT LT JEUDI ET LE DIMANCHE. vires acqi-irit eundo
Les annonces de la Belgique et de l'Etranger sont reçues par XAgence Haras (Publicité), 89, Marché-aux-Herbes, Bruxelles et chez ses correspondants:
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38, Park Row-New-York.
Heures de départ c?'Ypres
Ypres, le 14 Août 1883.
Les fêtes extraordinaires organisées cette année
par l'Administration communale, l'occasion de la
Tuindag, ainsi que le Cortège historique et religieux,
ont donné notre ville, pendant toute la semaine
dernière, un aspect d'animation tel que nous ne lui
en avons peut-être jamais connu de semblable.
Tous les yprois établis l'étranger et Dieu sait
s'ils sont nombreux 1 avaient saisi celte occasion
pour venir passer quelques jours auprès de leurs
parents et revoir leurs amis, et, certains jours,
surtout les jours de sortie du Cortège-Procession,
la foule des étrangers, accourus de tous les points
de la province et du Nord de la France, était telle
ment compacte, que la éirculation était devenue des
plus difficiles dans nos rues principales.
Nous attendions avec impatience la sortie de ce
fameux cortège historico-religieux, pour lequel
tant d'argent avait été recueilli, et dont le program
me était tenu si absolument secret. Ce que nous
avions prévu s'est réalisé la partie historique a été
complètement sacrifiée la partie religieuse. A part
le char,d'une conception aussi heureuse qu'originale,
ce qui ne pouvait manquer, étant donné le talent
de Mr Désiré Bôhm qui en a tracé le plan le
Cortège historique était maigre, étriqué, et ne répon
dait pas au programme, paru le jour même ce n'est
pas avec trois jeunes gens, porteurs de cartels,qu'on
représente un corps de métier.
En revanche, rien n'avait été épargné pour la pro
cession proprement dite, dont le Cortège historique
n'était après tout que le prétexte. Des bannières nou
velles, étincelantes de broderies d'or et d'argent,
reluisaient au soleil, et de riches costumes, dûs,
paraît il, la largesse des parents des jeunes gens et
des jeunes filles qui les portaient, jetaient une note
brillante dans ce cortège, où se voyaient, du reste,
des groupes habilement composés, et qui, par mo
ments, eut paru imposant, si le catholicisme mo
derne n'était forcément condamné par sa nature des
exhibitions puériles et niaises, quand elles ne sont
pas grotesques. Ainsi le groupe de la Sainte-Enfance
Y a-l-il encore une personne de bon sens qui croie
cette fable des petits Chinois jetés aux pourceaux par
des parents dénaturés? Et ne savons-nous pas tous
que c'est là un impudent mensonge, inventé par les
missionnaires delà Chine,pour stimuler la générosité
des âmes candides Et la bienheureuse Marie Ala-
coque, la nonne hystérique de Paray-le-Monial
Nous l'avons vue défiler, en double exemplaire, te
nant dans les mains un énorme cœur sanglant. Et
les cabanes volant dans les airs, soutenues par des
anges et les pinces, et les crochets, et toute la fer
blanterie ordinaire et les pélicans blancs, et les
cierges de dimensions colossales portés sur les épau
les de vierges mûres Tout cela est-il bien digne de
figurer dans un cortège voulant rappeler un événe
ment mémorable, ce cortège fût-il religieux, et tou
tes ces machines ne seraient-elles pas mieux leur
place dans une procession de Steenockerzeel ou
d'Oostacker-lez-Lourdes
Une chose parfaitement réussie, au contraire,
c'est l'Exposition d'Art Rétrospectif, organisée, sous
les auspices de l'Administration Communale, par
une commission déléguée cet effet.
L'immense Salle Nord de l'étage des Halles est
transformée en un vaste Musée, contenant tous les
objets d'art les plus précieux que possèdent les par
ticuliers et les administrations de la ville. Les an
ciennes porcelaines de la Chine et du Japon y
alternent avec les vieux Saxe et les vieux Sèvres, le
vieux Rouen y coudoie le Delft polychrome le tout
entremêlé de grés et de cuivres et entouré d'un cadre
formé de riches broderies appartenant aux fabriques
d'église, de bahuts fouillés par le ciseau des artistes-
ebénisles du 17e siècle et de scribans en ébène et
écaille. Ajoutez encore que les murs sont garnis de
tableaux de toutes les époques et que des vitrines
renferment des chefs-d'œuvre d'orfèvrerie des ,deux
siècles derniers, des émaux, des verres de Venise,
des ivoires ainsi que des manuscrits enluminés du
plus haut intérêt historique. L'exposition des Hospi
ces civils de la ville est surtout digne d'attirer l'at
tention, tant par le caractère d'authenticité ^absolue»
et la conservation des objets d'ameublemènt, qupj
par la collection de lableatîjx dûs au pinceau de
Rare! Van Yper.
En somme, bien peu de villes pourraient organi
ser semblableexhibitionavec leurs seules ressources.
Aussi le monde afllue-l-il l'Exposition et, si l'exis
tence en était mieux connue l'intérieur du pays,
tous les amateurs d'art ancien ne manqueraient
pas de venir la visiter.
La cérémonie d'ouverture a été simple et digne.
Dimanche 5 Août, midi et demi, en présence de
M. le Bourgmestre, du Conseil Communal, de quel
ques exposants et des membres de la Commission
organisatrice. Monsieur Aug. Beaucourt, Président
de celte dernière, a prononcé les quelques paroles
suivantes
Monsieur le Bourgmestre a répondu en félicitant
la Commission du succès qu'elle avait obtenu et en
la remerciant, au nom de l Administnation Commu
nale, pour le zèle et le dévoûment dont elle avait
fait preuve en celte circonstance. Après quoi, l'Ex
position a été déclarée ouverte jusqu'au lr Septem
bre.
Le soir, toutes les rues, déjà pavoisées de drapeaux
depuis le matin, ainsi que les édifices publics,
étaient illuminées giornola maison la plus
pauvre avait voulu allumer quelques bouts de chan
delle; il y avait de tout, des cordons de gaz, des
verres coloriés, des ballons chinois lumineux, mais
la palme revient M. René oe Florisone, dont le
jardin était illuminé d'une façon féérique. C'était ri
che et de bon goût.
voilà pour le Dimanche; au prochain numéro les
i Voila pou
J] autria^êtes.
ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrondissement administratif et ;udiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 39.
INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25.
CHEMIN DE FER. T Août.
Poperinghe, 6-20 9-09 10-00 12-07 3-00
4-00 6-23 9-05 9-58.
Poperinghe-Hazebrouck, 6-20 12-07 6-25.
Houthem, 5-30 11-16 5-25.
Comines, 5-30 8-05 9-58 10-10 11-16 2-41
2-53 5-23 8-38.
Comines-Armentières,5-308-05 11-16 2-53 8-58.
Roulers, 7-45 10-45 - 12-20 4-10 6-30.
Langemarck-Ostende,7-23 12-22 3-58 4-45 6-22.
Gourtrai, 5-30 9-58 11-16 2-41 5-25.
Gourtrai-Bruxelles, 5-30 9-5811-16 2-41 5-25.
Courtrai-Gand, 5-30 11-16 2-41 5-25.
Messieurs,
A l'occasion du 500' anniversaire de la fondation de la
Fête communale, plusieurs personnes témoignèrent le désir
de voir une Exposition d'Art Rétrospectif. L'idée était
excellente au milieu des fêtes publiques, le moment est on
ne peut mieux choisi pour jeter un coup d'oeil sur le passé,
pour contempler loisir tout ce que nos ancêtres aimaient,
tout ce qu'ils nous ont laissé de choses rares et propres
exciter notre curiosité et notre admiration.
Grâce la bonne volonté de tous les habitants de la ville,
grâce l'activité intelligente et incessante des membres de
la Commission nommée cette fin, le résultat a dépassé
toutes nos espérances. En peu de temps, nous avons vu
rassemblés dans cette vaste et antique salle, souvenir glo
rieux de nos ancêtres, tous ces objets précieux qui, pendant
ces jours, vont attirer les regards de nombreux visiteurs.
Autrefois, Messieurs, en Flandre, comme le dit si bien
Monsieur Alphonse Van den Peereboom dans ses Ypriana,
autrefois la commune natale était la vraie patrie des bour
geois. Puisse aujourd'hui encore cette Exposition, toute
locale, ranimer dans les cœurs Yprois cet amour du clo
cher si ardent,jsi vivace chez nos aïeux et, en admirant ce
qu'ils nous ont laissé de beau, répétons comme eux
Vive la bonne ville d'Ypres