L'impôt sur les céréales.
POPEKINGUE.
- condamné seulement (c'est vous même qui
le reconnaissez) cinquante francs d'amende
pour avoir, par défaut de prévoyance, cassé
le bras au petit Declerck, qui était tombé eu
dansant la corde?
Cinquante francs seulement! C'est vous qui
l'avez dit
Ce n'est donc pas assez Mais alors pour
quoi vous rebiffer et nous jeter la pierre quand
nous vous demandons pour quels motifs vous
n'avez pas interjeté appel de ce jugement
rendu par des adversaires politiques (le
mot est encore de vous).
Vous avez donc cané devant la Cour
d'appel
Pourquoi
Ainsi donc c'est avéré continue Maurau-
mouton. Je martyrise les enfants confiés
mes soins
Mais oui, c'est avéré, c'est même prouvé
Et ce n'est pas nous qui vous le disons.
Le ministère public, armé du dossier
vous l'a répété satiété et l'a clairement dé
montré dans le plus juste et« le plus amer des
réquisitoires.
Les juges l'ont déclaré en rendant leur sen
tence et vous-même, vous l'avouez implicite
ment en reconnaissant qu'une peine de cin-
uante francs damende seulement pour les
àits qui vous sont imputés n'est pas exagérée.
Nous ne regrettons pas pour notre part que
notre serviteur Maurau ait daigné rompre
une plume avec nous; mais les gens
bien pensants regretteront peut être cette polé
mique déjà trop longue et d'aucuns seront
sans doute d'avis qu'elle ne peut en rien rele
ver Thonneur du Collège
Le Journal dYpres a trouvé plaisant de
nous rendre responsable des opinions de
Mr P. Vermeulen en matière économique.
Il reproduit un extrait du discours prononcé
par ce dernier la séance de l'Association
libérale du 31 Mai 1884 et s'écrie triomphale
ment:
Voilà comment a raisonné M. Pol Ver-
meulen! Voilà comment nous raisonnons
nous-mêmes!
Et le Progrès qui approuve M. Pol
Vermeulen refuse de nous donner satis-
faction.
0 loyauté politique, voilà de tes coups.
D'abord où le Journal a-t-il vu que nous
ayons approuvé M. Vermeulen, que nous
ayons défendu ses idées sur le régime du libre
échange ou de la protection.
Il lui serait bien difficile de le dire. Aussi
ne répondra-t-il pas cette question et per.
sistera-t-il répéter invariablement
M. P. Vermeulen est partisan des droits
d'entrée sur les céréales. Or, le Progrès a
appuyé la candidature de M. Vermeulen en
Juin dernier; donc le Progrès qui tonne
aujourd'hui contre la loi de famine a
changé d'avis sur cette question. Il a chanté
la palinodie.
Nous nous donnerons la peine de réfuter
notre confrère.
m
Les dernières élections législatives ont été
faites sur la question politique et si M. Ver
meulen. s'aventurant sur le terrain économi
que, a professé des opinions qui n'ont jamais
été et qui ne sont pas les nôtres, il lui était
permis de le faire parceque nul, dans le parti
libéral ou du libre examen, n'est lié par ce
Credo quia absurdum qui est, comme nous
l'avons dit un jour, le nec plus ultra de
l'épanouissement d'une intelligence ultramon-
taine.
Le Journal le sait mieux que personne,
sauf peut être M. Colaert, qui doit avoir sou
venance d'un article paru dans notre numéro
du 17 Février 1884 et dont nous croyons utile
de reproduire un extrait.
Voici ce que nous disions cette époque:
Mais tout cela n'est que la Sl-Jean côté de la
bourde phénoménale qtie l'aigle du barreau d'Ypres
lancée majestueusement son naïf auditoire.
Nous citons textuellement
Tous les blés étrangers entrent chez nous,
exempts de taxe; tandis que nos produits similaires
sont soumis, pour leur exportation, des droits
très-élevés. Les blés d'Amérique inondent nos
marchés et font nos produits une concurrence
contre laquelle nos cultivateurs ne peuvent lutter
avec quelque avantage.
Ainsi c'est convenu. 11 faudra frapper de droits
écrasants les blés d'Amérique qui inondent nos
marchés. 11 faudra, au besoin, donner une prime
aux agriculteurs belges1 pour qu'ils'exportent leurs
produits. M. Colaert, protectionniste outrance, en
fera la proposition la Chambre. Ne l'oublions pas.
Et ce futur ministre de l'agriculture et du com
merce s'imagine que cela fera le beurre de nos
paysans Pas du tout. On augmentera leurs ferma
ges et nos braves campagnards seront gros jean
comme devant. Leurs maîtres et seigneurs auront
tout empoché.
Mais ce n'est là qu'un côté de la question.Voyons
l'autre.
M. l'avocat Colaert ignore sans doute que la Bel
gique ne produit pas beaucoup près, assez de
céréales pour sa consommation. Il doit probablement
ignorer que, si les classes ouvrières parviennent,
malgré la crise industrielle et commerciale que nous
traversons, se procurer du pain un prix relative
ment minime, c'est grâce aux blés étrangers qui
inondent nos marchés.
Le système absurde de M. Colaert, s'il était mis
en pratique, amènerait inévitablement un renchéris
sement excessif des denrées alimentaires et une
misère effroyable dans les classes inférieures ',de la
société. Son résultat immédiat serait d'affamer le
pays et nous conduirait peut-être, qui sait, une
révolution sociale.
Est-ce là le rêve des cléricaux qui aiment pê
cher en eau trouble?
Franchement, M. Colaert, primus du Collège de
Poperinghe et docteur en droit de l'Université
catholique, a reçu de bien singulières notions d'éco
nomie politique.
S'il est de bonne fbt en émettant cette étrange
théorie, nous lui disons, dût sa réputation d'avocat
et de jurisconsulte en soûffrir quelque peu, que ce
n'est pas le fait d'un homme intelligent. S'il a voulu
en imposer aux électeurs,campagnard pour raccoler
leurs votes, nous lui gisons
ou plutôt ne disons rien et livrons ce procédé l'ap
préciation des honnêtes gens.
Notre doctrine est là toute entière.
Le Journal continuera-t-il prétendre que
nous avons varié sur cette question, que nous
chantons la palinodie.
Nous aurions tort de ne pas nous y attendre
de la part d'un Journal dont la mauvaise foi
est devenue proverbiale.
Nous pourrions avec tout autant de raison
lui signaler l'attitude du Journal de Bruxelles
qui après avoir patronné les candidatures des
députés de Nivelles, combat aujourd'hui la
proposition de loi que ces honorables ont dé
posée en suite d'engagements pris vis-à-vis du
corps électoral.
Que répondrait le Journal?
Nous pourrions avec plus de raison rappeler
l'attention du public les articles violents
parus dans le Journal dYpres lorsque le mi
nistère libéral voulait faire voter un impôt sur
le café. L'impôt était alors inutile et vexatoi-
re. C'était le thème soutenu par le Journal.
Aujourd'hui, c'est une toute autre gomme
Les catholiques sont au pouvoir. Les ressour
ces du trésor sont suffisantes. C'est l'avis de tout
le monde. Mais cela n'empêche pas qu'il faille
créer de nouveaux impôts et mettre de nou
veaux millions la disposition de nos gou
vernants.
Dame, il faut bien remplir les caisses
diocésaines!
Toute la thèse du Journal peut se résumer
en quelques mots:
L'impôt sur le pain est proposé par des
hommes qui ont la confiance du Journal. Cet
impôt doit avoir pour la bourse des gros pro
priétaires cléricaux, si éprouvée par la loi
scolaire, des conséquences heureuses.
L'augmentation des fermages, conséquence
inévitable de l'établissement du droit d'entrée
sur les grains, pourra indemniser les susdits
propriétaires des saignées qu'ils ont subies
de la part du clergé.
Donc cet impôt est juste. Donc il est équita
ble. Donc il sera voté, dût la population
ouvrière mourir de faim comme en 1847.
Nous n'y contredirons pas davantage, car
il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas
entendre.
Un mot encore pour finir
Lq Journal dYpres, toujours aimable, tou
jours poli, dit que M. Vermeulen est pru-
dent, car il fait corriger ses discours avant
de les faire imprimer.
Comme c'est spirituel
Si nous voulions porter la discussion sur ce
terrain, nous pourrions dire par exemple:
Nous connaissons, nous, un jeune avocat
clérical, rédacteur du Journalqui agirait
très prudemment en soumettant un maître-
ès langues ses dissertations sur le distèlle et en
quittant l'audience avant le quart de deux
heures.
Il éviterait ainsi de porter atteinte la
juste considération dont le barreau d'Ypres
n'a cessé de jouir et il ne serait pas l'objet des
moqueries et des quolibets de ses contempo
rains.
m» SfrC-tt") Si—
L'article de Poperinghe nous est arrivé trop tard
pour être inséré dans le présent numéro.
Dans le précédent article de Poperinghe deux
fautes typographiques y ont été laissées, que nos
lecteurs ont déjà rectifiées eux-mêmes
2e colonne, 51e ligne Sérindé au lieu de Périndé.
3e colonne, 3" ligne: de au lieu de a.
La première session de 1883 du jury central
chargé de délivrer les diplômes académiques s'ou
vrira, s'il y a lieu, le Mardi 7 Avril prochain.
Les inscriptions seront prises sans frais du Lundi
16 Février jusqu'au Jeudi 26 inclusivement.
Let listes seront définitivement closes après celte
date.