N° 1,068. Dimanche,
45e ANNÉE.
29 Mars 1885.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
6 FilANCS PAR AÎS.
PARAISSANT Lfc JEbM^T LE DIMANCHE.
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Ypres, le 28 Mars 1885.
Par suite d'un malentendu inexpli-
cable et d'ordres mal compris, il s'est
glissé dans notre numéro de Jeudi dernier un
article sur la garde civique,dont notre Comité
de rédaction n'entend pas assumer la respon
sabilité.
C'est celui qui a paru la Ie page de notre
journal.
Nous n'avons pas le moins du monde l'in
tention d'ouvrir nos colonnes des correspon
dants anonymes, et ce n'est pas pour faire
plaisir M. un tel que nous changerons quoi
que ce soit notre détermination.
LA LOI MAUDITE.
A Bccelaere.
Nous avons énuméré, dans notre numéro
de Dimanche dernier, les résolutions prises
par le Conseil Communal de Becelaere, dans
sa séance du 6 Février.
En nous plaçant au point de vue du légis
lateur de 1884, cela est absolument correct.
En effet, sous prétexte d'autonomie commu
nale, la loi autorise les communes désorga
niser, voire même supprimer complètement
l'enseignement public, et nous devrions quasi
témoigner de la reconnaissance aux édiles de
Becelaere, de ne pas avoir usé jusqu'au bout
des prérogatives que leur confère la loi mau
dite.
Nous n'insisterons que sur un point assez
délicat et que pour cette raison nous ne pou
vons traiter qu'avec une certaine réserve.
Le Conseil Communal de Becelaere est com
posé de neuf membres, dont 5 cléricaux et
quatre libéraux.
Or, un de ces cléricaux, le sieur X..., est le
père de l'instituteur de l'école libre. Cet hono
rable conseiller a cru pouvoir prendre part
au vote émis par le Conseil en faveur de l'a
doption de l'école libre.
Il y a cependant quelque part, dans la loi
communale, un art. 68 qui interdit tout
membre du Conseil et au Bourgmestre d'être
présent la délibération sur des objets aux-
quels il a un intérêt direct, soit personnelle-
ment, soit comme chargé d'affaires, avant
ou après son élection ou auxquels ses parents
ou alliés, jusqu'au quatrième degré inclusi-
vement ont un intérêt personnel et direct.
Le fils de l'honorable conseiller dont s'agit
1
avait-il un intérêt réel et direct voir son
école adoptée
Poser la question c'est la résoudre car l'adop
tion entraînait.dans l'espèce, l'allocation d'un
subside de 1600 francs.
M. X..., père, aurait donc dû, non seule
ment s'abstenir au vote, ce qu'il s'est bien
gardé de faire, par ignorance sans doute (car
nous ne suspectons pas ses intentions), mais il
aurait dû ne pas prendre part la délibération
et appuyer une mesure qui, dans les circon
stances où elle a été prise, nous paraît enta
chée d'un vice grave, sinon frappée de nullité.
En effet, étant donnée la composition du
Conseil communal, toutes les propositions
faites par les cléricaux eussent été rejetées
par parité de voix, si M. X. avait bien voulu
se conformer la loi et s'abstenir.
Nous avons lieu de croire la parfaite ex
actitude des renseignements qui précèdent.
Si néanmoins, on nous prouve que nous
nous sommes trompés ou que nous avons
été induits en erreur par des amis trop zélés,
nous rectifierons dans notre plus prochain
numéro, différant en ceci de M. Colaert qui,
donnant des démentis un de ses collègues
de la Chambre, s'est bien gardé de fournir les
preuves que nous attendons depuis si long
temps.
Si les mesures prises par l'Administration
communale ne s'écartent pas des dispositions
de la loi du 20 Septembre 1884, elles sont au
plus haut degré tracassières et bien faites pour
amener, dans un bref délai, la dépopulation
de l'unique école communale maintenue et
partant la ruine de l'enseignement public.
Voilà l'objectif des cléricaux de Becelaere.
Cela n'est pas niable.
Sous le régime ancien, la plupart des en
fants fréquentaient gratuitement les écoles
publiques. On n'exigeait pas le paiement de la
rétribution scolaire, d'ailleurs minime, de la
part des parents qui, sans être secourus par
le Bureau de bienfaisance, parvenaient tout
au plus nouer les deux bouts, comme on dit
vulgairement.
Cette catégorie de gens est nombreuse. Elle
constitue cette petite bourgeoisie, honnête,
travailleuse, fière de son indépendance, et qui
endurerait toutes les privations plutôt que de
recourir la charité publique ou privée.
Il est incontestable qu'une somme de vingt-
quatre francs par an et par enfant, pour ces
gens relativement pauvres,est une très-grosse
somme et que les exigences de l'autorité com
munale doivent avoir pour conséquence inévi
table de mettre ces braves gens dans l'alterna
tive, ou de se faire inscrire au Bureau de
bienfaisance (ce qui est pour eux une honte et
une humiliation), ou bien d'envoyer leurs en
fants l'école libre où la commune se chargera
de payer leur écolage sous forme d'augmenta
tion (ie subside.
Telle est la manière d'agir des édiles de
Becelaere, qui ont fixé le minerval scolaire
au taux maximum de deux francs par mois.
Cette observation ne s'applique pas seule
ment Becelaere. Elle est générale. Elle vise
la plupart des communes de l'arrondissement,
car la majoration du minerval scolaire semble
être le résultat d'un mot d'ordre donné tous
les curés et par ceux-ci aux conseils commu
naux chargés d'exécuter leurs volontés.
Voici cependant comment s'exprimait, dans
sa fameuse circulaire du 21 Septembredernier,
M. Jacobs,qui certes ne peut être taxé de mo-
dérantisme.
Sous le régime de la loi de 1879, le taux
de la rétribution payer par les élèves
solvables était fixé, pour chaque commune,
par la Députai ion permanente, sur la pro-
position du conseil communal et sauf recours
au Roi. C'est la commune qu'appartient,
en vertu de la loi du 20 Septembre 1884, le
droit de fixer le taux de cette rétribution,
en tenant compte des usages de la localité et
des ressources des habitants.
Si, dans l'intérêt des finances communa-
les, il ne faut pas réduire cette rétribution
un taux infime,, il ne faut pas non plus
l'élever au-delà d'une limite convenable.
Il semble raisonnable de fixer le taux
mensuel de l'écolage 50 centimes au mini-
mum et deux francs au maximum par
x mois, soit de 6 24 francs par an.
x II va de soi que si la commune désire
x sincèrement voir augmenter la population
x de ses écoles; si elle est animée de bonnes
x dispositions en faveur de la classe ouvrière,
x elle se contentera du minimum de la rétri-
x bution scolaire. Encore ne l'exigera-t-elle
x que des particuliers qui jouissent d'une
x aisance réelle et qui sont en état d'acquitter
x cette légère taxe, x
En admettant donc (ce que nous avons tou
jours révoqué en doute) que le gouvernement
ait été sincère lorsqu'il disait pouvoir compter
sur la modération x du clergé dans l'œuvre
de la réforme scolaire, il est certain que le
clergé et les conseils communaux qu'il inspire,
s'ils ne les dirigent pas encore, se soucient
fort peu des conseils ae l'autorité supérieurs
et n'en font qu'à leur tête.
LE PROGRES
VIRES ACQUIRIT EUNDO.
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La Rédaction.
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