No 1,081. Jeudi,
14 Mai 1885.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL
YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Avis important.
La loi maudite du 20 Septembre 1884
et sou application.
45e année
paraissant le jeudi et le dimanche. VIRES ACQUIRIT EONDO.
Les annonces de la Belgique et de l'Etranger sont reçues par l'Agence Bavas (Publicité), 89, Marciié-aux-Herbes, Bruxelles et chez ses correspondants:
Pour la France: l'Agence Ilavas, 8, Place de la Bourse, Paris. Pour l'Allemagne, l'Austro-Hongrie et la Suisse chez Rudolf Mosse (Annoncen-Expedition)
Cologne, Berlin, Francfort, Strasbourg, Munich, Hambourg, Leipzig, Sluttgard, Vienne et Zurich. Pour la Grande-Bretagne et l'Irlande: chez Géo Street et
C°, 30, Cornhill, E C et S, Serle Street W G, Londres. Pour la Hollande: chez Nygh et Van Ditmar, Rotterdam.
Pour l'Amérique: chez Pethinghill et C*,
38, Park Row-New-York.
Aujourd'hui, JEUDI, 14 MAI, 3 heures
de relevée, l'Aigle d'Or, réunion des électeurs
capacitaires.
Conférence par M. J. Sabbe.
Sujet Burgerplicht.
Dans le dictionnaire de P. Larousse nous
lisons au mot modestie
Retenue dans la manière de penser, de se
conduire, de parler de soi.
Au mot orgueil Opinion trop-avantageuse
de soi-même» et enfin au mot bétise: défaut
d'intelligence.
A quels sentiments cède le Bourgmestre-
Paon d'une des communes de notre arrondis
sement depuis son récent avènement
Voilà ce que se demandent avec une certai
ne inquiétude ses administrés.
Nous pouvons affirmer carrément, sans ris
que de nous tromper, que ce n'est pas au pre
mier sentiment qu'il obéit.la modestie lui étant
aussi complètement étrangère que la vraie re
ligion aux prêtres qui ne travaillent qu'à as
seoir leur domination, bien que le Christ, leur
maître, ait dit Mon royaume n'est pas de ce
monde.
Serait-ce l'orgueil, compagnon obligé de la
bétise qui l'inspire
Enoncer ses actes récents, sera la meilleure
manière de répondre ces questions.
Or, il y a quelques semaines le Conseil
Communal de la prédite commune était réuni;
dans l'ordre du jour se trouvait notamment:
Installation du nouveau Bourgmestre.
Vous croyez, âmes bénévoles, que suivant
les plus vulgaires convenauces, alors que les
intérêts d'un membre de la Régence sont en
jeu, ce membre va se retirer
Détrompez vos sens abusés. Comme dans le
Malade Imaginaire de Molière, l'on a changé
tout cela. Non seulement le nouveau Bourg
mestre présidemais il se mêle aux débats
pour repousser toutes les économies que quel
ques membres voudraient faire juste titre,
vu le mauvais état des finances de la commu
ne. Il propose même de prendre le subside de
la musique libérale que l'on ne payera plus,
pour le faire servir son installation.
Est-ce modeste, ou ne l'est-ce pas
Vous croyez peut-être que là va s'arrêter ce
comble d'humilité
Il faut de la musique il n'y a pas de fête
sans elle.
Eh bien c'est le héros de la future installa
tion qui va de ci el de là quémander leurs fan
fares aux villages voisins, dont le cléricalisme
est de la plus belle eau, et qui consentent se
rendre aux vives sollicitations du nouveau
Bourgmestre. Mais s'il faut de la musique il
ne la faut pas séditieuse.
Un avis contresigné par le nouveau Mayeur
et affiché dans les cabarêts catholiques exclu
sivement, fait connaître aux mécontents et
ils sont nombreux que les chansons et les
écrits qui viseraient être désagréables au
nouveau pouvoir sont rigoureusement défen
dus, et. que les contrevenants seront punis
suivant la rigueur des lois.
Il faut que le Bourgmestre-Paon puisse faire
la roue sans que sa satisfaction personnelle
en soit troublée.
Les Empereurs Romains sont distancés.
Eux toléraient qu'au jour de leur triomphe
leurs chars, suivis par les ennemis vaincus
etemmenés en esclavage,fussent accompagnés
par des hérauts qui proclamaient leur faiilibi-
lité.
Lui, le Bourgmestre-Paon, décrète la cen
sure et son bon plaisir.
Entre le Fakir Indien, contemplant son
nombril, et le Bourgmestre-Paon, il n'y a
qu'une différence la nationalité.
Dans son rapport au Roi, l'ex-ministre Jacobs, en
soumettant la sanction royale la loi organique de
l'instruction primaire, affirmait que l'application que
le gouvernement comptait faire de celte loi serait
conforme aux idées de modération qui ont présidé
sa confection, et il réfutait par anticipation des
critiques dont elle devait certainement être l'objet.
Sept mois peine nous séparent de sa mise en
exécution, el nous ne voyons autour de nous qu'un
amas de ruines. En effet, depuis le chef-lieu de la
province jusqu'au moindre bourg, tout porte la trace
de la main exterminatrice du clergé, de la domina-
lion el de l'obéissance aveugle des administrateurs
cléricaux.
Quoi qu'on en dise, la destruction de l'enseigne
ment officiel sera sous peu une œuvre accomplie, si
des mesures énergiques ne sont employées, si le
peuple belge ne met pas un frein la fureur de nos
maîtres et ne rompt l'appétit dévorant du clérica
lisme.
Que ne se passe-t-il Bruges, Roulers, Thielt,
Thourout, Furnes, IseghemHandzame, Moorseele,
Waeregbem, Dadizeele, Saint-Genois, Zonnebeke,
Rousbrugge, Moorslede, Langemarck, Passchen-
daele, Becelare, Wynckel-St-Eloi, Harelbeke et dans
plus de cent autres villages de la Flandre occiden
tale? Les communes ne se ruinent-elles pas, rien
que pour favoriser les écoles du clergé? Ne mettent-
elles pas tout en œuvre pour tuer les écoles publi
ques? Ne voyons-nous pas en outre le matériel sco
laire provenant des établissements officiels suppri
més, dispersé entre les écoles du clergé, qui ne sont
pas même adoptées Ne voyons-nous pas, d'un
autre côté, des sous-instilutuurs jouissant d'un trai
tement d'attente et ne demandant pas mieux que de
pouvoir continuer leurs fonctions, ostensiblement
éloignés de l'école, alors même que la population
de l'école communale exige leur présence? Ne citons
que Staden parmi toutes ces communes bienveillan
tes. L'administration paternelle d'Ingelmunster n'a-
t-elle pas enlevé le jardin l'instituteur communal
pour le donner l'instituteur privé et aux religieu
ses L'honorable m. de Kerchove de Denderghem
n'a-t-il pas signalé la Chambre, dans la séance du
9 Mars dernier, que la commune de Cortemarck a
installé l'instituteur privé dans la maison de l'insti
tuteur communal, que celui-ci devait abandonner?
La commune d'Oudenbourg n'agit-elle pas de même
envers un digne fonctionnaire qui a aussi vingt-
quatre ans de bons services?
El tout cela est l'essai loyal de la loi maudite
Le ministre de l'inlérieut et de ce qui reste de
l'instruction publique fait cependant sonner très-
haut dans sa circulaire du 30 Mars 1885 que les
instituteurs qui restent en fonctions continuent d'ha
biter la maison d'école. Tous les bourgs-pourris,
esclaves du clergé, ont assurément reçu communica
tion de cette pièce administrative, el cependant nous
ne voyons aucun changement, ni Oudenbourg, ni
Cortemarck, m ailleurs.
LE PROGRES
ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrondissement administratif et Judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 39.
INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25.
Ypres, le 13 Mai 1885.
Ld Bourgmestre Taon.