Nouvelles locales.
Nouvelles diverses.
Chronique Judiciaire.
M. Bass a fait présent la ville. Le coup d'œil était
féerique. La table était servie avec une somptuosité
vraiment royale, un orgue gigantesque donnait la féte
un cachet artistique tout fait particulier. Les toasts
ont été chaleureux de part et d'autre. La santé de la
Reine d'Angleterre et celle du Roi des Belges, portées
en français par M. Ch. Allsopp, membre du Parlement,
ont été acclamées par la salle entière. Les invités et
leurs hôtes ont ensuite rivalisé d'humour et de cordia
lité.
La visite des brasseries Allsopp et Bass a commen
cé a;irès le banquet. Elle n'a pas duré moins de six j
heures, nous faisant marcher de surprise en surprise.
Toutes les sciences ont été mises contribution pour
creér^es établissements étonnants. La mécanique et la
chimie, ces deux fées puissantes, ont richement doté le
capital de la brasserie moderne.
C'est en chemin de fer que nous circulons dans les
royaumes de MM. Allsopp et Bass, des milliers d'ou
vriers nous saluent au passage tout le long des lignes et
dans les gares d'où partent les trains de marchandises.
Ce sont des montagnes de tonneaux, des balles de hou
blon par milliers, des bois, des fers, des grains, des
machines sans nombre.L'impression générale tient la
stupéfaction.
Tout ce mouvement, tout cette fortune industrielle
ont eu de modestes commencements. Il a fallu un véri
table génie pour mener au point où nous les voyons ces
maisons sans rivales aujourd'hui. Les inventions les
plus récentes,,les découvertes d'hier sont là côte côte.
C'est un véritable musée des forces matérielles asser-
vies, des ingéniosités humaines dans ce qu'elles ont de
plus va ié.
Parierai-je des bureaux Ce sont des administra
tions complexes, des ministères distincts avec leurs at
tributions nettement définies. Dans plus d'un petit Etat,
les sommes engagées et les relations entretenues n'ont
pas l'importauce qu'elles ont Burton.
On comprend la déférence de toute une population
pour les intelligences directrices qui président son
bien-être et sa vie.
Le soir, une musique de premier ordre nous a don
né uu conce t capable de forcer l'attention des plus in
différents. La presse locale et les habitants nous
ont accompagnés jusqu'à notre train spécial, en nous té
moignant une bienveillance que nous ne pourrons ja
mais oublier.
Eu vérité, il faudrait un voulume pour décrire dans
tous ses détails la magnifique féle offerte aux brasseurs
belges par MM. Allsopp et Bass au milieu de cette pe
tite ville, dans laquelle les millions sont si peu de
chose, dans laquelle les millionnaires ont l'accueil cor
dial et l'esprit aimable qui rehaussent encore l'éclat de
fortunes si honorablement conquises.
Nous apprenons qu'un nouveau voyage Londres
aura lieu le '28 de ce mois, l'occasion du Derby
d'Epsom.
Le prix est de fr. 250-00.
H. Charles Parmeniier, directeur de VExcursion,
Bruxelles, chargé de l'organisation de ce voyage, fera
visiter aux personnes qui le désireront les installations
brassicoles de Londres.
Nous apprenons que sur 158 candidats inscrits pour su
bir l'examen de capacité électorale, 136 se sont présentés.
70 d'entre eux, soit plus de la moitié, ont obtenu le nom
bre de points requis pour l'obtention du diplôme d'électenr
ca paritaire.
Ce sont, pour la plupart, des jeunes gens qui ont suivi les
cours d'adultes de l'Ecole communale.
Nous lisons dans la Chronique
Nous recevons des nouvelles détaillées sur les circon
stances qui ont accompagné la mort du regretté capitaine
Hanssens, dont nous avons annoncé récemment le décès au
Congo.
C'est le 16 Décembre qu'il ressentit les premières attein
tes du mal qui le tua. Le docteur Lesbie combattit ce pre
mier symptôme, mais Hanssens resta dans un grand état de
faiblesse et il succomba le 28 Décembre, au soir, malgré les
soins des docteurs Lesbie et Parminter.
C'est le capitaine Saulez qui a pris le commandement des
Stations du Haut-Congo, qui étaient placées provisoirement
sous la direction des lieutenants Van Gèle et Liebrechts et
avaient reçu les instructions de Hanssens avant le départ de
celui-ci.
M. le colonel De Winton a envoyé aux agents des associa
tions africaines l'ordre du jour suivant
Avec un grand et profond regret, 1 administrateur géné
ral informe les membres de l'Association de la mort du ca
pitaine Hanssens l'un des plus distingués de ses officiers.
Le capitaine Hanssens est décédé le 28 Décembre.
Plusieurs membres connaissent les éminents services que
le capitaine Hanssens a lendus en Afrique.
Il est convenable que j'en fasse ici mention, car pendant
que plusieurs déplorent la perte d'un ami, tous auront sous
les yeux le noble exemple du dévouement envers le devoir
qui leur a été donné par leur ancien camarade.
Le 8 de ce mois, dans l'après-midi, Achille Schacht,
âgé de 6 ans, jouait avec son frère Alidor, âgé de 3 ans,
le long du canal de Boesinghe.
Alidor vint prévenir sa mère, qui se trouvait non loin
de là, que son frère était tombé dans l'eau. La mère se
précipita vers l'endroit indiqué par l'enfant, et vit le
corps de son fils Achille au bord du canal. Elle le retira
aussitôt, mais le petit avait cessé de vivre.
ÉTAT-CIVIL D'YPRES,
du 1 Mai au 8r Mai 1885.
Naissances .- Sexe masculin, 3 id. féminin, 8.
Mariages
Wenes, Gustave, peintre, et Pinte, Alixe, sans profes
sion. Joos, Emile, sacristain, et Hartcel, Félicie, sans
profession. Odou, Aloïse,journalier, et Leperck,Pélagie,
Servante.
Décès
Pollée, François, cordonnier, 56 ans, époux de Nathalie
Harkey. Neuwelaere, tailleur, 75 ans, veuf de Barbe
Degraeve, rue de Menin. Veranneman, Virginie, sans
profsesion,74,ans, célibataire, rue de Menin.Frutsaert,
Amélie, sans profession, 87 ans, veuve de Pierre Soetaert,
rue de l'hôpital St Jean.
Enfants-au-dessous de 7 ans: Sexe masculin 0; id. féminin 2.
MB* f Bill 11 IIÎT1MI
Un drame. M. le capitaine Maréchalle, maître de
dessin l'école de guerre et l'école militaire, qui, l'année
dernière, avait été frappé d'insolation et depuis lors avait
montré diverses reprises des symptômes de dérangement
cérébral, a été pris d'un accès de démence et s'est tiré un
coup de revolver dans la tète. Il est mort sur le coup.
Cette catastrophe a plongé l'établissement militaire de la
Cambre dans une profonde consternation. On avait bien re
marqué que le capitaine Maréchalle témoignait d'une sus
ceptibilité ombrageuse, qui avait quelque chose de maladif.
Cela touchait la folie de la persécution, mais on ne croyait
pas que cet homme simple et bon, qui n'avait aucun souci
et dont le bonheur conjugal faisait envie, pût être aussi sé
rieusement malade. Il se préoccupait seulement de son en
seignement, et quand il en avait le loisir, il s'en allait la
campagne, avec sa femme, artiste comme lui, peindre d'a
près nature.
Vendredi il avait donné sa leçon l'école de guerre com
me d'habitude, mais il n'avait corrigé aucun dessin. Je
ferai cela la semaine prochaine disait-il. Il paraissait un
peu nerveux.
Dans la nuit de Samedi, vers 3 heures du matin, il s'é
cria tout coup Les voilà, ils viennent et s'adressant
sa femme: Les entends-tu? Ils viennent pour me dégra
der. lise leva, alla chercher son revolver d'ordonnance,
une arme formidable, et fit'le guet devant la porte. Sa fem
me effarée s'était levée elle n'entendait rien et ne compre
nait pas. Après quelques minutes, le capitaine poussa un
cri Mais c'est moi qui fais tout ce bruit-là dit-il, et, se
mettant le canon du revolver dans la bouche, il fit feu. La
balle traversa la tète et sortit derrière l'oreille. Le malheu
reux tomba sur sa femme qu'on releva quelques instants
après évanouie et couverte de sang. Drame effroyable de la
tollie. Le pauvre capitaine n'avait que des amis. Il sera
pleuré par tous.
Jeudi, vers 8 h. 1/2 du soir, un incendie, dont la
cause est inconnue, a éclaté dans une chambre, au deuxième
étage de la maison M. Meyer, mannelier, Grand'Place,
Tourcoing. Les pompiers arrivèrent aussitôt sur le lieu du
sinistre, mais le feu, alimenté par des matières entièrement
combustibles, les paniers et une grande quantité de bois
placés au rez-de-chaussée et au premier étage, avait envahi
en un instant toute la maison. M. Meyer, sa femme et deux
de leurs enfants ont peine eu le temps de s'échapper.
Dans leur précipitation, ils crurent d'abord que leurs trois
autres enfants plus jeunes, couchés justement dans la cham
bre où le feu venait de se déclarer, s'étaient sauvés, mais
11 n'en était malheureusement rien.
Après les avoir cherchés dans les maisons voisines, quel
ques personnesconvaincues que les malheureux en
fants se trouvaient encore dans la maison, essayèrent d'v
pénétrer, niais ils ne purent y parvenir. L'escalier du rez-
de-chaussée était déjà en feu et des torrents de flammes
s'échappaient des croisées du premier étage; il n'y avait
plus rien tenter.
L'incendie a, pendant un moment, fortement endommagé
une maison voisine, mais, vers 9 h. 1/2, les pompiers,
quoique ne disposant pas de la pompe vapeur, actuelle
ment en réparation, étaient parvenus néanmoins se rendre
maître du fléau. Les pertes sont très élevées.
Les trois enfants, dont on n'avait pas encore retrouvé les
cadavres onze heures, sont deux petits garçons, Arthur,
âgé de 8 ans, Alphonse, âgé de 6 ans, et une petite fille,
Jeanne, âgée de 4 ans. La douleur des parents est indes
criptible.
Le père des enfants, fou de douleur, a tenté de se jeter
dans le brasier.
JiU !'-> ft
L'affaire connue en ville sous le nom de Linlxoorm,
a été jugée l'audience du tribunal correctionnel du
12 de ce mois.
L'empirique, Verhaeghe, Léopold, qui, depuis plus de
dix ans, exerce illégalement et avec une impudence in
croyable, l'art de guérir, a été reconnu coupable de
tous les chefs de la prévention.
Cet individu, sous prétexte de pratiquer la médecine,
commettait des attentats la pudeur et se rendait cou
pable d'escroqueries.
Le tribunal l'a condamné 6 mois de prison, du chef
d'attentats la pudeur avec violence; 4 mois de la même
peine, du chef d'escroqueries et 25 florins d'amende,
pour exercice illégal de la médecine.
Sur la réquisition du ministère public, l'arrestation
immédiate a été ordonnée, et Verhaeghe a été écroué
en la maison d'arrêt.
Le tribunal s'est occupé également, dans la même
audience, d'une autre affaire qui a fait assez de bruit,
raison de la gravité qu'elle paraissait avoir au début.
Le Dimanche, 29 Mars dernier, on racontait qu'un
assassinat avait été commis Ypres, rue Schuttelaar.
Un homme avait sans provocation aucune reçu,
d'un nommé Thorez, Henri, des coups de couteau, qui
devaient rapidement entraîner la mort. La victime pût
néanmoins se rendre l'hôpital.
Au bout de quelques jours de traitement tout danger
sérieux avait disparu.
La convalescence fût longue et, aujourd'hui encore,
le nommé Coevoet (c'est le nom de la victime), ne peut
vaquer ses occupations.
L'auteur du méfait et Coevoet se sont connus la
prison de Loos-lez-Lille. Tous les deux ont subi de
nombreuses condamnations.
Il a été impossible de connaître jusqu'à présent, ce
qui s'est passé entre ces deux hommes pendant les
quelques minutes de l'entretien qui a précédé la tenta
tive criminelle.
Thorez, reconnu coupable de coups et blessures ayant
causé une incapacité de travail personnel, a été con
damné un emprisonnement de deux ans et une
amende de 200 francs.
Nous avons dit, dans notre dernier numéro, que la
mort de Pierre Neuville, Neuve-Eglise, paraissait être
un crime. Nos soupçons sont pleinement conformés par
l'examen du cadavre qui a été fait par messieurs les
médecins légistes.
Neuville a eu la crâne broyé La mort remonte
une dizaine de jours, et on se perd en conjectures sur
les motifs de cet assassinat.
Le vieillard n'avait pas d'ennemis il n'avait pas ou
peu d'argent, du moins ce que l'on présume.
Aucun indice de nature mettre la justice sur la trace
du coupable, n'a été relevé jusqu'à présent.
D'activés recherches continuent et il est dé-irec
qu'ils puissent être couronnées de succès.