Les funérailles de Victor Hugo.
Yariélés.
s
I
J
s s s
s ui
Prix mo\«
fcf
LiJ =r- pa rés
S S=>
*LU
Le brave nègre a été acclamé, on lui a même trouvé un
certain air spécial.
M Wauwerinans a annoncé ensuite que M le bourg
mestre l'avait prié d'inviter, en son nom, les explorateurs
du Congo signer le livre d'or de la ville d'Anvers. Celte
petite cérémonie s'est accomplie par le ministère de M.
Génard, le sympathique et savant archiviste qui a soumis
]e glorieux album la signature de MM. Becker, Bracon
nier, Brunfaut, Callewaert, Dhanis, Roger, Zhoinski, Van-
den Bogaerde et Van den Heuvel.
La séance s'est terminée par un petit discours de remer
ciements, prononcé par M. le lieutenant Becker, au nom
des explorateurs du Congo.
Durant le concert-promenade, nos frères noirs se sont
répandus dans le public. Inutile d'ajouter qu'ils ont été très
fctés. C'était qui leur serrerait la main.
Pendant la journée de Samedi, la dernière où la dé
pouille mortelle du grand poêle u.st restée dans l'hôtel
île l'avenue d'Eylau, de nombreuses délégations sont
venues déposer des couronnes et des emblèmes. Il en
arrivait de tous les quartiers de Paris, de tous les dé
partements de la France, de tous les pays du monde. La
couronne d'immortelles jaunes que les habitants du 10*
arrondissement, où l'illustre poète est mort, ont offerte
par souscription, s'est signalée entre toutes par ses di
mensions: elle a quatre mètres de diamètre, et il a fal
lu un inoutle pour la mettre sur un chariot.
La mise en bière dn corps de Victor Hugo a eu l.eu
Samedi soir dix heures et demie.
Avec le corps on a mis dans la bière les photogra
phies des entants et des petits-eiilauts de Victor Hugo,
un bouquet de roses de Villequier, où périrent jadis la
fille du poète et Charles Vacquerie, son rnari; un mé
daillon en bronze d'Auguste Vacquerie et deux médail
les en bronze de Victor Hugo.
Un fourgon est arrivé cinq heures et demie du ma
tin; on l'a aussitôt couvert de lleurs. Le corps y a été
placé et l'on est parti dans la direction de l'Arc de
Triomphe.
Peu après, le cercueil était déposé sur les premières
marches du catafalque.
Le catafalque remplit l'ouverture de l'Arc de Triom
phe. Une tenture de velours noir, semée de lames d'ar
gent, est drapée dessus, et des couronnes et des fleurs
sont entassées au pied.
Le catafalque a la forme d'une immense sarcophage,
noir et argent, posé sur un double piédestal et décore
sur la face de devant d'une couronne traversée par des
palmes en croix, d'un médaillon l'effigie de la Répu-
blque avec la devise: Liberté, Egalité et Frateanité. Il
s'élève aux deux tiers environ de la hauteur de l'arche,
et quand 011 se place dans l'axe du monument, il décou
pe sur le ciel ses contours tourmentés. Une crêpe tom
be de la terrasse de l'Arc de Triomphe jusque sur le
bas-relief de gauche, coupant le monument en diagona
le d'un bandeau de deuil. Le groupe de Falguière est
lui-même enveloppé d'un crêpe noir que le vent arron
dit comme une sorte de coupole. Avec les faisceaux de
drapeaux cravatés de crêpes, les torchères placées en
cercle autour de l'Arc de Triomphe, les ëcussons por
tant le nom des œuvres du poète, les grandes inscrip
tions La France Victor Hugotendues sur les
côtés de l'Arc de Triomphe, Les gardes cheval et
pied rangés près du cercueil et la foule grouillante et
pressée qui circule alentour, le spectacle est saisisant.
Victor Hugo a là une chambre ardente digne de lui.
Il a passé avant d'entrer définitivement dans
la paix du tombeau, ses dernières journées au milieu
des grandes gloires qu'il a chantées. Sous la voûte qui
l'abrite brillent les noms des victoires qui ont si sou
vent retenti dans ses vers, Jemmapes, Marengo, Zurich,
Hohenlinden, Austerlitz, Eylau. El les trois cent quatre-
vingt-six généraux dont les noms accompagnent ceux
de ces vingt-six victoires lui ont fait la nuit, pendant la
veillée funèbre, un cortège d'hommes illustres comme
jamais héros n'en a rêvé.
Fendant toute la journée de Dimanche, une foule
immense a défilé devant le cercueil.
Dans toute l'avenue des Champs Elysées, les réver
bères étaient voilés de crêpe.
Les statues de la place de la Concorde représentant
les villes de France étaient également recouvertes d'un
long voile de deuil.
A six heures précises, la file des visiteurs a été inter
rompue A ce moment il restait dans l'avenue Hoche
lOU,(>00 personnes au moins qui n'ont pu arriver jus
qu'au monument.
On peut évaluer un million et demi de personnes
qui ont défilé pendant la journé de Dimanche devant le
cercueil.
Les funérailles ont eu lieu au milieu d'une foule telle
qu'on n'en a jamais vu de semblable Paris.
C'est un fourmillement sans nom.
Et c'est partout le même speclaclejusqu'au Panthéon.
Pas une fenêtre vide, pas un balcon où les têtes ne fus
sent entassées, pas un coin de trottoir qui ne fût en
combré d'une pile humaine, pas|un arbre où des gens
du peuple ne tussent pendus en grappes dans les bran
ches, pas un toit qui 11'eût pas ses curieux perchés sur
son arête.
Le défilé du cortège funèbre a offert un spectacle ad
mirable. En tète venaient les gendarmes municipaux et
les cuirassiers; puis, onze chars chargés de couronnes
et de bouquets, autour desquels 3000 enfants des ba
taillons scolaires formaient la haie. Ensuite au milieu
de cet éc at inouï, de cette foule immense, de ce prodi
gieux entassement de lleurs, de ces manifestations, s'a
vançait le corbillard des pauvres, tout noir, tout iiu,
avec ses deux petites couronnes de roses blanches, der
nier contraste recherché par le poète.
Le nombre des différents groupes, sociétés, déléga
tions. etc., était d'environ douze cents.
Georges et Jeanne Hugo, trop émus pour suivre le
cercueil, ont été reconduits la maison de l'avenue
Victor Hugo.
Vingt-et-un discours ont été prenoncés, six l'Arc
de Triomphe, quinze au Panthéon.
Il était deux heures et demie quand le cortège est ar
rivé au Panthéon ce moment, c'était peine si la
moitié du cortège avait passé devant l'Arc de Triomphe.
Il était sept heures quand le défilé s'est terminé de
vant le Panthéon.
On évalue la foule deux miltions.
Bibamus papaliter!
Ceci est du latin, me direz-vous.
En effet, et, qui plus est, ce n'est pas du latin de
cuisme.
Ces mats sont sortis jadis d'une bouche auguste.
Us scandaliseront peut-être les âmes pieuses.
Ils n'étonneront certes pas quiconque a lu autre
chose qu'une histoire ecclésiastique ad usum puella-
rum et qui, bravant les foudres de l'église, a osé scru
ter des livres mis l'Index et fureter dans les vieux
bouquins échappés aux bûchers de l'Inquisition.
Bibamus papaliter!
Ces mots ne sont ni d'un gueux, ni d'un franc-maçon,
ni même d'un simple doctrinaire.
Car tous ces malotrus, ces pelés, ces galeux, pa'mi
lesquels on trouve grand'peine, et de loin, en loin un
honnête homme, ne sont guère familiarisés avec la lan
gue de Virgile et ne possèdent en fait de locutions gri
voises et d'expressions bachiques que le vulgaire boire
comme un Polonais
Bibamus papaliter!
Cela n'est pas non plus d'un petit-frère, ni d'un
carme, ni d'un évêque, tous gens de grande capacité
cependant mais qu>, somme toute, ne boivent que
comme des Templiers.
Non.
Bibamus papaliter!
Voilà le refrain de la chanson favorite d'un grand
pontife, de Benoit XII, un infaillible, celui qui ajouta
une troisième couronne la tiare pontificale.
Cette chanson, nous l'avons lue il y a de longs jours,
dans un vénérable bouquin magnifiquement illustré, et
enluminé, bref un trésjr digne de la bibliothèque du
Vatican.
Nous l'avons lu j idis, mais le diable aidant, nous
avons eu la chance de remettre la main dessus et d'offrir
nos contemporains ce souvenir u'un autre âge.
Oyez, peuples de la Grè:e,'a chanson du Très Saint
Père Benoît
Bibamus papaliter
Ainsi font to is nos bons pères
Doyens, curés et vicaires
Bibamus papaliter
Jadis les Saints Templiers,
Friands du jus de la titille,
Cultivaient tant la bouteille
Qu'ils vidaient caveaux entiers.
Puis des moines gras et frais,
A ia face rubiconde,
Fringants, dansaient la ronde,
Gris comme des Polonais.
On les voyait au lutrin
Etalant leurs larges mines,
Chanter vêpres et matines
Avec un joyeux entrain.
Bibamus papaliter
Ainsi font tous nos bon pères
Doyens, curés et vicaires
Bibamus papalite»*
Un conseil pour finir
Si jamais la fortune (car la fortune a de ces coups)
vous fait rencontrer un de ces oints du Seigneur, la
face réjouie et rubiconde, que la terre abandonne et qui
cherchent les murs, ne lui jetez point la pierre. Soyez
indulgent, offrez lui le bras et, en le reconduisant sa
demeure, fredonnez son oreille charmée ces délicieux
couplets du Père Benoît Bibamus papaliter.
L'effet, dit on, est magique et guérit bien des maux.
Ce que nous garantissons d'ailleurs. C. M.
Marché d'Yprca.
ÉTAT indiquant les quantités et le prix moyen des grains,
fourrages et autres produits agricoles, vendus le
6 Juin 1885.
NATURE
QUANTITÉS
POIDS M*"
DES
VENDUES
PAK
DE
GRAINS ET DENRÉES.
CENT
l'heclo-
KILOGRAMMES
KII.OGR.
lilrt*.
Froment
10,100
22 23
80
1,400
18 50
73
000
000
Féveroles
1,000
21 75
80
Pommes de terre
3,000
6 00
Beurre
16,270
265 00
M btrr;
C q}
W Ci J5
rvv 1 fc-
r-i
O ce
C P*5
-
s C
<3 x e3
35
05
S? "C
flj /->
CD
8
r &f S -S A:
LU "S. pu
-«p-o <S
M -X
tïs
CS a> C/2
-« p ie i?»
ai
3
Zvs S H "s
"■S CD Cù
s=>^ e
F a <3
0..2 to
C C -
"O 0 g S rt
_r
CD
55 0 o
s 2 âS 5"
.2.-g s
"a 2t f?
5 J) 5 c
c/j .S X. cr.
S Q
o
c/i JF*
3 S -a
Q- O
C/2 J2 "c