Nouvelles diverses.
Nécrologie.
A peine installé, le colonel, brave homme au
fond, mais cnlolin enragé, offrit nu curé de la pa
roisse de lui prêter sa musique pour jouer quelques
airs pendant la grand'inesse du lendemain et accom
pagner la procession.
Inutile de dire que celte proposition fut acceptée
avec empressement.
Des ordres furent donnés en conséquence et le
lendemain on put entendre dans la petite église de
Sdes airs d'opéra qui faisaient se pâmer les vil
lageoises et inspiraient toute autre chose -que de la
piété au sexe fort.
Quant au colonel Bil se pavanait, fiercomino
Arlahan, au pied de l'autel, sur un prie-Dieu recou
vert d'un lapis rouge, réservé autrefois aux gentd-
làtres de l'endroit.
La musique du régiment transformée ainsi, par
ordre du colonel en une vulgaire musique congréja-
nistc, escorta le cortège durant tout son parcours,
d amant ainsi un éclat inaccoutumé une cérémonie,
res .clable sans doute, mais qui n'a pas besoin
pour être plus imposante, du concours de la troupe.
Si ce récit est exact, le susdit colonel s'est peut
être, par ce temps de cléricalisme et de tartuferie
qui court, acquis des litres au géneralat; mais il a
certainement enfieint les règlements militaires et
violé la Constitution.
Nous n'en dirons pas davantage.
M. le Ministre de la Guerre qui doit connaître l'i
tinéraire suivi par les divers régiments de cavalerie
en marche vers le camp, pourra facilement dénicher
le village en question et y envoyer un homme de
confiance pour procéder une petite enquête.
Mais, pour Dieu! qu'il n'y envoie pas le monsieur
décoré qui épanche ses doléances dans le gilet du
Bien public
Qu'est ce que cela signifie?
Nous avons dit deux mots dans notre avant der
nier numéro d'une séance du Conseil communal de
notre ville.
Le Journal d'Y près s'empresse de reproduire nos
informations et ajoute:
Nous nous permettrons de demander au moni-
leur de l'hôtel-de-ville s'il s'agit là d'une séance
publique. L'administration communale qui se pré-
li nd impartiale et qui en toutes choses cherche
mettre ses administrés catholiques hors la loi, a
trouvé bon de ne plus nous communiquer les
ordres du jour des séances du conseil communal.
Vais la séance de Mercredi n'a point, que nous
sachions, été annoncée par le Progrès qui est l'or-
gane de ces Mes. ieurs. Si celte séance a été pu-
Mique, voilà certes une façon originale de prati-
quer I publicité.
Tartufe n'aurait point trouvé celle-là
Cei tes, nous n'avons pas annoncé la séance la
quelle le Journal fait allusion et ce pour la bonne
raison que, pas plus que notre confrère, nous n'avons
reçu l'ordre du jour mais nous avons vu, et
tout le monde a vu comme nous, deux jours avant
la date fixée pour la séance susdite,sur les murs de
l'hôtel de-ville, l'endroit réservé pour les affiches
et publications de tout genre, l'annonce de la réu
nion dont s'agit.
Tous les amis du Journal l'y ont vue également et
la preuve, c'est que des jeunes gens, notoirement
connus comme cléricaux, assistaient la séance.
Les rédacteurs de la pieuse feuille étaient peut-
être tout aussi bien informés que n'importe qui
mais ne faut-il pas mentir et mentir toujours pour
essayer de jeter le discrédit sur l'administration.
Mentez et croassez, corbeaux, battez de l'aile.
Le même Journal reproduit con amore une motion
faite au Sénat par l'honorable baron de Coninck
en vue de réaliser quelques économies sur des
publications très savantes, mais qui coulent gros
et rapportent très-peu au pays.
Il s'agit des publications de l'Académie des scien
ces, des lettres et des beaux-arts qui coulent annuel
lement environ 20,000 francs au pays et que pres
que personne ne lit.
Si c'est pour faire une économie, c'est très-bien,
et nous nous associons au vœu formulé par l'hono
rable baron de Coninck et le Journal.
Mais du moment qu'il s'agit de retirer ces 20,000
francs aux académiciens pour les donner aux Bol-
landisles et d'encourager la publication des Acla
sanclorum, oh alors, nous n'en sommes plus et
nous déclarons tout net que la chronique judiciaire
nous suffit amplement.
La feuille de la rue au Beurre a trouvé, sans le
savoir, un bien joli mol propos des funérailles
civiles de notre regrette archiviste M. Diegeriek.
Le voici
Ah! qu'il est plus consolant de voir la bière du
pauvre même conduite par le prêtre au lieu du
repos.
IMus consolant...?
Pour qui?
Pour votre bourse, n'est-ce pas?
D'accord.
Basile trouve que l'enterrement était d'un triste
achevé
Pour notre part, nous n'avons jamais vu d'enter
rement gai, mais nous avons vu souvent des gens
d'église procédant très-gaîmenl aux enterrements les
plus tristes.
L'idée de faire bombance sitôt le service fini met
tait un sourire diabolique dans la physionomie de
tous ces maîtres grimaciers.
Mais ce qui était réellement triste l'enterrement
de M Diegeriek, véritablement écœurant, c'est l'alti
tude absolument inconvenante de quelques uns de
vos amis, Journal, altitude qui a été sévèrement
jugée et dont les honnêtes gens ne parlent qu'avec
dégoût.
Décès
La justice instruit cette affaire.
ÉTAT- ClV I L D'Y PRES,
du 12 au 19 Juin 1885.
Naissances Sexe masculin, 1 id. féminin, 2.
Mariages
Carre, Henri, tisserand, et Coffyn, Elodie, dentellière.
Indevuvst, Charles, ouvrier agricole,et Vandcnberghe,Aiue-
lie, couturière. Monicz, Amand, peintre, et Elslander,
Marie, dentellière.
Ozeel, Sophie, sans profession, 48 ans, épouse d'Henri
Deftancq, iue du nouveau Marché au Bois. Demarteau,
Simon, cimentier, 43 ans,époux de Bibiane Dewitte. rue de
Thourout. Vanoverschelde, François, sans profession,
97 ans, veuf de Cécile Parmentier, rue de Dixmude. Ver-
halle, Cathérine, sans profession, 88 ans, veuve de Jean
Terlinck, Saint-Jacques extra.
Enfants au-dessous de 7 ans: Sexe masculin 0; id. féminin3.
Le 19 courant, vers 11 heures du matin, un incendie
a réduit en cendres une maison appartenant au sieur De
Laveleye, professeur Liège, et occupée par Henri De
Croix, et Victor Beghein, ouvriers Gheluvelt. Les causes
inconnues.Lespertessontévaluées pour le bâtiment 800 fr.
on ignore s'il était assuré, et pour chacun des locataires
1000 fr. couverte par l'assurance.
A Bruges, un individu vient de mourir la suite d'un
pari odieux Le nommé François Deprez avait parié qu'il
boirait dix-huit grandes gouttes de genièvre.
Il a tenu son pari, en effet, mais après avoir ingurgité
les dix-huit gouttes, il est tombé inanimé on l'a trans
porté l'hôpital, où il est mort Vendredi soir.
Suivant une dépêche arrivée hier Anvers de Bahia,
le steamer Agnès Gaadiana.de la Royale Mail compagny
s'est perdu sur les côtes brésillicnnes.
Les passagers et les malles ont été sauvés.
Le crime d'Plonges. La Chambre du Conseil a
ordonné la mise en liberté de Folie et de Bataille.ce dernier
sous caution de 60,000 francs.
Catastrophe Tourcoing, 57 victimes. Une
explosion de chaudière s'est produite hier chez M Decoster,
laveur de laines.
L'établissement qui occupait une soixantaine d'ouvriers
est entièrement détruit.
Un atelier voisin s'est partiellement écroulé. Il y a 14
morts, dont le chef de l'établissement, et 18 blessés!! dont
plusieurs sont mourants.
Des troupes sont arrivées de Lille pour déblayer les
décombres.
Mésaventure de M"' Patli. Pendant son der
nier séjour aux Etats Unis, Adclina Patti se promenant en
voiture Philadelphie, passait devant une gargote; elle lit
arrêter sa voiture, car elle venait d'entendre la voix per
çante d une chanteuse de rue, qui s'efforçait d'accompagner
son chant d'un violon mal accordé.La pauvre chanteuse aux
épaules tombantes,la ligure bronzée aux cheveux ébourif
fés, n'avait pas trop bonne mine; néanmoins, la dive l'invita
se présenter son hôtel. La chanteuse n'y manqua pas et,
lorsqu'elle eut chanté quelques notes, on put se convaincre
qu'elle avait une voix puissante d'une étendue remarquable,
et susceptible de culture.
La prima donna offrit la jeune fille de l'emmener en
Europe, ce qu'elle accepta. Le lendemain, un menuisier
assez mal nippé vint toucher une forte jolie somme titre
de gratification et abandonna ses droits sur son enfant.
Pendant la traversée, la petite chanteuse se conduisit si
drôlement, qu'à peine arrivée en Angleterre, Mm* Patti fit
venir son professeur de musique, M. Wallace, Londres.
Celui-ci se livra un examen consciencieux du sujet et
il ne tarda pas constater que M"1» Patti avait engagé une
chanteuse du sexe masculin. Le père américain avait trouvé
profitable d'affubler son garçon de vêtements de fille afin
de grossir la recette.
Inutile de dire que le boy américain a été réexpédié
Philadelphie avec un petit pécule en poche.
i ii j-acs-a» «an
Les funérailles civiles de Monsieur I. DIEGERICK,
dont nous avons annoncé la mort, ont été célébrées
Gand, le 17 Juin dernier et l'inhumation a eu lieu
Ypves le même jour.
La dépouille mortelle a été accompagnée sa der
nière demeure par l'élite de notre population, au sein
de laquelle l'honorable défunt a passé presque Lue
son existence. Bien que les obsèques n'eussent aucun
caractère officiel, le Conseil Communal y a néanmoins
assisté en corps, voulant donner ainsi au défunt un té
moignage particulier d'estime et de sympathie, en rai
son des services rendus par lui la ville d'Ypres. Ces
services sont d'autant plus méritoires qu'ils se faisaient
moins connaître, et ne pouvaient être appréciés leur
juste valeur que par un petit nombre de savants, ini
tiés aux travaux d'érudition et de science.
M. Diegeriek débuta par la carrière militaire et fut
d'abord officier d'artillerie mais il quitta bientôt l'ar
mée pour pouvoir consacrer tout son temps aux études
littéraire s, qui convenaient mieux ses goûts tranquil
les. C'est ainsi, qu'étant en garnison Ypres, il passa
de la caserne au Collège Communal, où il occupa la
chaire de 4' latine. Comme il s'était initié déjà au tra
vail si aride et si rebutant parfois d'archiviste, le Con
seil Communal fit appel ses connaissances et son
dévouement pour lui confier le soin de dépouiller le
dépôt considérable et quasi-inexploré de nos archives.
On jugera du zèle et du dévouement que M. Diegeriek
apporta àl'accomplissjment de sa mission, quand on sau
ra qu il remplit ses fonciions titre absolument gratuit
depuis 1844 jusqu'en 186U, époque laquelle il vint dé
finitivement se fixer Ypres. 11 publia cependant, pen
dant cet intervalle, un grand nombre de documents
inconnus jusque là, provenant tous de nos archives, et
qui, en jetant un jour tout nouveau sur toute une pé
riode de notre histoire, attirèrent sur notre dépôt l'at
tention des savants de l'hurope entière.
M. Diegeriek avait occupé entretemps des chaires
aux Athénées Boyaux de Bruges et d'Anvers.
Depuis 1860 jusqu'à sa mort, Monsieur Diegeriek a
continué le travail de bénédictin auquel il avait voué
1 son existence, et, eu voyant l'œuvre accomplie par lui»