Henri Conscience
Chronique religieuse.
On croit que cet homme s'est rendu en Belgique. Il
Variétés.
LE COCIIER POÈTE
ÉDITION ARTISTIQUE ET POPULAIRE.
SOUSCRIPTION NATIONALE
au prix de 50 centimes la série.
on peut dire qu'une rie entière n'était pas de trop pour
achever la classification des archives d'Ypres aussi
laissa-t-il aujourd'hui aux recherches des savants un
champ vaste et fertile où l'on n'aura plus qu'à recueillir
les heureux fruits de son rude labeur et de son infati
gable activité.
Malgré des occupations aussi absorbantes, Monsieur
Diegerick trouva encore le temps de publier un nombre
extrêmement considérable d'ouvrages savants qui lui
donnèient accès nombre 'le sociétés savantes de Bel
gique et de l'étranger: il dépouilla également le dépôt
d'archives de la ville d'Audenarde. Son mérite ne tarda
pas attirer sur lui l'attention du Gouvernement qui
lui conféra la Croix de Chevalier de l'ordre de Lécpold:
d'autres distinctions, la Croix de la Couronne de
Chêne et celle de Chevalier de l* classe de l'ordre de
Philippe le Magnanimelui furent concédées par des
Gouvernements étrangers.
En 1863, et la demande de l'Administration Com
munale, Monsieur Diegerick se chargea en outre des
fonctions de Bibliothécaire, qu'il remplit pendant vingt
années.
Les fatigues d'un labeur soutenu avaient miné sa
santé, et l'âge étant venu augmenter encore sa fai
blesse Monsieur Diegerick demanda en 1883,
d'être déchargé de ses fonctions de Bibliothécaire de
la ville. Il conserva celles d'archiviste, comptant
parachever ce qui pouvait rester dépouiller encore
dans les archives de la Ville ce travail peu im
portant en comparaison de l'œuvre considérable qu'il
avait accomplie devait suffire cependant sa tâche,
d'autant plus qu'il avait droit un repos bien mérité.
Mais la mort est venue couper court ses bonnes
intentions, et il ne lui a pas été permis de réaliser son
suprême désir.
Peu d'hommes ont parcouru une carrière aussi labo
rieuse avec autant de modestie que Monsieur Diegerick:"
cette belle qualité présidait toutes ses actions, dans
la vie comme dans la mort. Aujourd'hui qu'il n'est plus,
cela peut et doit être dit.
L'instruction charge du R. P. Ignace, le passion-
niste d'Ere, se poursuit, et l'affaire viendra la pro
chaine session des assises du Hainaut.
Le R. P. sera poursuivi pour tentative de viol comm.s
Quaregnon.
Ce n'est pas s'aventurer que de dire qu'il s'abstiendra
de répondre l'invitation de dameThéinis: il sera donc
jugé par contumace.
Toutes les recherches que l'on a faites en France et
en Angleterre pour retrouver l'incandescent passion-
niste, sont restées infructueuses: le Père Ignace est
bien caché dans le couvent quelconque où il a reçu
l'hospitalité.
Il paraît qu'un détail édifiant sera révélé aux débats:
avant de franchir la frontière, le Père Ignace aurait été
accueilli et caché dans un établissement du gouverne
ment, établissement dirigé par une corporation reli
gieuse. C'est 1b qu'il aurait passé tranquillement sa
dernière nuit en Belgique, pendant que la gendarmerie
nationale le réclamait vainement tous les échos d'alen
tour. {Economie).
Autres scandales.
On a beaucoup parlé en ville, dit l'Economie de
Tournaidepuis quelques jours, d'une affaire assez
scandaleuse, qui a mis Lundi le faubourg de Morelle en
émoi: il s'agissait d'un ecclésiastique qui avait été sur
pris, buvant une bouteille de vin, au beau milieu d'un
champ de seigle, en compagnie d'une personne du sexe
faible. Différentes versions ont circulé ce sujet. Bor
nons-nous dire que procès-verbal a été dressé pour
destruction de récoltes.
La police recherche en ce moment un petit-frère qui
a fait des siennes... un ce tain J. Saureau, en religion
frère Sarigoiie. Le parquet de Villefranche (France) a
signalé les méfaits commis par cet individu, Tarare.
Beaucoup d'enfants ont été victimes.
<st porteur d'une lettre de recommandation, qui lui
donne probablement accès dans les couvents de notre
pays
Nous avons nos ouvriers-poètes, mais il nous man
quait le cocber-poète. Celui-là est apparu il y a quel
ques années et ce n'est qu'un peu tardivement que nous
avons coimu ses œuvres. Quoiqu'il eu soit, il n'est ja
mais trop tard pour bien faire et surtout pour parler
de ces choses. Parlons-en donc et non sans plaisir.
Et tout d'abord Félix YValbrecq, c'est le nom de notre
poète, n'a aucun rapport avec la jeune école, ni comme
fond, ni comme forme. Gomme fond, c'est un chrétien,
un catholique de .a plus pure essence. Presque chacun
de ses vers est écrit la gloire et l'honneur de ses
croyances. Comme forme, ce.st l'allure otdinaire, saus
recherche, sans surprise, sane heurt et sans secousse.
C'est une eau limpide qui coule tout droit.
Félix YValbrecq, avec une naïveté superle, raconte
par quelle aventure il s'est fait cocher.
Voici comment cela est venu
Un jour, las de servir les fermiers du village, il
prend son bâton et s'en va. Il erre dans la campagne,
admire le paysage et, fatigué, s assied sous un melèze.
Un groupe d'enfants se présente lui. L'un d'eux, jeu
ne gamin d'un air décidé, lui adresse la parole
Bonjour, Monsieur, dit-il, je viens de la prairie.
J'ai laissé là Gustave et ma sœur Amélie,
Alexandre, Zoé, notre bonne et Henri,
Et je viens voir tout seul ce que tu fais ici.
Lui, plus ou moins ahuri de cette apostrophe, ré
pond
Mon cher petit garçon, mon Dieu comme tu parles,
Comment te nommes-tu
L'enfant
Je me nomme Charles
Notre homme demande qui appartient ce château
dominant la colline. Charles répond c'est le chateau
de Papa. Comme on doit y être heureux dit Wal-
brec?. Charles
Mais que ne restes-tu, Monsieur, Barbençon
Le château de Papa deviendra ta maison. gjjg
Nous pourrons chaque jour causer l'un avec l'autre.
Nous serons tes amis, tôt tu seras le nôtre.
Viens, suis-moi, tu n'auras qu'à cirer le plancher
Et quand je serai grand tu seras mon cocher.
Et il en fut ainsi. Et voilà quelque trente ans, que
Félix Walfrecq cire le plancher, sert la table, conduit
les chevaux au château de Barbençon en faisant des
vers.
Eh bien, je trouve cela tout simplement admirable et
il me semble que le maître et le domestique sont des
êtres priviliégiés qui, dans leurs poisitions respectives,
ont noblement compris la loi des solidarités.
Voilà donc notre cocher fidèle serviteur de ses maîtres
qui nous raconte sa vie par le menu et qui nous apprend
qu'après son service du jour, le soir, vers dix heures,
il fait des vers. Conn: i sr-z-vous quelque chose de plus
inusité, de plus touchant, de plus enviable que cette
conscience au repos et cette âme en éveil qui, après
avoir songé aux maîtres, viennent chanter Dieu
Je ne veux pas exagérer les mérites du poète-cocher.
Certes, il y a des imperfections, des faiblesses et des
répétitions, c'est souvent de la poésie de pensionnat,
mais il y a un continuel azur qui domine le monde où
le poète se complait, son cœur déborde de reconnais
sance et de respectueuse affection et de loin en loin je
salue des minuscules chef-d'œuvre, comme mon petit
rosaire par exemple qui est une perle.
Félix Walbrecq a publié~sés premiers vers il y a une
quinzaine d'années. Depuis, il a réuni ses compositions
en volume. Comme je l'ai «lit en commençant, il n'y faut
rien chercher d'extraordinaire moins que la simplicité
ne soit considérée comme telle l'heure qu'il est. Il ne
faut voir là-dedans qu'une nature heureuse qui chante
au murmure des petits évènemsnts de sa vie, ce qui est
encore l'opposé de nos poètes pleureurs toujours pen
chés sur leur souffrante carcasse. Vous n'y rencontre
rez qu'un chrétien s'humiliant, avec une adorable con
fiance et sans crainte, sur ses espérances, en un mot,
dans ce cocher, dans ce poète, vous trouverez l'homme
le plus heureux que philosophiquement il soit possible
de rencontrer. S.
Journal dos Beaux-Arts.
Les Fables de La Fontaine Filtrées.
LE HÉRON.
Un jour sur ses longs pieds allait je ne sais où
Le héron au long bec emmanché d'un long cou:
Il côtoyait une rivière.
L'onde était transparente ainsi qu'aux plus beaux jours;
Ma commère la carpe y faisait mille tours
Avec le brochet son compère.
Le héron en eût fait volontiers son profit;
Tous approchaient du bord; l'oiseau n'avait qu'à prendre.
Mais il crut mieux faire d'attendre
Qu'il eût un peu plus d'appétit;
Il vivait de régime et mangeait ses heures.
Après quelques moments, l'appétit vint; l'oiseau,
S'approchant du b.irJ, vit sur l'eau,
Des tanches qui sortaient du fond de ces demeures,
Et bien qu'il s'attendît mieux,
Il jugea bon d'en happer deux.
Puis il vit du goujon, fretin sans importance,
Dont il fit aussitôt une large pitance.
Enfin, pour son dessert, et sans plus de façons,
Il avala deux limaçons.
Le héron vit alors passer sa portée
Le brochet vraiment colossal,
Et les gros barbillons et la carpe laitée
Qu'il avait dédaignés, le matin, pour régal,
Mais il se consola de sa mésaventure,
En leur disant l assez votre chemin.
Il n'est truffe ni confiture
Qui vaille un bon morceau de pain,
Quand on a faim.
Aurêlien Sciioli..
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