23 Juillet 1885
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'Y P H ES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
La chasle Sodome.
Ike leçon d histoire,
No 1,101. Jeudi,
45@ année.
PROG
PARAISSANT LE JEUDI ÈT LE DIMANCHE.
VIRES ACQUIRIT EUNDO.
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Quel est ce cri affreux qui nous arrive Quel est
ce tocsin qui,sonne pour la luxure comme on sonne
pour l'incendie, qui hurle au viol, et semble appeler
la terre entière au secours d'enfants que polluent et
dévorent des ogres, dans on ne sait quelle épouvan
table féerie?
Une féerie, on en dirait une Une féerieabomi
nable et sadique Quelles condamnations sont donc
celles de Londres? Le goût de la chair rosée et
blanche des babys, devenu aussi général que celui
du vin couleur de rubis La passion des vierges
fraîches aussi admises que celle du gin et du jeu
La débauche qui lèche et qui éventre l'enfance, aussi
protégée, aussi légale que le commerce des orangesL
Et les cris des victimes étouffés dans les sous-sols
capitonnés des maisons riches Des inoocences de
douze ans, qui n'ont encore su qu'appeler leurs
mères, et qu'on crucifie sur des matelas, les qualres
membres liés aux quatre coins du lit Le sang cou
lant des petits corps déchirés! Les sanglots s.'échap-
panl des poitrines râlantes! Les regards effarés cher
chant aux plafonds des chambres la droite absente
du Dieu vivant Le chloroforme entonné dans les
bouches qui blanchissent et deviennent de pierre
Le laudanum et le tabac jeté dans la bière fou
droyant les pures jeunes filles Et l'orgie, se vau
trant sur la torpeur ou sur la torture! La jouissance
buvant le supplice ou le sommeil La joie des mon
stres baisant l'épouvante des anges!...
Le vieux chancre sanglant des Tibère et de Bor-
gia, rentré sous terre Rome, a reparu là-bas, et
suinte dans le brouillard, comme il a sué sous le
soleil
Le Vice, le vice énorme et prodigieuxflamboie
dans la nuit du nord, comme un sinistre haut-four
neau, et ce sont des enfants qu'on pique au bout
des fourches et qu'on jette dans la fournaise!
Est-ce bien vrai? Est-ce bien réel? Tout ce pays
n'est-il donc qu'un lieu honteux Tout ce royaume
n'est-il qu'un royaume de prostitut'on Tout ce
peuple n'est-il qu'une brute oublieuse ou possédée?
La reine d'Angleterre n'cst-elle elle-même que la
matrone d'Angleterre, pour qu'elle puisse, tranquil
lement, et sans se préoccuper, lire, le soir, sa Bible
sous la lampe, sachant qu'à cette heure même ses
sujets violent, sachant que ses prêtres violent, que
ses lords violent, que son fils même, peut-être, viole,
et que toute sa cité noire, autour d'elle, n'est qu'un
charnier de candeurs assassinées?
Non! ce ne sont pafc des hallucinations! Oui, il y a
une ville diabolique qui ses lois permettent le ma
culage des enfants. On les connaît, tous ces beaux
et frais babys de paradis. Ces chairs de lys qu'irise
un snlfiil iniérieur Ces auréoles de cheveux céleste-
ment pâles Ces bouches toutes pareilles aux fruits
lavés de rosée! Et ces grands yeux bleus qui, I hiver,
sont tout le ciel de l'Angleterre!... C'est le gibier du
riche et du seigneur, ce sont les oiseaux diaprés qui
finissent pourris, dans le veutre des boas. C'est la
nourriture du minotaure. Tout ce qui est vierge est
guetté, traqué comme dans une chasse. Les meutes
des proxénètes fouillent les quartiers,les faubourgs,
les campagnes. On sollicite les parents pauvres, les
mères galantes, les ivrognes et les entremetteurs,
d'autres fois, se déguisant sous de faux noms, sous
de faux états, se donnent pour des avocats, des
marchands ou des clergymen. Les jeunes filles, alors,
se fiancent eux dans les familles, et ne soupçon
nant rien, se trouvent un jour attirées dans des
chambres où les cordes et les narcotiques-ont raison
d'elles, et dans lesquelles, avant que l'homme n'en
tre, une sage-femme vient regarder si elles ont été
chastes.
Dans un ménage de Waterloo-Road, le père et la
mère, abrutis de gin, n'avaient plus semblant daine
humaine. Ils avaient, cependant, une petite fille,
toute j'oie, toute fleur, toute auréole. Une procureuse
entre dans la maison, montre la petite et met dix
livres sur la table... A ce moment, pourtant, tandis
que l'enfant sourit l'étrangère, et que les parents
se consultent des yeux, il y a, dans la chambre, une
femme qui pâlit. C'est la grande sœur! Celle qui a
élevé le baby, qui a été sa véritable mère, et qui la
voit déjà vendue.... Mais elle connaît, dans le voi
sinage, des gens qui veulent se faire acheter leur
fille; elle va les trouver, s'entend avec eux pour la
substitution, et fait disparaître sa petite sœur,qu'elle
sauve en livrant l'autre enfant.
Ah C'est qu'il faut Londres son horrible dîme!
Quand ils se sont, tous les jours, gavés de sang de
bœuf, incendiés de sherry, il leur faut, tandis qu'il
bruine dehors, les cris, les tourments et les blessu
res. de vierges
Dans les pays des forêts, quand les baies sont
tombées des chênes, les porcs, saoûlés de glands,
viennent dans les maisons dévorer les enfants. La
bête immonde devient épouvantable, et les berceaux
lui servent d'auges
Le peuple anglais, pourtant, dans sa misère,
pleure quelquefois ses filles disparues. Tâtant son
front brûlant, hagard, il se soulève fiévreux, de son
ivresse, et se souvient de sourires, de visages can
dides qu'il avait oubliés et qu'il se rappelle avoir vu
rayonner. Alors, il se réveille, il cherche, il regarde,
il prête l'oreille aux soupiraux des caves, il entend
crier les vierges, et il demande ceux qui passent
si on sait où sont ses enfants... Hélas! dans la cohue
inique de l'Histoire, une tête de roi qui tombe fait
plus longtemps retourner la foule que tous ces anges
immolés! On leur accorde, eux, le souvenir dont
on suit les berceaux brisés et les fleurs broyées par
les meules, et le peuple, bientôt, se rendort lui-
même... II cesse de redemander ses brebis.
11 y a, toutefois, dans l'éternel avenir, des jours
où la plèbe tressaille, où les spectres se lèvent, où
les pierres des sépulcres se dressent, où les bras des
potences maudissent les bourreaux, où l'herbe de la
terre frisonne comme le poil de l'homme, et dans
l'un de ces jours qui sommeillent, des milliers de
têtes portées sur des milliers de piques vengeront
peut-être ces corps d'enfants, qui roulent sanglants
et violés dans les palais. (Le Télégraphe).
Electeurs
La journée de Dimanche marquera dans
y nos luttes politiques.
y Malgré tous les moyens mis en œuvre;
y Malgré toutes les pressions
MALGRÉ TOUT L'ARGENT JETÉ;
Nous avons fait un pas immense dans la
y voie du triomphe, y
Qui est-ce qui parlait ainsi au lendemain
des élections du 19 Octobre
C'est le MonifèiFr de M. le Doyen
Malgré tout l'argent jeté par les li
béraux naturellement
Nous n'avons jamais relevé cette imputa
tion et, franchement, elle n'en valait pas la
peine.
Les opinions étaient faites ce sujet. La
population était édifiée sur cette intéressante
question et tout le monde montrait du doigt
ces serviles voyous allant jusque dans les
y plus petits cabarets, semer un or venu on
jr-ne sait d'où et avec lequel on eût mieux fait
de permettre ces besogneux personna-
ges de payer leurs nippes encore dues leurs
fournisseurs.
Qu'eussions nous pu désirer de plus
Mais la longue cela s'oublie et les calotins
ont un talent tout particulier pour endosser
leurs adversaires toutes leurs petites prati
ques.
Un exemple entre mille
Dans le courant de la semaine dernière, un
avocat de cette ville, candidat malheureux aux
dernières élections communales, fait venir en
son cabinet un sieur YV. et après les prélimi
naires d'usage, l'engage restiluer, au plus
actif de nos faiseurs cléricaux, une somme de
1000 fr. qui lui aurait été remise quelques
mois auparavant.
Mr "W. stupéfait, nie avoir reçu quoi que ce