23 Juillet 1885 6 FRANCS PAR AN. JOURNAL D'Y P H ES ET DE L'ARRONDISSEMENT. La chasle Sodome. Ike leçon d histoire, No 1,101. Jeudi, 45@ année. PROG PARAISSANT LE JEUDI ÈT LE DIMANCHE. VIRES ACQUIRIT EUNDO. Lies annonces de la Belgique et de l'Etranger sorit reçues par XAgence Havas (Publicité), 89, Marclié-aux-Herbes, Bruxelles et chez ses correspondants: Pour la France l'Agence Havas, 8, Place de la Bourse, Paris. Pour l'Allemagne, l'Austro-lIongrie et la Suisse chez Rudolf Mosse (Annoncen-Expedition) Cologne, Berlin, Francfort, Strasbourg, Munich, Hambourg, Leipzig, Sluttgard, Vienne et Zurich. Pour la Grande-Bretagne et l'Irlande: chez Géo Street et C°, 30, Cornb.ni, E C et 5, Serle Street W C, Londres. Pour la Hollande chez Nygh et Van Ditmar, Rotterdam. Pour l'Amérique: chez Pethingliill et C\ 38, Park Row-New-York. ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrondissement administratif et 'udiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 39. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25. Quel est ce cri affreux qui nous arrive Quel est ce tocsin qui,sonne pour la luxure comme on sonne pour l'incendie, qui hurle au viol, et semble appeler la terre entière au secours d'enfants que polluent et dévorent des ogres, dans on ne sait quelle épouvan table féerie? Une féerie, on en dirait une Une féerieabomi nable et sadique Quelles condamnations sont donc celles de Londres? Le goût de la chair rosée et blanche des babys, devenu aussi général que celui du vin couleur de rubis La passion des vierges fraîches aussi admises que celle du gin et du jeu La débauche qui lèche et qui éventre l'enfance, aussi protégée, aussi légale que le commerce des orangesL Et les cris des victimes étouffés dans les sous-sols capitonnés des maisons riches Des inoocences de douze ans, qui n'ont encore su qu'appeler leurs mères, et qu'on crucifie sur des matelas, les qualres membres liés aux quatre coins du lit Le sang cou lant des petits corps déchirés! Les sanglots s.'échap- panl des poitrines râlantes! Les regards effarés cher chant aux plafonds des chambres la droite absente du Dieu vivant Le chloroforme entonné dans les bouches qui blanchissent et deviennent de pierre Le laudanum et le tabac jeté dans la bière fou droyant les pures jeunes filles Et l'orgie, se vau trant sur la torpeur ou sur la torture! La jouissance buvant le supplice ou le sommeil La joie des mon stres baisant l'épouvante des anges!... Le vieux chancre sanglant des Tibère et de Bor- gia, rentré sous terre Rome, a reparu là-bas, et suinte dans le brouillard, comme il a sué sous le soleil Le Vice, le vice énorme et prodigieuxflamboie dans la nuit du nord, comme un sinistre haut-four neau, et ce sont des enfants qu'on pique au bout des fourches et qu'on jette dans la fournaise! Est-ce bien vrai? Est-ce bien réel? Tout ce pays n'est-il donc qu'un lieu honteux Tout ce royaume n'est-il qu'un royaume de prostitut'on Tout ce peuple n'est-il qu'une brute oublieuse ou possédée? La reine d'Angleterre n'cst-elle elle-même que la matrone d'Angleterre, pour qu'elle puisse, tranquil lement, et sans se préoccuper, lire, le soir, sa Bible sous la lampe, sachant qu'à cette heure même ses sujets violent, sachant que ses prêtres violent, que ses lords violent, que son fils même, peut-être, viole, et que toute sa cité noire, autour d'elle, n'est qu'un charnier de candeurs assassinées? Non! ce ne sont pafc des hallucinations! Oui, il y a une ville diabolique qui ses lois permettent le ma culage des enfants. On les connaît, tous ces beaux et frais babys de paradis. Ces chairs de lys qu'irise un snlfiil iniérieur Ces auréoles de cheveux céleste- ment pâles Ces bouches toutes pareilles aux fruits lavés de rosée! Et ces grands yeux bleus qui, I hiver, sont tout le ciel de l'Angleterre!... C'est le gibier du riche et du seigneur, ce sont les oiseaux diaprés qui finissent pourris, dans le veutre des boas. C'est la nourriture du minotaure. Tout ce qui est vierge est guetté, traqué comme dans une chasse. Les meutes des proxénètes fouillent les quartiers,les faubourgs, les campagnes. On sollicite les parents pauvres, les mères galantes, les ivrognes et les entremetteurs, d'autres fois, se déguisant sous de faux noms, sous de faux états, se donnent pour des avocats, des marchands ou des clergymen. Les jeunes filles, alors, se fiancent eux dans les familles, et ne soupçon nant rien, se trouvent un jour attirées dans des chambres où les cordes et les narcotiques-ont raison d'elles, et dans lesquelles, avant que l'homme n'en tre, une sage-femme vient regarder si elles ont été chastes. Dans un ménage de Waterloo-Road, le père et la mère, abrutis de gin, n'avaient plus semblant daine humaine. Ils avaient, cependant, une petite fille, toute j'oie, toute fleur, toute auréole. Une procureuse entre dans la maison, montre la petite et met dix livres sur la table... A ce moment, pourtant, tandis que l'enfant sourit l'étrangère, et que les parents se consultent des yeux, il y a, dans la chambre, une femme qui pâlit. C'est la grande sœur! Celle qui a élevé le baby, qui a été sa véritable mère, et qui la voit déjà vendue.... Mais elle connaît, dans le voi sinage, des gens qui veulent se faire acheter leur fille; elle va les trouver, s'entend avec eux pour la substitution, et fait disparaître sa petite sœur,qu'elle sauve en livrant l'autre enfant. Ah C'est qu'il faut Londres son horrible dîme! Quand ils se sont, tous les jours, gavés de sang de bœuf, incendiés de sherry, il leur faut, tandis qu'il bruine dehors, les cris, les tourments et les blessu res. de vierges Dans les pays des forêts, quand les baies sont tombées des chênes, les porcs, saoûlés de glands, viennent dans les maisons dévorer les enfants. La bête immonde devient épouvantable, et les berceaux lui servent d'auges Le peuple anglais, pourtant, dans sa misère, pleure quelquefois ses filles disparues. Tâtant son front brûlant, hagard, il se soulève fiévreux, de son ivresse, et se souvient de sourires, de visages can dides qu'il avait oubliés et qu'il se rappelle avoir vu rayonner. Alors, il se réveille, il cherche, il regarde, il prête l'oreille aux soupiraux des caves, il entend crier les vierges, et il demande ceux qui passent si on sait où sont ses enfants... Hélas! dans la cohue inique de l'Histoire, une tête de roi qui tombe fait plus longtemps retourner la foule que tous ces anges immolés! On leur accorde, eux, le souvenir dont on suit les berceaux brisés et les fleurs broyées par les meules, et le peuple, bientôt, se rendort lui- même... II cesse de redemander ses brebis. 11 y a, toutefois, dans l'éternel avenir, des jours où la plèbe tressaille, où les spectres se lèvent, où les pierres des sépulcres se dressent, où les bras des potences maudissent les bourreaux, où l'herbe de la terre frisonne comme le poil de l'homme, et dans l'un de ces jours qui sommeillent, des milliers de têtes portées sur des milliers de piques vengeront peut-être ces corps d'enfants, qui roulent sanglants et violés dans les palais. (Le Télégraphe). Electeurs La journée de Dimanche marquera dans y nos luttes politiques. y Malgré tous les moyens mis en œuvre; y Malgré toutes les pressions MALGRÉ TOUT L'ARGENT JETÉ; Nous avons fait un pas immense dans la y voie du triomphe, y Qui est-ce qui parlait ainsi au lendemain des élections du 19 Octobre C'est le MonifèiFr de M. le Doyen Malgré tout l'argent jeté par les li béraux naturellement Nous n'avons jamais relevé cette imputa tion et, franchement, elle n'en valait pas la peine. Les opinions étaient faites ce sujet. La population était édifiée sur cette intéressante question et tout le monde montrait du doigt ces serviles voyous allant jusque dans les y plus petits cabarets, semer un or venu on jr-ne sait d'où et avec lequel on eût mieux fait de permettre ces besogneux personna- ges de payer leurs nippes encore dues leurs fournisseurs. Qu'eussions nous pu désirer de plus Mais la longue cela s'oublie et les calotins ont un talent tout particulier pour endosser leurs adversaires toutes leurs petites prati ques. Un exemple entre mille Dans le courant de la semaine dernière, un avocat de cette ville, candidat malheureux aux dernières élections communales, fait venir en son cabinet un sieur YV. et après les prélimi naires d'usage, l'engage restiluer, au plus actif de nos faiseurs cléricaux, une somme de 1000 fr. qui lui aurait été remise quelques mois auparavant. Mr "W. stupéfait, nie avoir reçu quoi que ce

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Le Progrès (1841-1914) | 1885 | | pagina 1