N° 1,102. Dimanche, 45e AVIVÉE. 26 Juillet 1885. 6 FRANCS PAR AN. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Mons Colaerl el la loi de famine. EXORCISME DES INSECTES LE PROGRES PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. VIRES ACQCIR1T EUMDO. Les annonces de la Belgique et de l'Etranger sont reçues par YAaence Home fMhlfeita on Pour la France: l'Agence Ilavas, 8, Place de la Bourse, Paris Pour l'Allemdtne ri'nît™ uirc!ie:aux:H^es' a Bruxelles et cl.ez ses correspondants Cologne, Berlin, Francfort, Strasbourg, Munich, Ifcmboùsg, Leipzi" Stuttgard Kenàe, et 7 j Rudolf Mosse (Annoncen-Expedition) c-, 30, Cornhill, E C et 8, Serte Street W C, Londres. - Po"»r la Hdiande-SfàZtBïS SPïf hA G™****»#»l'Irlande: chez Cco Street e 38, Park Row-New-York. Hollande. chez Njgli «Un Ditmar, Rotterdam. PewcLAinérique: cliez Pelhingliill et C", ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrondissement administratif et ;udiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. Tout ce tjui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 39. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-2o. Ypres, le 25 Juillet 1885. Nous sommes des menteurs et des faussai res, dit le Journal propos de notre pancarte de l'autre jour. Cette réponse était prévue. Il était facile de la donner. Il est moins ai sé de la justifier. Le Journal l'a essayé. Il le fallait. Mais son article, est-il besoin de le dire, n'est qu'u ne longue escobarderie. Certes dit le pieux crétin Mons Co- laert a dit que tous les blés étrangers entrent chez nous exempts de taxes tandis que nos produits similaires sont soumis pour leur exportation des droits très-élevés. Les blés d'Amérique inondent nos mar- chés et font nos produits une concurrence contre laquelle nos cultivateurs ne peuvent lutter avec quelque succès Si nos ancêtres condamnaient l'animal brutum la po tence^ 'a fosse, être brûlé, être lapidé ils ne pou vaient en agir de même avec les rais, avec les souris, avec les insectes de toute espèce, tels que les chenilles, les saute relles, lès pucerons, mais pour mettre un terme aux méfaits ou aux dévastations de ces bêtes surnaturelles (on- natuerlyke beesten), ils employaient un autre moyen c'était l'exorcisme. Maintenant on fait la chasse aux rats et aux souris: nos ancêtres les excommuniaient et les exorcisaient. Aujourd'hui on pourvoit la destruction des chenilles par des règlements provinciaux, sagement ordonnés, mais très-mal exécutés. Nos ancêtres ne connaissaient pas ces règlements, mais ils avaient un moyen qu'ils croyaient bien plus efficace. C'était l'exorcisme. Desessarts, avocat au Parlement et membre de plusieurs Académies, donne, dans le Répertoire universel et raisonné de jurisprudence civile, criminelle, canonique et bénéficiale publié par M. Guyot, la définition suivante de l'exorcisme: On donne le nom d'exorcisme la cérémonie que l'église emploie pour chasser les démons du corps des personnes qui en sont possédées, et pour soustraire l'empire du diable les autres créatures, même inanimées, dont l'esprit infernal abuse. (2) D'après le Dictionnaire de Trévoux, on se servait de l'exor cisme pour chasser les maladies des hommes et des bêtes et pour coasser les animaux qui nuisent aux biens de la terre; et d'après M. Thiers Traité des Superstitions), on peut encore aujourd'hui (1732) user très-utilement de ces exor- cismes, et conjurer les rats, les sauterelles, les chenilles, les tempêtes mais pour cela (ajoute le Dictionnaire susdit), il faut avoir un caractère et être approuvé de (1) Extrait des Mélanges pour servir l'histoire des mœurs, des usages, des faits, des hommes, de la littérature et des arts de la ille d'Ypres et de l'ancienne Wcst-Flandre publiés par J -L -A. Diege- rick, archiviste de la ville d'Ypres. (2) Edition de Paris, Panckoucke, 1778, iu-8". tome 24, p. 234. Mais jamais Mons Colaert n'a préco- nisé comme remède au mal, l'établissement d'un droit protectionniste. Une minute, s'il vous plait. Que cela se trouve textuellement dans le résumé du discours que vous avez publié le 14 Février 1884; nous ne l'avons jamais dit, et il n'importe. Mais c'est l'inévitable conclusion que tous les auditeurs du candidat-représentant ont dû 'tirer des paroles de celui-ci, étant donné sur tout le ton du discours et le courant qui régnait déjà dans la presse cléricale en faveur d'une taxe sur les céréales. Et, moins de supposer que Mops Colaert n'ait su ce qu'il disait', il est ridicule de prétendre qu'il ait eu en vue en ee moment les prétendus; remèdes dont M. le Baron Surmont de Volsberghe a entretenu le Sénat le 18 Juin dernier. l'Eglise; et de plus il faut se servir des oraisons et des i paroles autorisées par l'Eglise; autrement les exorcismes sont des superstitions très condamnables. Nos campagnards de la West-Flandre n'y regardaient pas de si près et voici, ami lecteur, une formule d'exorcisme dont ils se servaient au xvir siècle contre les pucerons, les chenilles, les sauterelles et autres insectes. Il faut toutefois faire remarquer que celte formule est conforme ce que dit Eveillon dans son traité de l'excom munication. Il n'y a, dit-il, que deux manières convena- bles d'adjurer et d'exorciser les animaux 1» en s'adres- sant Dieu, et en le suppliant de faire cesser le mal 2* en s'adressant au démon et en lui commandant, de la part de Dieu et en vertu de la puissance qu'il a donnée son église, de quitter le corps des animaux ou les lieux dont il abuse pour nuire aux hommes. La formule suivante contient la double prescription la prière Dieu et le commandement au démon Ommederupsen. eertvloien, sprinchaenen enz., teverdryven. t laet oss bidden. Heere Jesu Christe, helpt ons van dese onnatturelyke beesten die onze vruchten commen te vernittigen, door de hulpe van uwe heylighe moeder, die ons wilt bystant ge- ven ende verleenen door onserv heere Jesum Christum die met u leeft ende reegneert in de eenigheydt van den hey- lighen Geest Godt, door aile eeuwigheydt der eeuwig- heden. Amen. Ick besweire ul. den duyvel der hellen door Jesum Christum van Nasaret f als dat gy met aile uwe beesten zult Verdwynen, ende te nitte doen aile dese onnaturelyke beesten die dese vruchten beschadigen ende bederven. Ick besweire ul. door God almachtig f door Godt den Zone f door Godt den heylighen Geest f die zal commen oordee- len levende ende doode en de weirelt door het vier. Le document que nous venons de vous communiquer, ami lecteur, ne ait pas si, cette formidable conjuration, Personne ne gobera cette bourde et Mons Colaert lui-même n'oserait la défendre. Qui sait cependant Mons Colaert a été élevé sinon par des Jésuites même, tout au moins par des prêtres qui.y tiennent du plus près. Il a été au petit séminaire de Roulers et mieux que personne il doit connaître cette admirable doctrine des équivoques en vertu de laquelle il est per- mis d'user de termes ambigus, en les faisant entendre en un autre sens qu'on ne les en- tend soi-même comme dit le Jésuite San- chez, op. mor. p. 2, liv. III, Ch.VI, n° 13. Et au besoin Mons Colaert oserait peut- être donner sa parole d'honneur que quand il a parlé de la crise agricole il n'a point enten du préconiser l'établissement d'une taxe sur les céréales étrangères. Car ce n'est pas d'hier que Mons Colaert est au monde et il sait tout aussi bien que les chenilles et les sauterelles s'empressèrent1 de déguerpir, mais nous vous prions de ne pas trop accuser nos bons cam pagnards de superstition ou d'ignorance. L'habitude d'exor ciser les insectes, les souris et les rats, voire même les an guilles, les sangsues, les limaçons et les vers de toute espèce, était générale, aussi bien en Fi ance et en Allemagne que dans notre West-Flandre, et, si vous nous le permettez, nous vous en apporterons quelques preuves que nous tirons pour la plupart de l'ouvrage plusieurs fois cité du conseil ler Cannaert. Le sieur de l'Ancre dont nous avons parlé plus haut, nous raconte, dans son ouvrage sur la sorcellerie fl), que saint Guillaume, évèquede Lausane, délivra son diocèse des an guilles et des sangsues qui l'infectaient. Saint Guillaume, evesque de Lozane, dit-il, estant offencé par des anguilles, il les maudit en cette façon qu'il les bannit de tout son diocèse. B. Pruminius nettoya entièrement, par ses priè- res, l'isle de Saint Marc près de Constance, qui estoit in- fectée de certains vers qui mangeaient tout. Et encore en le mesme temps, le mesme évesques chassa toutes les sangsues venimeuses qui infectoient les saumons et tous autr s bons poissons de son diocèse, ayant fait prononcer sur elles les exorcismes tirés de l'Ecriture Sainte, (De l'Ancre, pages 340 et 341. Cité par Cannaert, page 318 des Bydragen). Cannaert signale encore le fait des habitants de Baune, dont les vignobles étaient dévastés par une espèce de hanne ton, et qui se rendirent Autun pour adresser l'official une requête tendant ce qu'il voulût ordonner ces hôtes incommodes de vider les lieux, sous peine d'excommunica tion. On consulta dans cette affaire le célèbre jurisconsulte François Chasseneux, qui jugea indispensable de suivre l'égard des hannetons toutes les formes de la procédure, c'est-à-dire l'ajournement, l'audition par procureur, sous peine de null;té. (Cannaert, ouvrage cité, page 318). Enfin le môme conseiller donne in extenso le jugement (I) Tableau de l'inconstance des mauvais cinijcs el démons, cité ci» avanl an n» t. t

HISTORISCHE KRANTEN

Le Progrès (1841-1914) | 1885 | | pagina 1