N° 1,114. Dimanche, 45e année. 6 Septembre 1885
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Le Comité, de l'Association libérale fait con
naître que les listes électorales, provisoire
ment arrêtées par le Collège échevinal le 14
Août, ont dû être affichées dans toutes les
communes, comme l'ordinaire le 15 Août,
mais qu'en vertù de la loi du 22 Août 1885,
les citoyens qui croient avoir des réclamations
faire, peuvent les adresser au dit Collège
échevinal, jusqu'au 20 Septembre inclusive
ment.
Ils peuvent aussi s'adresser, sous forme de
recours la Cour d'appel jusqu'au 21 Octobre
au plus tard, en se conformant aux prescrip
tions des art. 59 et suivants des lois coor
données.
Les électeurs libéraux qui éprouveraient
quelque difficulté cet égard, peuvent s'adres
ser M. le Président ou M. le Secrétaire de
l'Association libérale, rue des Récollets, n" 9,
les Mercredis, Samedis et Dimanches, de 9 h.
du matin jusqu'à midi.
On sait le degré de confiance qu'il faut avoir dans
les renseignements émanants du département de l'in
térieur, quand il s'agit de renseignements concer
nant le service de ce qui reste de l'instruction pu
blique, il ne faut les accueillir que sous bénéfice
d'inventaire, tes documents prétenduement officiels
accusent actuellement un nombre d'écoles primaires
supprimées s'élevant 931. 11 y a tout parier que
ce chiffre est faux, car il y a plus d'un millier de
communes ayant un conseil communal clérical, et il
n'est pas une seule d'entre elles qui n'ait au moins
supprimé une de ses écoles beaucoup en ont sup
primé deux; il est donc impossible que le chiffre
donné actuellement par le ministère de l'intérieur
soit le chiffre vrai. Le chef de ce département fait
des statistiques pour les besoins du moment. Rien
ne le gêne d'ailleurs. On l'a vu nier l'existence de
documents qu'il avait par devers lui. On l'a vu dé
clarer qu'il n'avait pas des renseignements que, cinq
minutes plus tard, il avouait avoir entre les mains.
Quand un ministre tient une pareille conduite, il ne
peut plus être cru.
Il en est des déclarations que fait m. le ministre
de l'intérieur comme des pièces qu'il produit. Il faut
les vérifier de très près si l'on ne veut pas être induit
en erreur. On se rappelle, eu effet, que dans une
circonstance récente le ministre de l'intérieur invo
quait l'appui d'un de ses arrêtés un rapport qui
disait tout fait le contraire de ce qui lui faisait
dire; le rapport était défavorable l'adoption d'une
école; le ministre de l'intérieur en faisait un rapport
favorable uniquement en supprimant la première
partie du document sur lequel il s'appuyait.
Ce qui amena un membre de l'opposition récla
mer, pour la discussion d'une autre affaire, la pro
duction du dossier, afin qu'on pût suivre sur les
originaux les pièces dont le ministre ferait lecture.
C'est la première fois, dit l'Echo du Parlement,
que, dans le Parlement belge, un ministre se met
dans une situation telle que, lorsqu'il parle de ren
seignements officiels, il faille révoquer en doute ses
assertions.
Les choses en sont arrivées ce point qu'on n'a
plus aucune donnée exacte sur le peu qui reste du
service de l'enseignement public. Ce sera l'ini
tiative personnelle t suppléer au mauvais vouloir du
ministre qui, pour son déshonneur, a entrepris de
rejeter notre pays d'un demi-siècle en arrière.
Il y a en ce moment la signature du Roi une
soixantaine d'arrêtés de suppression d'écoles qui ont
tout l'air de devoir attendre sous l'orme, le Roi ma
nifestant une extrême répugnance les signer. Alors,
que faire 1
Le département de l'intérieur a trouvé un biais:
il fait préparer dans ses bureaux un tableau composé
de toutes les écoles qu'on Veut supprimer, et un
arrêté royal unique, décrétant sous une forme hypo
crite et détournée la suppression en bloc de toutes
ces écoles.
Et l'on compte faire signer cela par le Roi, en
glissant l'arrêté au millieu d'un tas d'autres parfai
tement insignifiants. Chronique
-jïâSrr.
l!XK DISTRIBUTION DE PRIX.
La troisième de ces fêtes d'enfants a eu lieu Dimanche
30 Août, 10 1/2 h. du matin dans la grande Salle des
Halles.
Cette fois, ce sont les élèves de la Loye, qui sont les
héros du jour.
Comme précédemment,les autorités assistent en grand
nombre cette intéressante cérémonie qui a attiré sous
les ii&menses voûtes de l'antique monument une foule pl us
considérable encore que celle qui était venue applaudir
aux succès des élèves du Collège, de l'école moyenne et
de l'Ecole primaire de demoiselles.
C'est que la Loye existe depuis un temps presqu'im-
mémorial; la plupart pour ne pas dire la totalité de nos
ouvriers y ont reçu l'instruction, et il en est peu, bien
peu, qui,par reconnaissance pour leurs anciens maîtres,
pour leurs anciens bienfaiteurs, ne tiennent honneur
d'assister la distribution de prix,voulant ainsi rendre
un témoignage public d'eBtime et de sympathie ceux
que poursuit aujourd'hui la haine cléricale.
Car telle est bien la note qui domine aujourd'hui.
On ne veut pas, Ypres de l'enseignement des Petits
Frères. La classe ouvrière a là-dessus des idées très-
arrêtées, très-fixes, et si les Ignorantins ont réussi né»
anmoins accaparer quelques douzaines d'enfants, on
sait l'aide de quelles manœuvres, et au moyen de
quelle pression scandaleuse et déloyale que réprouve
toute âme honnête.
Si nous parlons de cette cérémonie, ce n'est pas dans
l'intention de la raconter dans tous ses détails, ni de
vanter nouveau l'Ecole de musique, cette pépinière
de toutes les sociétés musicales de notre ville, ni de
faire l'éloge de la section chorale qui, sous la direction
de M. Balmaekers, a très-bien enlevé les deux chœurs,
flamand et français, qui figuraient au programme.Non,
nous voulons tout simplement profiter de l'occasion,
comme on dit vulgairement, pour dire deux mots de
l'épargne, et des bienfaits moraux de l'épargne, telle
qu'elle fonclîoHné dans cet excellent établissement.
Et tout d'abord qu'est-ce qu'épargner?
Epargner c'est dit M. Laurent, dans son intéres
sante conférence faite devant les élèves normalistes de
G and, épargner, c'est retrancher toutes les dépenses
inutiles,toutes les dépenses qui dépassent nos besoins
réels,toutes les dépenses qui ne sont pas en harmonie
avec notre condition sociale. Pour épargner, il faut
donc modérer ses désirs toute économie que nous
faisons est uue victoire remportée sur quelque mau-
vaise passion. En ce sens l'épargne est |e principe de
la vertu.
Voyez ce petit enfant de nos écoles gardiennes qui,
le Lundi, apporte sa malt essé les deux centimes
qu'on lui a donnés le Dimanche pour jae pas acheter
un fruit avec sa pièce de monnaie, il a dû vaincre un
désir, il est sorti vainqueur de cette lutte: c'est la
voie du perfectionnement moral. Les désirs grandis-
sent avec l'âge; celui qui, tout enlant, a appris les
modérer, les réprimer,saura aussi plus tard vaincre
des passions plus fortes. Voilà comment l'épargne
devient l'apprentissage et la pratique du devoir. Et
n'est-çq pas là notre destinée Dieu ne nous appelle-
t-il pas lutter sans cesse contre nos mauvais pen-
chants? et la victoire dans cette lutte incessante n'est-
elle pas le couronnement de notre vie
Que si, au contraire, l'enfant s'habitue satisfaire
tous ses désirs,il fait pour ainsi dire,dès son berceau,
l'apprentissage du mal car il fera adolescent ce qu'il
faisait dans son enfance. Vainement la raison et la
a conscience lui diront elles qu'il doit combattre les pas-
sions qui prennent tous les jours plus d'empire sur
son âme; il n'a pas la force de lutter, parco-qu'il a
pris l'habitude de contenter toutes les fantaisies. De
même que l'homme qui n'a pas développé son intelli-
gence et son corps par le travail reste faible et igno-
rant, celui qui n'à jamais lutté contre ses passions,
a n'a plus la force de les combattre; il est vaincu d'à.
vance, il succombe sans avoir fait d'effort pour résis-
ter au mal, il va de chute en chute, et il aboutit la
a mort de l'àme. a