N° 1,121. Jeudi,
lr Octobre 1885.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'Y PRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Pauvres écoles!
Un vrai héros!
Un comble.
Nouvelles locales.
LA FÊTE VAN MERRIS.
45e A.HUÉE.
LE PROGRÈS
PAKAISSA1VT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. VIRES ACQUIRIT ECNDO.
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,d.„. Pour le restant du pays. i ré. W#i
Le conseil communal de Thulin (Hainaut) vient de
tuer l'enseignement officiel par cinq voix contre
quatre.
En supprimant l'école communale, dirigée par
une des meilleures institutrices du Hainaut, la ma
jorité du Conseil a adopté une école cléricale où,
enseignent des religieuses étrangères et non di
plômées, la disposition desquelles seront mis les
locaux et le mobilier communaux.
Un des quatre libéraux du Conseil a protesté en
ces termes
Faites, messieurs, vous êtes actuellement nds
maîtres, vous êtes cinq contre quatre mais vous ne
serez pas toujours au pouvoir et, ne l'oubliez pas,
dès que nous y reviendrons, notre premier soin sera
de défaire tout ce que vous aurez fait et de rétablir
tout ce que vous aurez détruit.
A la bonne heure, voilà une déclaration énergique j
que tous les libéraux de province devraient faire
leur, avec cette ajoute Et nous ferons payer
vos protégés les pots que vqjis cassez en ce mo
ment
Ainsi soit-il. Chronique
Nous lisons dans la Chronique, du 28 Septembre.
Il est mort la semaine dernière, Bruxelles, un
Belge qui n'était pas décoré. Il est vrai de dire que
ce citoyen avait mérité vingt fois la croix de cheva
lier de l'Ordre de Léopold c'est ce qui explique
qu'il ne reçut même pas la croix civique.
Vromans, c'est le nom de ce citoyen, était un
modeste petit bourgeois de Bruxelles, habitant tout
près de la place Fontainas, et gagnant sa vie en
travaillant, comme beaucoup de petits bourgeois de
Bruxelles, qui ne demandent pas être décorés pour
ça, comme ces frères de réprésentants cléricaux
crucifiés pour avoir dirigé l'établissement de
deux kilomètres de chemins de fer vicinaux.
Mais Vromans avait fait mieux que cela. Lors de
l'épidémie de choiera qui décima la population bru
xelloise il y a dix-neuf ans, il se conduisait comme
un véritable héros, allant soigner les malades do
micile, ensevelissant les morts, accompagnant dans
les voitures les cholériques qu'il fallait transporter
aux lazarets, se constitifant l'infirmier volontaire des
pauvres, des ouvriers, et cela sans s'affilier un
comité quelconque, sans porter de brassard écla
tant, sans écrire sur son chapeau: Je suis un
héros.
Il rentrait certaines nuits quatre ou cinq fois chez
lui, pour changer ses vêlements tachés par les
malades.
Et il ne se lassa jamais, accomplissant jusqu'à la
fin de l'épidémie le devoir de dévouement et d'admi
rable solidarité qu'il s'était fixé.
11 ne demanda aucune indemnité, aucune récom
pense, et quand Anspach fit l'éloge de ce héros en
plein Conseil communal, Vromans était tranquille
ment chez lui, occupé son banc d'ébéniste.
Il n'a jamais trouvé extraordinaire ce qu'il avait
fait, et certainement ne s'est jamais douté que parmi
les nombreux chevaliers de l'ordre de Léopold, il
n'en est pas vingt qui aient mérité plus que lui le
ruban rouge.
P. S. pour le Courrier de Bruxelles: Vromans
élàit libéral, et ce héros de la morale neutre
comme on dit dans les journaux de sacristie, avait
fait de sa fille une institutrice officielle
Le Congrès artistique et littéraire-qui vient de se
réunir Anvers, a procédé la fin de ses travaux
I élection de son comité d'honneur. 11 avait élire
trois membres en remplacement de VICTOR HUGO
et de MM. Mauriani et Horne. Ont été nommés
l'unanimité MM. BEERNAERT, Pouillet et Fraser
Rae.
M. Beernaert succédant Victor Hugo, c'est un
comble! On aurait pu, nous semble-t-il, laisser la
place de Victor Hugo vacante, ne fût-ce que pour
rendre hommage sa glorieuse mémoire.
La fête a donc eu lieu; elle a réussi pleinement, réussi
au-delà de toutes nos espérances, réussi faire blasphémer,
Dieu leur pardonne! les catholiques les plus orthodoxes de
l'orthodoxe Cercle;
Le soleil des gueux ne pouvait nous fausser compagnie;
il avait fait bien mauvais les jours précédents et le temps ne
s'est guère amélioré depuis; mais notre Soleil est bon prince,
(noblesse obligent il a tenu rester digne de sa bonne et
vieille réputation.
Il y a eu foule partout: on se pressait, on s'entassait dans
les rues conduisant la gare, l'arrivée et au départ de nos
hôtes. Ils ont pu recevoir, dans leurs excursions souvent
triomphantes, un accueil plus bruyant; ils n'en ont jamais
eu de plus empressé, de plus spontané, ni de plus général.
Leur digne président, M. Van Merris, nous a exprimé
diverses reprises combien cet accueil le rendait heureux.
Nous avons été heureux notre tour de voir combien ses
intentions généreuses ont été appréciées de nos amis, et
nous les en remercions.
Dès onze heures, les rues sont sillonées de sociétés et de
groupes porteurs de cartels et de drapeaux, se rendant au
lieu de réunion du cortège. Un gai rayon de soleil fait bril
ler les médailles suspendues en trophées de victoire. La
foule s'échelonne dans les rues. Il est près de midi. Le cor
tège s'ébranle, précédé de notre vaillante phalange com
munale; derrière ce corps s'avance la commission, ayant
sa tête M. Leleup, échevin de la ville, président de la com
mission des fêtes. Des conseillers communaux et les mem
bres du Denier des écoles laïques l'entourent.
Les commissaires ont arboré la cocarde bleue; c'est le
signe de ralliement de la fête. De nombreuses sociétés,dans
lesquelles se confondent la bourgeoisie et l'honnête popu
lation ouvrière, ont répondu l'appel du comité. Elles sont
trente-trois et leur file s'étend au loin. L'ordre est parfait.
Désaccords de la Brabançonne se font entendre: on
entend des acclamations, des vivats; les chapeaux s'agitent.
Nos hôtes débarquent; la bienvenue leur est souhaitée; de
cordiales poignées de mains s'échangent: on est tous voisins,
amis. La brillante philharmonie de Poperinghe prend rang
dans le cortège. Un roulement puissant de tambours et une
joyeuse sonnerie de clairons retentissent le cortège se met
en route on se rend l'Hôtel-de-Ville, où une réception
officielle attend nos hôtes.
Dans la vaste Salle décoré de peintures, retraçant les
épisodes de notre histoire communale, se trouve M. le
Bourgmestre, entouré, de la plupart des membres de notre
Conseil Communal nous y remarquons MM. Verschaevè,
E. Gaimant, Soenen, Vandaelf, Beaucourt; MM. Leleup,
échevin, Poupart, Van Alleynes, Vermeulen, Conseillers
Communaux font leur entrée avec la commission des fêtes.
Le cortège pénètre dans la salle: gauche des autorités se
masse la Musique des Pompiers auprès d'elle se rangent
les Présidents et secrétaires des sociétés, participant la
féte; droite.se place l'imposante phalange philharmonique.
M. le Bourgmestre s'avance au-devant de M. Van Merris et
lui souhaite la bienvenue en exellents term es. Son discours
énergique et tout de circonstance,est fréquemment interrom
pu par des applaudissements l'orateur exprimait avec un
rare bonheur les sentiments qui animaient tout l'auditoire
«Vous êtes venu nous prêter votre concours,M.le Président,
une œuvre éminemment utile; vous avez voulu participer,
dans la mesure de vos heureux moyens, cette lutte pour
la défense de notre .bien si précieux, de nos écoles commu
nales. «L'orateur rend hommage au Denier des Ecoles Laï
ques, et nous ne pouvons que nous associer cet éloge.
N'écoutez pas, dit-il, les petites calomnies de certaine
presse locale: la réputation si hautement établie de votre
brillante phalange en fait bonne justice.» Et plus loin: «Si,
aux élections d'Octobre, nos adversaires étaient arrivés au