2. Dimanche,
9 Janvier 1887.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
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La Franc-maçonnerie.
47e ANNÉE.
6 FRANCS PAR AN
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Ypres, le 8 Janvier 1887.
M. F. Folie, directeur de l'Observatoire royal
de Bruxelles, vient de publier une Petite clima
tologie de l'amateur et, de l'agriculture belge
appelée faire sensation dans le monde scien
tifique.
Cet opuscule est dédié MM. Beernaert et
de Moreau.
On sent tout de suite que la science est abso
lument étrangère l'idée d'une telle dédicace.
Ces Messieurs sont des ministres, des hom
mes politiques, des chefs de parti. Mais des
savants?
Aussi n'est-ce pas ce titre que le successeur
des Quetelet et des Houzeau les a jugés digne
de l'honneur qu'il leur décerne.
Ils sont les premiers chefs du nouveau dépar
tement de l'agriculture, el le travail de M.
Folie est destiné aux agriculteurs.
Soit. Cela pourrait aller. Mais cette raison
n'est qu'accessoire.
Voici la principale
L'intention se dessine. 11 s'agit d'instituer
la climatologie cléricale, la météorologie sui
vant les bons principes, la science conforme
aux enseignements dogmatiques de l'Eglise.
Et le livre tient les promesses de la dédicace.
La préoccupation d'accommoder les découvertes
de l'observation désintéressée aux postulais du
surnaturel, de faire la superstition elle-même
une place dans la science, y éclate chaque
ligne. L'auteur n'hésite pas s'incliner devant
saint Médard.
Une admirable invention que les harmonies
providentielles, et qui peut mener loin.
M. Folie est directeur de l'Observatoire ad
majoremDeigloriam: Harmonie providentielle.
MM. Beernaert et de Moreau sont nos maî
tres Harmonie providentielle.
Espérons an moins que le jour où ils tombe
ront du pouvoir, M. Folie bénira la Providence
qui nousaura valucette progression harmoniquel
Cette publication n'est qu'une épisode d'une
campagne entreprise depuis quelques années
Eour cléricaliser la science comme les capitaux.
a Société scientifique catholique a donné le
signal sans grand succès. Mais maintenant que
le cléricalisme dispose d'une forte majorité
dans les Chambres, on se flatte de donner un
rude coup de collier dont le pays se ressente
pour longtemps, et voici que les établissements
scientifiques de l'Etat sont invités venir la
rescousse.
M. Folie n'est pas seul jouer son rôle dans
cette campagne. Un de ses adjoints publiait
récemment dans la revue Ciel et Terre un tra
vail inspiré des mêmes tendances travail très-
curieux d'ailleurs et très-supérieur au iMa-
thieu Laensberg de M. Folie travail histo
rique sur l'arrêt du soleil pendant la bataille
de Mùhlberg..., et par contre-coup sur le fa
meux miracle de Josué, qui pourrait bien n'être
pas aussi controuvé qu'on se l'imagine Les
perturbations providentielles faisant pendant
aux harmonies providentielles
Vous verrez que d'harfnonie en perturbation
et de perturbation en harmonie, la science clé
ricale finira par justifier par a plus b les neu-
vaines et les processions organisées pour obte
nir de la Providence de la pluie quand ses
harmonies sont trop sèches pour la culture, du
soleil quand ses perturbations sont trop ora
geuses pour la récolte.
Climatologie d'amateur, voilà de tes coups
Nous n'avons pas discuter les principes re
ligieux de ces astronomes. Leurs croyances
leur appartiennent, el ils n'en doivent compte
personne. Mais le pays, ce me semble, a le
droit d'attendre de ceux qui font de la science
ses frais que les établissements scientifiques,
auxquels la Providence les a attachés, ne de
viennent point par leur faute la risée du monde
savant.
Le Courrier de Bruxelles constate que la si
tuation de l'Europe est inquiétante toutes les
puissances, dit-il, se préparent avec précipi
tation une guerre éventuelle partout on se
croirait la veille d'une entrée en campagne...
Bon, se dit le lecteur le Courrier va faire
son mea culpa et se raillier au service person
nel, ainsi qu'aux autres mesures de sûreté que
nous imposent des circonstances aussi graves...
Pas le moins du monde Notre confrère
nous parle de l'empire grec de Byzance et de
l'hérésie protestante qui, d'après lui, a été la
cause de tout le mal. Si l'Europe est agitée, in
quiète, c'est parce qu'elle s'est soustraite en
partie la tutelle maternelle de l'Eglise ro
maine»
Après quoi le Courrier nous parle de Maho
met II et de Sobieski.
Toujours les mêmes, ces cléricaux ils vi
vent en dehors de toutes choses et ne s'aper
çoivent pas du cours des siècles. Ce sont les
Jésuites qui ont perdu la Pologne et les contro
verses des moines sur la lumière du Thaber
ui ont fait crouler l'empire grec. Les rêveries
e notre clergé sur la tutelle maternelle de
l'Eglise tendent un résultat semblable, en ce
qui touche notre pays. Si tout le monde en Bel
gique pensait comme le Courrier, si la nation
ne se composait que d'esprits mystiques et de
sacrés-cœurs, nous n'aurions plus qu'a signer
notre déchéance.
La presse cléricale, prenant la Franc-maçon
nerie comme cheval de bataille la décrit comme
un élément de désordre social. Comme simple
preuve du contraire nous donnons la traduc
tion d'un articulet du Dagens Nyheter de
Stockholm
Voilà n'est-ce pas les horribles francs-maçons
que la presse cléricale voudrait dépeindre com
me une bande d'affreux coquins 1
Qui donc croit-elle tromper
Le Journal de Bruxelles reproduit les pas
sages qui concernent la neutralité de la Belgi
que dans l'article qu'a publié sir Charles Diïke
dans la Fortnightly Beview et la Nouvelle Be-
vue, article que nous avons analysé il y a
plusieurs jours.
Les commentaires qu'ajoute le Journal de
Bruxelles aux prévisions menaçantes de l'hom
me d'Etat anglais, ne sont pas sans intérêt.
L'organe officieux du gouvernement reconnaît
3ue notre état militaire peut-être amélioré et
oit l'être le plus tôt possible.
Citons-en un passage
Cela indique-t-il, demande l'Indépendance
que M. Beernaert soit venu récipiscence et
qu'il ne dise plus, comme il l'afait dernièrement
la Chambre, que notre armée est dans une
situation plus satisfaisante qu'elle ne l'a jamais
été C'est un point d'interrogation oui se pose
tout naturellement après l'article au Journal
de Bruxelles.
M. Beernaert proposera-t-il le service per
sonnel et les fortifications de la Meuse
LE PROGR
TIRES ACQCIRIT EOKDO.
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
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Marché aux Herbes.
C'est l'un des titres que vous avez la dédicace de ce
petit livre...
Vous en avez, Messieurs, un second, qui a plus d'im
portance âmes yeux vous travaillez la restauration de
ces idées de liberté large, tolérante et respectueuse envers
le culte, qui ont inspiré nos pères les articles de notre
immortelle Constitution.
Nourri dans des principes religieux auxquels j'ai tou
jours été et je resterai toujours fidèle, principes qui ont
été, dans tous les temps, la seule base de l'édifice social et
la véritable source du bonheur pour les nations comme
pour les individus, j'ai tâché, dans cet opuscule, de met
tre en relief les harmonies providentielles si nombreuses
qui éclatent dans la distribution de la chaleur et de l'hu
midité la surface du globe, comme dans le renouvelle
ment incessant des conditions essentielles la vie des
animaux et des plantes, et de travailler ainsi, dans la faible
mesure que comportent et le sujet et mes moyens, la
défense de ces grands principes.
La semaine dernière avait lieu une grande fête au
local de la loge St. Erik Stockholm. Le prince Oscar,
troisième fils du Roi de Suède et de Norwège, a été in
stallé en qualité de vénérable de la dite loge. Parmi les
maçons éminents qui honoraient de leur présence l'in
stallation <du jeune vénérable, on remarquait le Roi de
Suède et de Norwège, le prince héréditaire, ainsi que son
frère et plusieurs autres hauts dignitaires, tels que les
ministres portefeuille, le ministre d'Etat chevalier von
Otter, le vice-amiral baron Lagercrantz, le ministre plé
nipotentiaire turc Karadja-Pacha, le premier secrétaire
de la légation allemande comte von Luxberg, etc., etc.
Plus de mille maçons assistaient cette solennité sui
vie d'une séance plénière de la loge. La fête s'est termi
née par un grand banquet maçonnique auquel assistaient
tous les maçons royaux.
La Belgique a été longtemps le champ de bataille de
l'Europe. Elle a le désir bien légitime de ne plus l'être.
Mais pour ne plus l'être, il faut que les puissances belli
gérantes aient intérêt ne pas violer notre neutralité, et
elles auront cet intérêt si la Belgique présente une force
militaire telle que chacun des belligérants ait craindre
de voir tourner cette force contre lui. Nous avons le devoir,
si notre neutralité est violée, de nous opposer au belligé
rant qui la viole en nous unissant son adversaire.
Or, les forces militaires de la France et de l'Allemagne
tendent s'équilibrer. Par conséquent, en cas de guerre
entre ces deux Etats, ni l'armée française ni l'armée alle
mande n'aura intérêt pénétrer sur notre territoire si
l'adjonction de notre armée et nos travaux de défense mi
litaire constituent l'appoint qui peut faire pencher la ba
lance en faveur de l'une ou l'autre armée, selon que l'une
ou l'autre l'aura pour elle ou contre elle.
