N° 5. Jeudi, 47e ANNÉE. 20 Janvier 1887. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. L'éducation cléricale. 6 FRANCS PAR AN PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. Ypres, le 19 Janvier 1887. Nous avons eu naguère la bonne fortune de faire goûter nos lecteurs la saveur d'un livre d'éducation cléricale, dont le caractère ortho doxe n'était pas contestable c'était la règle du Séminaire de Liège L'opuscule que nous allons leur présenter aujourd'hui ne limite pas ses leçons aux néo- phites de la soutane iil a la prétention de s'a dresser un public plus considérable, il est destiné la jeunesse et porte un titre plus mondain Ixs règles de la civilité puérile pour instruire les enfants dans toute honnêteté et bienséance. Beaucoup de gens connaissent ce livre de ré putation ils ont entendu citer cette œuvre magistrale chaque fois que dans une polémique un peu vive il y a lieu de rappeler l'un des ad versaires aux convenances, chaque fois qu'il y a flétrir un écart de plume ou de parole. Mais combien peu parmi les jeunes sur toutont pu feuilleter cet opuscule que l'on trouvait pourtant dans les mains de tous les élèves des institutions bien pensantes il y a cinquante ou soixante ans. Nous allons taèher de faire apprécier par nos lecteurs les charmes de ce petit livre qui, quoi qu'ananyme, porte avec lui sa marque de fabri que et qui doit être classé parmi les produc tions congréganistes les plus authentiques. Ecoutez, comme dès le début, on sent l'œuvre d'une âme dévote pour laquelle la question du péché originel n'offre pas même sujet contro verse On s'occupe d'abord de la nécessité de bien élever la jeunesse. Et voici le procédé L'éducation de la Jeunesse, est-il dit, est assurément de la dernière conséquence {sic) depuis la corruption de notre nature, par le péché de notre premier père. L'homme est si misérable qu'il ne produit rien que de mau- vais ainsi ce n'est pas assez de n'appren- dre rien de mal aux enfants, ou de ne leur point montrer de mauvais exemples, pour les rendre bons, il faut déraciner en eux ce qui ne vaut Eien. Nous voilà fixé sur l'esprit du livre et sur la conséquence» des doctrines et des méthodes qu'il formule. L'exhortation la jeunesse continue nous éclairer du reste Cher enfant, que je considère comme un enfant de Dieu, et comme frère de Jésus- Christdit l'auteur, commencez de bonne heure vous porter au bien, et ne déshono- rez pas, par une vie malséante, ce beau et sacré caractère de Chrétienqui est grand dans votre baptême je prétends vous ap- prendre les règles d'un honnête chrétienren- dez-vous souple et docile. On_a déjà compris que la phrase n'est pas com plète et que l'auteur sous entend souple.... devant votre curé et docile... envers les petits- frères. Et comme principe d'éducation le livre pres crit l'étude des mystères de la foi dans le ca téchisme, puis il continue Assistez au saint sacrifice de la messe tous les jours autant que vous le pourrez et le plus dévotement quil vous sera possible. Si allant par la rue vous voyez qu'on porte le Samt- Sacrement quelque malade, quand vous en serez proche, mettez-vous genoux jusqu'à ce qu'il soit passé et si votre commoaité vous le permet, (sic) accompagnez-le jusqu'à l'église. Ne passez jamais devant une église sans saluer révéremment et adorer Jésus-Christ qui y repose, et honorer le Saint auquel elle est dédiee: rendez le même respect aux croix que vous rencontrerez. Ces conseils ne sont certes pas tombés de la plume d'un mécréant, ni d'un libre penseur, cela sent son jésuite ou plutôt son sacristain plat et cuistre d'une lieue. Maintenant que nous voilàfixé sur l'origine ultra-orthodoxe de ce petit volume nous allons passer l'examen des leçons qu'il donne, si du moins, lecteur, votre commodité vous le per met. A tout seigneur, tout honneur Le livre s'occupe, dès ses premières pages, du respect que les enfants doivent aux gens d'église. Ici nous ne voulons pas priver nos lecteurs du plaisir de savourer par le menu ce chapitre digne d'être encadré nous le citons tout en tier Ne passez jamais devant un ecclésiastique que vous ne lui fassiez la révérence, si pauvre et si mal vêtu qu'il puisse être. Honorez en sa personne le Dieu qu'il sert qui il appartient de près par son ministère, et n'ayez point tant d'égard la qualité de ses mœurs, si elles sont bonnes ou mauvaises, qu'au caractère sacré qu'il porte. Si vous passez devant un Evêquevous vous mettrez genoux pour recevoir sa bé- nédiction, particulièrement s'il est revêtu de son rocher et de son camail et si vous avez lui parler, vous ne le ferez qu'après avoir reçu sa bénédiction, et vous l'appellerez Mon- seigneur. Ce n'est pas une charge. Nous copions tex tuellement S'il arrive que vous entendiez que quelque Ecclésiastique soit de mauvaise vie, gardez- vous bien de prêter l'oreille ces discours, en- core moins de vous informer curieusement de ce qu'on dit de lui le respect que vous lui devez vous doit empêcher d'en croire aucun mal. Servez très-volontiers la sainte messe vous ne pouvez recevoir un plus grand hon- neur, et tachez de le faire de bonne grâce, avec respect intérieur et extérieur. La précaution est bien prise et l'on est cer tain, avecelle que les ecclésiastiques de mœurs. légères pourront renouveler les exploits des Spaes, des Mainbode ou des Dufour, sans être serieusement contrariés. Grâce ces principes d'éducation les hommes honnêtes et bien séants» sont tenus de passer l'éponge là-dessus, de faire silence autour des plus tristes fredaines des tonsurés, ils sont même obligés n'en croire aucun mal. Pourvu que l'on salue son curé bien bas, que l'on s'agenouille devant le chien des évèques et que l'on serve la messe comme M. M le candidat malheureux, on est sûr du salut éternel. Après ces conseils, voici la règle de conduite que le livre recommande pour toutes les cir constances de la vie. C'est clair, c'est précis, c'est un guide parfait et détaillé pour toutes les heures du jour. Et d'abord que faire quand on se lève du lit L'heure de votre levée étant venue, faites dabord le signe de la croix, et donnez aussi tôt votre cœur Dieu, et ne soyez pas du nom bre de ceux qu'on a bien de la peine faire lever même si vous avez de la prudence et l'honneur en recommandation, vous ne souffri rez pas qu'aucune personne d'autre sexe entre dans votre chambre pendant que vous y êtes ainsi vous la tiendrez fermée. Les petits frères goûteront fort cette pres cription qui interdit l'entrée de la chambre aux personnes d'autre sexe. Hum Ils apprécieront moins peut-être ce qui suit Levez-vous donc avec tant de circonspec tion qu'aucune partie de votre corps ne paraisse nue. Prenez d'abord les habits qui vous couvri ront le plus, pour cacher ce que la pudeur ne veut pas qui paraisse. O! la, la Cela se corse! Et nous ne vou lons pas que la mère ne puisse en autoriser la lecture sa fille. La suite semble inspirée par l'auteur du re frain Il est sain de laver ses mains et son visage le matin, et même encore ses yeux, avec de l'eau fraîche, pour conserver la vue. Ayez soin que votre habit soit bien fermé pardevant, particulièrement sur la poitrine tenez vos habits nets et vos souliers sans ordure. Ayez soin tous les jours de vous bien pei gner, pour ne point entretenir de vermines. Après cette dernière recommandation nous pouvons tirer l'échelle et remettre la suite de notre examen un prochain numéro. I LE PROGRES TIRES ACQCIRJT EOKDO. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25. Insertions Judiciaires la ligne un franc. Pour les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89, Marché aux Herbes. Ugène, Ugène, Tu m'fais languir Oùs qu'y a d'l'hygiène In* y a pas d'plaisir.

HISTORISCHE KRANTEN

Le Progrès (1841-1914) | 1887 | | pagina 1