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N° 18. Dimanche,
47e ANNÉE.
6 Mars 1887
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Revue politique.
Après
IVos finances.
6 FRANCS PAR AN
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
TIRES ACQtJIRlT ECNUO.
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Des élections qui ont eu lieu, Dimanche, en
France, dans deux départements où, en 1885, les
réactionnaires l'avaient emporté haut la main,
accusent un réveil du sentiment républicain.
Dans l'Aveyron, les réactionnaires n'avaient pas
même osé engager la lutte. Dans les Basses Pyré
nées le candidat de la gauche a obtenu six mille
voix de plus qu'en 1885, et son concurrent mo
narchique en a perdu huit mille, donc un dépla
cement de quatorze mille voix.
Le département du Nord avait signifié son
mécontentement ses élus de la droite. Dans
quelques semaines, le Pas-de-Calais en fera au
tant et élira une majorité considérable M. Ri-
bot, un républicain de vieille date qui n'a jamais
voulu frayer avec les radicaux, mais que ces
derniers acceptent, parce qu'ilsveulent la victoire
Sar l'union, et que M. Ribot a plus de chances
e réussir qu'un candidat de leur bord.
La morale de ces scrutins, il est peu près
inutile de l'établir. Il y a un an et demi, les ré
publicains de l'Aveyron avaient éliminé de leur
liste le nom d'un candidat sortant, M. Rodât.
Toute là liste de l'opposition a passé au premier
tour. A la première élection partielle, M. Rodât
se met sur les rangs, et les monarchistes, battus
d'avance, désertent la bataille, Cette leçon peut
porter des fruits ailleurs qu'en France.
M. Fergusson a déclaré la Chambre française
que le gouvernement anglais a fait des repré
sentations la Belgique sur l'insuffisance des
amendes infligé i~1
concerne les
l'égard des pêcheurs anglais.
Le gouvernement belge a répondu que les
montants de ces amendes sont les mêmes que
ceux appliqués par les tribunaux français et
hollandais. En outre, les délinquants supportent
les frais du procès, perdent leur temps et leur
argent et sont exposés des actions civiles. Le
gouvernement britannique ne peut donc pas dire
que dans ces cas on ne puisse pas obtenir justice.
En Allemagne sur 50 ballottages connus, il y a
22 partisans et 28 adversaires du septennat.
Pour l'élection du premier président sur 285
votes émis, M.Wedell Piesdorf a obtenu 184 voix,
M. Windthorst, 2; il y avait 99 bulletins blancs.
Quelques députés se sont abstenus.
La prochaine séance du Parlement est fixée
Lundi. Le projet de loi militaire se trouve
l'ordre du jour de cette séance.
Ypres, le 5 Mars 1887.
Quand les cléricaux ont jeté assez de poudre
aux yeux pour aveugler le corps électoral et lui
faire prendre des vessies pour des lanternes,
ils arrivent au pouvoir.
Avant les affaires publiques, avant les affaires
générales, il y a leurs petites affaires, leurs
intérêts de boutique soigner.
Ils commencent par remiser dans l'oubli le
cortège des promesses qui devient non seule
ment inutile, mais en combrant.
Les mesures qu'ils ont préconisées le plus
chaudement ont perdu toute opportunité et
doivent attendre un nouvel emploi, jusqu'au
moment où ils rentreront dans l'opposition.
En attendant, la victoire gagnée, il importe
de livrer le butin l'armée noire qui leur a
donné le triomphe. Les jours de grande liesse
sont revenus pour le clergé les ressources de
l'Etat et les influences du pouvoir sont mises
sa disposition.
On lui rend les profits de tous les abus dont il
se disait spolié le Moniteur vient remettre
hebdomadairement du beurre dans les épinards
des pauvres fabriques d'églises on transforme
les couvents en établissements d'instruction,
pour y faire affluer l'argent des contribuables
on comble l'Eglise d'avantages, de toutes parts
et par tous les moyens enfin, on se dispose
faire mieux encore pour contenter ses appétits,
mais sans y parvenir.
Le magot dont a parlé M. Malou ne pourrait
y suffire.
On lui donne les poires, il réclame le sac; on
lui prodigue les avantages du pouvoir, cela ne
lui suffit pas c'est le pouvoir même qu'il re
vendique pour son chef de file, qui est Rome
et ne reconnaît d'autre autorité que la sienne.
Quand le pouvoir a pataugé ainsi, pendant
un certain temps, dans une série de dilapida
tions au profit du clergé, quand il a détruit
l'enseignement pour lui en livrer les ressources,
le moment n'est guère venu de songer aux éco
nomies et aux réductions d'impôts.
C'est le contraire qui a lieu.
On saisit alors toutes les occasions de gonfler
des recettes qui ne suffisent plus et on tombe
bras raccourcis sur la conversion, qui permet
de puiser dans la poche des rentiers de l'Etat
les quelques millions nécessaires pour faire face
aux prodigalités dont notre mère la sainte
Eglise se pourléche les babines.
Les économies réaliséesau préjudicede l'inté
rêt public y passent, le surcroît des rendements
d'impôts est dévoré. Le brave électeur se re
trouve Gros-Jean comme devant, avec la
perspective de voir ses contributions augmen
tées pour les besoins de la réserve nationale
qu'il a bien fallu créer et pour l'amélioration de
notre système de défense qu'il faul améliorer...
Notre sécurité commande de fortifier la Meuse
et d'approprier grands frais les fortifications
d'Anvers, qui ne répondent pas aux nécessités
nouvelles.
C'est la manière dont nos maîtres ont
rempli le reste de leurs promesses.
Les circonstances viennent, en outre, impo
ser leur patriotisme le devoir de réorgani
ser notre armée pour la mettre en mesure de
répondre l'attente du pays. Le service person
nel peut seul remédier aux vices de son orga
nisation. Pas d'autre issue pour sauver une
situation dont le danger saute aux yeux Le
salut commun est ce prix.
C'est ici que se révèle toute l'étendue du mal
dont la lèpre cléricale couvre le pays. L'armée
noire, par l'organe des K. K., signifie nos
maîtres que les préoccupations électorales
sont au-dessus des intérêts les plus vivaces de
la nation.
La sécurité du pays importe peu aux phalan
ges du clergé. Les avantages du pouvoir l'inté
ressent autrement. Périsse le pays, plutôt que
de compromettre une situation acquise qui le
livre leur exploitation et en fait leur chose 1
Les injonctions sont formelles on ne passe
as Il ne resteau gouvernement qu'à s'incliner:
es intérêts de l'Eglise avant tout elle est
maîtresse. C'est elle qui dispose de la crédulité
îopulaire et les instruments qu'elle a choisis
>our ses desseins ne peuvent prendre ailleurs
eurs inspirations
Voilà où nous en sommes. Pas d'économies,
pas de réductions d'impôts. De nouvelles char
ges militaires, par la réserve, pour les pauvres
diables dont on n'a cure ils ne votent pas
Mais pas de service personnel, qui atteindrait
les milices soumises que le cierge tient sous sa
domination.
Tout pour et par l'Eglise, tel est le spectacle
édifiant que nous offre un pouvoir la merci
du clergé et du troupeau qu'il conduit aux
urnes électorales.
Notre situation financière est excellente. Elle
sera meilleure encore l'année prochaine. La
droite a accueilli Mardi, par de chaleureuses
marques de satisfaction, ces déclarations de M.
Beernaert, le grand ministre.
C'était le moment de voter des remerciements
au cabinet libéral, qui a fait voter les impôts
grâce auxquels l'équilibre financier a pu être
rétabli. Ces ingrats de cléricaux n'y ont seule
ment pas songé. Nous avons tiré les marrons
du feu, ils les mangent notre nez et ne nous
disent pas même merci.
Nous lisons dans la Nation
M. Frère a fait preuve d'un réel courage en
prenant la parole Mardi. Non seulement il était
indisposé depuis plusieurs jours, mais encore il
portait au côté un large vésicatoirequi le faisait
cruellement souffrir.
Mais il avait annoncé qu'il interpellerait le
gouvernement dès la rentrée et il considérait
comme un devoir de parler. C'est, paraît-il,
vainement que Mme Frère, dont l'affection de
tous les instants est aisément inquiétée, avait
prié son mari de remettre son interpellation
quelques jours M. Frère n'avait rien voulu
entendre et il a parlé, traduisant seulement par
un léger enrouement l'état d'indisposition et de
souffrance où il se trouvait.
On sait que M. Frère-Orban a toujours été
l'un des membres les plus assidus de la Cham
bre. Aujourd'hui encore, il donne cet égard
ses collègues, nouveaux venus ou plus jeunes,
un exemple bon imiter. La vie laborieuse et
active de M. Frère, son infatigable dévouement
la chose publique, sa fidélité au devoir et son
aptable énergie, ce sont là de hautes ver-
)lif*
indomptabl
tus politiques, dont la tradition mérite, assuré-
E PROGRES
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
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Marché aux Herbes.
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