Tout en reconnaissant l'existence de la crise
agricole, il nie qu'elle soit générale, qu'elle ait
l'intensité qu'on lui attribue. Dans les pays de
petite culture, terre morcelée, elle est peu
près inconnue. Elle se limite la grande culture
des céréales et pèse plus particulièrement sur
le blé. Pour déterminer une hausse de cette cé
réale on propose, dit-il, des droits importants,
et pour la justifier on met en regard le prix de
revient et le prix de vente. Il admet parfaite
ment que le prix de revient, bien que lui-même
(pas plus que d'autres d'ailleurs) n ait jamais pu
parvenir l'établir d'une façon précise, est au
jourd'hui plus élevé que le prix de vente, qu'il
y a perte pour le commun des fermiers et qu'il
convient ae chercher un remède ce défaut
d'équilibre.
Mais ce remède, n'est-il pas plus rationnel de
le chercher dans l'abaissement du prix de re
vient au lieu de le demander l'élévation du
prix de vente Qu'importe au cultivateur de
vendre son blé 18 francs s'il ne lui coûte que 15,
ou de le vendre 21 fr. s'il lui coûte 18 le béné
fice n'est-il pas le même
Or, affirme M. Lesage qui est un vétéran en
agriculture puisqu'il cultive depuis trente ans,
le facteur principal parmi les éléments qui con
courent au prix de revient, c'est la hausse démè-
surèe du fermage. Cette hausse, dans la généralité
des cas, s'est traduite par une plus-value de cent,
et même de deux cents pour cent Et sa progres
sion était si rapide que certains propriétaires ne
voulaient plus louer que pour trois ans
Le relèvement proposé, en faisant naître chez
le fermier l'espoir de vendre son blé plus cher,
au lieu d'atténuer le mal,ne fera que 1 aggraver.
Alléché par cet espoir, il ne résistera plus des
fermages plus élevés, et signera les baux en con
séquence. A l'appui de cette manière de voir, M.
Lesage cite le cas d'un propriétaire de son can
ton qui, il y a deux ans, en prévision de l'adop
tion du premier relèvement de 3 francs, imposa
son fermier une augmentation de 5 francs par
hectare de terre louée. Le second relèvement
proposé aujourd'hui, et qui est de 2 francs, n'au-
ra-t-il pas des conséquences analogues
Mais il y a autre chose. Dans les années d'a
bondance l'effet de la surtaxe sera peu près nul.
Les cours ne s'en ressentiront pas, et le cultiva
teur peu aisé, obligé de vendre au jour le jour,
ne réalisera aucun bénéfice- En revanche, le cul
tivateur riche, en position d'attendre, achètera
la récolte de son voisin moins favorisé, attendra
les années de disette pour revendre en un mot,
se transformera en spéculateur et fera ainsi des
bénéfices considérables. Est-ce là ce que l'on
cherche encourager
Il y a une catégorie de fermiers en cours de
bail qui ont loué beaucoup trop cher. Ceux-là
souhaitent les droits protecteurs qui les aideront
remplir leurs engagements envers leur propri
étaire. Mais quand ces baux expireront, si com
me cela est probable ils se trouvent en présence
d'exigences nouvelles du bailleur, beaucoup
d'entre eux reculeront sans aucun doute.
Et le député-fermier Lesage poursuit ainsi son
examen, ici montrant que les salaires des ou
vriers ruraux, au lieu de suivre la marche as
censionnelle du prix du blé, diminueront au
contraire en proportion là, que si l'argent dis-
Saraît des campagnes, cela tient moins au prix
u blé qu'à l'habitude des grands propriétaires
terriens, qui n'apparaissent sur leurs domaines
que pour encaisser leurs fermages, fruit du trar
vail des paysans, et s'en vont le dépenser ail
leurs.
Qu'a-t-on répondu cette augmentation ser
rée, faite de pur bon sens, basee sur des faits
incontestables? Rien de même que dans le
temps on s'est bien gardé de répondre M. de
Douville-Maillefeu qui offrait de montrer des
contrats de fermage où le relèvement des droits
servait ainsi de prétexte au relèvement du prix
de location de même qu'on n'a rien répondu
non plus au regretté Raoul Duval, gros proprié
taire cependant celui-là, mais chez qui l'amour
de la justice et du progrès de bon aloi parlait
plus haut que les convoitises de l'intérêt person
nel de meme enfin qu'on a considéré comme
non avenue l'étude de M. Ferdinand Raoul Du
val, propriétaire foncier également, sur les con
séquences économiques probables de la surélé
vation des droits dans la commune de Genillé
(Indre-et-Loire), où son domaine eBt situé, tra
vail remarquable par sa précision toute scienti
fique, présenté et lu la Société nationale
d'agriculture de France dans sa séance du 28
Janvier 1885, et que l'on peut lire tout au long
dans son Bulletin pour l'année 1885.
Non, ces travaux, et les avertissements si gra
ves qu'ils renferment, et bien d'autres travaux
encore, sont restés ignorés systématiquement.
La Chambre est prise dans son engrenage elle
est entraînée par le courant que l'on a su créer
si habilement, et elle va voter le relèvement n°
2 de 2 francs, comme elle a voté le relèvement
n° 1 de 3 francs, comme elle votera, avant qu'il
soit longtemps, c'est fatal, le relèvement n° 3
dont le chiffre reste fixer. (Indépendance).
Les Jésuites.
nouvelles locales.
Le Journal d'Ypres, inspiré comme d'habitude
Sar son désir d'être agréable l'Administration
ommunale, insinue qu'il n'aurait pas été per
mis la Musique des Pompiers de donner une
sérénade Monsieur le Major de la Garde Civi
que, l'occasion de sa nomination de Chevalier
de l'Ordre de Léopold.
Nous nous bornerons affirmer que cela est
absolument faux, et que s'il n'y a pas eu de sé
rénade, c'est la demande de Monsieur le Major
lui-même, ainsi qu'il l'a déclaré lors de la ré
ception de Messieurs les Officiers de la Garde.
Le nommé Alphonse Pollée, ouvrier marbrier
chez M. Cremer, a trouvé Jeudi après-midi, au
chemin de ronde extérieur, près la Plaine d'A
mour, le bijou, muni d'un ruban rouge et noir,
de la médaille civique.
Ce bijou est déposé au bureau de police, où le
propriétaire peut le réclamer.
WILLEMS-FONDS. SECTION D'YPRES.
Le capitaine L.Vande Yelde, qui a passé quel
ques années au Congo, viendra Ypres, le 13
Mars prochain, donner une conférence sur les
mœurs des contrées, qu'il a visitées durant ses
voyages.
La conférence se donnera en la Salle de Spec
tacle. Le public sera admis, moyennant prix
d'entrée.
MUSIQUE DE CHAMBRE.
Dimanche, 20 Mars, midi, au local de l'Aigle
d'Or, a lieu la troisième séance de Musique de
Chambre.
Les personnes qui désirent y assister, sont
riées de demander une carte l'un ou l'autre
es membres du Quatuor.
1. Quatuor de Rauchenecker.
2. Andante Cantabile avec variations du Qua
tuor n° 5, op., 18 de Yan Beethoven.
nequin, instituteur en chef Moorslede, est
nommé membre-secrétaire suppléant du jury
cantonal de Passchendaele, en remplacement de
M. Kerckhof.
COLYSÉE BUIRON.
Nous sommes aux derniers jours de la Foire et
la vogue du Colysée Buiron, le plus grand Mu
sée historique du monde, n'a pas diminué, ceux
qui y ont été retournent volontiers. La loge est
si bien aménagée et les sujets si frappants que
chaque visite procure une nouvelle surprise.
Il est supposer que ce théâtre fera encore
une belle recette demain, jour de la clôture dé
finitive.
THEATRE DES VARIÉTÉS.
Le succès de ce théâtre va toujours croissant
et chaque soir une nombreuse société assiste
ses représentations. Le prestidigitateur Van
Caeneghem mérite bien les applaudissements
qu'on lui prodigue il est vraiment curieux de
voir le voyage de Mercure autour du Globe par
Mlle Thérèse Van Caeneghem qui a obtenu cet
hiver, l'Eden Théâtre, la couronne et la mé
daille d'honneur; les cordages anglais et le ser-
Sent du désert obtiennent également beaucoup
e succès.
Les représentations se terminent par une pan
tomime et ce n'est pas la partie la moins curieuse
et la moins gaie.
Nous engageons vivement nos lecteurs et nos
lectrices assister aux dernières séances de la
troupe de M. Van Caeneghem, elles sont vrai
ment intéressantes.
Mardi prochain, 3 heures de l'après-midi,
représentation enfantine, et le soir; 7 1/2 heu
res, grande représentation de prestidigitation et
de magie.
La vogue dont le Cirque Fernando jouit
Ypres, est loin de se tarir. Tous les soirs de la se
maine dernière que la troupe équestre a donné
des représentations, il y avait foule. C'est ce qui
a engagé le Directeur prolonger son séjour en
La mort du père Beckx, général des jésuites, n'a
rien changé la direction de la Compagnie de Jésus,
le Tyrolien Anderledy (Laïtou pour les dames) étant le
grand chef effectif depuis la retraite de Beckx.
Mais cette mort a appelé l'attention sur la trop fa
meuse Compagnie, qui, ayant subi au siècle dernier
le sort qu'elle méritait, se trouve être, la fin de notre
siècle, plus puissante et plus menaçante que jamais.
Le caractère du jésuite étant de suivre le mouvement
de la civilisation, de se transformer et d'être toujours
la hauteur des circonstances, la puissance occulte qui
résulte de l'organisation même de l'ordre acquiert une
action terrible.
On sait que Loyola et Lainez, son successeur, éla
borèrent ce qu'on appelle la règle des jésuites, institu
tion admirable en ce qu'elle spécule sur toutes les
faiblesses humaines
Les jésuites choisissent leurs sujets. Chez eux, n'en
tre pas qui veut. Il s'agit de montrer des dispositions.
L'âge de quatorze ans est requis des aspirants. Mais le
général a toujours la faculté d'accorder une dispense
d'âge, histoire de ne pas laisser échapper le gibier
illustre, qui pourrait faire faux bond en attendant l'âge
réglementaire. Tout, dans la machine, est d'ailleurs
réglé comme cela il y a toujours un moyen d'éluder
la règle, du moment que cela profite la société.
Les novices prononcent des vœux d'obéissance (voir:
délation), de pauvreté et de chasteté. Ils sont de deux
catégories les coadjuteurs laïques ce sont les sim
ples pignoufs, les bons crétins, gens de rien ou de peu,
dont on fait des domestiques personnages longue
redingote noire et chapeau de haute forme sans linge
apparent, que l'on rencontre dans les villes jésuitiè-
res.
Et les scolastiques les vrais, ceux-ci, les jésuites
en herbe, qui se destinent l'état ecclésiastique et
continuent leurs études. Ceux-ci s'engagent en outre
ne pas quitter la maison. On les tient.
A trente-trois ans, ils sont ordonnés prêtres. Jus
que-là, on les forme. Et quel travail Après, ils peu
vent être lâchés ils sont mûrs pour la propagation
du jésuitisme.
L'élite de l'ordre, ceux qui possèdent les secrets et
font manœuvrer les autres, s'appellent les profès. Ils
constituent des groupes dits assistancesqui se subdi
visent en provinces.
Tout cela, hiérarchiquement organisé, sous les or
dres de supérieurs formant la congrégation générale
(provinciaux, supérieurs des profès, recteurs ou délé
gués des congrégations provinciales) obéit un seul
homme, dont le pouvoir est peu près illimité cha
que membre lui est soumis selon la formule célèbre
perindè ac cadaver.
On comprend ce qu'on peut obtenir avec un tel pou
voir ainsi organisé, fonctionnant dans le monde entier,
toujours secrètement et ayant sa disposition des res
sources matérielles incalculables.
Et voilà ce que notre état social de la fin du dix-
neuvième siècle a su conserver dans son sein, pour faire
le jeu du catholicisme.
Marchez. Tout va bien
sjc
Programme
a) Allegro impétuoso. h) Andante moderato.
e) Allegro vivace. d) Allegro con fuoeo.
examens de capacité électorale. M. Den-
Armée. Un arrêté du ministre de la justice
agrée M. Charle, desservant de l'église de Saint-
Nicolas Ypres, pour remplir les fonctions d'au
mônier de l'hôpital militaire de cette ville, en
remplacement de M. Ampe, décédé.