N° 22. Dimanche,
47e ANNÉE.
20 Mars 1887.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Les bienfails de la loi scolaire.
L'Élection d'Ostende.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Ypres, le 19 Mars 1887.
Les cléricaux, on le sait, ont commis contre
l'instruction populaire une série d'attentats qu'il
faudra de longues années pour réparer, lorsque
les libéraux seront parvenus ressaisir le pou
voir.
Deux de ces attentats les plus criminels, c'est
d'abord la suppression dans toutes les commu
nes rurales des jardins d'enfants et des écoles
d'adultes.
L'enseignement du premier âge par le systè
me des jardins d'enfants, c'est-à-dire par la
méthode Frœbel, était, surtout pour les popula
tions rurales, un immense bienfait. Les enfants
de quatre six ans recevaient dans ces jardins
d'enfants un enseignement intuitif qui leur
ouvrait l'intelligence en les amusant et qu'ils
suivaient avec tant de plaisir que les jours de
congé étaient pour eux des jours de privations.
11 faut avoir assisté aux admirables résultats
de cette méthode Frœbel pour se rendre un
compte exact des progrès qu'elle fait faire au
bout de quelques mois l'intelligence des petits
enfants. On ne leur apprenait ni lire, ni
écrire, ni compter; mais on leur parlait d'une
manière amusante de toutes les choses portée
de leur esprit des animaux, des plantes, de la
forme extérieure des corps on leur apprenait
en même temps de petits exercices gymnas-
tiques où ils prenaient un plaisir extrême
pendant la belle saison, on leur préparait de
petits jardinets où ils cultivaient eux-mêmes
des plantes et des fleurs en un mot, on leur
rendait l'enseignement aimable et attrayant
sous toutes les formes.
D'un trait de plume, le gouvernement de
l'ignorance nationale a supprimé cette admi
rable institution.
Quoi d'étonnant, du reste Nos maîtres ne
veulent pas qu'on ouvre l'esprit des jeunes gé
nérations il lui faut des esprits bouchés et un
enseignement qui répugne aux jeunes intelli
gences.
La suppression des écoles d'adultes n'a pas
été moins criminelle.
Les écoles d'adultes, dont la fréquentation
était gratuite, avaient pour objet de permettre
aux adultes qui n'avaient pas eu le temps de
compléter leur instruction primaire de rece
voir, dans des cours du soir, cette instruction
complémentaire qui pouvait leur être néces
saire soit pour suivre des cours professionnels,
soit pour se rappeler les notions reçues pendant
leurs années d'études primaires et que l'exerci
ce prématuré d'une profession manuelle leur
avait fait oublier.
C'était évidemment un abus le gouverne
ment dont M. Victor Jacobs a été et est encore
l'inspirateur ne pouvait pas permettre que des
jeunes gens et des jeunes filles parvenus l'âge
adulte suivissent encore des cours scolaires
pour compléter une éducation défectueuse.
Et les écoles d'adultes ont été supprimées.
En revanche, nous avons maintenant des
écoles congréganistes; où les chères sœurs ap
prennent aux jeunes filles la couture et la fabri
cation des chemises, le tout au bénéfice du
couvent et pour la plus grande gloire de Dieu.
Voilà les progrès principaux dont nous som
mes redevables au ministère sous lequel nous
avons le bonheur de vivre.
Sous ce titre, la Nation émet les réflexions
judicieuses que voici
La mort de M. Carbon, le très-clérical et
très-nul député d'Ostende, va fournir au libé
ralisme de province une excellente occasion de
s'affirmer avec de réelles chances de succès.
La partie électorale qui se jouera prochaine
ment Ostende intéresse au plus haut degré le
pays tout entier. Gagnée par nos amis, com
me il n'est pas téméraire de l'espérer, elle
exercera la plus heureuse influence sur le mo
ral des arrondissements de province qui auront
lutter en 1888 pour reconquérir le Parlement.
Ce n'est qu'à une majorité extrêmement fai
ble, quinze voix peine, qtie le parti clérical
l'avait emporté aux dernières élections d'Os
tende, et, depuis lors, la nullité absolue de M.
Carbon, l'apaisement de certaines querelles
locales, le revirement produit dans l'esprit de
tous les gens de bon sens par la funeste et pi
teuse politique de nos maîtres tout cela a
notablement réduit l'influence du parti clérical
Ostende.
Au surplus, nous nous trouvons ici en pré
sence d'un des plus vaillants arrondissements
des Flandres, d'un des plus intelligents, d'un
des plus prospères aussi. 11 y a là telles com
munes où le parti prêtre n'a jamais pu trans
former sa légitime influence religieuse en cette
illégitime et scandaleuse prépondérance politi
que qu'il s'arroge si volontiers partout où on le
laisse faire.
Flamands, les électeurs du pays d'Ostende
ont, en majeure partie, conservé, plutôt par
tradition de famille et de mœurs que par con
victions raisonnées, les dehors de ce qu'on
est convenu d'appeler «la piété». Ils vont
messe et vêpres, ils remplissent, non sans
quelque coupable relâchement, du reste,
leurs devoirs religieux mais cela n'empê
che qu'ils mettent leurs enfants aux écoles offi
cielles, qu'ils soutiennent de leur bourse et de
leur influence, et qu'à l'heure du scrutin ils
votent pour le candidat libéral contre le candi
dat clérical.
Au surplus, et quelle que soit leur modéra
tion, il est assurément permis de considérer
comme de bons et sincères libéraux les élec
teurs qui, dans ces pauvres Flandres, livrées
presque partout aux attentats du parti prêtre,
parviennent encore tenir haut et ferme le
drapeau libéral I
C'est très-joli de crier la timidité, de re
procher ces libéraux réfléchis de n'être pas
assez radicaux mais encore faut-il, cepen
dant. tenir compte des difficultés particulières
qui sont propres la politique de compromis
sion et de prudence qui est forcément celle de
la province, et, surtout, de la province fla
mande.
Aussi adjurons-nous tous nos amis d'Ostende
qu'elle que soit la nuance laquelle ils ap
partiennent de faire trêve leurs petites
querelles de ménage et de se grouper étroite
ment autour du candidat libéral, quel qu'il
soit.
Le succès est ce prix.
Et quel succès un représentant libéral, un
députe anti-clérical remplaçant, du jour au
lendemain, un de ces délégués de l'épiscopat»
qui faisait nombre au sein ae cette formidable
majorité cléricale laquelle est livrée le pays 1
Un député libéral élu, sous un cabinet cléri
cal, en remplacement d'un député catholique,
dans la Flandre 1 I
Ce serait mieux qu'un succès, ce serait un
triomphe.
Espérons que nos amis de l'arrondissement
d'Ostende le comprendront, et le voudront.
Bruxelles, hélas a un peu perdu le droit de
donner des conseils la province mais, après
ce qui s'est passé chez nous, quand M. Buis,
d'abord, et M. Guillery, ensuite, ont été réélus
députés, nous pouvons, toutefois, dire nos
amis ostendais Faites comme nous unis
sez-vous, pour que soit battu le candidat des
curés.
Il y a un an, depuis le 18 Mars, qu'ont éclaté
les troubles de Liège, prélude des graves évé
nements dont le bassin de Charleroi a été le
théâtre.
Résumé des mesures prises depuis lors par
le gouvernement de la prospérité nationale
pour empêcher autant que possible le renou
vellement de ces faits déplorables
Zéro 1
Le magnifique mouvement de charité qui
se produit en ce moment dans l'armée, inspire
au Journal de Bruges les réflexions que voici
On l'a dit souvent, si l'honneur était banni
de ce monde, c'est dans les camps qu'il faudrait
aller le retrouver. On pourrait en dire autant
de la bienfaisance. Les deux catastrophes de
l'Escouffiaux et de Quaregnon, qui se sont suc
cédé si peu de temps d'intervalle, le prouvent
suffisamment. Certes, au service de Belgique,
le militaire n'est pas riche, et c'est cependant
des rangs de l'armée que viennent les plus gé
néreuses offrandes au malheur.
Qu'est-ce que cela prouve
Que les beaux fils pour lesquels les familles
riches craignent le service personnel et l'air
corrompu des casernes, y puiseraient les senti
ments qu'inspire la plus enviable et la plus
douce de toutes les vertus la Charité.
LE PROGRES
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Marché aux Herbes.
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