M0 24. Dimanche, 47e ANNÉE. 27 Mars 1887 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. Ypres, le 26 Mars 1887. Voici que de nouveau l'on raconte que M. Beernaert a une furieuse envie de secouer sur le seuil du ministère des finances la poussière de ses escarpins, de planter là les Thonissen, les Poreau et autres Devolder, et de regagner son cabinet d'avocat, ce bon cabinet où il gagnait bon an mal an, sans peine ni douleur, la somme rondelette de quarante cinquante mille francs. Il a, dit-on, du pouvoir par-dessus la tète l'odeur du maroquin ministériel lui cause des nausées comme nous ne savons plus quel personnage de vaudeville, il répète tout bout de champ Dieu 1 que je voudrais bien m'en aller 11 a pris la politique en horreur il ne demande qu'a déposer le panache. Est-ce vrai Nous ne savons et cela nous est d'ailleurs superlativement égal. 11 importe peu, en définitive, que la triste et honteuse besogne commencée en 1884 par le ministère de la prospérité nationale soit continuée par M. Beernaert ou par une autre créature du clergé. Nous devons constater cependant que les amis, les bons amis dudit M. Beernaert ne négligent rien pour lui faire savourer les amer tumes du pouvoir. Voici par exemple le Cour rier de Bruxellesl'organe préféré de Nos seigneurs les évéques, qui envisage dans son ensemble l'œuvre au premier ministre, et qui pleure toutes les larmes de son corps en pré sence du lamentable tableau qui s'offre sa vue Des profondeurs du pays, de celles où l'ha bitude du travail et de la souffrance domine généralement, aux temps de crise, la plainte et la clameur du reproches'élèvent des voix anxieuses et dolentes... Où allons-nous disent ces voix, et que sont devenus les promesses, les engagements, les programmes, les riantes perspectives de l'année 1884, de cette année de grâce et de dé livrance qui devait nous ouvrir une ère de ré paration et de liberté, de dégrèvements et de soulagements, de calme et de prospérité Oui, que sont devenues toutes ces belles pro messes, toutes ces riantes perspectives? C'est précisément ce que la presse libérale en géné ral, le Progrès en particulier, ont demandé cent fois déjà, et nous sommes vraiment enchan tés de voir le plus clérical des journaux belges, entraîné par 1 évidence des choses, faire chorus avec nous et donner en notre compagnie au ministère menteur de la prospérité nationale le charivari auquel son imprévoyance, son inca pacité et sa lamentable impuissance lui assurent d'incontestables droits. Les amis, les excellents amis de M. Beernaert lui font d'ailleurs bonne mesure la presse indigène ne leur suffit pas la presse exotique est mise contribution par eux pour tarabuster le chef du ministère. L'Universle sacro-saint Univers, vient de lui administrer, sous forme de correspondance bruxelloise, un éreintement de première classe La province est outrée. La prudence seule arrête ses manifestations. 11 y a là une foule de matières inflammables dont, ce qu'il semble, la grande politique ne tient pas compte, et qu'il suffira peut-être d une etincelle pour faire éclater. Comme nous voilà loin, en quelques mois de tempsde notre magnifique situation politique, et que les auteurs de celte situation pénible peuvent se vanter d'avoir été habiles Voilà comment est traité aujourd'hui, dans la presse cléricale belge et étrangère, le fier, l'arrogant triomphateur de 1884 Voilà où aboutit, après moins de trois ans de pouvoir, la politique de fraude, de duplicité et de men songe qui l'a emporté cette époque pour le malheur du pays Par un de ces retours fré quents en politique, les vaincus d'alors peuvent se reposer sur les vainqueurs eux-memes du soin de démolir les idoles si insolemment éri gées au lendemain du triomphe. C'est sous les griffes de ses propres amis que Beernaert-le- Grand voit s'èmietter ses pieds d'argile. Premier et juste châtiment, en attendant la culbute finale. On avait parlé d'une session extraordinaire qui aurait été exclusivement consacrée l'exa men des questions ouvrières. Une feuille cléricale, la Patrie, dément for mellement ce bruit. Cette session, dit-elle, ne pourrait avoir lieu qu'en été c'est-à-dire l'épo- 3ue des voyages, des bains de mer, de la chasse, es parties de campagne, et il faudrait bien peu connaître les habitudes de nos honorables pour les croire capables de s'occuper des ques tions ouvrières pendant cette époque de plaisir et de distraction L'indifférence de la majorité noire l'égard de la classe ouvrière est odieuse mais la façon dont la sainte presse essaie de justifier cette indigne majorité est plus odieuse encore. Une bonne nouvelle pour nous, assurément. Le candidat clérical l'élection d'Ostende est M. Paul Carbon, fils du représentant décédé. Son âge? Vingt-huit ans.Sa position? Expéditeur de lapins. L'évêque de Bruges a parlé il a fait choix d'une victime. M. Carbon fils est ce qu'on peut appeler un candidat impossible On sait que les cléricaux ostendais font les élections coups de pièces de cent sous. Mais avec un candidat comme celui qu'ils ont là, il n'y a pas de louis qui tiennent. Libéraux d'Ostende, l'œuvre maintenant. La partie est belle. Si vous le voulez résolument vous tenez votre revanche, et elle sera éclatante. (Nation.) La cour d'appel de Gand, dans une de ces dernières audiences, a condamné trois ans de Erison le président et secrétaire du bureau de ienfaisance d'une commune rurale de la Flan dre orientale. On lit ce propos dans le Jour nal de Gand Au lieu d'employer les moyens que le fonds commun mettait leur disposition pour amélio rer le sort de leurs indigents, ces administra teurs honnêtes n'ont pas augmenté d'un centime leurs secours mais, d'autre part, ils ont porté en compte au fonds commun une somme triple ou quadruple de celle qu'ils avaient effective ment remise l'indigent secouru. Ils touchaient ainsi une somme de beaucoup supérieure celle déboursée, pour augmenter, disaient-ils, les res sources du bureau de bienfaisance dont ils étaient administrateurs. Pour cela ils étaient obligés de fabriquer de faux comptes, d'employer toute espèce rte ma nœuvres frauduleuses et de falsifier leurs écritu res mais aucun scrupule ne les arrêtait. Ils ne reculaient ni devant le faux ni devant l'escro querie. La cour d'appel les a frappés sévèrement justice est faite. Mais n'est-il pas triste de constater que des individus aussi dépourvus de sens moral soient maintenus la tête des administrations charita bles de ces administrations qui ont pour mis sion d'améliorer la situation physique et morale des indigents n Cependant la députation permanente qui a la surveillance du tonds commun s'est laissée tromper par leurs manœuvres, et quand elle a découvert les supercheries de ces administra teurs, elle les a maintenus en fonctions comme s'ils n'avaient pas démérité ses yeux. En fixant l'élection d'Ostende au 11 Avril, c'est-à-dire au Lundi de Pâques, nos maîtres ont surtout compté user sur les électeurs ruraux de l'influence du temps pascal. En confessant et en payant, on espère arriver un bon ré sultat et neutraliser l'action de la ville, qui est libérale et où l'on ne compte pas sur l'élément féminin. On a dit avec raison que, dans les grandes villes, les femmes sont aussi intelligentes que les hommes, et que, dans les campagnes, elles sont aussi bêtes qu'eux. Quoi qu'il en soit, les arguments spirituels et matériels ne manqueront pas, mais ils seront inefficaces pour persuader au corps électoral qu'il doit, de nouveau, se mettre au régime de ce que les plaisants appellent les carbonnades. Us craignent une nouvelle indigestion. nouvelles locales. Le Journal d'Ypres est fort en colère au sujet de notre articulet intitulé Loyauté cléricale etc. paru dans notre numéro de Dimanche, 20 cb Ses gros mots ne nous effrayent pas et son ex plication rageuse autant qu'embarrassée ne prouve qu'une chose c'est que nous avons tapé juste. Personne d'ailleurs ne s'y est trompé commencer par la Société Y Union elle-même qui n'a pas tardé envoyer une protestation au trement significative que notre innocent articu let.... Ces Messieurs, en effet, accusent nettement le Journal d Ypresd'avoir quasi volontairement omis de faire connaître que l'initiative de la fête leur appartenait. Et que répond piteusement le Journal d'Ypres cette accusation nette et pré cise Rien. Il croit s'excuser en protestant de ses bonnes intentions, sous le fallacieux prétexte que la presse n'ayant pas été invitée la réunion des Sociétés, il devait ignorer ce qui s'y était passé LE PROGRES ▼IRES ACQUIR1T ECNDO. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25. Insertions Judiciaires la ligne un franc. Pour les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89, Marché aux Herbes. Et monté jusqu'au faite, il aspire descendre.

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Le Progrès (1841-1914) | 1887 | | pagina 1